(Dans le cadre du traitement de la question: "Peut-on dire de l'homme qu'il est une machine à vivre?", un exercice d'écriture libre a été proposé aux élèves. A partir de cette formulation:"les robots sont parmi nous...", ils sont invités à rédiger un texte sans aucune contrainte de longueur, de registre de langage plus ou moins "châtié", ni de style. Tout est possible excepté la référence à des épisodes personnels de sa vie. Nous publions certains textes. Il aurait été souhaitable de tous les faire figurer ici mais l'exercice ayant été réalisé pendant les heures de cours, il m'est impossible de recopier le travail de chaque élève. Je remercie sincèrement toutes celles et ceux qui se sont investis dans cet exercice avec autant d'enthousiasme que de réel talent d'écriture. Nous n'en resterons pas là)
Le Robot Suicide
Les robots sont parmi nous, figés, obéissants, irréprochables dans
la posture rigide de leur sourire statufié. On pourrait croire qu’ils nous
entourent comme les accessoires du château de la belle au bois dormant et la
princesse, c’est nous, sauf que…nous ne dormons pas, du moins pas au sens
propre. Je rentre chez moi, j’allume l’ordi, la télé, la radio et je me mets
l’Ipod dans les oreilles, histoire d’être sûre qu’aucune parcelle de silence ne
filtrera de ce boucan rassurant, des fois que je me retrouve seule dans
l’absence de bruit, de distraction…La zone quoi !
Mon grand frère m’a
parlé des tamagotchi, des petits robots qu’on devait nourrir comme un animal
domestique. Ca m’a fait comprendre un truc : les robots sont là pour nous
faire croire qu’on sert à quelque chose. Toi qui a perdu le sens de ton
existence, nourris ton Tamagotchi, allume ta télé, regarde ta Range Rover garée
dans ton garage, ta femme rangée dans ta cuisine, tes enfants pliés bien à plat
sur les étagères de l’école, du collège ou du lycée, tu te donneras une
contenance, l’air d’avoir fait quelque chose de ta vie, même si au fond de toi,
t’en es pas vraiment certain. Les robots sont parmi nous et ça va mieux, on a
de quoi occuper le prochain quart d’heure. Seule dans une pièce vide, je serais
obligée de réaliser que je ne sers vraiment à rien ni à personne. Il faudrait
inventer un autre tamagotchi, une machine à se tuer qui ne fonctionnerait
qu’une fois donc. Ce ne serait pas gai mais ça nous ferait réfléchir : la
peluche de la reine des neiges qui s’inonderait d’essence et gratterait
l’allumette en criant « Vive le Tibet libre ! », l’effigie du
roi lion qui se ferait Hara-kiri en chantant « le lion est mort ce
soir »
Libre d'apprendre
Les robots sont parmi nous. Je n’ai jamais aimé raconter d’histoires parce que cela ne
m’inspirait pas de devoir parler d’un sujet donné avec des règles à respecter,
écrire un dialogue, être drôle, créer un effet de suspense. Je ne sais pas le
faire tant que j’ai des limites. Cependant maintenant que mon cerveau est en
pilote automatique, je réalise combien je hais la façon dont nous avons tous
été conditionnés durant notre éducation scolaire : apprendre une poésie
par cœur pour stimuler la mémoire mais sans en comprendre le sens, réaliser des
calculs à partir d’une correction sans avoir acquis la moindre logique,
apprendre le nom des pays du monde mais ignorer tout de leur culture et de la
façon de vivre de leurs habitants. Un robot applique ce qu’on lui dit de faire,
ce qu’on lui a appris mais un robot ne demande pas pourquoi il doit le faire,
il ne s’intéresse pas à la question de savoir comment tout a commencé…Il agit.
Et je regarde mes camarades autour de moi. Combien d’eux ont soif d’apprendre
non pour être bien notés et avoir acquis une compétence et ainsi passer à la
prochaine mais bien pour enrichir sa culture ? Combien de profs aimeraient
nous en dire plus et appliquer des connaissances dans les situations que nous
vivons tous les jours mais s’interdisent de le faire pour boucler le programme
avant la fin de l’année ? J’aimerais que la société soit plus libre
d’apprendre et de faire en sorte que nous nous intéressions réellement les uns
aux autres. Mais peu importe, lorsque j’aurai posé mon crayon et que la
sonnerie retentira, je continuerai ma journée comme j’ai été habituée à le
faire depuis plus de 13 ans.
