VUM est une rubrique qui
met en présence des personnalités d’époques, de « spécialités » et de
« styles » très, très éloignés (très). Ces rencontres donnent lieu à
des dialogues incongrus qu’il convient de prendre au millième degré. Le ton de
cette rubrique est résolument humoristique,
et, bien qu’il puisse parfois mettre en scène des philosophes, il ne constitue
en aucune façon une source de documentation vraiment fiable, bien que de
nombreuses répliques soient authentiques.
Ici nous décrivons la
discussion improbable entre Jean-Jacques Goldmann (1951) et Lou-Andréas Salomé
(1861 – 1937), femme de lettres allemande qui inspira réellement à Nietzsche
une passion violente et maladroite puisque c’est à son meilleur ami, Paul Rée,
que le philosophe allemand confia la tâche de révéler à Lou son amour. On
devine sans peine ce qui arriva : Lou semble avoir été davantage attirée
par Paul que par Friedrich. Dans le « bateau » : Lou, Paul et Friedrich,
Friedrich est donc tombé à l’eau. Nous nous sommes permis de faire de
Lou-Andreas Salomé une sorte de « Nietzsche au féminin », au-delà de
leurs différences, parce que nous savons, même si l’amour de Nietzsche pour Lou
ne fut pas payé de retour, qu’ils partageaient le même goût pour les Arts, la
poésie, la Musique, la même passion pour la recherche intellectuelle et pour la
remise en cause de toutes les « convenances » et des idées trop
facilement « reçues ».
Je présente, par
avance, mes excuses à Jean-Jacques
Goldmann ainsi qu’à tous les admirateurs (trices) de cette chanson qui ne
ressortira pas complètement indemne de cette rencontre.
PS. De vrais morceaux de texte se sont glissés dans
cette étrange conversation. A vous de les retrouver.
Lou : - « On peut promettre des actes mais
non des sentiments….
Jean-Jacques : - Je te promets le sel au baiser
de ma bouche
-
Ok, c’est pas un
sentiment mais bon….
-
Je te promets le miel à la main qui te touche….
-
Du sel, du miel,
c’est un vrai « garde-manger »
-
Je te promets le
ciel au-dessus de ta couche
-
Ce n’est pas un
peu « précipité » ? Après tout, nous avons une différence
d’âge de 90 ans.
-
Des fleurs et
des dentelles pour que tes nuits soient douces
-
Les sentiments
sont involontaires, mais les fleurs, les dentelles : pourvu que l’on ait
de quoi les payer. Je ne suis pas une femme qu’on achète aussi facilement.
-
Je te promets la
clé des secrets de mon âme…
-
On pourrait pas
avoir celle du garde-manger plutôt ? J’ai une petite faim
-
Je te promets la
vie de mes rires à mes larmes
-
Ok ! C’est
une liste alors ?
-
Je te promets le
feu à la place des armes
-
Euh ! J’
fume pas.
-
Plus jamais des
adieux, rien que des au-revoir
-
Ben ! Alors :
« Au revoir ! », Tchao ! Arrivederchi ! A la revoyure,
bro !
-
J’y crois comme
à la terre, j’y crois comme au soleil
-
Oui, moi aussi,
j’ai un peu forcé sur le Montepulciano (1), mais ça, c’était
avant !
-
J’y crois comme
un enfant, comme on peut croire au ciel
-
Et ce truc
au-dessus de ta tête, c’est une image de synthèse ?
-
J’y crois comme
à ta peau, à tes bras qui me serrent
-
Easy, Man !
Keep your distance ! Les mains sur la table. On respire un bon coup. Ca va
mieux ?
-
J’te promets une
histoire différente des autres.
-
Ouais, Rainer
Maria (2) aussi, résultats des courses : on est juste
copains, maintenant ! La promesse de toujours aimer quelqu’un signifie
quoi finalement ?
-
J’ai tant besoin
d’y croire encore
-
C’est ça ta
réponse ?
-
Je te promets
des jours tout bleus comme tes veines
-
Et si tu me
disais les mots bleus, plutôt ? Tu sais, ceux qui rendent les gens
heureux. Parler me semble ridicule, je m’avance et puis je recule (3)…Mais où est-ce que je vais chercher tout ça ?
-
Je te promets
des nuits rouges comme tes rêves
-
Ouais, enfin, je
ne suis pas Hannibal Lecter non plus, j’ai des rêves simples, j’suis pas une
fille compliquée : Brad Pitt qui lève des haltères sans tee-shirt :
ça me suffit !
-
Des heures
incandescentes et des minutes blanches
-
Qu’est-ce qu’on
avait dit ? Mains sur la table ! Take a breath ! Je vois où tu
veux en venir : le bleu, le blanc le rouge. Si tu veux, on peut chanter la
Marseillaise.
-
Des secondes
insouciantes au rythme de tes hanches
-
Ouais ! Et
avec ça ? Un café et l’addition ? Respire et pense à un truc
« moins swag », je sais pas moi : être coincé dans une cage
d’ascenseur avec Miley Cyrus, par exemple
-
Je te promets
mes bras pour porter tes angoisses
-
Oui ben laisse
les où ils sont tes bras et rends-moi mes clés !
-
Je te promets
mes mains pour que tu les embrasses
-
Non mais dis
donc ! Tu voudrais pas ma salive pour lécher tes timbres non plus ?
-
Je te promets
mes yeux si tu ne peux plus voir
-
Non c’est bon,
avec Afflelou, on a tout bon partout !
-
Je te promets
d’être heureux si tu n’as plus d’espoir
-
D’accord et si
je me crashe à ski, tu prends à ta charge les frais d’hospitalisation ?
-
Et même si c’est
pas vrai, si on te l’a trop fait
-
Si on m’a trop
fait quoi ? Le coup du « j’te fais ma petite chanson, ni vu ni connu,
vite fait, bien fait, j’tembrouille. Tu l’as dit bouffi ! Enfin, si je
peux me permettre ! De toute façon persistera toujours dans la tête de nos
semblables l’illusion que l’amour demeure inchangé et pareil à lui-même. Thank
you Friedrich ! In your face Jean-Jacquounet !
-
Si les mots sont
usés, comme écrits à la craie
-
Bof ! Ce
serait au marqueur, ça changerait que dalle macache !
-
On fait bien des
grands feux en frottant des cailloux
-
Ben dis
donc ! Les soirées doivent être sacrément longues dans ton mobil home.
T’as pensé à t’acheter un pictionary ?
-
Peut-être avec
le temps et la force d’y croire
-
Ouais, et une
bonne dose de valium aussi !
-
On peut juste
essayer pour voir
-
C’est ce qu’on
m’a dit récemment. Mais à quel sujet ? Ah oui ! Un vendeur de chez
Ikea, il voulait me fourguer un kit « armoire à vins ».
-
Et même si c’est
pas vrai, même si je mens
-
Donc, si je
comprends bien: tu me promets du miel, des jours, des bras, des yeux, des
écrans plats et plus de bonheur pour l’espèce humaine, mais maintenant tu fais
machine arrière ? Tu joues ton « va-tout », pas vrai ?
-
Si les mots sont
usés, légers comme du vent
-
De toute façon,
nous ne nous comprenons que par quiproquos
-
Et même si notre
histoire se termine au matin
-
A dire vrai,
c’est déjà hyper craignos pour une conversation en voix off. J’suis pas
certaine d’avoir envie de te demander l’heure.
-
J’te promets un
moment de fièvre et de douceur
-
C’est ça :
un bon 40 et un Kinder surprise. Y’a pas à dire : toi, tu sais trouver les
mots qu’il faut pour affoler les gazelles !
-
Pas toute la
nuit mais quelques heures
-
Je crois que je
préfère encore un bon Derrick, celui où Tappert (4) se gratte
l’oreille droite. See you soon, Jean-Jacquounet !
(1)
Montepulciano :
vin italien
(2)
Rainer
Maria Rllke est un poète autrichien avec lequel Lou Andreas Salomé a entretenu
une relation amoureuse intense.
(3)
Les
mots bleus chanson (magnifique) de Christophe
(4)
Horst
Tappert incarna pendant très, très longtemps (très) le personnage de Derrick
dans la série éponyme. Il faudrait trouver un truc drôle à dire ici mais rien
que d’en parler : ça me fait le même effet que des intraveineuses de temestat.
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