lundi 23 novembre 2015

Texte de Freud - Travail sur les connecteurs logiques


« Mais quelle ingratitude, quelle courte vue en somme que d’aspirer à une suppression de la culture ! Ce qui subsiste alors, c’est l’état de nature, et il est de beaucoup plus lourd à supporter. C’est vrai, la nature ne nous demanderait aucune restriction pulsionnelle, elle nous laisserait faire, mais elle a sa manière particulièrement efficace de nous limiter, elle nous met à mort, froidement, cruellement, sans ménagement aucun, à ce qu’il nous semble, parfois juste quand nous avons des occasions de satisfaction. C’est précisément à cause de ces dangers dont la nature nous menace que nous nous sommes rassemblés et que nous avons créé la culture qui doit aussi, entre autres, rendre possible notre vie en commun. C’est en effet la tâche principale de la culture, le véritable fondement de son existence, que de nous défendre contre la nature.
On sait que, sur bien des points, elle y parvient d’ores et déjà relativement bien, elle fera manifestement beaucoup mieux plus tard. Mais aucun être humain ne cède au leurre de croire que la nature est dès à présent soumise à notre contrainte, rares sont ceux qui osent espérer qu’elle sera un jour entièrement assujettie à l’homme. Il y a les éléments qui semblent se rire de toute contrainte humaine, la terre qui tremble, se déchire, ensevelit tout ce qui est humain et œuvre de l’homme, l’eau qui en se soulevant submerge et noie toutes choses, la tempête qui les balaie dans son souffle, il y a les maladies que nous reconnaissons, depuis peu seulement, comme des agressions d’autres êtres vivants, enfin l’énigme douloureuse de la mort, contre laquelle jusqu’à présent aucune panacée (1) n’a été trouvée, ni ne le sera vraisemblablement jamais. Forte de ces pouvoirs, la nature s’élève contre nous, grandiose, cruelle, inexorable, elle nous remet sous les yeux notre faiblesse et notre détresse, auxquelles nous pensions nous soustraire grâce au travail culturel. »

(1) « panacée » : remède universel
                                               
                                          FREUD, L’Avenir d’une illusion (1927)


1)    Le texte commence par un «Mais » et la première phrase est exclamative. Freud s’exprime donc d’abord « contre » une affirmation (qui n’est pas explicitement citée). Laquelle ?

2)    « Ce qui subsiste « alors » » : ce terme « alors » manifeste que Freud adopte provisoirement un point de vue. Lequel ?

3)    « C’est vrai….mais » : Comment appelle-t-on l’acte qui consiste à faire droit dans son argumentation à un argument adverse ? Que commence à développer le « mais » ?

4)    « C’est précisément à cause de…» : de cette confrontation à un argument adverse, Freud retire le fondement de son raisonnement. En quoi consiste-t-il ?

5)    « C’est, en effet… ». Quel est l’effet rhétorique de ce connecteur : « en effet » ?

6)    « On sait que… ». De quel registre d’affirmation est-il ici question ? Est-ce une argumentation ?

7)    Mais : l’auteur développe la même procédure que dans le premier paragraphe. Laquelle ?

8)    « Il y a… il y a. Enfin » : quelle est la figure rhétorique utilisée ici ?

9)    Forte de ces pouvoirs : comment qualifiez-vous le ton de cette dernière phrase ? « Grandiose, cruelle, inexorable » : Freud utilise à la suite ces trois adjectifs. Quel est l’effet produit par cette succession ?


10) Composez un schéma qui pourrait selon vous résumer le sens du texte à partir de ces quatre notions :


     Pulsions                                                                  Culture (Education, dressage)

Répression des pulsions                                           Nature (Puissance aveugle)







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire