Le procès récent de Cédric Herrou, agriculteur de la vallée de la Roya, jugé pour
pour « aide à l’entrée irrégulière sur le
territoire français », nous a donné l'occasion de réfléchir concrètement à la question de savoir si nous pouvions avoir raison contre l'Etat? Tous les arguments utilisés par Monsieur Herrou nous ont semblé, en effet, pouvoir se défendre d'une part à partir du "Droit naturel", et d'autre part du "Droit Positif", notamment lorsque l'accusé fait remarquer que La France ne respecte le droit des mineurs en les reconduisant autoritairement à la frontière au lieu de leur porter assistance. Il est même question, dés lors des Alpes-Maritimes comme d'une zone de "non-droit" au sein de laquelle les lois et les valeurs de la République Française ne seraient plus respectées. Cédric Herrou a été arrêté à l'automne pour avoir illégalement créé un centre d'accueil pour migrants dans des bâtiments de la SNCF désaffectés. Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis.
Par ailleurs, son élection par les lecteurs de Nice-Matin au titre "azuréen de l'année" a provoqué la réaction de Monsieur Eric Ciotti, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes. La tribune qu'il a rédigée nous a permis d'étudier les arguments de chacun des partis en présence. Ce travail que nous avons effectué durant toute une semaine (4h) a suscité de nombreuses réactions parmi les élèves et l'une d'entre elles, qui souhaite garder l'anonymat, a exprimé le souhait d'adresser à Monsieur Ciotti une lettre dans laquelle elle évoque son expérience personnelle du déracinement. Ce témoignage nous semble aussi éclairant que courageux et pertinent, c'est la raison pour laquelle nous avons choisi de le publier sur ce blog après la tribune de Monsieur Ciotti.
Tribune d’Eric Ciotti parue dans Nice-Matin le 30
décembre 2016.
"Nice-Matin a publié dans son édition
du 29 décembre 2016 le palmarès des Azuréens de l’année. La sélection est tout
sauf objective : M. Cédric Herrou a été élu avec 4257 voix sur un groupe de
7677 votants ! Dans un département de plus d’un million cent mille habitants, quel
crédit accorder au vote de quelques milliers de personnes probablement
mobilisées selon les bonnes vieilles méthodes de l’extrême-gauche ?
Non, M. Herrou ne peut pas être
l’Azuréen de l’année !
Faut-il rappeler qu’il comparaîtra
devant le tribunal correctionnel le 4 janvier prochain pour aide illégale au
séjour d’étrangers en situation irrégulière ? M. Herrou revendique ouvertement
de violer les lois de la République en affirmant avoir fait passer la frontière
à plusieurs reprises à près de 200 étrangers en situation irrégulière.
Ce nombre est suffisamment important
pour que chacun comprenne qu’il s’agit bien d’une filière organisée et non pas
d’un geste isolé. Par ses actes, M. Herrou n’a pas d’autre but que de provoquer
et de défier l’autorité de l’Etat. Son action est une insulte aux policiers,
aux gendarmes, aux douaniers et aux militaires de Sentinelle qui tous, chaque
jour, surveillent nos frontières notamment entre l’Italie et la France. J’ai pu
constater le 22 décembre dernier, à Sospel, la qualité et la difficulté de leur
travail qui se solde en 2016 par l’interpellation d’au moins 35 000 étrangers
tentant de passer illégalement en France, ce qui est considérable.
Non, M. Herrou ne peut pas être
l’Azuréen de l’année !
Bien d’autres personnes méritent
d’être honorées. Pour moi, l’Azuréen de l’année, se trouvent parmi tous ces
héros de la nuit tragique du 14 juillet dernier à Nice, parmi ces femmes et ces
hommes qui tous, collectivement ou individuellement, ont porté secours, qui
tous ont sauvé des vies. Je pense à cette jeune policière qui a neutralisé le
terroriste, permettant d’éviter des dizaines de morts supplémentaires, je pense
aux pompiers, au SAMU, aux citoyens qui sont venus porter assistance aux
victimes, je pense aux services d’urgence de l’hôpital Lenval et de l’hôpital
Pasteur. Voilà les héros ! Et ils n’ont pas besoin de le claironner ni d’ouvrir
une page Facebook ni de provoquer des coups d’éclat à quelques jours d’un
procès.
Ces héros du 14 juillet sont des
humanistes. Et pourtant aucun n’a été nominé. Évidemment, l’humanisme pour
l’humanisme, discret et anonyme, n’intéresse pas.
Et combien d’Azuréens, chercheurs,
chefs d’entreprise, présidents d’associations, et bien d’autres qui ont choisi
de mettre leur vie au service des autres, mériteraient également cet hommage !
Non, M. Herrou ne peut pas être
l’Azuréen de l’année !
