1)
Comment aborder les sujets et en choisir un ?
Deux dispositions d’esprit sont absolument
nécessaires pour aborder l’épreuve de philosophie, le jour du
baccalauréat :
-
La deuxième
disposition est la conséquence de la précédente. Si on ne se sort pas d’un
sujet et si notre dissertation doit être précisément l’expression écrite de la
réalisation de son épaisseur problématique. Alors cela signifie que nous n’en
avons jamais fini. N’avoir plus rien à
dire sur un sujet de Philosophie est tout simplement impossible. Si nous
arrivons à une telle impasse, à un mur, c’est que nous l’avons raté. Il nous
faut non seulement l’avoir perpétuellement en tête, mais aussi comprendre que
la nature de l’effort qui nous est demandé est celle de la concentration. Il y
a dans l’activation d’une pensée sur un problème une partie dont nous nous
rendons compte et une autre qui s’effectue, progresse plus souterrainement.
Toute pensée qui se focalise quatre heures de suite sur une question génère forcément de meilleures idées à la fin
qu’au début. C’est un exercice d’endurance. Il n’y pas d’inspiration à attendre,
pas de jugement à édicter sur la beauté d’un sujet sa rudesse, etc. Choisissons
le sujet dont la profondeur et l’ambiguité nous captivent suffisamment pour que
l’idée de passer quatre heures à ne penser qu’à lui s’impose à nous simplement
mais aussi pratiquement. En d’autres termes, ce qu’il convient d’avoir en tête
dans le choix du sujet c’est l’idée suivante : « c’est
précisément parce que je réalise qu’on ne peut pas répondre à cette question
que je vais la traiter. Je comprends précisément tout ce qui fait qu’elle me met
dans l’embarras, et c’est cette gêne, cette difficulté qu’il convient
d’exprimer avec le plus de clarté, de nuances et de subtilité possible.
2)
L’utilisation du brouillon (la problématique et le plan)
De nombreux maîtres
dressent leur chien à aller chercher la balle qu’il lance. Considérons le
réflexe de répondre immédiatement aux questions que l’on nous pose comme un
conditionnement similaire et représentons-nous un chien doté de la capacité à
parler qui, au lieu d’aller chercher la balle, irait demander à son maître pourquoi
il l’a lancé, ou encore décomposerait le geste du lanceur plutôt que de
s’intéresser à la balle (qui symboliserait la réponse). Sans aucun doute, ce
serait un chien philosophe (comme Diogène). Cette situation nous permet de
poser la distinction entre un sujet et un problème. Le premier est la question
littérale que l’on nous pose, le second est le paradoxe implicitement compris
dans le sujet et à partir duquel il est aussi difficile, complexe, insoluble.
Par exemple, le
sujet : « Puis-je savoir si j’aime ? » pose une simple
question qui n’a « l’air de rien », mais un minimum de réflexion nous
permet de réaliser que ce qui donne sens à cette question en amont, c’est le
fait que la force et la nature irrationnelle, imprévisible, absolue de la
passion amoureuse ne permet pas que nous nous en distancions, que nous en
prenons conscience. Mais alors si je ne peux pas me rendre compte que j’aime,
suis-je vraiment « l’auteur » de cet amour, suis-je concerné par
lui ? Me touche-t-il vraiment, « moi » ? Faudrait-il
soutenir qu’un amour est d’autant plus authentique qu’il demeure indétectable
au « radar » de ma conscience, de mon statut de sujet (d’où
l’importance ici du pronom personnel : « Je ») ? L’amour est-il un sentiment assignable à un
sujet doté de conscience ? Dire « j’aime » a-t-il un sens si
par ce « je », nous entendons l’initiateur d’une action ?
Il s’agit de remonter à la
source problématique du sujet plutôt que de se laisser incliner par la pente de
sa réponse. D’où vient qu’une telle question (le sujet) puisse effectivement se
poser et surtout avec une telle ambiguité, avec une telle profondeur
problématique ? Du sujet au problème, nous passons d’une formulation
simple, presque courante à une formulation philosophique. Cela signifie que le
correcteur percevra très vite dans la problématique (qui figurera à la fin de
notre introduction) tous les acquis d’une année de terminale
(dans « Puis-je savoir si j’aime ? » il n’y a pas
d’évocation littérale de la conscience, du sujet, de la passion, du désir, etc.
mais ces notions sont pourtant présentes. Il s’agit donc non seulement de faire
la preuve que nous sommes capables de saisir philosophiquement une question
posée dans un langage courant, de passer de l’implicite à l’explicite mais
surtout de ne pas voir dans une question un problème qui ne n’y serait pas
contenu. Cette extraction du problème dans le sujet est décisive pour éviter le
hors sujet.
C’est donc un travail assez
déterminant pour être entrepris au brouillon, notamment parce qu’il consiste
évidemment à approfondir la compréhension et le sens d’un énoncé mais aussi à
reformuler l’interrogation. Il faut que nous considérions notre problématique
comme un enrichissement de la question, un affleurement à la surface de toutes
les notions philosophiques enfouies dans la question du sujet, mais aussi que
nous soyons certains qu’il n’y a pas de « ratés » : c’est bien
cela le fond philosophique de ce qui nous est donné.
Ce travail de
problématisation n’a pas pu s’opérer sans déjà susciter en nous une multitude
de questionnements, de perspectives, d’exemples, de références. C’est
finalement cette multiplicité de « pousses », qui croissent à partir
du sujet dont il a été question. Il importe de les écrire sur le brouillon, en
suivant l’ordre dans lequel elles nous viennent à l’esprit, même si cela nous
apparaît plutôt comme un désordre (pour un travail à faire à la maison, cette
phase doit s’opérer le plus vite possible et à intervalles réguliers – On peut
collecter des idées ici ou là, en regardant un film, en lisant un livre, en
écoutant telle ou telle idée évoquée en cours).
On obtient ainsi un
« fouillis » de notes, références, exemples ou mieux encore de
significations différentes susceptibles « d’essaimer » du sujet. Il
est très probable dans le développement de ce « moment » que les
premières idées évoquées soient moins approfondies que les plus récentes. On
peut faire confiance au temps. Cela signifie que dans l’élaboration au
brouillon de notre plan, on doit pouvoir tenir compte de cette progression. Si on
mène cet effort avec constance, on s’aperçoit que beaucoup de chemin est
parcouru des toutes premières pensées aux toutes dernières. Quelque chose de ce
chemin doit imprégner l’esprit de notre plan.
7) Rédiger la conclusion
b) Le plan
Deux types de plan sont
envisageables : si l’on peut répondre par oui et par non, il est possible
de classer, dans un premier temps, toutes les idées, tous les arguments, tous
les exemples selon qu’ils contribuent à apporter une réponse positive ou
négative à la question. On parle alors de plan de type dialectique. Il convient néanmoins de prêter une grande attention à
trois aspects de ce plan :
- Il faut s’interdire des formulations simplistes et
caricaturales du type : « nous allons aborder dans un premier
temps la partie oui avant de développer la partie non. » Nous ne
choisissons pas ce type de plan parce que nous l’imposons de toute force à une
question mais parce que nous estimons que le sujet s’y prête. Il importe de
formuler les positions qui correspondraient à la réponse positive et à la
réponse négative. Par exemple sur le sujet : « Puis-je savoir si
j’aime ? », la thèse qui s’appuie sur le oui correspond à
l’affirmation suivante : un sentiment amoureux dont je ne prendrai pas
conscience serait pauvre, dénaturé parce que non assumé. Comment pourrais-je
aimer si je n’étais pas engagé dans cette action d’aimer. Il faut donc que ce
soit une action, et non une passion. » L’antithèse qui se situerait du
côté du non utiliserait au contraire des arguments du type suivant : « un
amour que nous pourrions revendiquer comme « notre » serait clair,
énoncé, adressé à l’autre, volontaire, ce qui ne peut d’aucune façon rendre
compte du trouble et de la confusion inhérents à ce sentiment. L’amour est une
affection trop profonde pour être exclusivement assimilé à notre conscience
(laquelle ne peut se concevoir autrement que superficielle, en surface)
- Il faudra nécessairement une troisième partie qui
dépasse les deux précédentes, c’est-à-dire qui manifeste clairement que
l’opposition se produit dans une certaine acception de la question qui manque
peut-être de subtilité, de profondeur. Dans la tragédie de Racine, Phèdre
déclare : « que ne puis-je savoir si j’aime ou si je
hais ? » L’important n’est pas d’aimer ou de haïr mais l’intensité du
sentiment, quelle que soit sa nature, que l’on voue à l’autre personne. Phèdre
aime et hait Hyppolite. A cette intensité, il est possible de prêter attention.
-
Ce type de plan peut
parfois manquer de subtilité notamment si l’énoncé peut se prendre en de
multiples sens. Il peut favoriser en nous le développement d’une disposition à
la caricature. On veut tellement les classer dans la thèse ou dans l’antithèse
qu’on les simplifie au lieu de les approfondir. Il crée dans notre pensée une
sorte de protocole d’interrogatoire qui ne prête pas suffisamment attention aux
éléments utilisables (cet argument est dans le oui ou le non ?). Il
convient donc de se méfier de l’adoption systématique de ce type de plan.
L’autre
modèle de plan est dit « progressif ».
Il consiste à retravailler la formulation du problème pour comprendre tous les
différents sens qu’il est susceptible de revêtir, ou bien à dégager ces sens
différents de tout le matériau déjà rassemblé dans notre travail de
« défrichage ». Ainsi « Puis-je douter de moi-même ? »
peut vouloir dire : « est-il possible de remettre en cause ses
capacités, de ne pas être sûr d’être à la hauteur d’une tâche ? »
mais aussi « Puis-je douter d’avoir un moi qui soit unique,
« même », exclusif, puis-je douter d’être une seule
personne ? » ou encore « puis-je douter du fait que
j’existe ? » « Douter de soi, n’est-ce pas précisément mettre en
œuvre une capacité qui prouve que j’existe ? », etc. Cette
compréhension des différents sens du problème n’est pas facile, mais, si elle
est bien conduite, elle dessine un plan. Il ne nous reste qu’à classer ces
différents sens qui ne se recoupent pas en commençant par le plus simple et en
allant vers le plus complexe, le plus subtil, le plus profond. On progresse
ainsi dans l’épaisseur problématique d’un sujet, ce qui correspond exactement à
ce que nous devons faire.
Dans le
cadre de l’épreuve du baccalauréat (4h), il convient évidemment de construire
un plan mais de ne pas se l’imposer de façon trop impérative. De nouvelles
idées, références ou significations du problème viendront au fil de la plume,
et probablement de qualité. Il faut leur faire place et ne pas hésiter à
modifier notre plan si nous nous apercevons que ces nouveaux arguments sont
meilleurs que ceux que nous avions développé au début. La construction du plan
nous permet d’éviter le hors sujet et de progresser du plus simple au plus
subtil. Il ne faut pas s’y enfermer mais le considérer comme une structure
souple ouverte à la nouveauté. Rien ne nous oblige à annoncer notre plan dés
l’introduction.
3) L’introduction
Mais alors à quoi doit
ressembler notre introduction ? Elle témoigne de notre capacité à
accomplir trois opérations essentielles :
- Cette question se pose à chacune et à chacun dans la
réalité quotidienne de nos vies. On peut relever dans telle ou telle situation
courante de l’existence (pas la notre en particulier, celle de tout un chacun)
sa présence, même à un niveau qui reste superficiel.
- La question fait donc signe d’un paradoxe. Il faut
remonter à sa source pour trouver ce paradoxe (c’est ce que l’on appelle
problématiser).
-
Il convient de
formuler ce paradoxe de la façon la plus claire et la plus nuancée possible
(c’est la formulation de la problématique)
Rien ne
peut être pire que de commencer notre introduction par : « ce sujet
nous interroge sur… » ou « il est question ici de… ». Il n’y a
pas d’ « ici » ni de « sujet ». C’est à nous qu’il
revient de montrer que la question se pose dans la vie concrète, quotidienne en
partant de ce niveau et en décrivant une situation, un exemple, une expression
extraits de la vie de tous les jours. Il faut partir du sens commun. C’est le
premier temps de l’introduction. Le second doit marquer une rupture avec cette
dimension. Le philosophe questionne là où nous avons tendance à résoudre ou à évacuer
le problème. Nous avons pointé une situation, nous sommes sûrs qu’elle est un
exemple de réalité dans laquelle le sujet qui nous est proposé se manifeste. Il
nous revient donc de donner à cette contradiction que la plupart des gens ne
voient pas toute son ambiguité en la formulant clairement. Il y a là un
problème. Loin de l’éviter, nous devons le percevoir, l’exprimer avec une
application (presque sadique) à décrire son caractère difficile, inextricable.