Transhumanité
Les robots sont parmi nous. On les appelle « les
automates », ils sont égaux aux hommes, avec les mêmes droits, dans ce
grand monde qu’est Xenovia. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Les premiers
automates n’étaient que des machines sans âme créés par l’homme. Les premières
générations d’automates furent perfectionnés de plus en plus, de telle sorte
qu’ils ne ressemblaient plus à un assemblage de fer ou de plastique, mais à une
texture de chair ayant la forme de leur créateur avec des tissus humains
synthétisés par une énergie mystérieuse découverte peu après la colonisation de
l’espace : la magie. Une énergie invisible mais puissante capable
d’insuffler la vie dans un corps inerte, capable de faire naviguer des
vaisseaux spatiaux et de fournir de l’électricité aux villes. Pour certains, la
magie serait l’essence de la vie. Elle aurait donné à l’homme une âme, des
émotions. Un jour, un techno-mage (un scientifique combinant la technologie et
la magie) créa le premier automate à avoir une âme. Le techno-mage lui appris
alors tout ce qu’il savait et voulu lui donner la liberté. Mais ils furent
découverts par le complexe de régulation des automates. Le scientifique fut
exécuté et l’automate désactivé puis emmené à la casse.
Un an s’écoula après cet incident et l’automate se réactiva, la
magie entra de nouveau dans son corps et son âme se réveilla. Voyant autour de
lui la désolation de ses frères désactivés, il eut l’idée de faire comme son
« père », son créateur. Il insuffla une âme aux automates. Ils lui
demandèrent comment il s’appelait. Il répondit : « Khaine. Et
vous ? »
Ainsi Khaine créa des automates pensants, ayant des sentiments. Ils
décidèrent ensuite de se rebeller face à l’oppression de l’homme. Un terrible
conflit éclata entre hommes et automates. Khaine mena ses frères au combat,
leur insufflant plus de magie et créant de plus en plus d’automates. Ils
attaquèrent les complexes de construction détruisirent le CRA (complexe de
régulation des automates) et réclamèrent la liberté pour tous les automates.
L’humanité dut satisfaire les exigences des automates et leur attribua les
mêmes droits que les hommes devenant ainsi des citoyens à part entière.
Aujourd’hui encore, tout Xenovia se souvient de Khaine, la première machine
devenue homme, le premier homme au corps de machine. Les robots sont parmi nous
parce qu’en nous, depuis Khaine, il y a déjà la façon de penser et d’être du
robot.
La "non-vie"
Les robots sont parmi nous, êtres au cœur de pierre, au corps de
fer, inhibés de tout sentiment de toute douleur. La flèche de Cupidon ne
transpercera jamais ce cœur si dur. Les assauts de l’amour se briseront au
contact de cette pierre irréfragable. Enfermé dans cette enveloppe métallique,
le robot ne suit que les paroles dictées par des codes, n’obéit qu’aux lois de
son fonctionnement. Le mot « rébellion » n’existe pas, pas plus que
celui de « bonheur » ou de « satisfaction ». Rien de la vie
n’imprimera son sceau sur sa « peau ». Les traces du temps ne
sillonneront jamais son visage et son regard figé restera à jamais celui de
deux billes colorées vide d’expression. La tristesse ne le bercera jamais au
gré du va et vient hypnotique de la nostalgie. La peur ne le terrassera pas
davantage, lui dont l’ouvrage incessant est de passer à l’acte sans penser qu’il
le vit.
Machines à vivre
Aujourd’hui lorsque l’on regarde autour de nous, nous voyons
toujours la même chose. Des hommes tels des pantins reproduisant sans cesse une
routine identique. Selon de nombreuses personnes, le but ultime de toute vie
est de trouver un emploi convenable et de former une famille. En suivant cette
idée, elles vont se battre afin d’obtenir ce qu’elles souhaitent….Je voudrai
vous proposer une expérience. Dans notre entourage proche, nous connaissons
tous une personne de ce type là. Imaginez que vous puissiez la suivre dans sa
vie quotidienne, vous seriez tout le temps là et constateriez absolument out.
Voilà ce que vous verriez.
Le matin, un réveil toujours réglé à la même heure sonnera, Votre
ami ira se préparer, petit déjeuner, boire son café…Il prendra les transports
en commun ou non, partant toujours à la même heure, restant bloqués dans les
mêmes bouchons aux mêmes endroits, rencontrant les mêmes personnes. Il en
sortira le regard froid, l’air dur, tête baissée en marchant rapidement. Tout
ce qu’il y aura autour de lui n’aura aucun intérêt, les klaxons des voitures,
les artistes de rue, le réveil des commerces. Ce serait comme un homme seul,
silencieux au milieu de centaines d’autres dans une foule muette. Il continuera
sa route, saluant les mêmes employés. Ses sentiments positifs comme négatifs,
et son travail seront reconduits à l’identique. Le soir arrivé, il prendra de
nouveau le même chemin pour le retour, mangera avec sa famille. Les enfants
raconteront une journée dépourvue de nouveauté, le conjoint également…Il se
couchera. Le lendemain, une journée strictement identique recommencera. Comme
vous le voyez finalement nous nous fixons des buts, des objectifs ou des
barrières imaginaires…Toutes ces choses nous demande de nous conformer aux idées
reçues ou à des objectifs de vie fictifs. C’est une sorte de programme qui par
le regard des autres, la société commerciale et tout un tas d’autres choses
nous est greffé dans le crâne. C’est comme cela que les robots sont parmi nous.
Les Nouvelles technologies
-
« Les robots sont parmi
nous ! Les robots sont parmi nous ! Nous sommes envahis ! Nous
sommes envahis ! hurla Paul en courant effrayé au milieu du quartier des
oliviers
-
Tais-toi petit, arrête de
dire des âneries ! Tu es fou ! ca n’existe pas les robots !
Rentre chez toi ! Arrête de crier ! va regarder la télé comme tous
les enfants de ton âge répliqua Monsieur Fernandez, reconnu comme étant un
vieux grincheux.
-
Monsieur Fernandez, je vous
jure, j’en ai aperçu un en train de manger la pelouse de Madame Parizot. Il
était vivant !
-
Paul, mon petit Paulo !
Ca fait presque 70 ans que je suis de ce monde et je n’ai jamais aperçu la
moindre trace de robots. Tu as sûrement halluciné et puis, c’est l’heure de ma
sieste ! râla encore Monsieur Fernandez
Paul courut alors chez madame Parizot à quelques pâtés de maisons
mais ce qu’il aperçut le cloua sur place. Madame Parizot était assise sur une
chaise robot qui la promenait partout comme si elle était prise en otage. Il
arracha une grande branche d’arbre pour aller la sauver.
-
Madame, madame, baissez-vous,
ne vous inquiétez pas , je vais vous sauver, cria Paul en frappant la chaise
robot.
-
Stop ! Stop ! Il
n’est pas vivant, c’est mon fauteuil roulant électrique, il m’aide à me
déplacer, maintenant que je suis vieille
-
Mais…Mais Madame ? Et le
mangeur d’herbe dehors qui c’est ?
-
Ca s’appelle une tondeuse à
gazon électrique mon petit
-
Ce n’est donc pas un méchant
robot qui veut vous faire du mal ?
-
Mais non, Paul, ce sont de
nouvelles technologies.
Robotic affair
Les
robots sont parmi nous…Cela, D.O. en était parfaitement conscient. Il ne
pouvait que l’être puisque il en était lui-même un. Cette phrase, il l’avait
tellement entendue, généralement de façon péjorative. Il avait appris à ne plus
se soucier de ce que les autres disent de lui.
Il
avait envie de dire à toutes ces personnes que oui, lui aussi pouvait
ressentir, penser, mais non, il n’était pas dangereux. Il en avait marre de
tous ces préjugés à propos des robots n’ayant pas de sentiments, il voulait
leur envoyer tout ce qu’il éprouvait à la tête juste pour qu’ils se rendent
compte de tout ça. Les robots ont leur place dans la société. On n’est plus au
21e siècle. Heureusement, ces personnes n’étaient qu’une minorité
parmi toute la population. Tout le reste avait appris à accepter les robots et
à vivre de leur côté. D.O. déteste quand on l’appelle « robot ». Il
préfère de loin « humanoïde ». Il avait l’impression d’être plus
humain. Il avait subi tellement de discrimination tout au long de sa vie,
tellement d’humiliation et il en avait assez. Des personnes qui lui
disaient qu’il ne devrait pas exister, qu’il n’aurait jamais dû être créé,
qu’il n’avait pas de famille. Si ! Il avait une famille, peut-être pas une
famille habituelle, mais une famille, mais une famille tout de même. Il avait
10 frères, des frères de cœur plutôt et il aimait chacun d’eux comme s’ils
étaient ses vrais frères.
