De manière courante, on a tendance à définir « se
connaître soi-même » par « être capable de pouvoir prévoir ses
réactions face à certaines situations ». Quelqu’un qui se connaît soi-même
aurait donc une certaine maîtrise sur lui-même dans la mesure où il ne peut pas
vraiment être pris au dépourvu par les situations auxquelles il est confronté
au cours de sa vie. Ce mécanisme repose en particulier sur la conscience, un
mécanisme psychique qui permet d’avoir connaissance de ses états, de ses sentiments. Néanmoins,
il arrive régulièrement que l’on se surprenne soi-même, quand nos actions et
pensées ne sont pas en accord avec cette connaissance de soi que l’on pense
avoir. Si l’on entend parfois « Pardon, je n’étais pas moi-même »,
c’est bien parce que il y a toujours quelque chose d’inconnu qui réside en nous,
quelque chose que nous n’avions pas perçu, pris en compte ou dont nous n’avions
tout simplement pas conscience. Nous ne connaissions pas cette chose, nous
n’avions pas conscience de ce savoir — connaissance venant du latin « gnose »,
le savoir, et de « co » de « cum », signifiant avec. La
distanciation d’un sujet vis-à-vis de lui-même semble alors poser
problème : dans quelle mesure ce sujet peut-il faire preuve d’objectivité
comme l’implique le mot « connaissance », d’autant plus que toute
connaissance est, par définition, partielle. Nous verrons donc que si l’acte de
prendre de la distance vis-à-vis de soi-même peut contribuer à acquérir une
connaissance de soi-même, ce n’est pas le seul aspect de la psyché (ensemble
des manifestations conscientes et inconscientes d’un individu) qu’il convient
de prendre en compte. Enfin, nous expliquerons comment la conscience nous
renvoie à notre condition d’humain et par conséquent à des qualités qui sont au
fondement de notre essence, l’inscrivant ainsi dans une totalité.
La
connaissance que l’on a de soi consiste en grande partie à être aussi
transparent que possible vis-à-vis de soi-même pour avoir une connaissance qui
se veut objective et complète de son être. En effet, c’est dans cet acte de
distanciation qu’un sujet peut essayer de s’appréhender, de se dévoiler à
lui-même.
Tout d’abord, il semblerait que la conscience soit un
instrument essentiel de la connaissance de soi car elle nous permet d’être
transparent vis-à-vis de soi-même, en particulier en ce qui concerne notre
savoir. Il existe en effet de nombreuses personnes qui sont dupes de leur
pseudo-savoir. C’est par exemple le cas de n’importe quel spécialiste de
son domaine en Grèce antique, c’est-à-dire d’une personne exerçant un métier.
Un soldat est persuadé de savoir ce qu’est le courage parce que toute sa vie
est bâtie en fonction de cette qualité. Pourtant, lorsque Socrate, philosophe
grec d’Athènes, l’interroge, il l’amène petit à petit à douter de ce
savoir : sait-il vraiment ce qu’est le courage, ou est-il convaincu de le
savoir ? Si Socrate interroge les et spécialistes de son époque, c’est
parce qu’il était persuadé de ne pas être le plus sage de la Grèce,
contrairement à ce que disait l’oracle. C’est en interrogeant ces personnes
qu’il pensait plus sages que lui qu’il prend conscience qu’il ne sait pas, mais
contrairement aux autres, il a conscience de ne pas savoir : « Je ne sais
qu’une chose, c’est que je ne sais rien » affirme-t-il à ce sujet. C’est
d’ailleurs en ce sens qu’il faut comprendre la maxime du temple de Delphes
dont Socrate a fait son mot d’ordre : « Connais-toi toi-même et tu
connaitras les Dieux et l’Univers ». En effet, il s’agit moins de
comprendre les Dieux et l’Univers que la découverte que le sujet en quête de
savoir peut faire se concernant. Savoir que l’on est ignorant est, en soi, un
avancement par rapport à quelqu’un qui se complaît dans un savoir qu’il ne
détient pas ou qu’il fait semblant de savoir comme les sophistes. C’est cette
prise de conscience, cette façon que Socrate a de faire accoucher les âmes
(maïeutique) qui permet bien de mieux se connaître, de se dévoiler à soi-même
parce que, après avoir pris conscience de son ignorance, l’on est plus proche
de la sagesse — la philosophie, savoir inventé par Socrate, étant l’amour de la
sagesse. Là où la Grèce était davantage tournée vers les exploits guerriers ou
tout ce qui avait trait à l’extériorité, Socrate nous pousse à être transparent
vis-à-vis de nous-mêmes, à nous révéler à nous-mêmes par le biais de la
conscience.
