(Il n’est jamais facile de se préparer
psychologiquement à une épreuve d’examen. Le plus simple, comme nous le
conseilleraient les Stoïciens, est de clairement faire la part entre les
aspects sur lesquels nous pouvons agir, en tant que candidat, et ceux qui ne
sont en aucune manière de notre ressort. C’est ce que cet article essaie le
plus rigoureusement possible de lister)
1) Ce
que l’on sait
- Il y aura trois
sujets (les deux premiers seront des sujets de dissertation, le troisième une
explication de texte)
- Ils porteront nécessairement
sur les notions du programme
- L’épreuve dure quatre heures
- La correction des copies du Baccalauréat
(sujets, critères de correction, notation) fera l’objet d’une discussion
collégiale entre tous les correcteurs de l’Académie)
2) Ce
que l’on ne peut pas savoir à l’avance
- L’énoncé des sujets
- Qui vous corrigera (s’agira-t-il d’un homme
ou d’une femme ? Gentil, pas gentil ? De bonne ou de mauvaise
humeur ? Pourquoi ne pas se détacher complètement de ces questions
débiles ?)
- La note (autant ne pas remâcher sans fin ce
que vous avez fait, une fois que cela a été écrit et rendu)
3) Sur
quoi peut-on miser ?
Il existe des
critères de correction dont on sait très bien qu’ils seront appliqués à notre
copie. C’est en fonction d’eux qu’il faut aborder l’épreuve :
- Traiter le sujet (c’est un effort continu qui requiert une attention
constante. « Est-ce bien le sujet que je traite ? » est une
interrogation à laquelle il nous faut toujours soumettre nos développements)
- Un minimum de considération de la matière (il
est malheureusement possible qu’un élève de terminale n’ait pas vraiment saisi
pendant l’année scolaire, la différence entre une idée ou une thèse
philosophique et une opinion (« moi je pense que… »). Il aborde donc
l’épreuve en croyant qu’il s’agit de « parler d’un thème », voire de
« dire ce qu’on pense de… ». C’est très mal engagé. Il faut réaliser
qu’un sujet est comme une fusée dont il convient d’affûter la silhouette
jusqu’à en faire une « tête chercheuse ». En fait, cette tête
chercheuse, c’est exactement ce à quoi notre dissertation doit ressembler. Plus
on émousse cette pointe, plus on court le risque d’une mauvaise note).
- Des références philosophiques plus maîtrisées
que forcément nombreuses, plus approfondies que simplement évoquées, plus
impliquées dans notre argumentation que gratuitement « plaquées ».
- Un minimum d’endurance dans le traitement du
sujet (la force d’inertie s’exerce sur tous les objets de notre planète et l’on
ne voit pas pourquoi elle ne s’activerait pas aussi sur ce travail de
réflexion. Il est évident que les idées que nous aurons trois heures après
avoir pris connaissance du sujet seront meilleures que celles qui nous sont
venues dés sa lecture, à condition que
nous ne pensions pas à autre chose pendant ces trois heures. Il suffit donc
que nous maintenions notre pensée sur cet énoncé constamment, qu’il devienne un
leitmotiv, comme un « mantra », une formule gravée dans notre esprit, un crible à partir duquel toutes nos
idées, nos références, nos argumentations doivent prendre forme.
4) Ce
qu’on doit faire une fois les sujets donnés
- S’impliquer, au sens étymologique de ce
terme : « se mettre dans les plis de… ». Il convient
d’entrer dedans en se détachant complètement de l’idée d’en sortir. La question
n’est pas posée pour que nous y répondions mais pour que nous la traitions.
- Choisir en se demandant pour les sujets 1 ou
2 si nous percevons la dimension problématique de l’énoncé et pour le sujet 3 si
nous comprenons en quoi ce texte est UN
texte (il ne défend qu’une seule thèse)
- S’organiser de la façon suivante :
Au bout de 15 mn (au +) il faut avoir choisi
1h : sur le brouillon, écrire toutes les
idées, références, citations « en vrac » en s’efforçant peu à peu de
relever une démarche progressive allant des idées les plus simples au plus
complexes, plus nuancées, plus subtiles.
1h30 : Il faudrait disposer d’une
introduction et d’un plan rédigés au brouillon. On écrit donc directement sur
la copie d’examen. (Si au bout de deux heures, on n’a toujours pas commencé à
rédiger sur cette copie, il faut s’imposer de le faire, sans état d’âme)
3h30 /3h45 : Il convient de s’arrêter,
de considérer sa copie en la comparant au plan initial. Elle a peut-être suivi
d’autres pistes que celles qui étaient envisagées au départ. Ce n’est pas
forcément mauvais signe, les idées nous venant au fil de l’écriture étant loin
d’être les plus mauvaises. Mais il faut penser à la conclusion et donc fignoler
les tout derniers paragraphes pour donner l’impression d’une réflexion qui n’a
pas cessé de progresser et qui parvient à exprimer à l’égard du sujet un esprit
de nuances clair et construit (il se peut que ce soit bien plus qu’une
impression si tout s’est bien passé). La conclusion est plus facile à rédiger
que l’introduction, mais il faudrait également se garder un temps de relecture
pour corriger les éventuelles fautes d’orthographe et les oublis (quand on
écrit tout en pensant à ce qu’on écrit, il se peut que notre pensée aille plus
vite que notre main)
5) Ce
qu’on ne doit pas faire une fois l’épreuve terminée
- Consulter des corrigés publiés sur la toile
(ils sont souvent faits par des enseignants de Philosophie et le bac de
Philosophie n’est pas une épreuve visant devenir professeur de cette matière –
Cette lecture suscitera probablement en vous le sentiment de n’avoir pas dit ce
qui était attendu alors qu’il n’existe pas de corrigé fiable d’un sujet de
philosophie (puisque le sujet n’attendait pas de réponse)
- Réécrire votre copie (si vous croyez au
multivers, vous avez forcément un clone qui l’a fait, donc ça va : vous
avez exploré toutes les variables envisageables de cette situation)
- Chercher midi à quatorze heures (d’abord
parce qu’il n’y sera pas, ensuite parce que vous aurez deux heures de retard à
tous vos rendez-vous, c’est ballot !)
6) Ce
qu’on doit faire
-
Penser à
autre chose
-
Penser à
autre chose
-
Penser à
autre chose
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