lundi 31 octobre 2016

"Ne sommes-nous liés que par de l'Interdit?" - Un plan possible


Ce sujet est tellement vaste qu’il convient de déterminer par notre plan plusieurs champs de recherche à l’intérieur desquels les différents sens possibles de la question pourront faire l’objet d’un traitement philosophique rigoureux, précis. La démarche la plus simple sera sans aucun doute la plus efficace. Qu’est-ce qui nous relie les uns aux autres ? La religion d’abord, non seulement parce que son étymologie : le latin « religare » (faire lien) nous oriente directement dans cette voie, mais aussi parce qu’il n’y a pas de société sans religion. Historiquement, c’est la religion qui a structuré la communauté. Que la première modalité d’adresse de Dieu à ses créatures se trouve être, dans la Genèse, l’Interdit : « Tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » ne saurait être évidemment une coïncidence. Pour chacune des parties, il conviendra de préciser à l’avance dans le domaine exploré ce qui fait lien et la nature de l’Interdit :


1-                           Dans la Religion, nous sommes unis par des croyances et des rites. La forme de l’interdiction est l’Interdit (notamment le fruit défendu) et les Commandements. La question peut donc être déclinée de la façon suivante : « Ne pouvons-nous partager, au sein de notre communauté, les mêmes croyances et mêmes rites religieux qu’à partir de l’émergence de l’interdit ? »
2-                           Dans la Société, ce qui nous relie est l’échange (sous toutes ces formes : échanges de biens, de services, de paroles, d’idées, etc.). L’interdit s’impose à nous sous la forme des lois. La question devient donc : « Ne pouvons-nous échanger des biens, des services, des contrats, des promesses, etc. qu'à l'intérieur d'un cadre structuré par des lois ? »


3-                           Dans la famille, nos rapports sont d’emblée déterminés par notre « situation » : père, mère, fille, etc. La question qui se pose est donc celle de savoir si ces « situations » (mais peut-être pourrions-nous également utiliser le terme de « fonctions ») sont à même de « valoir » et d’opérer dans le milieu familial indépendamment de la prohibition de l’inceste ?
4-                           Nous sommes également liés par de purs rapports affectifs. L’interrogation portée par le sujet s’avère ici particulièrement simple : « Peut-on aimer et être aimé(e) sans tabous ? », ou, pour le dire autrement : « N’est-ce pas toujours à partir de tabous rendant possible tel genre d’affection à l’exclusion de tel autre que nous pouvons laisser libre cours à l’expression de nos sentiments amoureux ? » (Peut-on aimer sans avoir à préciser "comment" on aime, indifféremment, sans détermination de "cadre": amitié, amour, sexualité, complicité, etc ?)

La difficulté de cette dissertation résidera aussi dans la nécessité pour nous de ne jamais oublier, dans aucune des quatre parties traitées, la question essentielle mise à jour dans notre travail de problématisation préalable : ne serait-ce pas le propre de l’homme que ne pouvoir faire « groupe » autrement que sur la base de ce processus de neutralisation de l’action par de la diction. Peut-il exister de « l’interhumain » hors d’un champ d’interactions délimité par des interdictions ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire