dimanche 4 novembre 2018

AP Philo: Y-a-t-il une vertu spécifiquement politique?


Sujet : Y’a-t-il une vertu spécifiquement politique ?

Nous savons tous ce que signifie la vertu. Elle désigne la force qui nous motive suffisamment pour faire le bien. Etre vertueux signifie que l’on dispose d’assez de jugement mais aussi de courage pour accomplir une action bonne et cela sous le seul motif qu’elle est bonne, c’est-à-dire morale. Tout sujet nous est donné dans une intention problématique. Cela signifie qu’il nous faut d’emblée tourner notre attention vers ce qui pose problème dans cette association entre vertu et politique. Il existe sans nul doute des vertus qu’il faut posséder dans le domaine politique mais aucun sujet ne nous interrogerait simplement là-dessus. C’est le « spécifiquement » qui doit attirer toute notre attention. On ne peut être vertueux sans un préalable et celui-ci consiste dans la connaissance du bien et du mal. La question de savoir s’il y a une vertu spécifiquement politique nous interroge donc sur la possibilité qu’il y ait un bien et un mal qui ne vaudrait qu’en politique, ou pour le dire plus clairement encore si ce qui est bien morale ne serait pas mal politiquement et inversement. Le domaine politique ne peut-il pas se prévaloir d’une importance et d’une légitimité suffisantes pour justifier que l’on considère ses actions avec d’autres critères que ceux de la morale ? N’y a t-il pas des actes qui se révèlent suffisamment nécessaire du point de vue de la politique pour qu’on les exonère de tout jugement moral ?

Mais il importe de se faire une juste idée du politique :

Politique : le politique se distingue du social comme le moyen et la fin, dans un premier temps du moins. Il s’agit de rendre possible la vie collective en la cadrant non seulement par des lois mais par des décisions. Pour qu’il y ait communauté il faut qu’il y ait une communauté de comportement, de pensées, de mentalités, de décisions. Pour Hannah Arendt le politique désigne cet ensemble qui rend possible l’engagement d’un individu dans des décisions par la parole et par l’action. La politique n’est donc pas complètement soumis autant que les deux autres à des nécessités premières, vitales (le social permet aux hommes de se réunir pour survivre dans la nature et l’économie s’applique à la gestion des ressources et des biens, mais le politique

Social : le social  vise à maintenir l’équilibre entre les classes de la société. On parle d’aide ou d’assistance sociales désignant ainsi la capacité d’un collectif à maintenir chacun des individus da e la société dans un niveau de vie acceptable. Lorsqu’Aristote affirme que l’homme est un animal politique, il veut finalement signifier qu’il est un animal de groupe qui vise à s’associer avec son prochain. Cela montre bien la confusion possible avec le politique. Le social désigne le fait de vivre ensemble et tout ce que l’individu a à gagner à vivre ensemble

Economique : la sphère économique s’intéresse plus particulièrement à la production e aux échanges de biens de consommation. Elle vise donc à faire en sorte que la cité ne soit pas privée de ressources mais aussi à ce qu’elle puisse faire du bénéfice dans les échanges. L’économie est donc impliquée dans la question des finances.

On pourrait clarifier encore cette distinction en s’interrogeant sur ce que l’individu gagne à vivre dans un ensemble organisé socialement économiquement, politiquement. Economiquement il y gagne la possibilité de survivre en gagnant des biens de consommation. Socialement à s’inscrire dans un ensemble organisé en classes et éventuellement à profiter de la manne de la société. Politiquement il conquiert ainsi un statut : celui de citoyen doté non seulement de droits et de devoirs mais aussi capable de donner à ses actes une autre portée que simplement individuelle. Dans le politique il y a vraiment l’expression de la capacité humaine à créer de toutes pièces un monde avec d’autres lois que celles de la nature. Le politique permet au citoyen de gagner le statut de sujet de droit mais cela au sein d’un état qui garantit, autant qu’il dure, ce statut, et c’est précisément cet aspect qui pose question. Notre rapport de sujétion et de respect à la morale est-il nécessairement compatible avec les devoirs qui nous incombent du fait de notre statut de citoyens au sein d’une cité ? Si nous posons qu’il existe une vertu spécifiquement politique, cela signifie que nous acceptons de penser qu’un gouvernement ou qu’un dirigeant peut se prévaloir du bien de la cité pour agir contre la morale. C’est très exactement ce que l’on appelle parfois la raison d’Etat.




1)    Définissez la vertu
2)    Distinguez ces trois domaines : le social l’économique et le politique
3) Qu'est-ce qui différencie la politique et le politique?
4)    Diriez vous que tout citoyen a les mêmes devoirs à l’égard de la morale et de la politique ? Justifiez
5)    Qu’est-ce que la raison d’état ? Donnez des exemples
6)    Formulez la problématique de ce sujet
7)    Rédigez une introduction

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