Etre l’Azuréen de l’année, ce n’est
pas manipuler la joute médiatique à sensations comme il le fait pour se
protéger de la justice, en s’abritant derrière une générosité de façade.
Las ! Cette fausse générosité est un
dangereux mirage. La France généreuse doit préserver ses valeurs d’accueil et
d’hospitalité pour ceux qui en ont les qualités, les réfugiés et les opprimés
victimes de la barbarie. Mais faut-il rappeler qu’à peine un tiers des
candidats au statut de réfugié remplissent les conditions pour l’obtenir !
Quant aux migrants économiques, la
France ne peut plus en accueillir davantage. Les capacités d’intégration par le
logement et le travail sont limitées. Laisser s’installer dans notre pays des
personnes sans garantir leur avenir, c’est prendre le risque de livrer ces
étrangers aux trafiquants et aux criminels. C’est également favoriser un
communautarisme islamique dangereux pour la République, fauteur de divisions
profondes dans notre société, elles-mêmes génératrices de lourdes
incompréhensions et terreau des pires extrémismes.
L’humanisme, c’est avoir conscience
que la solution se trouve aussi dans les pays d’origine des migrants et dans
l’aide au développement, et non pas seulement en Europe.
Non, M. Herrou ne peut pas être
l’Azuréen de l’année !
Il a fait de la protection des
mineurs son fer de lance en pensant apitoyer l’opinion publique. Dans les
faits, il la trompe. Car il est absolument faux de dire que les mineurs ne sont
pas pris en charge dans notre département.
Les services de l’Etat, sous
l’autorité du Préfet, procèdent aux réadmissions en Italie autorisées par la
loi et les conventions internationales. Quant au conseil départemental, il
accomplit son devoir pour les autres mineurs. Je veux rendre hommage aux
services du département des Alpes-Maritimes qui assument la responsabilité de
210 mineurs isolés étrangers qui tous sont accueillis dans des structures ad
hoc et dans des conditions optimales. Le coût total de leur accueil s’élève à
10 millions d’euros à la charge du contribuable départemental. C’est la loi, et
le conseil départemental la respecte. Il prend en charge les mineurs que les
services de l’Etat ou le juge dirigent vers lui.
Non, M. Herrou ne peut pas être
l’Azuréen de l’année !
Lui qui prône l’ouverture des
frontières sans contrôle, lui qui prône un monde ouvert. Une attitude
irresponsable dans le contexte actuel… En matière d’immigration, c’est la
fermeté qui est gage d’humanité, quand près de 400 000 personnes ont débarqué
sur les côtes Sud de l’Italie depuis le printemps 2014. Les bons sentiments
conduisent à des drames. Les messages d’ouverture généralisée passés tous
azimuts, comme celui de l’Allemagne à l’automne 2015, n’ont pour résultat que
la multiplication du nombre de morts en Méditerranée, à quelques centaines de
kilomètres à peine de la côte d’Azur.
Est-il nécessaire de rappeler que
dans le contexte de menace terroriste maximale que nous subissons aujourd’hui,
la frontière n’est pas une menace mais une protection ? Du Bataclan à Berlin en
passant par Bruxelles, preuve a été faite que les terroristes utilisent le flux
migratoire pour infiltrer le territoire européen. Surveiller nos frontières est
un impératif qui s’impose d’autant plus.
Qui peut dire avec certitude que
dans les centaines de migrants que M. Herrou se targue d’avoir fait passer ne
se dissimule pas un futur terroriste ?
Pour toutes ces raisons, jamais je
ne tolérerai qu’une nouvelle jungle de Calais s’installe dans les Alpes-Maritimes.
La jungle de Calais est une honte pour la France. Le gouvernement a laissé
s’installer une zone de non droit livrée à des bandes et des mafias. Calais a
été une pompe aspirante.
Au moment où nous avons besoin de
contrôles stricts, la démarche de M. Herrou, idéologique et préméditée, est une
prise de risque majeure. Ce n’est pas à des individus irresponsables de définir
les règles d’entrée sur le territoire national. Nous sommes dans un Etat de
droit. Sous une fausse générosité, ceux qui bafouent les règles de la
République mettent en danger notre pays."
Lettre adressée à Monsieur Eric Ciotti,
Député « Les Républicains »
Président du conseil départemental des Alpes-Maritimes
Monsieur le Député,
Je me permets de vous adresser ce courrier car,
étant en Terminale ES dans un lycée de province et travaillant en cours sur
l’affaire Cédric Herrou dans le cadre d’un sujet de dissertation en
Philosophie, j’ai pris connaissance de la tribune que vous aviez rédigée contre
l’élection de cette personne en tant qu’azuréen de l’année, pour le journal
Nice-Matin.
