(123) Attache-toi donc aux
enseignements que je n’ai cessé de te donner et que je vais te répéter ;
mets-les en pratique et médite-les, convaincu que ce sont là les principes
nécessaires pour bien vivre. Commence par te persuader qu’un dieu est un vivant
immortel et bienheureux, te conformant en cela à la notion commune qui en est
tracée en nous. N’attribue jamais à un dieu rien qui soit en opposition avec
l’immortalité ni en désaccord avec la béatitude ; mais regarde-le toujours
comme possédant tout ce que tu trouveras capable d’assurer son immortalité et
sa béatitude. Car les dieux existent, attendu que la connaissance qu’on en a
est évidente.
Mais, quant à leur nature,
ils ne sont pas tels que la foule le croit. Et l’impie n’est pas celui qui
rejette les dieux de la foule : c’est celui qui attribue aux dieux ce que leur
prêtent les opinions de la foule. (124) Car les affirmations de la foule sur
les dieux ne sont pas des prénotions, mais bien des présomptions fausses. Et
ces présomptions fausses font que les dieux sont censés être pour les méchants
la source des plus grands maux comme, d’autre part, pour les bons la source des
plus grands biens. Mais la multitude, incapable de se déprendre de ce qui est
chez elle et à ses yeux le propre de la vertu, n’accepte que des dieux
conformes à cet idéal et regarde comme absurde tout ce qui s’en écarte.
1)
Formulez les
quatre préceptes du « tetrapharmakos ». Si la lettre d’Epicure
développe chacun de ces remèdes, comment pouvons-nous la qualifier ?
2)
Distinguez « prénotion
» (les Dieux sont) et « présomption fausse » (ils ne sont pas ce que
l’on croit qu’ils sont). Pourquoi l’existence des Dieux est-elle assimilable à
la première et pas à la seconde ?
3)
Pourquoi est-il
impie (blasphème), selon Epicure, de croire que les Dieux punissent les
méchants et récompensent les bons ? Situez la position d’Epicure par
rapport au Divin et au Religieux. Qu’est-ce qui est « impie » alors ?
4)
Pourquoi le fait
de ne pas craindre les Dieux constitue-t-il un remède ? Pourquoi ce
passage nous fait-il bien comprendre en quoi la philosophie d’Epicure est
matérialiste ?
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