1 - Réception et choix du sujet
Il faut choisir le sujet assez vite. Vous devrez sélectionner parmi 3 sujets possibles: deux questions de dissertation et une explication de texte. Nous ne traiterons ici que la dissertation, donc une question. Qu’est-ce qui peut motiver votre décision? Trois critères:
- Est-ce que vous discernez clairement et quasi immédiatement la teneur problématique de la question, c’est-à-dire le fait que la réponse ne peut absolument pas être exclusivement OUI ou exclusivement NON? Si ce n’est pas le cas ne choisissez pas ce sujet là.
- Voyez vous rapidement des références d’auteur.e.s susceptibles d’être utilisé.e.s pour ce sujet. Ici encore, si vous n’en possédez aucun, c’est très risqué.
- Tout sujet de philosophie est comme une perspective dans un tableau jouant de la hiérarchisation de plans et d’arrière plans. En d‘autres termes, il déploie une certaine profondeur de champ. Si vous avez l’impression que le sujet n’est compréhensible qu’à un seul niveau « littéral », c’est que vous êtes en train de passer à côté. Par exemple, « peut-on se mentir à soi-même? ». A le considérer au sens strict et premier du terme, la réponse ne peut être que non. Un sujet est un peu comme un pantin qui attend que vous lui donniez vie, comme Pinocchio. Si vous avez plutôt envie de le laisser traîner là comme des mots mis bout à bout sans substance, et sans ouverture autant faire autre chose. Le jeu qu’il vous faut jouer absolument, c’est qu’un sujet est complexe, qu’il recèle une profondeur et que vous ne perdez rien à l’explorer. Il y a des étages dans un sujet. Si vous avez bien compris le Cours sur « peut-on se mentir à soi-même? », vous avez dû comprendre que les étages que nous avons gravi sont 1) le déni (Pascal) 2) l’inconscient (Freud) et 3) la perversité (Gombrowicz). Dans ces trois cas, on peut se mentir à soi-même, mais en même temps s’ouvre la possibilité humaine de ne pas le faire par l’Aidôs. Il y a déjà un plan qui doit cheminer dans votre esprit dés la réception du sujet. Soyez efficace et opérationnel.le tjrs tôt, dés le départ.
2 - Plan
Le pire qui puisse vous arriver est un hors sujet et cela se détermine dans votre aptitude à saisir le problème qui est dans le sujet (ou pas). Un sujet est court, presque allusif. Il ne fait que vous mettre sur la piste d’un paradoxe beaucoup plus « prenant », grave, troublant. Derrière cette expression « se mentir à soi-même », il y a un questionnement d’une profondeur historique, anthropologique, philosophique inouïe. On décrit souvent l’être humain comme un animal curieux, intelligent, toujours en quête de vérité mais ce sujet nous met sur la piste d’une définition qui prendrait exactement le contre-pied de cette vision. L’être humain est plutôt une bête étrange qui ne cesse d’inventer des stratégies de diversion ou d’évitement, de cache cache avec la vérité pour ne pas avoir à reconnaître ce qu’il est vraiment. Du coup la réalisation de notre être authentique n’est pas du tout une question d’intelligence ou de connaissance mais de force de caractère, de fermeté, d’éthique, de retenue (Aidôs). Si tout se passe bien, vous devez terminer votre travail en vous disant que vous étiez loin de vous douter que ce sujet pouvait nous entraîner si loin. Il faut donner vie à un sujet et cela se réalise dans votre capacité à ne pas en voir le bout un peu comme un abîme que vous prendriez d’abord pour une fosse mais dont vous vous rendez compte qu’il n’a pas de fond. Bref il faut qu’il y ait un certain effet de vertige.
Mais il ne s’agirait pas que ça dure trop longtemps cette impression, parce que s’il est vrai que l’on ne peut pas concevoir de dissertation sans réalisation de la nature paradoxale du problème, il faut rapidement organiser un plan et s’imposer à soi-même un traitement très progressif et très rigoureux de ce paradoxe. C’est toute la difficulté de l’exercice.
On peut avancer beaucoup de choses sur le plan mais ici on va faire simple: il FAUT en avoir un (ABSOLUMENT) pourquoi?
- Pour ne pas vous répéter
- Pour savoir où vous voulez en venir quand vous commencez un paragraphe
- Pour être absolument certain.e que vous ne sortez pas du sujet
- Pour caser les références d’auteur.e.s dont vous disposez et faire en sorte que cela ne soit pas déséquilibré
- Pour aller du plus simple au plus subtil progressivement (si je reprends l’image de l’abîme, vous descendez de plus en plus profond - Il ne suffit pas de se dire que le précipice est sans fond , il va falloir y aller avec une corde de rappel et le plan c’est ça (savoir par où, comment, et en vous appuyant sur quelle saillie de la roche vous allez descendre) …Euh je ne vais pas non plus filer trop la métaphore avec les mousquetons, le port du casque et tout le toutim 😂 mais bon! Il y a de ça!)
Vous avez probablement entendu parler du plan dialectique thèse / Anti-thèse / Synthèse. Cette structure là est très, très dépréciée dans l’esprit de vos futur.e.s correctrice.teur.s. Par conséquent je ne vous le conseille pas du tout. La seule chose que l’on peut en garder c’est le fait qu’il va de soi que vous allez développer des arguments et des thèses qui seront du côté oui ET du côté non. Mais donner à votre plan cette armature là est mal vu, déconsidéré. C’est le plan des élèves qui choisissent une espèce de bouée de sauvetage.
Ici aussi on peut faire du blabla méthodologique pendant très longtemps, mais, en fait, vos correctrice.teur.s n’aspirent qu’à un seul critère de correction: est ce que la personne qui a rédigé cette copie a écouté les cours? Est ce qu’elle est capable de situer des auteur.e.s dans la problématique, d’utiliser des termes spécifiques de philosophie, de manifester la compréhension de ce qu’est un problème en philosophie (n’attendez rien de plus des correcteur.trice.s de philosophie….mais vraiment RIEN). En même temps, c’est pratique (parce qu'au moins, on sait!) et cela confirme le fait qu’il faut choisir un sujet qui réveille en vous le souvenir de références précises. N’hésitez pas à structurer votre plan en fonction des auteurs. Toute la difficulté ici réside dans l’extrême attention que vous devez porter en même temps au sujet. C’est capital: c’est à vous de convoquer les auteurs en fonction du problème à traiter. Si votre correcteur.trice a l’impression que vous étalez seulement votre culture indépendamment du sujet donné, la note sera basse. Saisissez VRAIMENT le problème et laissez « le charme agir », c’est-à-dire laisser les références venir à la surface de votre mémoire à cause du sujet, en fonction de lui. Si vous réalisez ça, la note sera haute.
Par rapport au sujet : « peut-on se mentir à soi-même? », Il s’agit de rester vraiment concentré.e sur la problème tout le temps (c’est vraiment ça la clé de la réussite, votre aptitude à ne jamais lâcher une question, un problème pendant 4 heures…Oui je sais: j’ai dit QUATRE heures…c’est exprès). Une fois que vous avez mis sur le brouillon toutes les références dont vous disposiez et que vous avez essayé de mettre un peu d’ordre, vous allez vous rendre compte qu’il y a plusieurs sens:
- Est ce que les êtres humains vivent dans le déni? Oui: Pascal (le divertissement)
- Est-ce que nous nous mentons vraiment à nous-mêmes ou bien est-ce que nous nous dissimulons à nous-mêmes des données psychiques qui fractionnent le sol sur la base duquel nous nous construisons (en tant que moi)? Oui Freud (l’inconscient psychique)
- Mais dans ce cas là, nous ne sommes pas responsables puisque nous ne savons pas que nous nous mentons à nous-mêmes. Est-ce vraiment le cas, est-ce que nous ne faisons pas semblant d’ignorer? Ne serions nous pas pervers au point de jouer constamment de cette ambivalence entre savoir et ignorance, responsabilité et irresponsabilité? Si (Gombrowicz et Sartre)
- Nous disposons de la possibilité de nous défausser constamment de la sincérité, d’une intégrité, d’une adéquation de soi avec soi (ipséïté) , mais c’est justement pour cette raison qu’il existe un ethos spécifiquement humain qui soit à la hauteur de tout ce que notre perversité a de spécifiquement humaine. Nous avons la puissance de résister au pouvoir, étant entendu que tout exercice du pouvoir est pervers dés lors qu’il ne s’effectue pas dans la continuité de la puissance naturelle. Nous disposons en effet de l’aidôs, c’est-à-dire de cette intuition de la juste retenue. (Aristote - Agamben)
Ce que l’on relève dans ces différentes parties, c’est qu’elles s’enchaînent les unes aux autres. Aucune d’entre elle ne serait présente sans la précédente. C’est très bon signe! De plus, on a le sentiment que chaque partie va un peu plus loin que celle d’avant, qu’elle brasse plus de données et la réponse non qui finit pas se dégager n’a vraiment plus rien à voir avec le premier non. En effet, si la réponse peut d’abord apparaître comme « non », c’est parce qu’on ne peut pas se mentir sans savoir, en tant que trompeur ce que l’on se ment. Le « non » final est incroyablement plus pertinent puisque lui revient de la traversée d’un examen philosophique et psychologique de cette incongruité humaine qui fait de nous des spécialistes hors catégorie du mensonge à soi et qui, de ce fait, définit la capacité à s’abstenir du mensonge à soi la manifestation la plus simple et en même la plus effective d’un ethos humain. Il est également extrêmement satisfaisant de pouvoir terminer une dissertation sur ce que l’on avait vraiment envie de dire pour conclure. C’est justement parce que l’être humain peut se mentir à lui-même qu’il peut ne pas le faire et c’est finalement à cette condition là qu’il peut « être » (et aussi être heureux, ce qui va de pair)
Plan possible sur le sujet: "peut-on se mentir à soi-même?" -
- Distorsion et divertissement ( Pascal- René Girard - La genèse)
a) Le déni
b) La nature et le péché
c) Le désir mimétique
- L’hypothèse de l’inconscient
a) le refoulement
b) Le moi comme processus
c) la tentation du non sens (Witold Gombrowicz)
- La puissance de ne pas…
a) l’acte et la puissance
b) Perversité et mauvaise foi
c) L’aidôs
Conclusion
3 - L’introduction
Il est possible que pour mener à bien toutes ces étapes là: comprendre le problème, rameuter toutes les références d’auteur.e.s, faire le plan, vous ayez besoin de deux heures, mais ce n’est pas grave parce qu’arrivé.e à ce point là, vous savez exactement où vous en êtes et là où vous voulez aller, ce qui donnera à votre écriture de la puissance, de la détermination et des références. Avoir compris le sujet et disposer d’un bon plan, c’est vraiment l’assurance d’une copie qui ne peut, en droit, pas avoir moins de 10 (même en tombant sur un.e prof aigri.e)
Vous êtes seulement en mesure de faire votre introduction, sachant qu’il faut avoir déjà bien saisi le problème pour la rédiger (ne vous pressez pas de faire une introduction: c’est un point de départ qui sera lu avec une multitude d’arrière pensée de la part de celle ou celui qui vous corrigera: est ce que l’élève a compris le problème ou bien est ce qu’il ou elle ne fait que répéter le sujet? Pour la 2e option ça commence très mal). Dans une introduction vous devez accomplir trois phases:
- Amener le problème en partant d’un niveau de détection très bas. Vous faites de la philosophie et vous êtes donc censé.e avoir remarqué à quel point la réflexion voit des problèmes là où l’opinion soit n’en voit pas, soit les résout en les formulant soit se ment à elle même en se disant que les philosophes sont des tarés bercés trop près du mur😂. Vous évoquez donc pour commencer un fait, une observation (pas trop originale), une généralité qui contient potentiellement tout le problème mais l’opinion justement s’arrête là. La philosophie commence là où la pseudo-pensée du « on » se fige ou « tranche » ou noie le problème. Ce premier moment ne doit pas être trop approfondi: on relève dans la vie courante une légère distorsion dont on sait bien qu’elle contient en germe le problème du sujet. Il est absolument IMPOSSIBLE de commencer en parlant du « sujet » (ce sujet porte sur. Il nous est demandé…etc.)… Il n’y a pas de sujet. Vous êtes un être humain qui regardez vos semblables et vous détectez ceci et vous savez bien que dans ce « ceci » il y a un paradoxe énorme, insondable (l’abîme en question). On reste à la surface des mentalités humaines.
- C’est terminé: cette détection du problème à « la surface » de la vie en société des êtres humains. Il s’agit maintenant de pointer la contradiction. Un point est CRUCIAL ici, ce n’est pas parce qu’il y a la question du sujet qu’il y a la possibilité d’une réponse négative et celle d’une réponse positive. C’est exactement l’inverse. On ne vous demande pas de dire qu’il y a une question. On le sait déjà (c’est même nous qui vous l’avons donnée), on vous demande d’exprimer le fond problématique réel à partir duquel un paradoxe pointe le bout de son nez. Par conséquent à partir de l’exemple, ou du fait, ou de la remarque énoncée en 1, on attend de vous que vous formuliez cette fois-ci philosophiquement le problème qui agit en profondeur dans ce fait, ou cette observation, etc. Concrètement ça veut dire quoi? Qu’il faut exprimer l’impasse vers laquelle un sujet dirige nos regards. Oui, c’est une impasse, c’est une contradiction. Habituellement nous nous détournons des problèmes vraiment ardus. Ici il va falloir les comprendre les explorer les apprécier. Donc nous allons exprimer avec le plus de clarté conceptuelle possible la confusion extrême dans laquelle nous place ce petit fait en montrant que cela dépasse largement le contexte que l’on a évoqué pour commencer. En 1 on relevait une occasion un fait une généralité mais ici le style devient universel, philosophique. Nous parlons de l’être humain dans toute son amplitude.
- Donc c’est quoi en fait le problème? Vous devez le formuler en 3 et il faut bien saisir toute la différence entre le sujet et le problème. La question qu’on vous a posée au départ (sujet) vous a gentiment mais insuffisamment mis sur la piste d’un problème d’un gouffre, d’une impasse. Il vous revient maintenant d’exprimer avec beaucoup de précision et des concepts marquant déjà un travail de définition conséquent le paradoxe contenu dans le sujet. Pourquoi cette question contient-elle un problème sur lequel on estime envisageable que vous passiez 4 heures (QUATRE HEURES!) ? Ne vous mentez pas à vous même! Cette étape est décisive pour ne pas faire de hors sujet (si vous formulez un problème qui ne se trouve pas dans un sujet, c’est très, très mal parti.
4 - Les attentes du style de rédaction d’une dissertation en philosophie
On écrit comme un « parfait inconnu ». Qu’est-ce qui justifie que l’on soit là à écrire des phrases sur une feuille? Avant de répondre: « le fait qu’on soit un.e candidat.e de baccalauréat », il faut vous dire plutôt « le fait que vous êtes un être humain », encore mieux: un "dasein". Écrivez à partir de cela, vous êtes un être humain qui s epose des questions et vous disposez d’une langue comme outil d’expression. C’est tout! Toute référence à votre vie privée n’a rien à faire là, donc on n’utilise jamais le « je » et surtout pas le « pour moi », « à mon avis « ou « c’est ce que je pense ».
