dimanche 17 novembre 2019

Méthode du Sujet 3 - Baccalauréat Philosophie

1) L’intitulé
    « Vous expliquerez le texte suivant (suite le texte, le nom de l’auteur, l’oeuvre d’où le passage est extrait et l’année de sa publication) la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise, il faut et il suffit que l’explication rende compte par la compréhension précise du texte du problème dont il est question. »
   
Quelques remarques sur « la connaissance non requise de l’auteur »: nous avons affaire à un travail totalement autre que celui qui consiste à traiter un sujet (Le 1 et le 2). Il est finalement question de penser à partir d’un support qui vous est proposé et qui constitue déjà en soi le produit d’une réflexion: le texte. Pour autant, il n’est pas du tout question de réciter des connaissances que vous auriez apprises sur cet auteur. La philosophie en terminale n’est pas tant une transmission pure de connaissances des auteurs qu’un traitement de notions qui s’appuie sur des auteurs. La seule qui se pose à vous dans notre lecture du 3e sujet doit donc consister à se demander si vous pensez comprendre suffisamment le texte pour pouvoir l’expliquer, que vous connaissiez ou pas l’auteur. Le passage à expliquer se suffit complètement à lui-même, et, par exemple, il serait totalement inutile de mobiliser notre mémoire comme, par contre cela est absolument requis à la lecture d’un sujet d’histoire vous interrogeant sur telle ou telle période (parce que là, en effet, il y a des connaissances dont l’acquisition est cruciale). En Philosophie, il est au contraire tout-à-fait envisageable de choisir le 3e sujet, même si c’est la première fois que vous entendez parler de l’auteur.
        Pour autant, les éventuelles connaissances dont vous disposeriez sur l’auteur ne seront pas du tout inutiles à condition que vous n’en fassiez pas gratuitement l’étalage. Il est évident que, par exemple, choisir un texte de Kant sur le devoir et se souvenir de tout ce que vous appris sur la morale de Kant au cours de l’année vous aidera à ne pas faire de contresens et sûrement à comprendre plus vite ce que Kant veut dire. Ce n’est pas parce que la connaissance de l’auteur n’est pas requise qu’elle est inutile si vous la possédez. D’autre part, si dés la lecture du texte, des références opposées à celle de l’auteur sur le même sujet vous viennent en tête, elles se révèleront évidemment très précieuses au moment de rédiger l’explication.
       
Certains candidats ont le tort de choisir ce sujet parce qu’il les rassure par rapport à la dissertation. Autant il leur semble impossible de faire plus d’une feuille double sur 5 ou 6 mots jetés dans une question courte, autant la longueur du passage leur apparaît comme l’occasion rêvée de faire plus de « blabla » sur « plus de mots ». C’est vraiment une erreur préjudiciable car si le texte vous est proposé c’est que sa densité philosophique est conséquente et qu’il y a autant si ce n’est plus à dire sur chaque phrase du texte que sur le sujet de la dissertation. L’erreur vient de la confusion dommageable entre comprendre et résumer. On ne vous demande pas de formuler en substance ce que l’auteur dit, pour juger de la justesse de votre compréhension, mais bien plutôt de votre aptitude à « l’expliquer », c’est-à-dire à rendre compte de la façon dont l’auteur mobilise plusieurs concepts pour argumenter une thèse. Cela suppose d’emblée qu’il faut prendre vos distances avec toute tentation de globaliser le texte en pensant qu’« en gros, l’auteur veut dire ça ». Il est absolument crucial que vous vous convainquiez de l’importance et de la difficulté de l’exercice. Si ce texte vous est proposé, c’est qu’il défend une idée qui n’est pas du tout évidente, facile et qu’elle justifie quatre heures de travail sans interruption. On ne vous demande pas de comprendre ou de commenter, encore moins de dire ce que vous pensez du texte, mais de l’expliquer, d’appliquer votre pensée à la pensée d’un autre avec suffisamment d’intensité et de concentration que non seulement vous pouvez suivre, analyser et prolonger son cheminement, mais aussi que vous pourrez penser à l’intérieur de Sa pensée, comme un vêtement que votre réflexion va revêtir le temps de l’exercice, quitte éventuellement à en critiquer « la coupe » (que vous soyez d’accord ou pas avec le texte n’est vraiment d’aucune importance).
       
