jeudi 9 octobre 2014

"Avons-nous le droit d'exister?" - Le loup et l'agneau (exercice)



« La raison du plus fort est toujours la meilleure :

Nous l'allons montrer tout à l'heure .

Un Agneau se désaltérait

Dans le courant d'une onde pure.

Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,

Et que la faim en ces lieux attirait.

Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?

Dit cet animal plein de rage :

Tu seras châtié de ta témérité.

Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté

Ne se mette pas en colère ;

Mais plutôt qu'elle considère

Que je me vas  désaltérant

Dans le courant,

Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;

Et que par conséquent, en aucune façon,

Je ne puis troubler sa boisson.

Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,

Et je sais que de moi tu médis l'an passé.

Comment l'aurais-je fait si  je n'étais pas né ?

Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère

Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.

Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens :

Car vous ne m'épargnez guère,

Vous, vos Bergers et vos Chiens.

On me l'a dit : il faut que je me venge."

Là-dessus, au fond des forêts

Le loup l'emporte et puis le mange,

Sans autre forme de procès. »
                                                  

1)    Cette fable décrit-elle une procédure de droit ou une agression physique ? Appuyez-vous sur des termes ou des expressions extraites du texte.
2)    « Sans autre forme de procès » : comment pouvons interpréter ce dernier vers ?
3)    Décrivez les raisons invoquées par le loup et les réponses de l’agneau. Il y a un effet de « crescendo » en ce sens que la menace ne cesse de se préciser pour l’agneau. Ce mouvement s’accompagne de quelle dynamique dans la nature des arguments invoqués par le loup ?
4)    Distinguez convaincre et vaincre en vous appuyant sur cette fable. Qu’est-ce que cette distinction nous apprend sur la distinction entre le droit et la force ?
5)    Comparez cette fable avec le procès d’une personne accusée qui encourt la peine de mort. Quels sont les points communs et les différences ?
6)    Selon vous, quelle est la réponse de cette fable à la question : « Avons-nous le droit d’exister ? » ?

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