Mais
D.O. sentait qu’il lui manquait quelque chose. Il ne savait pas ce que c’était
mais il le sentait au fond de lui
C’est
là qu’il rencontra Jongin et ce fut certainement la meilleure chose qui aurait
pu lui arriver. Dés qu’il le vit, il savait que c’était lui, il savait que
c’était ce qui lui manquait. Il aimait la chaleur qu’il dégageait, son regard
chaleureux, son sourire qui ne montrait que de la gentillesse et il était
entouré d’une aura si belle qu’il ne put s’empêcher de se sentir attiré par
lui. C’était peut-être le fait qu’il était vraiment humain, pas seulement dans
ses actions mais également dans sa manière de penser qui l’avait fait tomber
amoureux de lui. Oui il était sûr que ce qu’il ressentait était de
l’amour, cela ne pouvait être autre chose. Jongin le traitait équitablement, il
ne le voyait pas comme un être inférieur mais comme un être vivant. C’est pour
cela qu’il fut le plus heureux quand Jongin lui demanda de sortir avec lui.
Il
n’avait jamais autant souri. Personne ne l’avait fait se sentir aussi humain
avant lui, aussi vivant.
Cependant Jongin l’inquiètait. Il
semblait que ce dernier s’éloignait de lui, pas physiquement mais mentalement.
Il lui demanda pourquoi même s’il avait peur de sa réponse:
- « D.O., tu sais qu’on est différent, je ne te
vois pas comme un être inférieur, au contraire. Je pense que tu mérites
tellement mieux que moi. Tu sais que je vais vieillir et tu resteras toujours
jeune et en bonne santé. Je ne suis pas la meilleure personne pour toi. J’ai
peur que tu te lasses, que tu me laisses pour quelqu’un qui ne vieillira pas,
qui ne tombera jamais malade, qui sera toujours à ton niveau. »
D.O.
pleura ce jour là. On l’avait toujours fait se sentir inférieur mais jamais
supérieur. C’est comme si l’amour était fondamentalement
« asymétrique ». Pourtant il savait que jamais il ne quitterait
Jongin.
« Les
robots sont parmi nous… » Ce fut Jongin qui lui dit cette phrase. Il leva
la tête, le regarda étonné. « Les robots sont parmi nous, et je ne pourrai
pas être plus heureux de ce fait, parce que si ce n’était pas le cas, je ne
t’aurais jamais rencontré. »
Il
avait tellement l’habitude d’entendre cette phrase sur un mode péjoratif qu’il
resta choqué en entendant cette phrase. Et ce fut tout parce qu’il n’y avait
pas besoin d’autres mots entre eux. Ils sont différents, un humain et un robot
peuvent s’aimer. Il n’y a pas de chasse gardée, réservée aux seuls humains
concernant le sentiment amoureux. « les robots sont parmi nous » et
il faudra l’accepter.
Les robots décomplexés
Les robots sont parmi nous…Le rapper met sa casquette à l’envers,
le gothique me regarde comme une merde du haut de ses semelles compensées, la
branchouille friquée me parle tout en consultant sa messagerie pour me faire
comprendre qu’elle a des amis et qu’elle donnerait tout pour être ailleurs
qu’en face d’un looser incapable de se payer un BlackBerry. Des fois je me dis
qu’on aurait plus à apprendre d’une conversation avec son micro-ondes ou son
congélateur qu’avec nos semblables.
-
Salut comment ça va ?
-
Fraîchement
-
Tu fais quoi ?
-
Ben du froid ! Espèce de
nouille !
-
C’est cool
-
Non c’est plutôt cold
-
Et pourquoi tu fais ça ?
-
Ben pour conserver tes pizzas
au frais. Connard !
Quitte à devenir copain
avec un robot, j’aime autant qu’il soit grossier. Ce serait beaucoup plus fun.
Prenons les robots au péage des autoroutes : « reprenez votre carte,
faites taire vos gosses et dégagez votre caisse de là ! », ou mieux
encore le GPS : « prenez la prochaine sortie à gauche, ensuite suis
les pancartes, c’est indiqué Ducon ! » ou les répondeurs surbookés
quand on a besoin d’un conseiller pour un problème informatique :
« Tous nos opérateurs sont en ligne actuellement. Veuillez consulter notre
site ou rappeler ultérieurement mais vous feriez tout aussi bien d’arrêter de
vous obstiner : vous en touchez pas une en informatique. A votre place, je
ferai du tricot ou je me mettrai à la pétanque, ca vous reposerait et puis ça
ferait un naze de moins sur le réseau. Allez ! Cours Forest
Gump !» L’humanité qu’on a parfois du mal à trouver chez les hommes, il
faudrait la programmer chez nos robots, histoire de pas oublier nos pulsions.
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