C’est un exercice très exigeant qui implique d’emblée une attention aux détails, aux articulations, aux « virages » pris par un texte. S’il s’agissait de comprendre qu’un auteur veut dire « ça », cela ne s’appellerait pas une explication et n’aurait aucun rapport avec la philosophie. Le penseur ici nous embarque dans le trajet d’une réflexion au sein de laquelle chaque mot, chaque figure, chaque élément de ponctuation a son importance. C’est de l’effort d’écriture d’une pensée qui se construit en acte au fil de ses mots dont il nous faut rendre compte en le suivant pas à pas, précisément. Il nous faut donc rentrer dans le processus de conception philosophique d’une pensée qui vient en même temps a) à l’esprit de celui qui écrit, b) à la feuille sur laquelle se trace cette pensée au fur et à mesure qu’elle se constitue, c) à l’esprit de celui qui la lit avec attention, en l’occurrence « nous ». Tout texte de philosophie est « de la pensée en acte », et c’est dans l’esprit de cette actualité qu’il faut situer notre effort. Comment suis-je pris, embarqué dans le fil de la pensée d’un autre? Comment s’y prend-t-il pour m’entraîner avec lui dans la formation d’une thèse, sachant que je serai peut-être d’autant plus à même de la critiquer que j’en aurai suivi  attentivement l’évolution ?
        « Il faut et il suffit que l’explication rende compte par la compréhension précise du texte du problème dont il est question. » Ici aussi il convient de se méfier de la formulation « il suffit » dont on pourrait à tort penser qu’il nous est seulement demandé à quel problème le texte essaie de répondre. C’est ceci qu’il faut comprendre par cet énoncé: l’explication précise et détaillée du texte doit toujours se situer à partir de la réalisation du problème traité dans le texte, sachant que ce problème ne sera pas nécessairement explicitement formulé dans le texte lui-même. Il le sera évidemment implicitement et c’est justement dans le passage de ce problème implicite traité dans le texte à l’explicite de votre explication que se situe exactement l’exercice.
        Il est vraiment FONDAMENTAL que vous abordiez ce texte comme un MOUVEMENT en ce sens qu’il nous amène quelque part, qu’il s’efforce de nous convaincre par un cheminement de la nécessité absolue de poser que….Ce texte est une thèse (du latin thésis: position): il affirme quelque chose. Mais d’où vient qu’il le fasse?  D’où vient que l’auteur se soit levé de son lit tel jour pour écrire ces phrases que nous sommes en train de lire en cet instant? Comme toute écriture philosophique, ce passage est animé d’une dynamique problématique et c’est à partir de sa réalisation que l’explication peut s’effectuer. Il ne s’agit pas de formuler ce que dit le texte mais ce que veut dire celui qui l’a écrit et cette formulation est absolument impossible sans la réalisation du problème à partir duquel il a été écrit.
       
Il faut être attentif à trois éléments dans votre explication du texte: le problème, l’argumentation, les concepts mobilisés. Lorsqu’on rédige une dissertation, on nous donne le sujet, nous trouvons le problème contenu dans le sujet et nous construisons une démarche argumentative pour traite ce problème. Ici on nous présente un texte qui a été écrit pour traiter un problème. Nous devons formuler ce problème et expliquer la démarche argumentative d’un autre. On pourrait donc en déduire que ce type de devoir est plus passif que celui de la dissertation, mais ce n’est pas vraiment le cas parce que même si ce n’est pas nous qui avons conçu la démarche, celle-ci est suffisamment cohérente, universelle, et philosophiquement puissante pour que nous puissions saisir le fil de son cheminement et le suivre, que nous soyons d’accord ou pas. Il ne s’agit pas du tout pour nous de retrouver ce que nous pensons dans ce qui est pensé dans le texte , mais de penser dans le texte, de saisir les rouages qui permettent à l’auteur d’affirmer telle ou telle thèse. Or un tel exercice ne peut se concevoir sans engagement.
        Une copie, pour l’explication de texte se compose de quatre moments:
L’introduction
L’explication détaillée
La discussion
La conclusion
        Nous allons exposer dans le détail la méthodologie de chacune de ses étapes.
2) L’introduction
        Pour rédiger une introduction, il faut déterminer successivement:
a- le thème du texte
b- La thèse du texte
c - L’enjeu du texte
d - Le plan du texte
              a - Le thème
            Il ne convient surtout pas de commencer par « ce texte concerne… ou nous parle de… ou évoque… » Il vous faut d’abord amener le thème c’est-à-dire le fond d’interrogation à partir duquel on comprend que l’auteur ait décidé d’écrire ce passage. C’est bien le problème dont il était question avant. Le texte est une réponse mais quelle était la question? Une fois que l’on a déterminé cette question, il convient de l’amener en tant que problème qui se pose à l’homme et pas du tout comme élève auquel on donne ce texte. 
                b- La thèse
           