Une dissertation de philosophie, c’est d’abord un climat et c’est plutôt froid, voire glacial. En d’autres termes, ce n’est pas de la réflexion qui va demeurer dans le giron d’un foyer familial, d’un Oïkos, d’une intériorité quelconque, du confort « cosy » d’un « moi je pense que. »… Il faut s’exposer au vent froid du dehors, c’est-à-dire de l’argumentation à toute épreuve. Ici il convient de vous demander pourquoi les auteurs sont aussi présents dans les cours? La réponse est très simple: plus vous disposez d’auteurs bien connus de vous, plus vous pourrez exprimer une thèse qui en tant que telle ne sera pas remise en cause par votre correcteur.trice (à condition de ne pas vous tromper dans la restitution de la pensée). Dés que vous sortirez de ce principe là en affirmant gratuitement quelque chose parce que c’est ce que vous pensez, vous allez probablement vous exposer à une critique dite ou non formulée.
Il ne vous reste donc que deux possibilités: les références bien comprises ou les raisonnements logiques dans le développement desquels vous ne faites que développer le fil des implications. Rien ne peut être affirmé « comme ça », parce que ça vous chante, ou parce que vous avez envie de penser ça. Chaque phrase accouche logiquement et rigoureusement de la suivante et ainsi de suite.
La mention des philosophes fait autorité. Ici une remarque s’impose parce que cela peut vous sembler très aride et effectivement ça l’est…à moins que vous soyez parvenu.e à vous retrouver un peu dans les auteurs, c’est-à-dire non pas seulement à comprendre les auteurs mais aussi à vous y retrouver VOUS un petit peu. Pour ma part, il me semble que c’est là la principale utilité d’un prof de philo: faciliter pour vous cette disposition à réaliser la pensée d’un auteur au point de pouvoir vous dire qu’il vous est arrivé de penser cela aussi ou du moins que cela peut vous sembler défendable, justifiable. Dés lors vous parviendrez à la dire avec vos mots et avec vos exemples. C’est cela s’approprier la pensée d’un auteur sur un sujet.
Il faut bien avoir en tête que si, dans votre plan, il y a des sous parties (et c’est vraiment souhaitable), cela n’implique pas nécessairement un seul paragraphe mais éventuellement plusieurs. Passer d’un paragraphe à un autre est une démarche très importante qui n’a rien de simple ou d’évident. Pourquoi est-ce nécessaire? Une copie dans laquelle les paragraphes (de 15 à 30 lignes) sont bien séparés, lisibles aérés (avec des alinéas clairs, voire des lignes sautées) atteste d’une réflexion claire. Mais qu’est-ce sui justifie cette rupture? Très concrètement cela signifie que vous avez la certitude que la démonstration dans laquelle vous vous embarquez va prendre un certain temps. Ici, il faut bien avoir en tête que la rédaction sur ordinateur est beaucoup plus pratique parce que vous pouvez choisir, après coup, de faire un paragraphe là où cela n’était pas prévu, mais, pour la plupart d’entre vous, vous aurez à écrire au stylo sur la feuille et ça change tout, cela vous demande de faire preuve de prévoyance. Demandez vous toujours dans quelle argumentation (longue ou courte) vous vous engagez, AVANT de commencer le paragraphe. Si finalement celui-ci ne fait que 5 lignes, ce n’est pas forcément grave, c’est mieux que pas de paragraphe du tout (et des blocs indigestes de 50 lignes ou plus)
Le principe de continuité et de progression entre les phrases, entre les paragraphes, entre les parties est impératif. Si une phrase se déploie comme un cheveu sur la soupe, votre correcteur.trice le verra immédiatement et le sanctionnera. Nous n’insisterons jamais suffisamment que le plan est absolument incontournable pour respecter ce principe: sachez toujours où vous allez et pourquoi avant de rédiger et interrogez-vous sur le rapport avec le sujet à chaque instant.
