« Puisque le libre jugement des hommes est extrêmement
divers, que chacun pense être seul à tout savoir et qu’il est impossible que
tous donnent la même opinion et parlent d’une seule bouche, ils ne pourraient
vivre en paix si l’individu n’avait renoncé à son droit d’agir suivant le seul
décret de sa pensée. C’est donc seulement au droit d’agir par son propre décret
qu’il a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la
vérité ne peut, sans danger pour le droit du souverain (1), agir contre son
décret, mais il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en
conséquence aussi parler, pourvu qu’il n’aille pas au delà de la simple parole
ou de l’enseignement, et qu’il défende son opinion par la Raison seule, non par
la ruse, la colère ou la haine, ni dans l’intention de changer quoi que ce soit
dans l’Etat de l’autorité de son propre décret. »
Baruch Spinoza – Traité Théologico-Politique (1670)
(1)
« souverain » : autorité individuelle ou collective à qui seule «
il appartient de faire des lois » (selon Spinoza).
1) Expliquez la première phrase
2) Définissez clairement ce que, selon Spinoza, le
citoyen peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Justifiez cette distinction,
dans l’esprit de l’auteur.
3) Relevez dans le texte les termes qui relèvent de
liberté de pensée, puis ceux qui ont rapport à la liberté d’expression. Définissez l’un et
l’autre. Pour Spinoza, l’un implique-t-il l’autre ? Pour vous ?
4) Considérez-vous que la liberté d’expression soit
aujourd’hui effective et garantie en France ?
Justifiez votre réponse.
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