Nous avons amené le problème, il ne nous reste plus qu’à formuler le plus précisément possible la réponse de l’auteur dans le passage. Cette phase est décisive car notre capacité à saisir la raison d’être du texte se joue à ce moment. Il peut être utile et éclairant de marquer cette étape en commençant par un « Ici » qui signifie clairement au correcteur que nous exprimons maintenant la thèse de ce texte. Nous sommes ici alors qu’avant nous parlions d’un problème en général mais il se trouve que l’auteur va apporter une réponse concrète à ce problème là. Ici….Trois conditions sont à respecter absolument pour que la thèse soit pertinente: 1) qu’elle réponde au problème énoncé dans le thème 2) qu’elle soit précise et bien développée (qu’elle soit formulée par deux ou trois phrases qui n’hésitent pas à pointer ce qui fait la particularité de la thèse défendue 3) qu’elle rende compte de la totalité du texte et pas seulement de l’une de ses parties.
        c - L’enjeu
            L’enjeu du texte désigne l’intérêt philosophique de la thèse qu’il défend. Ce n’est pas nécessairement facile à déterminer. L’un des moyens les plus simples pour le formuler consiste à reprendre le problème qui a été formulé dans le Thème et à envisager d’autres réponses possibles à la question que celle qui constitue la Thèse. On mesure ainsi plus facilement ce qui implique que l’on réponde comme l’auteur ou autrement et c’est exactement dans cette implication que consiste l’enjeu. Nous réalisons l’enjeu quand nous évaluons la différence entre ce qui s’impose de la thèse de l’auteur et ce qui s’imposerait d’une ou plusieurs thèses opposées. L’enjeu désigne donc ce qui se joue philosophiquement de la prise de position de l’auteur par rapport à d’autres conséquences qui résulteraient de thèses opposées ou distinctes.
        d - le plan
           
