Cecily ne veut pas « voir cela » et il faut prendre très au sérieux ces images nées d’expressions de la langue. C’est finalement le trait spécifique de notre inconscient de ne pas avoir d’humour et finalement de prendre au premier degré des expressions imagées de la langue courante jusqu’à rendre l’hystérique aveugle. La cécité de Cecily c’est le moyen que son inconscient a trouvé pour lui rappeler ce souvenir honteux, ces morceaux de notre passé qui sont trop importants, trop cruciaux, trop « formateurs » pour accepter d’être recouverts par le vernis des convenances. Nous sommes ce qui nous est arrivé et il n’est pas possible de se raconter une autre histoire que la notre (souvenons-nous ici que Javier par exemple ne se raconte pas d’histoires: quand il recompose son identité par la narration, cette recomposition est tout le contraire d’un mensonge). L’inconscient pose donc des problèmes dés que le travail de notre identification s’accomplit fallacieusement, compose un faux portrait, trop lisse, sans aspérités. Le sur-moi de Cecily la contraint à ne pas se donner un père qui soit un habitué des maisons closes, encore moins oui soit décédé dans l’une d’entre elles. Nous reconstruisons tous nos souvenirs mais nous pouvons nous mentir à nous-mêmes sous l’influence de différentes influences, nous assigner un autre passé que le vrai. c’est à ce moment que notre inconscient peut se révéler dangereux, hostile, voire implacable.
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Dans certaines maladies et, de fait, justement dans les névroses , que nous étudions [...] le moi se sent mal à l'aise, il touche aux limites de sa puissance en sa propre maison, l'âme. Des pensées surgissent subitement dont on ne sait d'où elles viennent ; on n'est pas non plus capable de les chasser. Ces hôtes étrangers semblent même être plus forts que ceux qui sont soumis au moi. [...] La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et des constructions scientifiques, et, finalement, peut dire au moi : « Il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta connaissance et à la maîtrise de ton vouloir. [...] Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que ta conscience te l'apprendrait alors. Et quand tu restes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec une parfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas. Tu vas même jusqu'à tenir "psychique" pour identique à "conscient", c'est-à-dire connu de toi, et cela malgré les preuves les plus évidentes qu'il doit sans cesse se passer dans ta vie psychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révéler à ta conscience. Tu te comportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que lui donnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pour entendre sa voix. Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir. »
C'est de cette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi. Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir que la vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison * .
FREUD
Cette comparaison convient parfaitement à l’inconscient, à son statut paradoxal, comme la matière noire, on pourrait dire qu’il est une hypothèse, mais en même temps, ce terme ne rend pas contre du fait que l’on est absolument certain qu’il existe. L’inconscient, il est absolument impossible que cela n’existe pas, mais en même temps si nous pouvions le toucher du doigt, le rencontrer, il cesserait d’être ce qu’il est, puisque nous en serions conscients.
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