« La conscience n'est en somme qu'un
réseau de liens entre les hommes et elle n’aurait pas pu prendre un autre
développement. A vivre isolé telle une
bête féroce, l'homme aurait pu fort bien s'en passer. Le fait que nos actes, nos pensées, nos
sentiments, nos mouvements mêmes deviennent conscients - tout au moins une
partie de ceux-ci n’est que le résultat d'une terrible nécessité qui a
longtemps dominé l'homme : il avait besoin, lui, l’animal le plus menacé,
d'aide et de protection, il avait besoin de son semblable, il fallait qu'il sût
se rendre intelligible pour exprimer sa détresse , et pour cela, il avait tout
d'abord besoin de la conscience, donc même pour "savoir" lui-même ce
qui lui manquait, pour "savoir" ce qu’il sentait, pour
"savoir" ce qu'il pensait. Car
comme toute créature vivante, l'homme, je le répète, pense constamment, mais il
l'ignore ; la pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus
infime, disons la plus superficielle, la plus médiocre, de tout ce qu'il pense,
car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c'est-à-dire en signes
de communication, ce qui révèle l'origine même de la conscience.
1) Quelle est l’idée essentielle de ce texte ?
2) Définissez la conscience, pour vous d’abord, pour
Nietzsche ensuite. Dans le texte, pourquoi l’homme est-il devenu
conscient ?
3) Pourquoi peut-on dire qu’entre le texte d’Aristote et
celui de Nietzsche il y a le choc provoqué par Darwin et ses thèses sur
l’évolution des espèces ?
4) Quel rapport entretiennent la conscience et le
langage, selon l’auteur ? (Est-ce parce que nous sommes conscients que
nous parlons ou parce que nous parlons que nous sommes conscients ?
Expliquez)
5) Décrivez tous les points sur lesquels Nietzsche et
Aristote sont en désaccord. Quels sont les arguments qui vous semblent les plus
convaincants ? Ceux de Nietzsche ou ceux d’Aristote ? Pourquoi ?
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