Quelques mots sur Charles Darwin et sur le rapport entre sa théorie sur l’évolution des espèces et l’oeuvre de Friedrich Nietzsche. En 1859, Darwin publie « l’origine des espèces ». Il y reprend à partir de ses recherches l’hypothèse émise 50 ans avant par Lamarck selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d’un seul ou de quelques ancêtres communs. Les animaux, l’homme inclus, ne sont donc pas distincts ou isolés les uns des autres. La vie animale n’est finalement traversée, dans ses différences, que par des mutations, des variations. Il n’y a pas de distinctions génériques entre la plupart des espèces mais seulement des variables. Si cette théorie a fini par s’imposer du vivant de son auteur, celle de la sélection naturelle, à savoir que certaines espèces vont disparaître du fait de leur faiblesse et de leur incapacité à s’adapter aux conditions extérieures sera validée par la communauté scientifique beaucoup plus tard.
Il y a une ambiguïté dans la relation de Nietzsche aux travaux de Darwin. Il ne fait aucun doute que les découvertes du scientifique et la pensée du philosophe se rejoignent totalement dans la nature même du regard porté sur l’homme, lequel se voit ramené à son efficience physiologique, à son intrication avec le vivant et Nietzsche a d’abord célébré le paléontologue anglais notamment dans tout ce qui de ses théories étaient absolument incompatible avec la plupart des dogmes chrétiens (créationnisme). Mais il se fait de plus en plus critique parce qu’il n’adhère pas à l’idée d’une sélection naturelle qui ne serait fondée que sur l’instinct de survie d’une espèce aux dépens d’une autre. Pour Nietzsche la vie est beaucoup plus riche et recèle bien d’autres mouvements que celui-ci. La volonté de puissance n’est aucunement réductible à l’instinct de conservation.
Le fait que Nietzsche lui-même ait souhaité insister davantage sur ce qui les sépare plutôt que sur ce qui les réunit ne doit pas masquer la convergence profonde de l’évolutionnisme Darwinien et de la généalogie Nietzschéenne. Dans les deux cas, on mesure la pertinence quasiment indépassable d’une méthode qui consiste à déraciner les présupposés religieux, métaphysiques d’une notion ou d’un être pour montrer que ce substantialisme ne repose sur rien.
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