Je n’ai pas l’habitude de m’adresser aux
responsables politiques mais votre article m’a donné envie de prendre la plume
pour raconter simplement mon histoire qui est celle d’une ex-réfugiée. Je n’ai
pas l’ambition de vous faire changer d’avis mais il se trouve que chacun des
arguments que vous utilisez contre le geste de Cédric Herrou, qui a porté
assistance à des migrants ayant franchi illégalement la frontière
Franco-Italienne, m’a touché « personnellement », entrant en
résonance avec cette expérience si particulière que j’ai vécu pendant mon
adolescence. Je ne néglige pas les droits et les devoirs de tout citoyen à
l’égard de l’Etat dans lequel il est né ou a été accueilli mais votre prise de
position me semble sous-estimer totalement le ressenti de celles et ceux qui
sont dans l’obligation de prendre la route sans vraiment savoir comment se fera
le voyage ni s’il leur sera possible de poser un jour leur valise dans un lieu
hospitalier, soit exactement ce que la France a été pour moi. Mon vœu le plus
cher, par conséquent, est que votre argumentation apparaisse aux yeux des
français comme ce qu’elle est : faible, inadaptée, irréaliste, émise par
la conception passéiste et procédurière d’une France qui déjà n’existe plus.
J’ai 19 ans mais j’en avais 14 quand j’ai du
quitter mon pays. Je viens d’une petite nation qui a vécu la guerre et qui est
parvenue à retrouver son indépendance. Lorsque il a été question de partir, la
raison de cet « exil » volontaire m’était inconnue mais je savais
qu’il s’agissait de problèmes personnels de mon père. Je me souviens encore du
jour de notre départ…Nous avons dû quitter notre maison, notre famille, nos
proches, notre école car c’était la seule solution pour aider notre père. Nous avions
beaucoup réfléchi mais c’était bel et bien la seule issue possible. S’est posée
alors à nous la question du choix de notre destination. L’Allemagne, la
France ? Un autre pays ? Mais quel autre pays que la France aurait-il
pu nous accueillir pour sauver la situation difficile dans laquelle nous nous
trouvions ? Cette nation a toujours joui d’une excellente réputation chez
nous car elle nous apparaissait comme une terre de liberté ouvrant ses
frontières à toutes les personnes simples et honnêtes n’ayant plus la
possibilité de demeurer là où elles étaient nées. Nous avons donc choisi la
France, Paris, cette ville que j’avais toujours rêvée de visiter. J’étais à la
fois heureuse et malheureuse car j’aurais préféré me rendre dans cette capitale
en tant que touriste et non comme réfugiée.
Je vous prie de croire qu’il n’est pas facile
de « fermer la porte derrière soi » quand on franchit la frontière du
pays dans lequel on est né, dans lequel on a grandi pour tout reprendre à zéro
« ailleurs », au milieu de personnes qui sont chez elles, qui ne
parlent pas notre langue et auxquelles on demande de nous recevoir. Or dés
notre arrivée en France, nous avons été très bien accueillis et j’étais
vraiment heureuse. Bientôt j’allais entrer au collège. Je me suis posé beaucoup
de questions, comment vais-je comprendre mes camarades ? Comment vont-ils
se comporter à l’égard d’une personne étrangère qui ne maîtrise pas bien leur
langue ? Vont-ils se moquer de moi ? Combien de temps va-t-il me
falloir pour que je m’adapte à ce nouveau pays ? Comprenez qu’il n’est
rien qu’un réfugié souhaite davantage que cela : s’adapter, être accepté,
recueilli et pourquoi pas « reconnu » par un autre pays comme partie
intégrante de cette nouvelle communauté.
Lorsqu’il fut effectivement temps pour moi
d’être admise au collège, il me fallut faire face à toutes ces difficultés dans
une classe, un établissement, une langue que je ne connaissais pas. Je suis
très souvent rentrée chez moi en pleurant, car je n’arrivais pas à comprendre.
Lorsque vous disposiez de tout ce dont vous aviez besoin et que vous vous
retrouvez dans un autre pays dont il vous faut apprendre la langue, les
mentalités, les usages, les coutumes et les lois, vous traversez forcément des
moments de découragement intenses et pénibles à vivre. Derrière les
« mesures », les « lois », les « décrets » et les
procédures de l’Etat dont je mesure bien l’importance et la nécessité, il y a
des expériences, des affects, des ressentis qu’une personne qui n’a jamais été
déracinée peut bien se représenter mais qu’elle aura bien du mal à réaliser dans
toute la gamme des sentiments qu’ils suscitent. C’est aussi à la lumière de ce
déracinement affectif qu’il faut entendre le sens de la situation de
« réfugié », laquelle ne saurait être seulement un
« statut ».
Mais ce ne furent pas pour moi les seules
épreuves. Mon père a du traverser des moments difficiles car il s’est battu
contre une maladie qui, dans notre pays d’origine, n’aurait jamais été soignée.
