« La solidarité sociale n’existe que du moment où un moi
social se surajoute en chacun de nous au moi individuel. Cultiver ce « moi
social » est l’essentiel de notre obligation vis-à-vis de la société. Sans quelque
chose d’elle en nous, elle n’aurait sur nous aucune prise ; et nous avons à
peine besoin d’aller jusqu’à elle, nous nous suffisons à nous-mêmes, si nous la
trouvons présente en nous. Sa présence est plus ou moins marquée selon les
hommes ; mais aucun de nous ne saurait s’isoler d’elle absolument. Il ne le
voudrait pas, parce qu’il sent bien que la plus grande partie de sa force vient
d’elle, et qu’il doit aux exigences sans cesse renouvelées de la vie sociale
cette tension ininterrompue de son énergie, cette constance de direction dans
l’effort, qui assure à son activité le plus haut rendement. Mais il ne le
pourrait pas, même s’il le voulait, parce que sa mémoire et son imagination
vivent de ce que la société a mis en elles, parce que l’âme de la société est
immanente au langage qu’il parle, et que, même si personne n’est là, même s’il
ne fait que penser, il se parle encore à lui-même. En vain on essaie de se
représenter un individu dégagé de toute vie sociale. »
BERGSON - « Les deux sources de la morale et de
la religion »
1) Dégagez l’idée essentielle de ce texte à partir de
l’étude de ses articulations.
2) Expliquez - « Cultiver
ce « moi social » est l’essentiel de notre obligation vis-à-vis de la société »
- « même si personne n’est là, même
s’il ne fait que penser, il se parle encore à lui-même »
- « En vain on essaie de se
représenter un individu dégagé de toute vie sociale »
3) Ne sommes-nous humains qu’en société ?
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