1)
Le piège à éviter
Dans la vie courante, quand
on nous pose une question, nous essayons d’y répondre mais, pour une
dissertation de Philosophie, il faut se détacher de cette habitude.
L’interrogation est simplement une façon de vous suggérer que, derrière cette
formulation, se cache un problème.
Imaginons un bâton que le maître lance pour que son chien aille le ramasser, la
plupart des animaux bien dressés obéiront mais représentons-nous maintenant un
chien « différent » qui, au lieu d’aller là où le bâton est tombé, se
dirigerait vers celui qui l’a jeté et (supposons qu’il soit doté de parole) lui
demanderait pourquoi il l’a fait.
C’est un peu la même chose ici : nous ne sommes pas absolument tenus de
répondre, disons que l’essentiel est de percevoir le plus vite possible que la
question est complexe, qu’elle cache quelque chose. Quoi ? Une multitude
de nuances, de contradictions.
C’est comme une plante toute petite qui sort de
terre mais qui, quand on la déracine, se révèle infiniment plus grande que nous
le pensions au départ, parce que nous apercevons maintenant tous les rhizomes
qui la constituent et la nourrissent. Bref, si au bout de vingt minutes de
réflexion, nous ne distinguons qu’une seule réponse à la question posée le oui
ou le non, il vaut mieux choisir un autre sujet.
2)
L’introduction
A partir de là, nous
pourrions dire que finalement tout s’enchaîne. Si nous percevons, même
vaguement, qu’il y a un problème, nous pouvons envisager de le formuler plus
clairement. Cela peut se faire au travers d’un exemple, d’une situation très
simple, très quotidienne. Préférer ne rien dire à un ami dont vous savez que sa
petite amie est infidèle, c’est faire le choix de son bien-être et du votre.
Mais c’est aussi considérer qu’il vaut mieux s’enterrer la tête dans le sable
plutôt qu’affronter une difficulté en face. C’est un bon exemple de la question
posée par le sujet : « Faut-il préférer le bonheur à la
vérité ? », même si nous réalisons peut-être déjà que cela va plus loin :
y-a-t-il forcément une vérité dernière dans cette situation ? Faut-il
préférer la vérité des faits à la vérité « personnelle »,
subjective ? Est-ce vraiment de « bonheur » dont il est question
ici ?
Nous disposons ainsi d’un
premier élément pour l’introduction. Nous évoquons simplement ce cas de figure,
en prenant soin de montrer les deux attitudes possibles, contraires et
défendables. Cela dit, nous venons à peine de saisir la « plante » du
sujet, nous n’avons mentionné qu’une « situation ». Il importe
maintenant de commencer le long travail consistant à en explorer les racines et
pour cela de donner une formulation plus précise, plus philosophique de ce que
l’exemple n’a fait que « pointer du doigt ». A partir de cette
situation, nous évoquons le plus précisément possible le problème qu’il
illustre.
Cela nous permet de trouver
la formulation la plus juste de la contradiction soulevée par le sujet. Nous
terminons notre introduction par cette question qui doit exprimer mieux,
c’est-à-dire de façon plus claire, précise et distincte le sujet. En résumé, l’introduction
doit être pour nous d’abord une mise en situation « banale » du sujet
puisée dans notre vie quotidienne, ensuite une problématisation plus précise,
plus affûtée et surtout plus philosophique de la contradiction soulevée par notre
première référence et enfin la formulation claire du problème contenu dans le
sujet. Une introduction décrit donc un « trajet » en trois étapes qui
nous permet d’aller du sujet au problème (Mise en situation / Problématisation
/ Problématique).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire