Pour « savoir »
que j’ai raison quand, par exemple, j’affirme telle ou telle chose, il faut que
ce que je dise ait été réfléchi, pesé, argumenté, testé, prouvé. Chacun d’entre
nous s’est déjà trouvé en situation de défendre son « point de vue »
coûte que coûte, en utilisant de faux arguments ou en exerçant arbitrairement
un « pouvoir ». Par exemple :
-
J’ai raison
-
Pourquoi ?
-
Parce que je
suis ton père !
Dans ce « dialogue »,
le père sait bien qu’il n’a pas raison. C’est exactement la même chose pour une
personne qui, dans une discussion, se referme sur elle-même en
précisant : « C’est ton opinion, mais mon opinion
est différente. Chacun ses opinions ». Savoir que l’on a raison, c’est
justement dépasser la possibilité de cette divergence d’opinions. Nous ne
sommes plus dans un monologue entrecroisé dans lequel chacun des participants à
la discussion dit : « Moi je pense que… ». Si « je
sais que j’ai raison », cela veut dire que j’ai suffisamment réfléchi à ce
que j’ai dit pour savoir que n’importe quelle personne suivant le même
raisonnement arrive nécessairement à la même conclusion.
1) Donnez un exemple de dialogue dans lequel l’un des
participants sait bien qu’il n’a pas raison, mais fait comme s’il le croyait
pour ne pas perdre la face.
2) Expliquez pourquoi le
sujet : « Puis-je savoir que j’ai raison ? » nous
interroge sur la possibilité de dépasser le débat d’opinions.
3) Socrate (470 – 399 avant JC), philosophe grec, décrit
ici l’origine de sa démarche. Il a pris l’habitude de questionner les athéniens
sur ce qu’ils croient savoir et de les amener par un dialogue à reconnaître
qu’ils ne le savaient pas vraiment. L’un de ses amis Chéréphon était allé à
Delphes consulter l’oracle pour lui demander s’il existait, en Grèce, un homme
plus sage que Socrate. Elle lui répondit : « Non ». Socrate
essaie donc de comprendre ce que veut dire l’oracle :
« Je me rendis donc chez un de nos concitoyens
qui passent pour être des sages. [...] C’était un de nos hommes d’État, qui, à
l’épreuve, me fit l’impression dont je vais vous parler. Il me parut en effet,
en causant avec lui, que cet homme semblait sage à beaucoup d’autres et surtout
à lui-même, mais qu’il ne l’était point. [...]
Tout en m’en allant, je me disais à moi-même : « je suis plus sage que cet homme-là. Il se peut qu’aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir. »
Tout en m’en allant, je me disais à moi-même : « je suis plus sage que cet homme-là. Il se peut qu’aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir. »
4) Pourquoi la référence à Socrate est-elle utile pour
traiter le sujet : « Puis-je savoir que j’ai raison ? »
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