« La raison du plus
fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout
à l'heure .
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde
pure.
Un Loup survient à jeun,
qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces
lieux attirait.
Qui te rend si hardi de
troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de
rage :
Tu seras châtié de ta
témérité.
Sire, répond l'Agneau, que
Votre Majesté
Ne se mette pas en colère
;
Mais plutôt qu'elle
considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas
au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en
aucune façon,
Je ne puis troubler sa
boisson.
Tu la troubles, reprit
cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu
médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait
si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette
encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est
donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est
donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez
guère,
Vous, vos Bergers et vos
Chiens.
On me l'a dit : il faut
que je me venge."
Là-dessus, au fond des
forêts
Le loup l'emporte et puis
le mange,
Sans autre forme de procès. »
1) Cette fable décrit-elle une procédure de droit ou une agression
physique ? Appuyez-vous sur des termes ou des expressions extraites du
texte.
2) « Sans autre forme de procès » : comment pouvons
interpréter ce dernier vers ?
3) Décrivez les raisons invoquées par le loup et les réponses de
l’agneau. Il y a un effet de « crescendo » en ce sens que la menace
ne cesse de se préciser pour l’agneau. Ce mouvement s’accompagne de quelle
dynamique dans la nature des arguments invoqués par le loup ?
4) Distinguez convaincre et vaincre en vous appuyant sur cette fable.
Qu’est-ce que cette distinction nous apprend sur la distinction entre le droit
et la force ?
5) Comparez cette fable avec le procès d’une personne accusée qui
encourt la peine de mort. Quels sont les points communs et les
différences ?
6) Selon vous, quelle est la réponse de cette fable à la
question : « Avons-nous le droit d’exister ? » ?
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