Il est possible de référer la fin du texte de Maurice Merleau-Ponty à chacune de ces toiles. Choisissez-en deux et, en un paragraphe, justifiez le rapprochement:
"Qu'au contraire
l'imaginaire soit comme la doublure du réel, l'invisible, l'envers charnel du
visible, et surgit la puissance de l'art: pouvoir de révélation de ce qui se
dérobe à nous sous la proximité de la possession, pouvoir de restitution d'une
vision naissante sur les choses et nous-mêmes. L'artiste ne quitte pas les
apparences, il veut leur rendre leur densité... Si pour le savant le monde doit
être disponible, grâce à l'artiste, il devient habitable."
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Le cri de Munch |
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"La Sainte-Victoire de Paul Cézanne |
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"Les " cathédrales de Rouen de Monet |
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Chacune de ses oeuvres nous trouble en nous révélant exactement ce que Merleau-Ponty appelle: "l'envers charnel du visible", c'est-à-dire ces forces qui sont à l'oeuvre dans chaque "moment", dans chacun de ces instants de "pose" d'une réalité "donnée " (et non construite, comme c'est le cas pour la science). Rien ne vient au monde autrement que dans l'intertaction continue de ces forces qui ne cesse de distordre nos perceptions bien figées, bien ordonnées et bien "fausses" de choses visibles. Ce que Monet parvient à peindre c'est la mutation insensible, invisible de toutes les cathédrales de Rouen en fonction de l'heure du jour. C'est exactement ce que l'on voit à chaque instant qui nous échappe dans l'effet dynamique de transformation de ce que chaque instant impose à ce qu'est, ou plutôt à ce que serait "la" cathédrale de Rouen". Le peintre ne nous décrit pas une cathédrale de Rouen imaginée mais au contraire très exactement ce qu'elle est en train d'être sous nos yeux mais précisément, à cause de cela, ce que nous ne voyons pas.
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femme passant le tryptique de Francis Bacon |
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Cette photo est particulièrement intéressante. Devant de nombreuses toiles de ce peintre: Francis Bacon, un grand nombre de spectateurs sont tentés de juger les figures représentées déformées, voire torturées, comme si Bacon ne nous décrivaient que des hallucinations, des produits de son désir supposé de distordre les chairs et les visages mais ce que nous décrit la mise en perspective avec le mouvement "flouté" de la femme qui marche devant la toile doit nous faire saisir quelque chose du travail de l'artiste qui n'invente rien. Ce mouvement trouble et flou de la silhouette de la femme devant le tableau c'est exactement ce que Bacon peint. Le trouble que nous éprouvons devant ces oeuvres ne vient pas du tout des torsions et des tourments que l'artiste imposerait à des corps, mais très exactement ce que nos corps sont constamment en train de devenir si nous pouvions les percevoir tels qu'ils sont. l'artiste n'invente rien; Il est aux aguets de ce que le monde est vraiment, c'est-à-dire de ce qu'il est train de devenir et cette mutation nous choque trop pour que nous lui fassions "crédit" (raison pour laquelle de nombreux spectateurs préfèrent penser que la vison de Bacon est un peu dérangée)
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