Il est étrange que la majorité des gens ne voient pas cette difficulté. En un
sens, c’est très compréhensible car ce problème est tellement
« prenant » que nous préférons, dans la vie courante le dissimuler et
retourner à nos petites affaires. C’est à ce moment là que nous devons nous
abstenir de vouloir sortir du sujet. Il faut que notre travail de
problématisation montre vraiment à quel point on ne peut pas s’en sortir parce
que la réponse positive et la réponse négative sont tout aussi pertinentes
l’une que l’autre.
Une fois
ce travail de problématisation effectué, nous devons rédiger une ou plusieurs
questions qui décrivent de façon claire, efficace et précise ce problème que
nous venons de mettre à jour. Cette troisième et dernière étape de notre
introduction est déterminante. En la lisant, notre correcteur saura si nous
avons compris le sujet ou non.
4) Le style d’écriture
Avant d’évoquer le contenu
de ce que nous allons écrire, il faut s’interroger sur la mise en forme, sur le
style de l’écriture philosophique. La plus grande difficulté de ce type de
rédaction est le renoncement à toute limitation du propos à son avis, son
existence personnelle, ou à sa situation. Toute phrase qui commencerait
par : « A mon avis… », « de mon point de vue… »,
à la lumière de ma propre expérience » est à bannir résolument, car nous
n’y prenons pas le risque de la réflexion, nous tombons dans l’illusion de
penser qu’il suffit qu’une opinion soit mienne pour être admise, ou digne de
figurer dans un travail de réflexion.
Pour les mêmes raisons,
toute utilisation du « Je » est soumise à cette condition d’exprimer
un « je » universel, celui de tout le monde, et pas le notre en
particulier. Ce que nous écrivons doit pouvoir être compris, voire admis par le
biais de l’argumentation par tout le monde en tout lieu et en tout temps.
L’utilisation de connecteurs logiques est donc impérative pour marquer le lien
entre nos phrases.
Ce dernier point est
fondamental. Aucune phrase ne doit apparaître aux yeux de notre correcteur
comme sortie de nulle part. Elle est contraire rendue possible par la
précédente. Elle y était déjà contenue mais vous l’en retirez explicitement. Ce
processus d’extraction de l’implicite par l’explicite est crucial. Votre
correcteur vous suit ainsi avec clarté et aisance. En un sens, il ne peut pas
faire autrement. La logique d’une argumentation (c’est-à-dire le fait que toute
phrase est la conséquence de la précédente et la cause de la suivante) doit
prévaloir dans notre esprit à nos convictions, à nos préjugés, à nos
présupposés. Il ne faut pas passer à côté de ce qui peut être le plus
gratifiant dans une dissertation, à savoir de s’apercevoir qu’un travail de
réflexion nous a permis de dépasser complètement ce que nous croyions au début.
5) Comment rédiger des paragraphes ?
Une
dissertation se compose souvent de trois parties (mais il n’y a aucune
obligation sauf pour le plan dialectique). A l’intérieur de chacune d’elle il y
a des sous-parties, c’est-à-dire des éléments d’argumentation importants.
Plusieurs paragraphes se succèdent donc à l’intérieur de chacune des parties.
Un paragraphe défend une idée, laquelle nous semble assez déterminante pour
justifier que nous lui consacrions 10, 20 ou 30 lignes. Que fait-on exactement
dans un paragraphe? On argumente cette idée, on peut lui opposer une objection,
la prolonger par ses implications, l’essentiel est que cette thèse soit
défendue, traitée, examinée dans une ou plusieurs directions apportant quelque
chose de nouveau pour le sujet. Que cette thèse soit celle de tel auteur
philosophique est très important à préciser (référence). Dans ce cas, c’est le
raisonnement de Platon ou Descartes que nous décrivons mais avec nos mots.
