vendredi 27 décembre 2019

Concours d'éloquence - HLP

Exercice: dialoguer avec un objet

Bonjour à toutes et à tous,
    
                Je me tiens devant vous aujourd’hui, non pas seulement pour ce concours d’éloquence, je me tiens aujourd’hui devant vous, mon très cher public, afin que mon objet symbolique puisse s’exprimer en toute impunité et il en va de même de la liberté de toutes les femmes de France qu’il leur soit permis de le faire.

Cher voile,
       

                    Voile que j’aperçois quotidiennement, voile que le monde aperçoit quotidiennement, sais-tu que tu provoques d’innombrables débats au sein des plateaux télévisés, des institutions politiques, des bars et même des maisons? Sais-tu que ta présence (bien que tu sois un détail futile) dérange? Sais-tu que tu effraies une partie de la population? Sais-tu que durant de nombreuses semaines tu as occupé plus des trois quarts  du débat public, tu es devenue une vraie star! Tu es devenu le centre d’attention d’une nation entière, que telle ou telle population t’aimes ou te haïsse. Malheureusement ce n’est pas que pour dire du bien de toi….Mais ne t’en fais pas, je m’apprête à le faire.
        Tout a commencé le 11 octobre 2019, lorsqu’un élu du RN a demandé à la présidente  de Région de faire partir une maman portant le Hijab qui accompagnait un groupe d’enfants venu assister aux débats de l’assemblée lors d »une séance du conseil régional. Oui, Oui, tu as bien entendu: Monsieur Julien Odoul souhaitait que l’accompagnatrice retire son voile ou quitte la salle. A ce moment tu te demandes ce que dit la loi, non? Et bien sache que sa demande n’était même pas légitime (mais ça ce n’était pas un secret puisque son visage n’était pas dissimulé et que Fatima se trouvait dans un lieu public où, selon la loi du 15 mars 2004, il est autorisé de porter « le voile traditionnel »).
       
             Puis , le 13 octobre, Jean-Michel Blanquer affirme en plein débat politique que le port du voile par les mères accompagnant leurs enfants en sortie scolaire, que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société » sur le plateau de BFMTV.
        Il tient les mêmes propos trois jours plus tard au micro de France Inter cette fois-ci en disant: « est-ce qu’on doit se réjouir du développement du voile dans la société et chez les mères accompagnatrices? Non je ne peux pas ‘en réjouir! Sinon il faudrait que j’abandonne l’objectif d’égalité Homme/Femme auquel je tiens.
        Ensuite, jean-Louis Masson, sénateur, compare les femmes voilées à des sorcières d’Halloween, pense qu’elles polluent les enfants et en conclue donc qu’elles devraient « retourner d’où elles viennent »
        Enfin Nadine Morano dit « je suis favorable à l’interdiction du voile dans l’espace public » et que « le ministre de l’Education Nationale ne va pas assez loin » puisque il ne veut pas de loi nouvelle et cette dernière voit de la dangerosité en toi, cher voile, autrement dit elle voit de la dangerosité dans une femme voilée qui accompagne des élèves dans une sortie scolaire?
        Et donc, très cher voile, te reconnais-tu dans le discours qu’on donne de toi? Penses-tu que les femmes te portant, puisque il ne faut surtout pas oublier qu’elles sont avant tout des femmes, se reconnaissent dans le discours donné? Penses-tu qu’elles trouvent ça juste?
       
         Premièrement, la France pays situé à la 133e place sur la question de l’égalité des salaires H/F à poste égal, se permet donc de dicter aux femmes voilées ce que cette égalité devrait représenter pour elles, d’autant plus que c’est principalement les hommes qui le font! Et ce n’est pas parce que les hommes ne portent pas le Hijab qu’il y a un rapport de valeur: différence ne signifie pas inégalité. Les homes Sikhs couvrent leur tête avec un turban et pas les femmes, est-ce pour autant qu’ils sont inférieurs aux femmes?
        Toi tu le sais très bien, mon très cher, mais il est nécessaire de le rappeler: ces femmes te revêtent parce que tu es le fruit d’un cheminement spirituel. C’’st par respect pour Dieu qu’elles te portent et surtout par respect pour une démarche religieuse, mais tu n’es pas un signe de soumission, puisque c’est un acte et un choix personnel.
        Ensuite les amalgames entre l’islam et le mythe des grands frères dans les quartiers qui décideraient à la place de ces personnes de ce qu’elles doivent faire sont à éviter tant cette soi-disant vérité est rare.
        Des chercheurs sur la question en France affirment que l’on a fait une généralisation de certains cas de femmes forcées à le porter, et que l’on a présenté comme des exceptions celles qui l’ont choisi, alors qu’en réalité, c’est l’inverse.
        La liberté de se vêtir  comme on le souhaite et non pas comme les hommes (certainement déçus de ne pas pouvoir assouvir leur désir en observant les formes des corps de ces femmes, puisque elles sont cachées, ou ne comprenant pas que certaines femmes ne souhaitent pas s’habiller d’une autre manière (respectable également) ) est une liberté qui ne devrait jamais être menacée.
        Ensuite sais-tu que certaines personnes te reprochent d’imposer ta religion? Oui, oui, tu as bien entendu: ton foulard serait magique et dés qu’on le porterait on serait transformé en musulman pratiquant!
        Puis THE argument, sais-tu qu’ils pensent que, puisque eux s’adaptent lorsqu’ils sont en voyage dans un pays musulman, nous devrions nous adapter en France?  Pour commencer, comme ils le disent ce sont des pays musulmans, la France, elle, est un pays laïc, puis ils critiquent ces pays mais souhaitent faire exactement la même chose: imposer aux femmes une certaine manière de s’habiller.
       
          Par ailleurs, ces femmes ne retourneront pas dans leur pays, puisque leur pays c’est la France. Elles sont nées en France pour la plupart, ont grandi et ont étudié grâce à l’Ecole de la République et méritent tout autant leur place dans notre société.
        Je vais terminer par le fait que « CE N’EST PAS ECRIT DANS LE CORAN », et en fait je pense que ces femmes veulent bien parler d’interprétation avec des personnes ayant au moins  des bases sur cette religion.
        Il faut avoir l’humilité de reconnaître que ces femmes ont beaucoup plus de connaissance qu’eux dans ce domaine, et accepter que des arguments de quelqu’un qui loin de présenter les années d’études et la maîtrise de l’arable coranique nécessaire (à savoir que les musulmans s’appuient sur deux sources principales: le Coran et la Sunna)
        Penses-tu pouvoir vivre un jour en paix? Penses-tu que nos politiques vont comprendre qu’il existe des causes bien plus importantes à défendre que celle d’une telle futilité?
                           
                                                                                                                    Tamara


Exercice:  Écrire et jouer une fable

                                            Maitre Moineau et les Besaces

(Elisa)
Moi Maitre Moineau allant préparer mon procès                                                               Cherchant mes dossiers pour que tout soit parfait
Quel bazar, foutoir, dépotoir,
Pas une place dans cette besace
Ah qu’est-ce que ça m’agace !
C’est à ne plus rien y voir

(Lucie)
Mais pour qui vous vous prenez pour traiter
Ainsi une besace de ma renommée ?
Car au cas où vous l’auriez oublié,
Je suis une besace de lignée ;
En moi ni plastique ni coton ni même caoutchouc
Je suis royale et ce plus que vous !
Déjà du temps de mes grands parents
Nous avions la noble tâche de garder l’argent
Donc pour qui te prends tu,
Petit huluberlu ?
Moi qui suis biodégradable,
Moi qui ne traite donc point d’enfants de manière exécrable,
Contrairement à toi, humain,
Qui traite tes prochains tels des moins que rien
Nous les besaces, voulons vider notre sac !

(Lison)
Exactement, marre de cette arnaque !
Car je ne vous parle pas de cette odeur de tabac froid
Que j’ai fort grand malheur à garder en moi !
Son ami le briquet, toujours à ses cotés
M’a d’ailleurs calmement avoué
De son air le plus pyromane
Qu’il était grand fan de la bombe FatMan
Qui avait emporté toute la ville de Nagasaki
Ainsi que des milliers de vie
C’est également après cela qu’il m’avoue
Provoquant alors chez moi un violent effroi
Qu’il était le meilleur ami de celui
Qui avait provoqué ce feu en Amazonie
Et avait emmené avec lui le poumon de la planète
Ainsi que des milliards de petites bêtes
Outre la dangerosité de ma situation
Ne pensez-vous pas qu’un peu plus d’implication
Dans la protection de notre nation
Qu’un peu plus d’intelligence
Dans ce projet de coexistence
Et qu’un peu plus de respect 


Envers ce qui n’est pas votre jouet
Eviterait quelques désagréments
Notamment sur l’environnement

(Elisa)
Et toi as-tu quelque chose à dire
Ou comptes-tu t’abstenir ?

(Nina)
Tous ses tampons ses serviettes dans mon bide 
Acide putride morbide.
 Lentement contaminé aux pesticides. 
C’est sûr que je ne prendrai pas une ride. 
Tout ce maquillage qui me tache à longueur de journée 
On me fouille on m’inspecte on s’éprend de moi.  
Et toi qui me laisse la, vide et souillée. 
Sans que moi je ne sois rien qu’un objet pour toi. 
Sans que toi tu ne passes pas une journée sans t’introduire en moi
 C’est sûr que je ne pourrai rien contre toi
 

(Elisa)
N’avez-vous point fini, vous, besaces !
N’avez-vous point fini avec toutes vos menaces !
Objet, tu ne laisses pas de traces !
Objet, tu es trop loquace !
Objet, je n’ai que faire de tes menaces !
Objet tais-toi !

(Nina)
Mais de quel droit ?
 Nous besaces, nous l’ouvrons pour une raison 
Pour que nos paroles ne soient pas vaines 
Qu’elles suscitent des pensées plus saines 
Nous luttons pour être une aspiration

(Lison)
Arrêtons l’humano-centrisme !
C’est une forme de terrorisme !
Traitez-vous en égaux
Et ce sera la fin de vos maux

VOUS ! Vous ne créez que des inégalités ! (Lucie)
VOUS ! Vous ne faites que hiérarchiser ! (Lison)
VOUS ! Vous ne vivez que pour dénigrer ! (Nina)

(Elisa)
Arrêtez ! Ne vous posez qu’une seule question :
N’est ce pas tordu que des besaces vous fasse la leçon ?

                                                                                             Lison, Lucie, Elisa et Nina


Exercice:    Faut-il tenter le diable?



Pour commencer j'aimerai vous faire un aveu :
J'aime le sinistre, le macabre et le fantastique
J'aime de ghost et gorgoroth la douce musique
J'aime de Cthulhu l'ancien le mythe énigmatique
J'aime de la mort rouge le son du glas fatidique
        Et enfin j'aime les jeux de rôles horrifique dont le point critique implique un rituel nécromantique pour invoquer une antique créature cadavérique et rachitique tandis que les hérétiques pris de panique fuient ce décor apocalyptique ou encore le sanglant soubresaut du corps sans vie lors d'une célébration satanique dans laquelle les serviteurs du seigneur sombre psalmodiant de sordides incantations tandis que le sorcier de sa lame assassine saigne l'innocent dans un sinistre sourire.
        Oui, je sais! On m'a dit de consulter. Il parait que j'ai des tics de langage et une compulsion morbide à faire des alexandrins.
Mais imaginez. Imaginez un monde où les parties de donjons et dragons se concluraient par l'arrivée sur Terre de Tchoupi convoqué par une secte de bisounours dans un pentacle dessiné en pâte de  guimauve ? Un monde où les fleurs du mal deviendraient les coquelicots de la béatitude ?
        Un monde où Cthulhu distribuerait des free huggs dans sa cité de R'lyeh ? Ou bien encore un monde où Cannibal Corpse serait remplacé par amical love pour le plus grand bonheur de mes parents ?
Non, le diable nous est indispensable mais alors vient la question :
Faut-il résister à la tentation du tentateur tant détesté ou tout au contraire tituber et tomber tétanisé sous l'attrait satanique de sa tyrannique et traitresse tutelle ?
        En son sens premier, tenter le diable c'est multiplier les risques, faire du vélo sans son casque, passer ses vacances à Tchernobyl, aller à un concert de Jul sans protection auditive. En bref, on frôle le danger, la mort et la folie. On va à l'encontre de notre instinct de préservation mais d'un individu à l'autre le risque pris diverge. Par exemple, pour moi passer à moins de 500 mètres de la boutique d'un coiffeur c'est tenter le diable et il est évident que ce ne sera pas de même pour Bruce Willis ou Zinédine Zidane. On pourrait donc conclure que, étant donné que la notion de risque n'est pas la même pour tout le monde, il n'y a pas de réponse à cette question mais certaines personnes diront quand même que prendre des risques permet de se sentir vivant et de profiter pleinement de la vie.
        Laissez moi vous dire que ce n'est pas la vraie raison. Le véritable motif c'est que le risque rapporte et souvent beaucoup. Que ça soit de la gloire, de l'argent ou de la fierté on cherche simplement à gagner quelque chose. Si on monte le mont Blanc en chaussure de ville on sera fier mais on le sera encore plus avec quelqu'un à côté. Le loto, l'investissement en bourse, les casinos et autres jeux d'argent, autant de risques pris par avarice. Pourtant il existe des gens qui prennent des risques seul, sans avoir comme objectif l'argent ou la réputation. Des gens qui se lance dans une carrière incertaine de peintre, d'acteur, qui veulent protéger les ours polaires de l'extinction, établir l'égalité homme-femme, mettre fin à la discrimination et j'en passe. Toutes ces personnes prennent des risques pour une chose très simple : un rêve. et c'est pour ça qu'il faut tenter le diable. Pour ses passions, pour ses rêves pour ses idées….. et surtout pour la thune.


        Mais il existe un sens bien plus intéressant : Dom Juan tente le diable en provoquant dieu, il teste les nerfs divins jusqu'à ce que le Créateur l'envoie au diable. On tente le diable en tirant trop sur la corde, ou sur la miséricorde de Dieu jusqu'à l'arrivée de quelque chose de surnaturel qui prouverait l'existence du divin. C'est un peu paradoxal : Dom Juan n'essaierait-il pas un autre type de croyance en faisant tout pour que Dieu se manifeste ? Il serait stupide de vouloir épuiser la patience d'un être  auquel on ne croit pas. N'aurait-il pas l'air un peu niais si on lui disait que toutes ses provocations se seraient faites dans l'absence du tout-puissant ? Et à force de tenter le diable, ne finit-il pas par tenter Dieu ?

       
Tenter le diable c'est aussi essayer le diable, prendre sa voix ou encore lui vendre son âme. Vous connaissez surement l'alchimiste diabolique de Wittenberg, le sournois savant de Satan, la victime de Méphistophélès, j'ai nommé Faust !
        Faust. On ne peut pas vraiment dire que tenter le diable lui a réussi. Au fil des versions il a soit été emmené dans les terres brûlées des enfers soit sauvé par les prières de son amantes...emprisonnée après avoir noyé leur enfant. On ne peut pas vraiment dire que son contrat lui ai rapporté beaucoup et pourtant que ferions-nous si la tentation du Malin ne venait pas éclairer nos monotones possibilités de la pires des perspectives, de la plus chaotique des hypothèses, de la joie perverse et brillante à prendre la voie la plus inattendue, la plus longue, la plus tordue ? N'oublions pas que Lucifer était l'ange de la lumière et qu'à choisir trop systématiquement le droit chemin on risque de finir comme un cheval de trait dont les oeillères ne laissent pointer de l'horizon que le seul sillon du labour quotidien.

        Nous arrivons maintenant au sens le plus intéressant de tous, le sens le plus délicieusement paradoxal : dans la genèse, le diable c'est le tentateur, celui qui séduit Eve, donc tenter le diable c'est tenter le tentateur, c’est, par exemple, proposer à un dealer une dose de substances illicites plus alléchante que celle qu'il nous propose. Le tentateur sera tenté, l'arroseur arrosé.
       
                             Richard Matheson a écrit une nouvel intitulée "Le Jeu du bouton" et qui raconte l'histoire suivante: un couple respectable, Arthur et Norma Lewis, font la connaissance de Mr Steward qui leur propose pour 50 000 $ d'appuyer sur un mystérieux bouton. Ce bouton tuera sur place une personne qu'ils ne connaissent pas. Steward est ici le diable : il tente Norma et Arthur mais il les divise et c'est exactement le sens de l'étymologie du mot "diable" qui vient de "diabolos", celui qui divise : Arthur refuse d'appuyer sur le bouton mais Norma reconsidère la question. Dans cette situation, qu'est ce que tenter le diable ? Tenter le diable se serait de proposer à Mr Steward de bloquer le bouton pour 100 000 $ mais vous n'avez peut-être pas 100 000 $. Mettons que le couple n’en dispose pas non plus. La tentation ce n'est pas le fait de choisir mais c'est ce que l'on met dans la balance, dans les deux plateaux du choix. Toute tentation est un bluff, elle ne fait que tester de vraies intentions en faisant miroiter des offres dont il importe peu qu'elles soient tenues. Et si jamais le diable hésite, ne serait-ce qu'une microseconde, alors il est aussi peu crédible qu'une pause cigarette dans un entrepôt logistique d'Amazon. Il se vend au plus offrant. C'est à désespérer de pouvoir faire le mal gratuitement. Bref, on a bluffé le bluffeur, tenté le tentateur, arnaqué l'arnaqueur, recalé Lucifer au casting des démons de la mort qui tue, ridiculisé Behemoth, décrédibilisé Belzebuth. On a vaincu le malin avec ses propres armes.

         
Mes amis, je veux vous adresser, pour finir, cet avertissement ultime: ne pas tenter le diable, c’est vous satisfaire du Père Noël, de sa grosse bedaine et de ses petits lutins exploités emballant à la chaîne des cadeaux inutiles pour des privilégiés repus. Je préfère me laisser tenter par le démon de la perversité plutôt que par cette baudruche obèse péniblement tractée par des rennes sous alimentés. Contre ce clone ivrogne et pathétique du marchand qui vient narguer, le jour de sa naissance, celui qui l’a chassé du temple, aiguise ta machette Jason!  Et bon vendredi 13!
                                                                                                                      Sébastien


Exercice: Hommage

Tu étais là, Steve,
Alors que dans la nuit du 21 juin la musique battait son plein,
4h, alors que le murmure de nos voix sur le macadam trempé résonne dans cette nuit d’été,
Nuit de fête, de pardon, d’harmonie, de fraternité
4h 30, les voix se distordent, le silence prend le pied sur l’allégresse de cette assemblée
La bête noire arrive, grondante, fumante, épaulée de sinistres charges
Les poils se hérissent, le stress nous tourne autour façon vautour, et tour à tour les langues se délient, la peur nous lie, les soldats de la paix ont perdu leurs fleurs, la douleur résonne à nos côtés.
4h30, le brouillard enlace nos chevilles, étrangle nos gorges, les coups adverses colorent d’une encre vermeil le pavé, nos pas sont acculés par les sbires bleus, et toi, Steve, je te vois perdre pied
La Loire t’aspire, tes poumons se remplissent d’une eau trouble tandis que tout ce que tu vois, c’est des flashs bleus, des étincelles, qui t’attirent vers la terre comme un phare
Tu te raccroches à ses lumières synonymes de douleurs, préférant la vie à ce fleuve qui t'enchaîne
L’eau te repousse, délicieusement mortelle, te relâchant par sa chaleur de la terrible froideur de tes assaillants.
Tu appelles à l’aide, et personne ne t’entend, mais toi tu écoutes tes camarades déchus, là, tout prêt.
Tu appelles à l’aide, mais seuls des sons de désordre et de pleurs terrorisés te répondent.
Tu appelles à l’aide, mais seuls des ordres aboyés te reviennent.
Tu n'appelles plus à l’aide, le silence te répond, et te voilà disparu.
Il a fallu que tu meures, Steve, pour rejoindre ce terrible cortège de symboles.
Malheureusement pour eux, il a fallu qu’on se souvienne des autres qui sont partis comme toi
Qu’une colonne s’anime en fredonnant ton nom, que le silence se brise par cette question dont ils ont honte :
“Où est Steve ?”
C’est alors qu’ils pâlissent, les choses qu’ils pensaient enfouies resurgissent, elles sortent et les étranglent par leur vérité dérangeante, les font suffoquer par ses effluves d'ammoniaque qu’elles dégagent.
Ton corps ne sera retrouvé qu’un mois plus tard, et tandis qu’il se décompose, nous, nos voix se rallient
Mais, contrairement à eux, Steve, nous t'honorons par nos mots durs et par notre présence blanche.
Nous t’honorons par la musique que tu aimais tant,
Nous t’honorons par notre solidarité que tu chérissais
Nous t’honorons par nos gestes sans violence que tu applaudissais
Nous t’honorons par notre silence porté par des regards courroucés.
Bien sûr, aucun lien n’a voulu être établi entre ta mort et cette charge policière.
Bien sûr, la mort d’un jeune homme de 24 ans est regrettable pour eux, mais n’est pas le résultat de leurs crimes rougissants
 Bien sûr, nos mots sont noyés dans ce flot de mots creux dictés par nos chers ministres qui volent ainsi la vérité, ta vérité.
C’est pourquoi, par ta mort,
Steve, tu seras symbole
Steve, tu seras l’incarnation de toutes nos valeurs

Steve, tu seras fondement de nos pleurs, nos colères, mais aussi de notre fraternité,
L’incarnation d’une étincelle de détermination enflammée par notre courage
Et ce feu, timide, sera protégé par des milliers de voix qui s’élèvent
Par ses hommes et ses femmes qui se drapent d’indignation et de dégoût, portant cet halo d'or avec fierté
Steve, tu ne seras pas oublié
Steve, je te le promets, nos pleurs pour toi ne seront pas vain
Parce qu’on va reformer cette colonne de bras cassés qui demande la vérité
Et enfin, je brise encore ce silence pour vous demander :
“Où est la justice ?”

                                                                                                                        Nina



Exercice:  défendre une cause perdue

(Nina monte sur une chaise)
“Mesdames et messieurs, l’éducation scolaire est morte.
(silence)
-Oh capitaine, mon capitaine, qu’est ce que tu fous là haut?
(Nina descend de la chaise)
-Et puis, sérieusement ? L’éducation en cause perdue ? t’aurais pas pu trouver mieux ? Comme, je sais pas moi, manger en 15 min  a la cantine, la philo, ou la résurrection des dinosaures par un culte sataniste?
(échange de regard, silence)
-Nan, nan,...nan. T’inquiète! Je gère!
- (élisa, chuchotant): d’t’facon on fait toujours comme tu veux
-Tu as dit quelque chose ?
-Oui, tu parlais du contexte historique nan ?
-(nina,d’un air suspicieux) Mais ok… mais oui! mais tout à fait ! (graduation du ton)
(se frottant les mains) Alors ! le contexte Historique ! (blanc)
-Ca va vous ? C’est normal elle réfléchit.
-Eh…(Nina donne un petit coup de coude) Ça te dit un peu de culture?
(Elisa s'écarte)
-Euh, oui ok...
-Tu savais que Condorcet, déjà en 1789, luttait pour une école égalitaire, gratuite, mixte et obligatoire ?
Tu savais que Hugo disait ““Celui qui ouvre une porte d'école, ferme une prison.”
-Ben je vois pas où tu veux en venir ?
-Là où je veux en venir, c’est que c’est vrai que la société a pris en compte leurs paroles. Hum.
C’est vrai l’école est devenue obligatoire, mixte et gratuite que peu de temps après, comme je sais pas moi, un siècle, quoi.
Oh, et tu savais que des méthodes pédagogiques, qui visent, bien entendu à épanouir l’enfant, travailler son autonomie, exploiter sa puissance avaient été testés? Mais si, tu sais, la pédagogie Montessori…,
-Celle qui a été subventionnée par Mussolini?,
-...méthode d'éducation basée sur la confiance en soi, l'autonomie, les expérimentations et l'apprentissage en douceur.
Ou encore Freinet, avec l'expression libre des enfants!
-La méthode qu’on n’applique pas, en gros ?
-Et Dolto, avec son travail sur l’enfant…
-Et son fils Carlos!
(Nina s'énerve):
-Nan mais c’est bon là! Carlos, quoi! je suis sur qu’il a fait de grandes choses !
-Oui de grande choses comme tirlipinpon sur le chihuahua,tout nu et tout bronzé...
Ah, mais du coup ça fait longtemps que c’est une cause perdue non?
-C’était exactement là ou je voulais en venir!
(chuchote): j’ai toujours raison!
du coup, cause perdue... de nos jours… tututut...
(illumination d'Elisa): La maternelle !
(Nina réfléchit): La.. La maternelle?
-Tu sais le début de tout, de ton éducation, épanouissement ,le début du goût du savoir, la période décisive quoi!
-Mais oui ! Le début des budgets mal gérés, par exemple la France et ses 15% en moins pour subventionner les maternelles par rapport à nos pays voisins, comme le souligne Libération!
-Parlons en de libération, les enfants sont censés libérer leur puissance et pourtant, ils sont oppressés par un pouvoir, en perpétuelle compétition et peur de l'échec ! Et ce, dès la maternelle.
- Alors oui, tout à fait. Je parlais juste du journal, mais ta pensée est juste, hein. Comme le dit Ken Robinson, le potentiel, l’envie d’apprendre d’un enfant est incroyable !
-Mais du coup, t’as due entendre parler de Céline Alvarez ?
-Nan, mais je sens que tu vas m’en parler ?
-Eh ben, notre chère Céline, elle s’est intéressée à notre méthode d’apprentissage. Elle a été conviée par la ministre de l’éducation belge puisque la France ne voulait plus d’elle, pour revoir les méthodes d’éducation. Elle a démontré que ce n’était pas une question de budget, ou de matériel, mais plutôt de méthodes et de formation des enseignants.
-Ben moi je pensais plutôt à la politique, avec tous ses politiciens qui, COMME PAR HASARD, changent les réformes à tout va, pour leur propre intérêt et pas à l’avantage des élèves.
Ben tiens, comme avec les ZEP (zone d’éducation prioritaire), des études montrent qu’elles ont un meilleur budget, et pourtant elles n’ont pas réduit les inégalités, ni eu de résultats probants !
-Et cette compétition entre élèves là, y’a plus de plaisir d’apprendre, juste des notes qui nous rangent dans des cases, et comme seul objectif de ne pas échouer
-Ça c’est bien dit ça!
-Waw.merci.
-Et en plus, c’est un objectif impersonnel !
Sérieusement, vous croyez pas qu’on s’ennuierait moins, qu’on apprendrait mieux, si notre objectif NOUS tenait à cœur, si on s'appropriait ce savoir pour NOUS et pas pour EUX.
-Et comme disait Montaigne.:
“Régurgiter la nourriture telle que l’on l’a avalée prouve qu’elle est restée crue sans avoir été transformée : l’estomac n’a pas fait son travail, s’il n’a pas changé l’état et la forme de ce qu’on lui a donné à digérer”
-Il était quand même sympa ce Michel.
(blanc)
...bon ben du coup, c’est un peu de la mélasse, l’éducation.
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(Elisa tape du poing sur la table):
-Mais battons nous pour cette éducation! Parce que c’est un combat auquel nos ancêtres ont participé! Parce que c’est un combat qui vient à peine de porter ses fruits! Parce que c’est un combat …
Parce que l’éducation, elle permet de s’appuyer sur le savoir ancien, pour construire le monde de demain! Cette même éducation, elle nous transmet le devoir de mémoire ! D’ailleurs, Churchill disait:
“Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre”,
-Et oui! sachant que notre éducation est le reflet de notre société, et vice versa! ça colle!
-En parlant de société, l’Homme est, selon Aristote, un “animal politique”, et l’éducation permet de nous socialiser, de comprendre et d’appréhender notre vie en société.
-Et surtout, t’oublies un point important ! Ben si! eh, t’es censée la défendre cette éducation, et t’as déjà plus d’arguments?
-Ben si, je te parlerais bien de l’Homme en perpétuelle évolution, et que cette éducation permet la transmission de savoir !
-C’est bien, c’est beau hein, mais moi je te parle du côté humain de la chose. Même si elle n’est pas parfaite, même si elle n’est pas égalitaire en terme de chiffres, vous savez ce qu’elle permet ? Elle permet d’avoir une éducation autre que celle sa famille, de confronter ses idées, à un nouveau système, de se remettre en question, de développer son libre arbitre et donc élargir sa pensée! Pour que nous, tous, on puisse être égaux.
-C’est beau ce que tu dis…
-Je sais, je sais. Mais tu parlais du monde de demain, c’est bien beau hein, mais on fait quoi maintenant ?
 
-Ben qu’est ce que tu veux faire ? Créer un programme?
-Non, c’est pas notre rôle et on n’est pas prof. MAIS, on peut toujours lancer des idées. On pourrait, je sais pas… Déjà, on peut reprendre tout ce qu’on a dit  sur pourquoi c’est une cause perdue, et améliorer ça ?
-Rooh, c’est trop long… Innove un peu!
-Si t’insistes… Pourquoi ne pas s’inspirer des systèmes d’éducations étrangers sans angélisme? Que ce soit la Finlande, l’Allemagne où les enfants se développent à leurs rythmes, en plus grande autonomie, où le plus important est la collectivité, et non pas les évaluations.
-Ouh, je sais ! mettre en place de nouvelles pédagogies, comme avec les classes inversées ou encourager la coopération!
-Impliquer plus les élèves, leur donner des responsabilités, et qu’ils s’expriment
- Accompagner plus les professeurs dans leur début, que leur formation soit moins théorique et plus pratique.
(blanc)
-Finalement, pourquoi on ne prendrait pas des risques ?C’est à nous de changer notre regard! (Nina monte sur la chaise)
- C’est à nous de tester...
-C’est à nous d’imaginer...
-C’est à nous de créer un nouveau mode d’éducation (Elisa monte sur la chaise)
-...qui mieux que nous, élèves d’aujourd’hui pour construire l’éducation de demain……..”
                                                                                                   Elisa et Nina


Pour voyager, faut-il partir loin?


