Expliquez le texte suivant. La connaissance de la
doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication
rende compte, par la compréhension du texte, du problème dont il est question.
« Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d'une cause,
cela est si peu vrai que je veux
montrer qu'aucun martyr n'eut jamais
le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon qu'a un martyr de jeter sa certitude à la face de l'univers
s'exprime un si bas degré d'honnêteté
intellectuelle, une telle fermeture d'esprit devant la question de la
vérité, que cela ne vaut jamais la
peine qu'on le réfute. La vérité n'est pas une chose que l'un posséderait et l'autre non (...). Plus on
s'avance dans les choses de l'esprit, et plus la modestie, l'absence de prétentions sur ce point deviennent
grandes : être compétent dans trois ou quatre domaines, avouer pour le reste son ignorance...
Les martyrs furent un grand malheur dans l'histoire : ils séduisirent. Déduire qu'une cause
pour laquelle un homme accepte la mort doit bien avoir quelque chose pour elle
- cette logique fut un frein inouï pour
l'examen, l'esprit critique, la prudence intellectuelle. Les martyrs ont
porté atteinte à la vérité. Il
suffit encore aujourd'hui d'une certaine cruauté dans la persécution pour donner à une secte sans aucun intérêt une
bonne réputation. Comment ? Que l'on donne sa vie pour une cause, cela
change-t-il quelque chose à sa valeur? Ce fut précisément l'universelle
stupidité historique de tous les persécuteurs qui donnèrent à la cause adverse
l'apparence de la dignité. »
Nietzsche
– « l’Antéchrist » (1888)
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