vendredi 5 décembre 2014

V. U. M. (Very Unexpected Meeting) - Lou-Andreas Salomé / Jean-Jacques Goldmann



VUM est une rubrique qui met en présence des personnalités d’époques, de « spécialités » et de « styles » très, très éloignés (très). Ces rencontres donnent lieu à des dialogues incongrus qu’il convient de prendre au millième degré. Le ton de cette rubrique est résolument humoristique, et, bien qu’il puisse parfois mettre en scène des philosophes, il ne constitue en aucune façon une source de documentation vraiment fiable, bien que de nombreuses répliques soient authentiques.
Ici nous décrivons la discussion improbable entre Jean-Jacques Goldmann (1951) et Lou-Andréas Salomé (1861 – 1937), femme de lettres allemande qui inspira réellement à Nietzsche une passion violente et maladroite puisque c’est à son meilleur ami, Paul Rée, que le philosophe allemand confia la tâche de révéler à Lou son amour. On devine sans peine ce qui arriva : Lou semble avoir été davantage attirée par Paul que par Friedrich. Dans le « bateau » : Lou, Paul et Friedrich, Friedrich est donc tombé à l’eau. Nous nous sommes permis de faire de Lou-Andreas Salomé une sorte de « Nietzsche au féminin », au-delà de leurs différences, parce que nous savons, même si l’amour de Nietzsche pour Lou ne fut pas payé de retour, qu’ils partageaient le même goût pour les Arts, la poésie, la Musique, la même passion pour la recherche intellectuelle et pour la remise en cause de toutes les « convenances » et des idées trop facilement « reçues ».

Je présente, par avance,  mes excuses à Jean-Jacques Goldmann ainsi qu’à tous les admirateurs (trices) de cette chanson qui ne ressortira pas complètement indemne de cette rencontre.

PS. De vrais morceaux de texte se sont glissés dans cette étrange conversation. A vous de les retrouver.

Lou : - « On peut promettre des actes mais non des sentiments….
Jean-Jacques : - Je te promets le sel au baiser de ma bouche
-       Ok, c’est pas un sentiment mais bon….
-        Je te promets le miel à la main qui te touche….
-       Du sel, du miel, c’est un vrai « garde-manger »
-       Je te promets le ciel au-dessus de ta couche
-       Ce n’est pas un peu « précipité » ? Après tout, nous avons une différence d’âge de 90 ans.
-       Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces
-       Les sentiments sont involontaires, mais les fleurs, les dentelles : pourvu que l’on ait de quoi les payer. Je ne suis pas une femme qu’on achète aussi facilement.
-       Je te promets la clé des secrets de mon âme…
-       On pourrait pas avoir celle du garde-manger plutôt ? J’ai une petite faim
-       Je te promets la vie de mes rires à mes larmes
-       Ok ! C’est une liste alors ?
-       Je te promets le feu à la place des armes
-       Euh ! J’ fume pas.
-       Plus jamais des adieux, rien que des au-revoir
-       Ben ! Alors : « Au revoir ! », Tchao ! Arrivederchi ! A la revoyure, bro !
-       J’y crois comme à la terre, j’y crois comme au soleil
-       Oui, moi aussi, j’ai un peu forcé sur le Montepulciano (1), mais ça, c’était avant !
-       J’y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
-       Et ce truc au-dessus de ta tête, c’est une image de synthèse ?
-       J’y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
-       Easy, Man ! Keep your distance ! Les mains sur la table. On respire un bon coup. Ca va mieux ?
-       J’te promets une histoire différente des autres.
-       Ouais, Rainer Maria (2) aussi, résultats des courses : on est juste copains, maintenant ! La promesse de toujours aimer quelqu’un signifie quoi finalement ?
-       J’ai tant besoin d’y croire encore
-       C’est ça ta réponse ?
-       Je te promets des jours tout bleus comme tes veines
-       Et si tu me disais les mots bleus, plutôt ? Tu sais, ceux qui rendent les gens heureux. Parler me semble ridicule, je m’avance et puis je recule (3)…Mais où est-ce que je vais chercher tout ça ?
-       Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
-       Ouais, enfin, je ne suis pas Hannibal Lecter non plus, j’ai des rêves simples, j’suis pas une fille compliquée : Brad Pitt qui lève des haltères sans tee-shirt : ça me suffit !
-       Des heures incandescentes et des minutes blanches
-       Qu’est-ce qu’on avait dit ? Mains sur la table ! Take a breath ! Je vois où tu veux en venir : le bleu, le blanc le rouge. Si tu veux, on peut chanter la Marseillaise.
-       Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches
-       Ouais ! Et avec ça ? Un café et l’addition ? Respire et pense à un truc « moins swag », je sais pas moi : être coincé dans une cage d’ascenseur avec Miley Cyrus, par exemple
-       Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
-       Oui ben laisse les où ils sont tes bras et rends-moi mes clés !
-       Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
-       Non mais dis donc ! Tu voudrais pas ma salive pour lécher tes timbres non plus ?
-       Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
-       Non c’est bon, avec Afflelou, on a tout bon partout !
-       Je te promets d’être heureux si tu n’as plus d’espoir
-       D’accord et si je me crashe à ski, tu prends à ta charge les frais d’hospitalisation ?
-       Et même si c’est pas vrai, si on te l’a trop fait
-       Si on m’a trop fait quoi ? Le coup du « j’te fais ma petite chanson, ni vu ni connu, vite fait, bien fait, j’tembrouille. Tu l’as dit bouffi ! Enfin, si je peux me permettre ! De toute façon persistera toujours dans la tête de nos semblables l’illusion que l’amour demeure inchangé et pareil à lui-même. Thank you Friedrich ! In your face Jean-Jacquounet !
-       Si les mots sont usés, comme écrits à la craie
-       Bof ! Ce serait au marqueur, ça changerait que dalle macache !
-       On fait bien des grands feux en frottant des cailloux
-       Ben dis donc ! Les soirées doivent être sacrément longues dans ton mobil home. T’as pensé à t’acheter un pictionary ?
-       Peut-être avec le temps et la force d’y croire
-       Ouais, et une bonne dose de valium aussi !
-       On peut juste essayer pour voir
-       C’est ce qu’on m’a dit récemment. Mais à quel sujet ? Ah oui ! Un vendeur de chez Ikea, il voulait me fourguer un kit « armoire à vins ».
-       Et même si c’est pas vrai, même si je mens
-       Donc, si je comprends bien: tu me promets du miel, des jours, des bras, des yeux, des écrans plats et plus de bonheur pour l’espèce humaine, mais maintenant tu fais machine arrière ? Tu joues ton « va-tout », pas vrai ?
-       Si les mots sont usés, légers comme du vent
-       De toute façon, nous ne nous comprenons que par quiproquos
-       Et même si notre histoire se termine au matin
-       A dire vrai, c’est déjà hyper craignos pour une conversation en voix off. J’suis pas certaine d’avoir envie de te demander l’heure.
-       J’te promets un moment de fièvre et de douceur
-       C’est ça : un bon 40 et un Kinder surprise. Y’a pas à dire : toi, tu sais trouver les mots qu’il faut pour affoler les gazelles !
-       Pas toute la nuit mais quelques heures
-       Je crois que je préfère encore un bon Derrick, celui où Tappert (4) se gratte l’oreille droite. See you soon, Jean-Jacquounet !





(1)    Montepulciano : vin italien
(2)    Rainer Maria Rllke est un poète autrichien avec lequel Lou Andreas Salomé a entretenu une relation amoureuse intense.
(3)    Les mots bleus chanson (magnifique) de Christophe
(4)    Horst Tappert incarna pendant très, très longtemps (très) le personnage de Derrick dans la série éponyme. Il faudrait trouver un truc drôle à dire ici mais rien que d’en parler : ça me fait le même effet que des intraveineuses de temestat.

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