Une démarche scientifique
désigne une procédure de connaissance rigoureuse au terme de laquelle une ou
plusieurs propositions se voient confirmées, validées, voire démontrées si nous
nous situons dans le cadre de raisonnements de type mathématique. Ce qui
caractérise une proposition scientifique, de prime abord, consiste dans le fait
qu’elle est le fruit d’une démonstration, d’une preuve, d’une expérimentation.
Soutenir une thèse dans une perspective scientifique signifie qu’on n’avance
pas simplement ce que l’on a envie de dire, ou ce que l’on a entendu dire par
ci par là, ni ce que l’on se fait un devoir d’affirmer parce que cela
correspond à la cause politique, idéologique ou religieuse que l’on a choisi de
défendre pour donner du sens à sa vie.
Nous réalisons ainsi qu’il
existe dans toute démarche scientifique un effet de contrainte ou plutôt de
nécessité sous la puissance duquel ce qui est posé ne l’est jamais « comme
ça », gratuitement mais exclusivement au terme d’un processus qui le fonde
et le justifie. Autant l’acte de croyance désigne l’adhésion sans preuve à une
idée, une personne ou une prophétie, autant la démarche scientifique manifeste
au contraire une fermeté d’esprit suffisamment exigeante et stricte pour ne se
rallier qu’aux seules conclusions imposées par un raisonnement déductif ou
expérimental.
On pourrait dire, dans cette perspective, qu’un scientifique
n’affirme jamais ce qu’il avance, mais plutôt ce qu’il ne peut pas ne pas
conclure, étant entendu que la rigueur de sa discipline exclue totalement la
possibilité que ses désirs ou ses souhaits interfèrent sur ces conclusions.
Bref, toute démarche scientifique implique une exigence d’objectivité qui ne
peut, en aucune façon, se combiner avec de l’affectif, du sentimental. Il n’est
pas question de parvenir à des résultats qui nous procurent du bien-être, mais
à des résultats justes, étayés, prouvés. Il nous est, dés lors, possible de
préciser la nature de cet effet de nécessité qui s’impose à toute démarche
scientifique, c’est celui du Réel et du Vrai (deux notions bien
distinctes : l’effet de réalité s’impose à l’expérience scientifique alors
que l’effet de vérité désigne la cohérence irrécusable entre les prémices et
les conclusions d’un raisonnement).
Mais si nous voyons
maintenant plus clair dans l’objectif visé par toute démarche scientifique
(lequel n’a aucun rapport avec le bonheur), nous ne sommes pas pour autant
fixés sur ce qui la motive de l’intérieur, c’est-à-dire sur l’énergie investie
par le chercheur dans son déroulement. Qu’une démarche scientifique ne se
détermine pas en fonction de cet horizon qui consisterait à procurer du bonheur
ne signifie pas qu’elle ne soit pas tissée, constituée d’un élan, d’un
mouvement « sponte sua » à l’intérieur duquel quelque chose d’heureux
ne serait pas efficient. C’est là toute la différence posée par Aristote entre la cause finale et la cause efficiente.
Une procédure scientifique ne vise pas à nous rendre heureux mais cela
n’interdit pas de penser que ce soit bel et bien sous l’effet d’une énergie
heureuse que nous l’initions. Autant il est clair qu’à aucun moment d’une
démarche scientifique, le bonheur ne puisse être invoqué comme critère de
validité de telle ou telle proposition, ou de telle expérimentation, autant il
semble impossible de se représenter l’investissement du chercheur
indépendamment de cette motivation qu’est la compréhension d’un phénomène, la
satisfaction de savoir pourquoi telle action naturelle se produit de telle
façon et pas de telle autre. Aucun enfant ne réalise le principe de la leçon de
son instituteur, la règle utilisable dans tous les exemples étudiés pendant une
séance, sans en éprouver une forme de « joie ». La compréhension,
l’assimilation d’une idée, d’une loi effective dans tel ou tel phénomène ne
peut se concevoir ni se vivre autrement qu’en tant que « réalisation de
soi ». Mais s’agit-il pour autant du bonheur ? Pouvons-nous
identifier la joie provoquée par le sentiment de comprendre plus et mieux les
phénomènes qui nous entourent et le ressenti de cette plénitude, de cet
accomplissement de soi tel qu’il est impliqué par la définition du
bonheur ?
On peut ici faire référence au cri fameux lancé par Archimède
lorsqu’il comprit que l’on pouvait évaluer la densité d’un corps à la mesure de
la quantité de liquide déplacée par son immersion dans un bac rempli d’eau.
« Euréka » (j’ai trouvé) est devenu le symbole même de cette joie
créée par l’effet de compréhension soudaine au terme d’une intense phase de
recherche.
Cette expression désigne le
moment d’euphorie saluant une démarche couronnée de succès, à l’instant même de
ce succès, mais il n’est pas évident du tout que le bonheur soit euphorique.
L‘étymologie du terme est intéressante par rapport à cette question.
« Bonheur » vient de « heur », mot issu du vieux français
qui signifie chance (« je n’ai pas joui de l’heur de vous
connaître » : je n’ai pas la chance de vous connaître). Le bonheur
nous arrive sans prévenir. Il n’est pas un objectif en vue duquel on puisse
mettre en œuvre un processus efficace de moyens à fins (au sens de but). Si tel
était le cas, on peut penser que nous serions tous heureux. Il tient plutôt d’une
forme de fatalité bénéfique: on ne peut pas œuvrer en vue d’être heureux, mais
il est possible de travailler sur soi afin d’être heureux de tout ce qui
arrive. Le bonheur n’est pas un événement extérieur qui nous communiquerait le
sentiment de cette plénitude extatique mais il est la sagesse de se satisfaire
de tout ce qui nous arrive quelle qu’en soit la nature. Aucun événement n’est
en lui-même « bon » ou « mauvais ». Il n’est pas question, donc, d’attendre qu’il nous arrive quelque chose
de bien (encore moins de se lamenter qu’il nous arrive quelque chose de
« pas bien ») mais qu’il nous arrive quelque chose, quelle que soit
cette chose, c’est bien : c’est ça le « bonheur ». Il ne
s’effectue pas, il se « réalise » (au sens de « se rendre
compte » - il n’est pas un objectif qu’il nous reste à atteindre mais une
réalité qu’il nous revient de percevoir telle qu’elle est, à savoir « déjà
là »). On descend le curseur de nos attentes jusqu’à comprendre qu’il n’y
a rien à attendre de plus de l’existence que l’existence même.
Finalement, il n’est ni
plus ni moins question que d’être en phase avec l’instant présent d’un monde
qui est « là maintenant ». Etre dans le bonheur, en un sens, c’est
« être à l’heur-e », ne pas être en retard ou en avance par rapport
au seul temps qui importe vraiment : le présent. C’est finalement le sens
même de ce que Pascal décrit comme l’un des comportements les plus futiles et
les plus dommageables de l’être humain : « Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes
occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent, et
si nous y pensons, ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de
l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin.
Le passé et le présent sont nos moyens; le seul avenir est
notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous
disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons
jamais".
Le
« problème » de l’homme, à savoir son inaptitude fondamentale au
bonheur lui vient de cette incapacité à faire coïncider en lui ses pensées et
l’instant qu’il vit. Nous ne sommes pas dans le présent, nous le regrettons ou
nous l’espérons, mais nous ne le vivons pas quand il est là. Nous pourrions
dire du rapport de l’homme avec le présent qu’il est exactement le même que
celui d’Hyppolite amoureux à Aricie dans Phèdre, la pièce de Racine :
« Présente, je vous fuis, absente je vous trouve. » Il est tellement
troublé qu’il n’ose pas la rencontrer quand elle est accessible mais qu’il ne
pense qu’à elle quand elle est physiquement loin de lui. Le désir qu’il a de sa
présence lui fait « idéaliser » sa présence, puisque le propre du
désir est de nature fantasmatique, de telle sorte que la relation qu’il
entretient avec Aricie est rendue impossible par la passion qu’il éprouve pour
elle, comme si ce qu’il aimait d’elle c’était précisément le fait qu’il puisse
fantasmer la relation, la dérréaliser, la rêver. Ce que nous désirons, parce
que nous le désirons, est impossible à réaliser et il en va de même à l’égard
du bonheur. Nous désirons désirer le bonheur, c’est pourquoi nous en parlons
tout le temps, mais nous ne faisons ainsi que réunir toutes les conditions
possibles pour ne jamais l’atteindre.
