Il importe d’abord de
bien comprendre la thèse défendue par Spinoza : nous pouvons
« tout » dire à condition, premièrement que nous ne faisions que le
dire, deuxièmement que notre parole ne soit pas motivée par des pulsions
agressives, troisièmement que nous n’incitions pas la population à la révolte.
Mais il faut aussi réfléchir sur le sens du verbe « dire ». Il s’agit
de transmettre un message à une personne qui le reçoit. Pour dire quelque
chose, il faut donc que nous formulions un énoncé dont le sens sera compris par
notre interlocuteur. Ainsi quand nous doutons de la clarté de notre
discours : « je ne sais pas si tu vois ce que je veux
dire. », nous posons une distinction entre ce que nous avons effectivement
énoncé (ce qui a été prononcé) et le sens que nous avons essayé de transmettre à
l’autre (ce que nous avons voulu dire). Quand je dis à une personne à
table « pouvez-vous me passer le sel ? » je ne lui demande
pas si elle est dotée d’une capacité psychomotrice à même de saisir la salière,
je lui demande de me la passer. Il y a donc une différence entre le discours
littéral (les mots prononcés) et le « vouloir dire » (le sens).Dire
c’est signifier. Entre le sens de notre message et les mots utilisés pour le
formuler, il y a une distinction qui rend parfois possible le malentendu. Il
nous arrive souvent, pour nous faire comprendre, de retravailler nos
formulations, ce qui manifeste bien cette différence. Il y a plusieurs énoncés
susceptibles de tourner autour d’un même sens (même si ce sens est souvent
tellement subtil que tel ou tel mot en fait légèrement varier la
signification). Dire c’est aussi exprimer, rendre extérieur, et clair, public
ce qui est intérieur, confus et privé.
Nous réalisons ainsi que
« dire » peut revêtir au moins trois sens :
1) Rendre publique sa
pensée, sa prise de position politique, idéologique ou religieuse, émettre un
avis. De ce point de vue, la question qui nous est posée est « avons-nous
le droit de dire tout de ce que nous pensons ? », « de rendre
publique notre pensée, quel qu’en soit le contenu ? ». Dans la pièce de Molière "le Misanthrope", Alceste, le personnage principal, se fait presque un devoir de dire à toute occasion la vérité. Le déroulement de la pièce illustrera l'impossibilité d'avoir une vie amoureuse, sociale en partant d'une telle attitude. C'est là une référence très simple et intéressante à utiliser - Première
partie
2) Signifier. Pouvons-nous tout signifier ?
De quel registre de nuances faut-il que nous jouions dans la langue mais aussi,
dans les gestes et les intonations, pour que ce que nous voulions dire soit
effectivement « dit » ? Nous pouvons utiliser certaines figures
de styles plus ou moins détournées. Ainsi Jésus utilise beaucoup de paraboles
(ce sont de petites histoires dont il revient aux auditeurs de tirer la leçon,
d’extraire, par eux-mêmes, le sens). Ce qu’il veut vraiment dire reste en
suspens. C’est une manière de dire plus, en un sens, que ce qui est dit, tout simplement
parce que le récepteur du message va devoir faire travailler ses capacités d’interprétation. Deuxième partie
3) Exprimer. Peut-on
exprimer par des mots toute la richesse de nos sentiments, de nos expériences,
de notre vécu (texte de Bergson). Troisième partie
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