Il n’est pas question ici de préciser ce que fait l’auteur formellement mais de vous situer déjà sur le fond du texte. N’utilisez pas le style indirect (pas de « l’auteur dit que… il avance que… etc. »). Vous êtes déjà dans le texte. Faites comme si vous étiez l’auteur et évoquez le cheminement de la thèse essentielle. L’idée suit son cours tranquillement au fil de la succession des phrases. C’est ce cheminement dont vous devez rendre compte sans trop rentrer dans le détail mais en marquant correctement les tournants décisif de l’argumentation.
3) L’explication détaillée du texte
    a) Que signifie « expliquer »?
        « Expliquer » se distingue d’interpréter, de commenter, de comprendre.
Interpréter un texte veut dire que sa formulation est suffisamment floue, ou prophétique ou poétique ou religieuse pour que nous lui prêtions « un » sens, sachant qu’il en existe d’autres. Interpréter, en un sens, c’est choisir parmi la plurivocité de sens possibles celui qui correspond le mieux à notre vision, à notre sensibilité. Une interprétation fait doit à la subjectivité de l’interprète qui jouit d’une certaine marge de liberté pour percevoir le texte à sa manière. Ce n’est pas ce qui est demandé ici parce que le texte affirme une thèse et une seule. Il a « UN » sens univoque. Il n’y a pas d’ambiguïté, même s’il peut y avoir de la difficulté. La philosophie n’est pas de la littérature. L’auteur veut nous dire quelque chose et il nous faut le déduire de la lecture précise, attentive et exigeante du passage en question. L’explication est un exercice d’attention, pas d’inventivité ou de création.
Commenter c’est émettre des jugements, des idées, des remarques qui nous sont propres à l’occasion du texte. Cela signifie que l’on prend seulement appui sur lui pour dire ce que l’on en pense. On fait des rapports, des liens. On rebondit sur le texte pour émettre des hypothèses de recoupement. Cela me fait penser à….Mais ce n’est pas non plus ce qui est attendu ici, car il n’est pas question d’évoquer ce à quoi le texte nous fait penser mais ce que le texte signifie. Il ne s’agit pas de dire ce qui nous passe par la tête à l’occasion de la lecture de ce texte, mais de se c concentrer précisément sur le texte.
Est-il possible d’expliquer un texte que l’on ne comprend pas? Oui, à condition de rajouter: « que l’on ne comprend pas tout de suite ». Il est davantage question ici de l’état d’esprit dans lequel on aborde le passage. Notre but ne doit pas être de comprendre le texte, c’est-à-dire étymologiquement de le « prendre avec », de le saisir comme une chose limitée, comme un ensemble que l’on se serait approprié, fait sien une fois pour toutes. Comprendre signifie que l’on aurait « assimilé » le texte comme un aliment que l’on aurait ingéré. Assimiler: cela signifie que  « l’on ramène à du même ». Or le texte doit, au contraire se présupposer constamment comme autre, subtil, dense, inassimilable à une compréhension rapide et synthétique. Expliquer induit une démarche, un cheminement. Il faut « démêler les plis » (ex-plicare en latin). Si l’on est trop pressé de comprendre, on passera sûrement à côté du sens authentique du texte. L’auteur n’écrit pas pour nous dire qu’il fait beau ou pour nous donner l’heure. Son oeuvre et en particulier ce passage de son oeuvre s’adresse à notre capacité de réflexion, ce qui suppose un temps, une maturation, et surtout une attention précise aux détails de son écriture. Le texte n’est pas un message à comprendre mais une machine à démonter, un processus à analyser. Ce point est vraiment crucial parce que dans la vie courante, nous essayons toujours d’aller à l’essentiel, de résumer, de saisir le plus vite possible où veut en venir notre interlocuteur. De ce fait on laisse de côté les détails pour se concentrer sur « le contenu » du message, mais ici la thèse est indissociable des formulations utilisées, le fond est inextricablement à la forme, et l’effort d’attention qui nous est demandé est vraiment conséquent. Il existe des textes moins difficiles que d’autres mais aucun n’est « évident », aucun n’exprime une idée « qui va de soi ».
    b) Principes fondamentaux d’une explication
                 b1 - Eviter la paraphrase
           
La paraphrase consiste à ne prendre aucun risque d’explication. On se contente de plaquer des synonymes et on reste collé au texte en multipliant les lourdeurs de style: « Ici l’auteur dit que…il avance ensuite que… ce qui lui permet de poser que… » Cela peut descendre très bas pour la note rendue car aucune explication n’est tentée. On ne vous demande de répéter exactement ce que dit l’auteur, mais de « l’éclairer par le dessous » (ce que dit très bien le terme anglais « understand »), de dégager du sens et de montrer comment l’idée essentielle va cheminer au fil de l’évolution linéaire du passage. Le texte est un mouvement qui va aboutir à l’affirmation d’une thèse qui n’est pas simple. Il vous faut donc « tenter » quelque chose en ne se contentant pas de la surface des phrases qui se succèdent mais de l’intention qui implicitement s’y insinue et en anime le mouvement
                b2 - Eviter le hors sujet et le contre-sens
            Il se peut que l’on se soucie tellement d’éviter la paraphrase du texte que l’on tombe dans l’autre défaut qui consiste à s’éloigner de lui, à perdre le fil, à ne plus se maintenir dans son sillage ou plus exactement dans cet éclairage constant par le dessous qui doit constituer  le fil même de notre explication. Il est fondamental de demeurer constamment dans cette position, de manifester clairement au correcteur que nous ne cessons pas d’être dans cette intention d’explication, de révélation des rouages de ce processus d’argumentation dans lequel il consiste. Mais comment faire pour éviter cet éloignement?
Montrer les étapes de l’argumentation du texte en restant dans le texte. C’est comme si ce passage se construisait de lui-même, en lui-même. Le texte consiste dans une unité de sens qui se déploie et c’est ce déploiement que nous devons mettre en lumière en restant dans le texte.
Quand nous analysons les notions présentes dans le texte, nous pouvons éventuellement évoquer d’autres sens possibles mais seulement pour revenir et insister EXCLUSIVEMENT sur celui qui est utilisé ICI. Si vous exposez gratuitement vos connaissances sans les mettre en perspective par rapport au texte, vous serez sanctionné.
C’est exactement le même souci quasi obsessionnel de traiter le texte et seulement le texte qui doit guider nos exemples et nos références. En d’autres termes, le texte joue le même rôle que le sujet dans la dissertation: il faut sans cesse s’interroger et se demander à chaque paragraphe ce qu’il apporte de nouveau dans l’explication du passage.
        c) Organisation de l’explication
           