En outre, on peut considérer que la conscience nous rapproche
de la connaissance de nous-mêmes dans la mesure où elle nous permet de juger
nos actions et d’apporter un changement à notre être, si besoin est. Alain
donne une définition assez précise de la conscience, en affirmant qu’elle
« suppose réflexion et division ». L’idée est qu’un spectateur peut
prendre de la distance vis-à-vis des actions de l’acteur, actions qui
s’inscrivent dans le présent. Il s’agit bien ici d’un sujet qui se prend comme
objet de réflexion, d’un sujet divisé. C’est précisément cette distanciation
qui permet au sujet d’apprendre à mieux se connaître. Alain parle de
« juger » ses souvenirs dans son ouvrage Définitions (1953), et affirme même que « le passé, ce sont
des expériences que je ne ferai plus ». Prenons par exemple un jeune homme
peureux. S’il prend conscience de ce défaut, il peut choisir d’être plus
courageux. Cette distanciation vis-à-vis de lui-même permet de se juger et d’ouvrir
l’espace de la liberté : ce n’est pas parce que j’ai été peureux aujourd’hui
que je le serai demain. On comprend bien par cet exemple que la conscience est
un acte qui permet non seulement de se témoigner à soi-même son existence, mais
aussi de se connaître soi-même au travers de jugements qui sont lucides et de changements
que l’on peut choisir de faire se concernant.
Socrate comme Alain présentent la conscience comme
quelque chose qui existe en chacun de nous mais qui, assez paradoxalement,
s’exprime de manière tout à fait individuelle, dans la mesure où elle ne met en
scène que le sujet — bien qu’il semblerait que Socrate ait joué un rôle
essentiel dans la prise de conscience des Athéniens. Pourtant, on peut se
demander si notre conscience n’est pas à l’œuvre en nous en grande partie par
le biais du regard que les autres portent sur nous. Qui n’a jamais pensé, alors
qu’il commettait un acte répréhensible aux yeux de la société, « heureusement,
personne ne m’a vu ! », tout simplement parce qu’il n’a pas été
repéré. Le philosophe français Sartre décrit ce phénomène dans son ouvrage L’Être et le Néant et explique que
« autrui est médiateur entre moi et moi-même ». Cela signifie en
effet que, si la conscience permet de juger nos actes et par conséquent
d’apprendre à nous connaître nous-mêmes, elle est également grandement
influencée par autrui. Ainsi Sartre affirme-t-il : « Je reconnais que
je suis comme autrui me voit ». Ce qui est important ici, c’est le regard
que porte autrui sur nous est objectif. Ainsi, « par l’apparition même
d’autrui, je suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-même »,
c’est-à-dire que notre conscience est aiguisée, par ce regard extérieur et
permet de mieux se comprendre. Ce regard d’autrui qui est objectif nous pousse
à avoir conscience de nous-même de manière plus objective, comme si ce regard
extérieur rendait notre conscience plus à même de nous percevoir tel que nous
sommes.
Si notre
conscience est absolument essentielle pour se révéler à soi-même, on peut se
demander toutefois si elle est la seule facette de notre psyché qu’il faut
prendre en considération. En effet, ce serait réducteur de considérer que la
conscience à elle seule permet d’avoir connaissance de soi-même. Elle semble en
effet être un élément nécessaire mais pas suffisant. Il convient donc de
s’interroger sur la nature de ces autres éléments qui nous permettent de nous
connaître nous-mêmes.
Il est tout d’abord possible de critiquer le caractère
spécifiquement et éternellement humain de la conscience chez l’Homme. En effet,
on peut postuler que les humains n’en ont pas toujours disposé et se demander à
quel moment elle est apparue ? Il semble en effet assez compliqué d’argumenter
qu’elle fut toujours un de nos facultés intellectuelles : l’Homme, comme
l’a théorisé Darwin en 1859 dans L’origine
des espèces, descend du singe. Il est donc difficile de concevoir que, d’un
coup, le singe est devenu Homme et que cet Homme, soudainement, disposait d’une
conscience. Nietzsche fait une analyse généalogique de la conscience et
explique son apparition par le fait que l’Homme, vivant en communauté, ait eu besoin
de communiquer avec les autres et, à force de communiquer avec les autres, se
soit mis à dialoguer avec lui-même. Il pense donc que l’Homme avec la
conscience « ne prendra toujours conscience que de ce qu’il y a de
non-individuel chez lui ». Selon Nietzsche, la conscience permet de
connaître ce qui de l’ordre du « troupeau », mais en aucun cas de
soi-même. Si la conscience n’est pas l’outil de la connaissance de soi, peut-on
se connaître, ne serait-ce que partiellement et, si oui, comment ? La réponse
est peut-être à trouver dans l’art, thème qui occupe une large place dans son
œuvre, et plus particulièrement dans la tragédie grecque. Les auteurs de
tragédies grecques présentaient une forme d’esthétisation des passions, avec la
notion d’hybris au centre de cet art.
La connaissance de soi consiste donc peut-être à accepter notre part d’ombre
qui est véhiculée par les arts, en particulier dans la tragédie grecque. Le
chaos existe en chaque être humain de manière plus ou moins consciente, même si
nous souhaitons l’ignorer.
Il convient donc de s’interroger sur cet adverbe
« consciemment ». En effet, si l’on admet que tout n’est pas
conscient, on convient par extension de l’existence d’un autre pan de notre
psyché, l’inconscient. Les travaux du psychanalyste autrichien Freud sont nés
de son intuition que toutes les maladies ne sont pas physiques. Il existe selon
lui des maladies qui trouvent leur origine dans l’esprit, telles que les cas
d’hystérie. Il affirme à cet égard que ces maladies sont en fait l’expression de
pulsions, de désirs et souvenirs refoulés relevant de l’inconscient qui se
manifestent à notre conscient tout en contournant une forme de censure qui pourrait
être exercée par ce dernier. Cette censure est très bien représentée dans le
films Freud, Passions secrètes
(Huston), où la patiente Cécily, tentant de se souvenir de la mort de son père,
se rappelle de protestantes alors en vérité son père est mort dans les bras
d’une prostituée — notez la proximité phonétique entre ces deux mots. Cette
intuition a poussé Freud à théoriser que le Moi d’une personne est tiraillé
entre le Ça (lieu complètement inconscient de pulsions et de désirs sexuels qui
font l’objet d’un double refoulement à la naissance puis pendant le complexe d’Œdipe)
et le Surmoi (intériorisation des interdits parentaux) : « Là où le
Ça est, le Moi doit advenir ». Cette théorie éclaire donc d’une nouvelle
lumière le rapport qui existe entre conscience de soi et connaissance de soi.
La connaissance de soi ne semble plus se résumer à une simple distanciation vis-à-vis
de ses propres actions, au fait de faire basculer le présent dans le passé
comme l’affirme Alain. Il semblerait en effet que Freud nous propose une
interprétation du « connais-toi toi-même » bien différente de celle
de Socrate : si ce dernier nous invitait à ne pas être dupe de notre
propre savoir, Freud préconise de sonder son inconscient, même avec tous les
souvenirs refoulés qu’il peut contenir. De manière assez paradoxale, prendre
conscience de son inconscient permettrait d’avoir une connaissance bien plus
approfondie de son être, de tendre vers une forme d’exhaustivité. Il semble
pourtant difficile de sonder son inconscient et Freud propose pour pallier à
cette difficulté la psychanalyse ou « talking cure ».
L’un des principaux composants de notre inconscient
semble bien être le souvenir, comme l’a expliqué Freud. En effet, au cours de
notre vie, nous amassons de manière toute à fait inconsciente une quantité
immense de souvenirs. Ils n’ont pas une utilité fondamentale, dans la mesure où
ce ne sont pas ces souvenirs inconscients que nous allons mobiliser lors de nos
différentes manifestations. Pourtant, ces souvenirs, appelés « souvenirs
inutiles » par le philosophe Bergson (XIX – XXème s.), sont bien
plus nombreux que les souvenirs utiles et constituent selon de l’expression de
ce qu’il appelle notre Moi profond. Ils refont surface lorsque notre conscience
n’est pas en train d’agir, par exemple lorsque nous dormons et rêvons. Cette
théorie nous amène vers une autre piste : la connaissance de soi consiste
peut-être donc à prendre conscience et connaissance de ces souvenirs dits
inutiles, dans la mesure où ils sont l’expression de notre de notre Moi profond.
Il semblerait en effet impossible de se connaître soi-même en profondeur si
l’on n’accepte pas cette manifestation de notre Moi profond ; cette hypothèse
du philosophe Bergson nous invite donc, comme Freud, à ne pas laisser notre
inconscient de côté, mais plutôt à le sonder pour, dans la mesure du possible,
avoir une connaissance de soi aussi exhaustive que possible.
Si
l’importance de l’inconscient dans la quête d’un sujet qui veut se connaître
est indéniable, il semblerait que le problème de l’exhaustivité de cette
connaissance demeure. Peut-on vraiment se connaître complètement, c’est-à-dire
chaque facette de sa personnalité ? Peut-être que la vraie connaissance de
soi est intrinsèquement et fondamentalement liée à notre conscience dans la
mesure où elle nous renvoie à notre condition d’humain, nous permettant ainsi d’inscrire
la connaissance de notre essence (ensemble des caractères constitutifs de
quelque chose) dans une totalité. Les qualités qui font de nous des Hommes sont
donc à la définition même de notre condition d’humain même si elles trouvent
leur expression de manière individuelle et la connaissance de soi passe donc
par la conscience de ces qualités.
On peut tout d’abord considérer que la conscience est l’outil de la
pensée chez l’Homme. Elle le distingue en ce sens des autres êtres vivants de
la nature, en particulier des animaux, dans la mesure où elle permet à l’Homme
de « se penser », de réfléchir sur ses différents sentiments,
pensées, états. Pourtant, un humain ne naît pas avec cette faculté d’avoir
conscience de soi ; elle apparaît au fur et à mesure qu’un enfant
s’approprie le pronom personnel « je » — avant cela, il parle souvent
de lui-même à la troisième personne. C’est bien avec cette possession du
« je » que, selon le philosophe allemand Kant, l’Homme développe
cette faculté de s’accompagner à travers ses états, mettant en jeu la
conscience réflexive avant tout. Lorsque qu’on dit « je désapprouve ce que
tu fais », les actions dont il est question sont ramenées à soi-même par
ce sujet. S’il les désapprouve, c’est parce qu’après un moment d’introspection
pendant lequel il s’est interrogé, il en est arrivé à la conclusion que les
actions ne sont pas quelque chose qu’il pouvait accepter. C’est cette
possession même du « je » qui fait de l’humain, selon Kant, grâce à
la conscience, un être responsable. Ce « je » le synthétise, l’inscrit
dans une unité avec lui-même : « Par là, il est une personne ; et grâce à
l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il
est une seule et même personne, c’est-à-dire un être entièrement différent, par
le rang et la dignité ». La conscience nous permet donc d’inscrire notre
connaissance de soi dans l’universalité de notre condition d’humain dont le
fondement est à trouver dans la dignité. Il est donc possible d’appréhender par
notre conscience cette dignité qui est au fondement de notre essence.
Une des principales caractéristiques de l’Homme est donc la
pensée : cette faculté qui le pousse à réfléchir est, selon Descartes
(XVIIème s.), au fondement même de notre être. Il affirme à ce sujet, en
réponse à la question « qui je suis ? », que l’Homme est
« une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser ». Cette
affirmation est étroitement liée au « Cogito
ergo sum » que l’on retrouve dans le Discours de la méthode (1637). Selon lui, la conscience permet
d’avoir une certitude à mon égard, celle d’être. Pourtant, il semblerait que
les conséquences de ces affirmations aient une bien plus grande portée. L’Homme
défini en tant que substance pensante est capable, par sa conscience, de dégager
dans son esprit un espace de liberté qui lui permet de se déterminer soi-même.
Ce libre-arbitre est, selon Descartes, au fondement même de la définition de
l’Homme : dans sa capacité à être la cause efficiente de ses actions, la
conscience joue bien chez l’Homme un rôle essentiel et sans elle, il n’aurait
pas de liberté à proprement parler — les animaux, dépourvus de conscience, sont
comparés à des machines par Descartes parce qu’ils obéissent à leurs instincts
et sont par conséquent dépourvus de toute liberté. Bien que la conscience soit
parfois soumise aux passions, elle peut être dressée pour obtenir un esprit
capable de se maîtriser. La conscience est donc ici instrument de liberté, la
liberté étant un composant essentiel de notre essence d’humain qui trouve son
expression de manière individuelle en chacun de nous.
Enfin, la conscience est au fondement de notre essence
d’humain. Si l’on s’attache à notre conscience morale, elle nous permet de
distinguer le bien du mal — Rousseau parle de de « juge infaillible du
bien et du mal » à cet égard. Ce dernier fait dans Émile ou de l’éducation une description de la conscience morale
qui apparaît comme le « un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinions
humaines » et cela mérite d’être analysé. Cela montre bien que la
conscience morale joue un rôle essentiel dans la connaissance de soi. Elle
s’impose aux hommes pour les mener vers ce qui est « bien » et leur
permet par conséquent de sonder leur être au plus profond pour pouvoir en
ressortir ce qui est fondamentalement bon. Cette idée de Rousseau n’est bien
sûr pas sans faire appel à l’idée que l’homme est fondamentalement pacifique
grâce à sa « pitié naturelle ». La conscience semble être l’ultime
outil de connaissance de soi : parce qu’elle nous renvoie à notre
condition d’humain qui, selon Rousseau, est fondamentalement bonne, elle permet
de se sonder au plus profond de soi, à un stade qui dépasse l’identité propre. Pourtant,
avoir connaissance de cette « pitié naturelle » est au fondement de
notre essence et, si elle nous inscrit dans une totalité, elle trouve son
expression de manière individuelle en chacun de nous. La conscience permet donc
au sujet d’appréhender en lui l’universalité de sa condition, ce qui est le
fondement même de son essence.
Nous sommes partis de la question qui nous poussait à
savoir si la connaissance de soi dépendait uniquement de la conscience que l’on
a de soi. Nous avons expliqué d’une part qu’elle était essentielle mais pas
suffisante. En effet, si cet acte de distanciation permet au sujet de se
dévoiler à lui-même, en particulier grâce au regard des autres qui permet
d’objectiver le regard que l’on porte sur soi, cela n’est pas suffisant. Il y a
d’autres facettes de notre psyché qu’il convient de prendre en considération si
l’on souhaite se connaître soi-même, en particulier l’inconscient, qui joue un
rôle essentiel dans la construction de la personne que nous sommes. Pourtant,
prendre connaissance de son inconscient ne semble pas non plus être suffisant
pour se connaître vraiment soi-même. Il semblerait que le meilleur moyen pour
s’appréhender dans une forme de totalité est de se tourner vers ce qui nous
caractérise en tant qu’Homme, ces caractéristiques étant au fondement même de
notre essence même si elles s’expriment de manière individuelle et originale.
La conscience de soi joue un rôle essentiel : elle est la cause de toutes
ces caractéristiques et en prendre connaissance inscrit notre essence dans un
tout qui en rend possible son appréhension exhaustive.
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