L’idée d’un auteur est maîtrisée quand nous sommes capables de la décrire par
nous-mêmes.
Un
paragraphe peut reprendre la proposition défendue par le précédent et la
questionner explicitement (« Mais alors la question se pose de savoir
si… »). Il convient donc de traiter cette question en utilisant des
auteurs si possible, ou en affinant la question jusqu’à ce que des éléments de
réponse finissent pas s’imposer au fil de l’argumentation. Il est alors
possible d’illustrer les thèses défendues par un ou plusieurs exemples sans
oublier qu’un exemple ne prouve rien en soi. Il y a des situations de la vie
courante qui illustrent telle ou telle thèse mais ce n’est pas parce que
quelque chose se produit dans la réalité que l’on peut en conclure quoi que ce
soit de fondé (ce qui suppose une universalité). Ce qui prime dans un
paragraphe, c’est qu’il apporte quelque chose de nouveau et de justifié, que ce
soit par le biais d’un auteur ou d’une argumentation solide, et si possible les
deux. Les exemples, les citations, sont facultatifs. Il importe donc que qu’il
se termine par l’expression claire de cette avancée.
6) Transitions, exemples et références
Il
serait vraiment fâcheux que notre travail donne l’impression d’une dispersion.
Nous devons au contraire suivre un fil directeur « serré »,
rigoureux, celui-là même que notre problématisation a exprimé. Cela suppose
qu’au fur et à mesure que nous avançons, nous suivons le cours des implications
contenues dans les propositions examinées. C’est simplement une question de
concentration, de logique et de « bon sens ». Si tel auteur ou notre
enseignant nous aide en vous fournissant des éléments, il faut que nous comprenions
vraiment non seulement leur contenu mais aussi le lien avec la question, à quoi
cela s’articule. Tout paragraphe doit donc commencer par une question ou un
connecteur logique qui suit le précédent. Pour justifier que nous passions
d’une partie à une autre, il faut que nous soyons dans le sujet et
aucunement que nous exprimions un souci méthodologique du style: « il
convient maintenant que nous passions à la 2e partie ». Ce
serait très maladroit. La transition prouve que vous réfléchissez
authentiquement, maintenant. Nous ne sommes pas en train de suivre un listing
de références, nous appliquons notre réflexion à un problème.
Les
exemples prouvent que nous comprenons assez ce que nous développons pour faire
le rapprochement avec des situations de la vie courante ou avec des scenarii de
films. Ils ne démontrent rien mais font parfois naître de nouvelles pistes. Les
éléments que nous avions dégagés par le raisonnement s’incarnent alors dans un
moment de la vie réelle. C’est plus clair et cela prouve que nous ne parlons
dans le vide.
Les
références sont cruciales. Evoquer les prises de position argumentées des
auteurs, c’est bénéficier d’un appui considérable. Que nous y adhérions
nous-même ou pas du tout ne doit pas entrer en ligne de compte. Tout philosophe
« reconnu » décrit une prise de position cohérente et argumentée sur
un sujet, c’est un support sur lequel nous pouvons vraiment nous appuyer à
condition de l’exprimer sans le trahir.
« La bêtise consiste à vouloir conclure » -
Flaubert: faut-il en déduire qu’une conclusion serait forcément bête? Non car
notre dissertation n’est pas interminable, même si le problème abordé est
rigoureusement insoluble. Nous avons bien rendu compte du fait que ce sujet
avait plusieurs strates de significations, qu’il était complexe et nous avons
exploré cette consistance «étagée». Par conséquent un certain chemin a été
parcouru et c’est de ce « trajet » qu’il faut donner idée en
conclusion: « Nous sommes partis de cette thèse selon laquelle….ce qui nous
a amené à considérer…. ». Nous récapitulons les points importants de notre
travail.
Puis, nous formulons, en
toute humilité (« Il semble que… », nous pouvons en déduire
que… », bref pas de formule trop tranchée) ce qui nous apparaît moins
comme la réponse vraie que comme la perspective la plus intéressante, en
exprimant toutes les nuances à la question que nous avons relevées dans notre
dissertation.
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