mercredi 10 décembre 2025

Terminale 2 / 7: peut-on ne pas trouver ses mots? (introduction)


Nous avons parfois le sentiment que les mots ne suffisent pas à exprimer l’intensité ou la singularité d’une émotion, d’un ressenti, voire la complexité d’une idée. Une telle impression repose sur la certitude que notre pensée ou notre intériorité affective n’est fondamentalement pas la même chose que les termes de notre langue qui ne feraient que la « traduire ». Il y aurait donc le sentiment ou l’idée « pure » et puis après seulement, leur « formulation ». La puissance ou la subtilité de ces affects, de ses idées présenterait donc un excès, un « plus », une nature fondamentalement AUTRE que leur simple retranscription en mots. (Première étape) Mais alors de quoi seraient faites nos pensées? Lorsque nous nous tournons vers elles et relevons leur présence, ce ne sont bel et bien que des mots qui nous viennent ou quelques images mais même ces images sont accompagnées ou suscitées, découpées par des mots sans quoi ne nous viendraient même pas à l’idée qu’elles sont distinctes les unes des autres. Si d’un côté nous ne voyons pas du tout comment des idées pourraient nous venir sans mot puisque nous ne les approchons pas sans eux, nous n’en relevons même pas la présence sans eux, d’un autre côté, il est tout aussi vrai que la langue ne nous permet jamais précisément de dire ce que nous éprouvons, d’ailleurs nous trouvons sans cesse des formulations plus affûtées, plus subtiles pour exprimer ce qui ne semble jamais l’être assez adéquatement. Que ferait la littérature si elle ne s’épuisait pas dans cette tâche étrange: essayer de dire ce qui ne semble jamais suffisamment, ni pleinement dit ? (Deuxième étape) La dimension signifiante nous semble tellement présente et surtout tellement « déjà présente » comme une donnée fondamentale et préalable de notre venue au monde que nous avons du mal à croire que nous ne puissions pas trouver nos mots puisque eux nous ont toujours déjà « trouvé », voire capturé. Mais pourtant il ne fait aucun doute non plus que ces mots ne disent jamais vraiment l’essence vraie authentique subtile de ce qu’ils nomment. Existe-t-il donc, dans notre être au monde un lieu, une zone, une modalité de présence qui soit à la fois "non linguistique » et humainement habitable? (Troisième étape)



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