La dernière recommandation peut sembler contradictoire avec la précédente, elle concerne l’ouverture de votre écriture, le fil serré de votre attention à ce que vous écrivez au moment où vous l’écrivez. Comme il a été dit, la clé d’une copie d’examen réussie est la concentration. Allez vous réussir à maintenir votre attention sur le traitement du sujet pendant 4 heures? C’est cela qui compte. Supposons que la réponse soit « oui », il devrait alors se produire une évolution, une intensification, un progrès de telle sorte que les idées ou les références qui viendront lors de la 3e ou 4e heure seront probablement meilleures que les toutes premières. Il faut donc leur accorder une place, même si cela transforme un peu votre plan. Celui-ci doit garder une structure souple ouverte à d’éventuelles transformations (légères). Soyez attentif.ve au sentiment que vous comprenez de mieux en mieux la difficulté du sujet, que vous suivez le fil de ce qui fait qu’il est un problème. Et si cela vous amène à réaliser que telle ou telle référence est meilleure que celle que vous avez envisagée au départ, changez! Les idées qui viennent au fil de la plume sont souvent les plus pertinentes.
Pour mesurer que le fil de la progression est efficace et dynamique, il est évidemment très profitable de jouir d’une certaine « intuition » ou d’un « bon sens philosophique » qui n’a rien à voir avec le bon sens de l’opinion. Par exemple, la plupart des maximes de l’opinion ne se rendent pas compte qu’elles se mentent à elles-mêmes, l'opinion croit qu'elle pense alors qu'elle ne pense pas ou très peu. Par exemple, sur ce sujet là, la dernière partie que nous avons développée recèle quelque chose de fécond, de satisfaisant parce qu’en fait nous nous sommes rendus compte que la question, par bien des aspects, est plutôt celle de savoir si l’on peut éviter de se mentir à soi-même tellement l’humanité est engoncée dans ce sable mouvant là (comme Pascal, Freud, Gombrowicz nous l‘ont bien fait comprendre). Il ne fait aucun doute qu’on peut se mentir à soi-même, que nous le faisons sans arrêt mais c’est à ce moment qu’apparaît la dimension éthique du sujet (comme pour le précédent). C’est une affaire de fermeté, de consistance, de retenue, d’aidôs. C’est justement parce qu’on peut le faire qu’on peut se retenir de le faire et la distinction entre la puissance et le pouvoir prend alors un sens très affûté (surtout si l’on connaît un peu cette notion d‘Aidôs (pudeur) qui n’est pas évidente à traduire du grec ancien).
5 - La conclusion
NE TERMINEZ JAMAIS VOTRE CONCLUSION PAR UNE QUESTION.
En français, il fallait une ouverture, pas en Philosophie. Vous allez répondre à la question, tendre davantage vers le oui que vers le non ou l’inverse, mais vous avez droit d’exprimer à partir de votre travail une orientation qui de toute façon était déjà bien visible avec votre dernière partie ou sous partie.
Il n’y a que deux phases à respecter dans une conclusion:
- Récapituler de façon brève mais synthétique les tournants cruciaux de tous vos développements. Quels sont les auteurs qui ont vraiment marqué un changement? Ici c’est probablement Freud, Gombrowicz, et la notion d’Aidôs.
- Revenir sur la fin de votre travail et sur le fait que, malgré l’extrême difficulté du problème, vous vous y êtes tracé.e un chemin peut-être précaire, escarpé (ce n’est pas LA bonne réponse mais il n’y en a pas, en fait!). Ce qu’il convient donc de mentionner à la fin c’est l’argument le plus subtil qui finalement vous a fait pencher vers telle réponse. Ne pas se mentir à soi-même implique une attitude qui requiert vraiment un effort, mais c’est cela que l’on appelle une éthique.







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