Finalement toute la
question est de savoir s’il ne s’agirait pas exactement du même type de rapport
que celui que nous établissons avec la vérité dans le cadre de la science. Le
rapport de la démarche scientifique à son but, soit la compréhension des lois
qui régissent la matière, le vivant, l’univers, est-il vraiment et entièrement
dépourvu de cette tendance fantasmatique qui nous maintient constamment dans
cette attirance pour le bonheur tout en nous interdisant sa jouissance
réelle ?
Si nous essayons de
connoter le type de relation que nous entretenons avec le bonheur parmi ces
trois tendances : le besoin, la volonté, le désir, il apparaît assez
clairement que la première ne peut convenir parce que le besoin désigne une
dépendance vitale : la nourriture, l’air pour respirer, etc. Or nous
pouvons vivre sans bonheur, c’est même ce qu’accomplit jour après jour la très
grande majorité des gens.
Il ne peut s’agir non
plus de volonté tout simplement parce que la volonté ne tend vers aucun
objectif sans le connaître préalablement. Nous savons ce que nous voulons, et
quand nous ne le savons pas, c’est que nous n’avons pas suffisamment analysé la
nature de notre aspiration pour nous rendre compte qu’il y entre une part de
désir, c’est-à-dire d’indétermination, de trouble. La volonté est toujours
claire, décidée, rationnelle. Si nous comparons les affirmations
suivantes : « je veux mon bac » et « je désire mon
bac », nous réalisons immédiatement la différence. La première désigne un
engagement clair vers un objectif pour lequel des moyens seront organisés en
vue d’une finalité. Nous sommes dans une relation de sujet à objet, ce qui
implique trois éléments fondamentaux : une dualité d’abord (entre moi et
mon but), une acceptation du temps ensuite (j’y mettrai le temps qu’il faudra),
une satisfaction enfin, c’est à dire un terme, un accomplissement sans appel,
une réussite qui clôt à tout jamais la démarche entreprise (le bac sera dans ma
poche).
Quand je
dis : « je désire mon bac », je n’affirme pas du tout la
même chose. Ce serait même, point par point, le contraire. Je
« désire » mon bac, je ne dis pas du tout que je vais l’obtenir mais
qu’il me fait rêver, j’exprime une sorte d’électrisation à l’égard d’un idéal
dont la pensée me procure un trouble plutôt agréable, une attirance confuse. La
jouissance est dans cette électrisation, et non dans la perspective future de
l’obtention, de telle sorte que s’installe entre ce que je désire et moi-même
un certain mode de distance, une certaine texture de lien dans laquelle je suis
pris, capturé, jusqu’à ne plus savoir ce qui, au cœur même de ce champ
d’attraction vient de moi et ce qui vient de l’objet de mon désir. Dans le
désir, il n’y a plus dualité.
Si je désire
mon bac, je ne veux pas l’avoir, je fantasme sur lui, je
l’idéalise et fais tout pour entretenir cette distance où je trouve une forme
fantasmée de satisfaction. Je m’éternise
dans ce rapport sans chercher le moins du monde à l’organiser dans le temps
(moyens / fins). Il faut prendre le terme « s’éterniser » au pied de
la lettre et penser ici particulièrement au désir amoureux qui s’use réellement
dans le temps mais se fige idéalement dans l’Eternité (on ne peut pas aimer une
personne autrement que « pour toujours » (idéalement) mais, en même
temps, par définition, il est impossible de soutenir le défi de cette éternité
dans la réalité (réellement) – la durée de nos relations amoureuses se situe
très exactement dans la variable de cet ajustement là : entre l’éternité
qu’on désire et la temporalité qu’on subit). Dans le désir, il n’y a pas
d’acceptation du temps.
