Rédiger un plan – Une
image peut clairement nous donner idée de la difficulté et donc du fond du
sujet : il est possible de battre quelqu’un aux échecs mais il est
beaucoup moins évident de croire que l’on peut prendre en défaut les règles sur
lesquelles est basé le jeu lui-même. Or c’est bien de cela qu’il s’agit ici
puisque l’Etat est le fondement même de la nature rationnelle des faits et des
relations qui se produisent sur un territoire délimité. Ce qu’il nous faut
prendre en considération ici c’est que la Raison n’est pas descendue du
Ciel sur les hommes. Elle a une généalogie, c’est-à-dire qu’elle est apparue
chez les hommes à un moment donné, dans certaines circonstances données, et
parmi ces « circonstances », l’Etat (ou la cité) figure en très bonne
place. Mais alors, pouvons-nous avoir raison contre l’Etat si l’Etat est
l’origine même (ou l’une des origines collatérales) du fait qu’il y ait de la
Raison ?
Une multitude de plans est envisageable ici,
à condition que chacun d’eux aille vraiment jusqu’au bout de la perspective
qu’il entreprend de développer. Peut-être pouvons-nous prendre au pied de la
lettre l’hypothèse questionnée par le
sujet : « Avoir raison contre l’Etat ? » 1) Où ?
2) Quand ? 3) Comment ? (ou à quelles conditions ?), en
envisageant la possibilité que la réponse puisse être 1) Nulle part 2) Jamais
3) No way (pas moyen). Si nous reformulons plus rigoureusement cette idée, cela
pourrait donner le plan suivant :
1- D’où faudrait-il se situer pour avoir raison contre l’Etat ?
Existent-il des lieux à partir desquels un critère de Raison pourrait se
constituer avec suffisamment de légitimité pour que les lois et les normes de
la raison d’Etat se révèlent défaillantes en comparaison ?
a
- L’utopie
b
- Le cosmopolitisme (droit naturel/ droit positif – Cédric Herrou)
c
- Les sociétés sans Etat (Pierre
Clastres) / voir l’un des articles précédents
(A chaque fois, il conviendra de répondre si l’hypothèse du lieu ou
du non lieu (utopie) envisagé est pertinente ou pas)
2- Existe-t-il un temps (ou un contretemps) durant lequel on peut
avoir raison contre l’Etat ?
a- On peut avoir raison contre l’Etat, avant l’Etat (se pose alors la question des moyens d’expression de
cette raison : activisme militant et délinquant (rébellion) ou expression
libre (militer pour des idées mais pas par des actes)
b- Avoir raison contre l’Etat : un droit ou une jurisprudence ?
(« La jurisprudence désigne l'ensemble des décisions de
justice relatives à une question juridique donnée » - Cela signifierait
qu’on peut avoir raison contre l’Etat quand une situation se révèle
suffisamment nouvelle pour dépasser du cadre du droit positif. Il est alors
impossible de ramener le cas présent à des lois du passé. Il faut inventer la
réponse, l’adapter au cas présent, mais n’est-ce pas la notion même d’Etat qui dés
lors devient inopérante ?)
c- Existerait-il « un temps de l’Etat »
décalé par rapport à un « temps de la Raison » ? L’Etat a bel et
bien raison mais dans une temporalité qui lui est propre (l’Histoire) et qui
n’a rien à voir avec le temps de la raison (La juste chose à faire au bon
moment (ce que l’on appelle le
Kairos : le moment opportun))
3- Existe-t-il vraiment ailleurs que dans l’Etat et dans une autre
temporalité que celle qu’il impose (Histoire) de quoi donner vie, matière et surtout SENS à une puissance suffisamment convaincante pour constituer une raison supérieure
à la raison d’Etat ?
a -
Une autorité ? Non (Négation de la souveraineté)
b -
Un sacrifice ? Non (Négation de l’aliénation de la partie pour le tout)
c –
Un contrat ? Non (Négation de la nature
contractuelle des rapports humains)
Mais alors quoi ? La machine minoritaire et le peuple manquant (Gilles Deleuze).
Mais alors quoi ? La machine minoritaire et le peuple manquant (Gilles Deleuze).
Bonsoir, quand vous dites dans la troisième partie du plan: "négation", vous entendez qu'il faut nier le fait que seul l'autorité/le sacrifice/le contrat dans le cadre de l'Etat soit toujours le/la plus convaincant(e) ?
RépondreSupprimerBonsoir,
SupprimerOui, la question est de savoir s'il est possible d'avoir raison, au sens de "donner du sens à son existence ailleurs que dans un territoire soumis à une autorité. Deuxièmement c'est la même question mais appliquée cette fois à la question du sacrifice de la partie (le citoyen) pour le Tout (l'état) Peut)on donner du sens à sa vie sans se sacrifier à une cause collective, à un intérêt général. Et enfin peut-on envisager que le lien entre les hommes soit naturel et non contractuel comme le sous-entend l’État.
A bientôt