« Dans le sommeil, je
suis tout; mais je n'en sais rien. La conscience suppose réflexion et division.
La conscience n'est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par
quoi je distingue Sujet et Objet, Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et
mon sentiment. Moi et mon idée. C'est bien le pouvoir de douter qui est la vie
du moi. Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé. Si l'on se
retrouvait tout entier, c'est alors qu'on ne se reconnaîtrait pas. Le passé est
insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. A ce
moment-là même j'étais autre chose, en espérance, en avenir. La conscience de
soi est la conscience d'un devenir et d'une formation de soi irréversible,
irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. Voilà le lien entre le passé
et le présent, pour le mal comme pour le bien.
Ainsi le moi est un refus d'être moi, qui, en
même temps, conserve les moments dépassés. Se souvenir, c'est sauver ses
souvenirs, c'est se témoigner qu'on les a dépassés. C'est les juger. Le passé,
ce sont des expériences que je ne ferai plus. »
1) Lorsqu’une personne commet un crime sous le coup
d’une passion, d’une réaction physique ou affective, qu’est-ce qu’il n’est pas
parvenu à faire ? Pourquoi bénéficiera-t-il de circonstances
atténuantes ? Finalement que juge-t-on dans un tribunal ?
2) Décrivez les trois types de conscience différents et
appliquez les à la scène du meurtre dans l’Etranger d’Albert Camus.
3) Expliquez : « c’est bien le pouvoir de
douter qui est la vie du moi. »
4) Nous nous représentons notre passé comme une
succession d’épisodes dont le dernier représente ce que nous venons tout juste
d’être au présent. Pourquoi cette représentation serait-elle impossible sans conscience ?
Est-ce parce que nous sommes conscients que nous avons un passé ?
5) Pourquoi ce rapport entre la conscience et le passé
fait-il de nous des êtres libres, selon Alain ? (n’hésitez pas à vous
appuyer sur des expressions du texte pour justifier votre réponse)
6) Selon vous, la conscience est-elle innée (nous l’avons
en nous en naissant) ou acquise (le produit de nos expériences et de notre
éducation ?
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