Enfin, désirer son
bac, c’est ne pas vouloir en finir avec lui, mais se sentir bien dans son champ
d’attraction, dans l’aura de son magnétisme, dans le charisme de son influence.
On demeure donc dans le clair de son rayonnement astral, comme la terre tourne
autour du soleil. L’idée que je puisse mettre un terme à cette relation en
l’obtenant et en passant à autre chose (ce qui est, je l’espère pour eux, la
perspective de tous les élèves de terminale) m’est donc totalement étrangère.
Dans le désir, il n’y a pas de terminaison, d’accomplissement. Le désir ne
conclut pas.
Si nous reprenons une
à une ces trois caractéristiques du désir: a) l’absence de dualité b) le refus
du temps c) l’absence de terme, et les mettons en perspective avec notre
aspiration à être heureux, nous sommes bel et bien forcés de reconnaître leur
parfaite correspondance. Le bonheur désigne en effet un sentiment de plénitude
si exhaustif qu’il est impossible d’y insinuer la plus infime ligne de
distinction entre soi, le sujet, et le bonheur, l’objet. Le bonheur est
indéfinissable, comme le trouble amoureux : je ne sais pas davantage ce
que j’aime en la personne aimée que ce qu’il me faut pour être heureux (pas de
dualité). Le bonheur n’est pas un projet qu’on organise dans le temps avec des
moyens orientés vers un objectif. Je n’organise pas le bonheur (terreur des
voyages organisés qui, en aseptisant la prise de contact avec l’autre culture,
tue le bonheur inattendu de la rencontre). Enfin, il est clair que nous
n’aspirons pas au bonheur pour en finir avec lui, comme nous le faisons pour
les objectifs que nous voulons
atteindre. Il semble donc indiscutable que notre aspiration au bonheur soit
entièrement faite de désir. Une démarche
scientifique n’est-elle pas motivée, si peu que ce soit, par le désir d’être
heureux (se)?
Mais qu’est-ce que
cela peut vouloir dire : « une démarche scientifique motivée par
le désir du bonheur » ? Cela
impliquerait nécessairement le fait que, contrairement à ce qui semble
s’imposer d’elle dans un premier temps, une part de fantasme y joue, voire que
nous y retrouverions les trois traits que nous venons de définir comme les
constituantes essentielles de tout désir : non dualité du sujet et de
l’objet, refus du temps, absence de conclusion. Plus que tout autre
enjeu c’est bel et bien celui de l’objectivité de la démarche qui se voit
interrogé par une telle question. D’une conception qui nous arrange, on dit
souvent « qu’elle est trop belle pour être vraie », cette perspective
peut même (mal) tourner en une sorte de suspicion exacerbée à l’égard de tout
ce qui, de la démarche scientifique, pourrait se rapprocher d’une forme de
beauté, de jouissance, de « bien-être ». Représentons-nous un
astrophysicien qui se retiendrait de toutes ses forces d’être troublé par la
photo d’une Supernova ou par une image fractale. Il est clair qu’il n’est pas
là où il est pour l’admirer, mais il
n’est pas non plus absurde de penser que le sentiment de plénitude, de joie,
qu’il peut éprouver à cette occasion, dans le cadre même de la démarche
scientifique qui a rendu possible cette rencontre soit « exact »,
c’est-à-dire qu’il exprime quelque chose du mode d’être le plus authentique de
tout être vivant à l’égard de la totalité au sein de laquelle il est immergé. Un
scientifique est sans conteste un travailleur rigoureux qui doit s’interdire de
juger de la validité d’une thèse à la hauteur de sa beauté, ou du bien-être qui
l’envahit quand il la considère, mais il lui revient également de ne pas faire
de sa laideur, de son aridité, de son pouvoir de nuisance et de son aptitude à éradiquer
toute incursion du merveilleux et de l’extraordinaire dans les conséquences
logiques d’une théorie corroborée, un critère de recevabilité scientifique. Tout ce qui fait d’une démarche qu’on la
définit comme scientifique disparaît-il automatiquement du fait de
l’insinuation en elle d’un désir de bonheur ? Faut-il que la science
renonce à être heureuse pour être la science ?
