Expliquez le texte suivant. La connaissance de la
doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication
rende compte, par la compréhension du texte, du problème dont il est question.
« Mais quelle ingratitude, quelle courte vue en somme que
d’aspirer à une suppression de la culture ! Ce qui subsiste alors, c’est l’état
de nature, et il est de beaucoup plus lourd à supporter. C’est vrai, la nature
ne nous demanderait aucune restriction pulsionnelle, elle nous laisserait
faire, mais elle a sa manière particulièrement efficace de nous limiter, elle
nous met à mort, froidement, cruellement, sans ménagement aucun, à ce qu’il
nous semble, parfois juste quand nous avons des occasions de satisfaction.
C’est précisément à cause de ces dangers dont la nature nous menace que nous
nous sommes rassemblés et que nous avons créé la culture qui doit aussi, entre
autres, rendre possible notre vie en commun. C’est en effet la tâche principale
de la culture, le véritable fondement de son existence, que de nous défendre
contre la nature.
On sait que, sur bien des points, elle y parvient d’ores et déjà
relativement bien, elle fera manifestement beaucoup mieux plus tard. Mais aucun
être humain ne cède au leurre de croire que la nature est dès à présent soumise
à notre contrainte, rares sont ceux qui osent espérer qu’elle sera un jour
entièrement assujettie à l’homme. Il y a les éléments qui semblent se rire de
toute contrainte humaine, la terre qui tremble, se déchire, ensevelit tout ce
qui est humain et œuvre de l’homme, l’eau qui en se soulevant submerge et noie
toutes choses, la tempête qui les balaie dans son souffle, il y a les maladies
que nous reconnaissons, depuis peu seulement, comme des agressions d’autres
êtres vivants, enfin l’énigme douloureuse de la mort, contre laquelle jusqu’à
présent aucune panacée (1) n’a été trouvée, ni ne le sera vraisemblablement
jamais. Forte de ces pouvoirs, la nature s’élève contre nous, grandiose,
cruelle, inexorable, elle nous remet sous les yeux notre faiblesse et notre
détresse, auxquelles nous pensions nous soustraire grâce au travail culturel. »
(1) « panacée » : remède universel
FREUD, L’Avenir d’une illusion (1927)
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