Mon père a pu, en France, bénéficier de soins qui ne lui auraient pas été
prodigués dans son pays de naissance car les médecins de là-bas ne l’auraient
même pas détectée. Aujourd’hui, il est décédé mais il a pu, ici, profiter d’un
« sursis » dont il aurait été privé si nous n’étions pas partis de « chez
nous ». Il y a « La France », les lois, les options des
différents partis, la ligne politique que vous défendez dans votre tribune
contre Cédric Herrou, et puis, au milieu de tout cela, il y a des vies, des
« destinées », comme on dit, et notamment ce « petit morceau
d’existence » dont mon père a pu jouir grâce à notre expatriation. C’est de
cela, de « ces morceaux de vie de réfugiés » dont il est question
dans ce débat et c’est à cause d’eux que je ne peux comprendre votre position.
Monsieur Herrou a vu des personnes en détresse qui
auraient pu être mon père, ma famille, moi, et il leur a porté simplement
assistance parce que la durée nécessaire à la demande d’un formulaire
d’accueil, le passage par différentes administrations et les structures mises
en œuvre par l’Etat supposent un temps dont ne dispose pas la plupart des réfugiés.
L’Etat est peut-être la solution à tous les problèmes qui se posent sur un
territoire mais, il ne peut, par définition, l’être « tout de suite »
et personne n’a le temps d’être réfugié. On l’est brutalement, sans choisir.
Entre l’urgence et l’état d’urgence, il y a tout le temps requis par le travail
de médiation de l’Etat.
Je ne vous demande pas de « réaliser »
le déracinement que ma famille et moi-même avons vécu car je pense que ce n’est
pas possible mais au moins de comprendre qu’au fil de vos mots, de vos idées et
des lois que vous défendez, « à juste raison », se tissent des vies,
des morts provoquées ou heureusement retardées comme le fut celle de mon père
grâce à l’Etat français. J’ai bien écrit « à juste raison » car je
sais que vous n’ignorez pas à quel point une loi n’est rien sans l’esprit qui
la commande. Or, il me semble évident que l’esprit des lois de la République Française
se trouve, en l’occurrence, plus proche du geste de Cédric Herrou que de votre
critique trop « réactive », passionnelle, idéologique, pour être
réellement à la hauteur des conditions historiques dans lesquelles l’Etat de Droit
français est né. Vous savez bien que « les droits naturels, inaliénables
et sacrés » sont explicitement mentionnés dans la déclaration des droits
de l’homme et du citoyen de 1789, et j’ai du mal à envisager la possibilité que
l’état d’esprit d’un « Républicain » puisque c’est le terme choisi
par la formation politique à laquelle vous appartenez puisse se méprendre à ce
point sur l’esprit des lois de la République Française dont vous êtes, en tant
que président du conseil départemental, le représentant sur le territoire ainsi
que le défenseur.
Peut-être vous étonnerez-vous que je ne signe
pas cette lettre, mais au-delà du caractère personnel qu’elle revêt, l’exigence
de pudeur qui m’incombe est aussi celle de parler au nom de tous les réfugiés,
car je sais bien que mon cas, aussi empreint soit-il de l’expérience qui fut la
mienne du déracinement, est tout sauf isolé.
Comprenez que ma démarche est dictée par le
sentiment de gratitude que je voue à la France, parce qu’elle sauve des vies, parce
qu’elle retarde des morts, parce qu’elle accueille celles et ceux qui fuient la
guerre et cherchent simplement un lieu de paix. Je suis fière d’avoir été une
réfugiée. Je n’oublierai jamais mon pays mais cela ne m’empêche aucunement de
m’adapter aux règles et aux usages de mon nouveau pays.
Je ne suis pas assez naïve pour penser que ma
lettre va changer votre opinion mais j’espère simplement que vous accepterez
d’en recevoir le témoignage, éventuellement de vous laisser gagner, ne
serait-ce qu’un minimum, par l’émotion qui fut la mienne en la rédigeant, parce
que la situation des réfugiés d’aujourd’hui est plus précaire que ne l’a été la
mienne. Je vous prie de faire preuve de bienveillance et d’indulgence à leur
égard car la guerre est précisément ce qu’ils essaient de fuir et non ce qu’ils
méritent de retrouver. Personne ne mérite cela, puisque la sécurité,
c’est-à-dire la possibilité d’être protégé de l’arbitraire et de la violence
des agresseurs est un droit dont l’application rigoureuse exige de nous,
citoyens français, qu’à son endroit, nous ne faiblissions jamais. Sous cet angle,
le geste de Cédric Herrou est tout sauf laxiste, ou illégal.
Je vous remercie pour l’attention que vous
jugerez bon d’accorder à cette lettre et vous prie d’agréer, Monsieur le
Député, l’expression de ma haute considération.
Une
citoyenne française, ex-réfugiée
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