Grâce à Popper, nous
disposons d’une définition très claire de ce qui fait qu’une démarche peut être
dite scientifique : la falsifiabilité. Le chercheur formule une thèse
scientifique dés lors que celle-ci s’offre à la procédure du test, c’est-à-dire
qu’elle prend le risque de la réfutation (contrairement à d’autres disciplines
comme l’idéologie, la religion, la politique, l’économie, etc.). Cette
condition sine qua non implique qu’une théorie scientifique ne peut être admise
comme vraie. Elle n’est jamais vérifiée mais seulement corroborée par l’examen,
l’observation ou l’expérimentation qui la confirme, d’où l’invention par Popper
de la notion de « vérisimilitude ».
Nous pouvons
maintenant questionner cette définition d’une démarche scientifique par rapport
aux trois caractéristiques du désir de bonheur tels que nous les avons
établies : a) la non dualité sujet / objet b) Le refus du temps c)
l’absence de conclusion. Il n’est que le troisième qui puisse sans discussion
s’appliquer à la démarche scientifique selon Popper. En effet, nous voyons mal
comment une conception de la science pourrait à la fois accorder une importance
aussi cruciale à la procédure du test si le sujet qui l’effectue n’était pas
substantiellement distinct, autre, de la réalité observée ou interrogée.
D’autre part, la démarche scientifique
Popperienne se caractérise par un avant (l’hypothèse) qui se voit corroborée
par un après (le résultat du test). C’est exactement dans l’intervalle entre ce
que l’on avait prévu (avant) et ce que l‘on constaté (après) que se dessine une
étroite fenêtre d’efficience, une fine ébauche de probabilité qui constitue
selon Popper un gage indépassable de scientificité. Nous ne sommes pas plus
avancés après quant à ce que le phénomène, la force ou la loi observés
« sont » quand l’expérience est conforme à l’hypothèse, mais nous savons
plus précisément ce qu’ils ne sont pas quand elle ne l’est pas, et c’est cela
qui fait avancer une démarche. C’est dans l’épaisseur de cette lourde
atmosphère de suspicion que le chercheur avance, à savoir dans les cahots de
l’élan impulsé par l’esprit d’initiative de l’hypothèse et le mouvement de
retenue imprimé par la juste considération de l’expérience ou de l’observation
qui ne saurait jamais établir une vérité valable en tout temps et en tout lieu.
Un chercheur n’est scientifique que dans l’interstice étriqué qui s’installe
dans cette tension entre ce qui l’engage à essayer (hypothèse) et ce qui le
retient de totalement y adhérer (vérisimilitude). Cet interstice est temporel.
Il est tissé dans la matière élastique de cette attente et de cette retenue.
C’est parce qu’une hypothèse n’a aucune prétention à valoir éternellement
qu’elle est scientifique. Aucun fantasme ni désir ne saurait donc être
légitimement autorisé à s’insinuer dans ce protocole, du moins tant qu’il a
cette prétention d’être scientifique.
Par contre, l’impossibilité
de conclure comme donnée constitutive du désir correspond au caractère
provisoire de toute théorie scientifique corroborée. C’est comme si
l’aspiration à la vérité, dans tout ce qu’elle impliquait de renoncement à la
vérité accomplie épousait la libération purement gratuite de cette énergie
désirante qui se complaît dans le champ d’une proxèmie en réduisant au silence
la plus infime velléité de conclusion.
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