Comment organiser les parties de notre explication? En suivant les étapes de l’argumentation du texte. C’est toujours un plan linéaire et non thématique qu’il faut adopter. Linéaire ne signifie surtout pas: « ligne à ligne ». Cela veut dire que nous suivons l’ordre du texte, lequel se compose forcément de plusieurs étapes que nous développons en reprenant le même schéma d’organisation et de succession que celui du texte. Cela va un peu de soi: si l’auteur commence par un exemple puis se détache de lui pour montrer que ce que l’on peut conclure de cet exemple particulier vaut également à une échelle universelle, il nous faut comme lui, partir de l’exemple, du particulier pour parvenir au général, à l’universel.
            Le plan du texte ne peut pas être mauvais, le notre non plus par conséquent (mais cela suppose que nous avons bien compris la démarche de l’auteur). Il convient d’insister sur tout ce que chaque partie apporte de nouveau par rapport au mouvement de démonstration. Chaque partie infléchit le sens de la dynamique de justification du texte. Il faut bien montrer cette inflexion, ce nouveau tournant apporté par cette partie.

        d) Contenu de chaque partie
            Il est donc posé qu’il y a autant de parties dans notre explication que nous discernons de phases dans le texte de l’auteur. Comment allons-nous organiser chacune de nos parties?
1- Que veut dire l’auteur? (et surtout souvenez-vous qu’il ne faut utiliser le style indirect: pas de l’auteur dit que…. Il pense que….. (faites comme si vous étiez l’auteur - Cela ne vous empêchera de prendre vos distances de la façon suivante: « on » peut néanmoins se poser la question…etc.)
2 - Pourquoi c’est vrai? Nous ne sommes pas forcément d’accord avec lui mais il nous faut partir du principe qu’il existe un principe de raison à partir duquel il se situe pour affirmer cela et IL Y EN A FORCEMENT UN. A nous de le trouver, de le suivre et surtout de l’expliquer.
3 - Quel est l’enjeu? Pourquoi est-il si important de démonter telle proposition à cet instant du texte? Le passage à expliquer est un tapis roulant qui « insensiblement, presque inconsciemment nous amène d’un point à un autre. Le texte de Sartre que nous expliquons est un modèle en ce sens. Il s’agit tout de même de nous faire admettre que nous serons d’autant plus libres que nous serons tuberculeux, veufs, écrasés par la fatalité. Tout ce que dit Jean-Paul Sartre est à la fois cohérent et complètement paradoxal. Comment s’y prend-t-il pour nous amener à cette conclusion: « totalement déterminés et totalement libres »? C’est cet « insensiblement », cet « inconsciemment » qu’il nous faut clairement percer à jour et placer sous la lumière.
      

  Pour être efficace dans le suivi de cette progression et l’explication de chaque partie, il importe d’utiliser le plus possible notre registre de vocabulaire, notre façon d’expliquer, bref notre style d’écriture et de compréhension. Quand nous discernons le fil de l’argumentation, le « biais » choisi par l’auteur pour « en venir là », nous nous disons toujours: »moi je l’aurais exprimé autrement ». C’est cet « autrement » qu’il vous faut donc exprimer à cet instant en faisant très attention de ne pas vous écarter du texte. Ici, il n’est pas absurde de se comparer à un enseignant: comment dire exactement ce que l’auteur veut prouver mais plus clairement que lui, en utilisant des exemples qui vous semblent plus faciles ou plus efficaces. Il convient donc de ne pas se démarquer d’un pouce de la ligne directrice d’argumentation empruntée par l’auteur mais de l’exprimer avec d’autres mots, d’autres exemples, d’autres références qui nous sont plus proches, dans lesquelles nous sommes plus à l’aise. Il est possible de temps à autre de citer le texte mais surtout pas de façon systématique.
4) Discussion du texte
            a) Intention de la partie « discussion »
        Ce n’est pas parce que l’auteur a écrit ce texte dans lequel il a défendu UNE thèse qu’il a pour autant tranché définitivement la question qu’il a abordée. Il est possible (ce n’est pas une obligation méthodologique, mais il va de soi que cela vous apporte un plus) de rédiger après votre explication une partie qui va « discuter » la thèse défendue par l’auteur, c’est-à-dire marquer une distance à son égard pour interroger son propos (l’idée essentielle) en le prolongeant, en l’appuyant ou en le contrariant. Si nous choisissons de nous lancer dans cette tâche, il faut savoir qu’elle implique que nous lui consacrions du temps et de la place dans notre copie (Il est inutile de commencer ce travail de discussion une demi-heure avant la fin du temps imparti (4h).
            b) Ce qu’il faut éviter
             