Bonjour.
 Aujourd’hui je me suis jointe à vous pour partir en voyage dans cette vieille et petite ville du Moyen-âge, dans ce lycée aux murs si âgés, dans cette pièce elle-même si ancienne. J’ai envie de tout mon cœur que me paroles vous fassent voyager. Car oui, on pourrait se demander : peut-on voyager en allant dans un établissement pour seulement écouter quelqu’un  dans une pièce qui nous est déjà connue, et sans s’éloigner de l’endroit où l’on se trouve habituellement ? Pour voyager, faut-il partir loin?
Nombreux sont ceux qui pensent qu’il faut partir loin de chez soi pour voyager alors qu’il y a sûrement encore tellement d’endroit près de leur foyer qui n’attendent qu’à être exploré. Car oui, nous n’avons pas besoin de partir loin pour voyager. Il faut sortir de l’habitude, s’intéresser à ce qu’il y a autour de nous et découvrir. De plus, en voulant toujours aller plus loin, on finit par ne plus connaître notre propre toit. Un jour, une française avais dit qu’elle avait découvert en allant au Japon un arbre au tronc blanc et qu’elle n’en n’avait jamais vu au par avant. Pourtant, elle parlait simplement d’un bouleau. Vous voyez donc à quel point cela est absurde!                            
       

Car pour faire le plus beau des voyages qui soit, par exemple, nous pouvons aller nous promener près de notre logis, prendre un trajet inhabituel, ouvrir grand nos yeux et découvrir ainsi, des choses qui nous étaient inconnues bien que toutes proches. Ou bien, nous pouvons voyager en nous-même, en rêvant, par exemple. Il est sûrement déjà arrivé à tout le monde de se sentir emporter par un rêve au point d’avoir l’impression qu’il est réel et d’avoir donc réussi par son imagination à faire un voyage. Le voyage ce n’est pas une question de distance, c’est le renouvellement du regard de l’observateur. En effet, peut-on dire que quelqu’un qui part tous les jours loin, pour son travail, et qui ne se soucie jamais de ce qu’il y a autour de lui, fait un voyage?
Enfin, quand on a l’impression, par exemple, d’être ailleurs ou d’être dépaysé, peut-on considérer que ce qui produit cette impression nous fait en même temps voyager ?
Eh bien, oui, nous pouvons aller dans un restaurant qui cuisine des plat étranger nous aurions fait un voyage sensoriel grâce aux odeurs, aux gouts et à la texture particulière de ce que l’on aurait dégusté, nous pouvons aussi ouvrir un livre et nous plonger dans son histoire. Par notre imagination nous pouvons nous ancrer dans un personnage et suivre l’aventure avec lui. Nous pourrions, nous transporter sur la lune par exemple, avec la seule suggestion de ce mot. En effet, nous pouvons prendre tous les jours un même chemin en le percevant chaque jour d’une façon différente, dans ce cas-là, nous aurions fait un voyage grâce au renouvellement de notre perception des choses et en fonction de l’endroit où l’on va. Enfin, comme l’avais dit Claude Roy dans Le Bonne usage du monde publié en 1964:
« Il faut avoir besoin de se remplir les yeux, l’esprit et le cœur pour que le voyage ne soit pas seulement une façon d’aller d’une ville à l’autre, mais un bonheur. Quand ces conditions sont remplies, le voyage est au coin de la rue. Le premier chemin qui s’offre à vous, la plus courte distance vous suffisent pour rapporter un inépuisable butin. On va souvent bien loin pour trouver ce qu’on ne savait pas posséder tout près. On va souvent tout près pour se sentir soudain transporté très loin. Ce ne sont point les kilomètres qui font le voyage, c’est la poésie. Aucun guide ne peut donner l’adresse de celle-ci. Elle est en  nous où nulle part»
                                                                                                        Gwendolyne


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