   - Il ne faut pas se défouler et critiquer systématiquement le texte. Tout ce qui définit et constitue une explication, c’est notre humilité et notre capacité à nous placer dans le mouvement de la pensée d’un autre. On peut être en désaccord avec le texte mais ce que nous venons de faire, c’est suivre le fil d’UNE cohérence qui nous conduit à une certaine conclusion. Si nous pensons que cette conclusion est fausse, nous nous trompons car elle est forcément cohérente à partir des présupposés, des options choisies par l’auteur. Nous pouvons néanmoins manifester qu’une « autre cohérence » est possible, notamment si nous adhérons à d’autres présupposés que ceux dont l’auteur des prévaut. Cela peut se développer dans cette discussion
                - Pour les mêmes raisons, il n’est pas question de juger l’auteur. Il n’est pas l’accusé, vous n’êtes pas le juge et encore moins l’inquisiteur.
                - Nous n’avons pas à dire « ce que nous pensons » du texte. Nous avons à penser le texte. C’est tout.
          

  c) Ce qu’il faut faire
                - Nuancer et éventuellement s’opposer aux thèses de l’auteur en s’appuyant sur d’autres auteurs et surtout en remontant aux présupposés de l’idée essentielle exposée dans le texte. Ainsi par exemple, le texte de Sartre s’appuie sur le fait que selon lui « L’existence précède l’essence » et c’est là une thèse métaphysique forte mais aussi indémontrable. Pour un autre philosophe comme Spinoza, on pourrait dire que l’essence est l’existence ne font qu’un, un seul et même être qui est Dieu ou la substance et dont nous ne sommes que des modes. Ça change tout. Il importe ici de vraiment prendre soin de remonter assez loin pour prouver que ce n’est pas une affaire de vrai ou de faux mais de présupposés différents, qui en l’occurrence, ont trait à Dieu, c’est-à-dire à des principes métaphysiques sui sont indémontrables.
            - Il est également possible de prolonger la pensée de l’auteur, c’est-à-dire de la situer dans une autre perspective que celle qu’il a suivie, par exemple, sur le texte de Sartre de s’interroger sur l’interprétation sociale ou politique d’une thèse que lui situe à un niveau métaphysique. On peut également situer le texte dans notre présent à nous, en se gardant bien de toute dérive journalistique qui nous conduirait à donner notre avis sur l’actualité. Il se peut qu’entre la période à laquelle l’auteur a écrit son texte et la notre certains évènements se soient produits suffisamment déterminants pour changer le sens (on peut par exemple penser aux génocides du 20e siècle et aux défenseurs de l’idée selon laquelle l’histoire a un sens (certains évènements peuvent-ils vraiment nous laisser croire qu’un sens se réalise à travers eux?)
5) Conclusion
          
  Elle se compose de deux étapes:
La récapitulation des moments décisifs du cheminement de pensée et d’argumentation suivi par l’auteur dans le texte
La formulation de l’intérêt philosophique du texte, éventuellement enrichi des conclusions de la partie discussion. L’intérêt philosophique peut se comprendre soit comme la position qu’il assume par rapport à d’autres auteurs, ou dans l’histoire de la pensée, soit comme un apport plus large que l’on peut situer par rapport à l’humanité, à la société, aux institutions, ou à l’individu. Quelle est la résonance du texte, la puissance de son impact et où se situe cet impact. C’est cela l’intérêt philosophique: ce qu’il peut nous apporter soit individuellement soit universellement.

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