Aucun réalisateur, avant Stanley Kubrick, et
aucun après lui ne s’est confronté au même défi : celui de filmer
l’avènement d’un certain type de rapport au monde par le biais duquel non
seulement une espèce s’est constituée, a évolué mais aussi a institué une
parenthèse de temporalité linéaire dans une temporalité cyclique. Le film
décrit le début et la fin de cette parenthèse, et ce début a à voir avec la
notion d’ « objet ». Objet vient du latin « Ob
jactum » qui signifie « jeté devant ». Le monolithe noir qui
surgit au milieu de cette tribu d’australopitecus afarensis est la conscience
d’un monde « jeté devant ». Le singe n’est plus cet animal intégré à
un règne naturel dans lequel il représente l’un des plus bas degrés de
l’échelle alimentaire, il n’est plus l’une des données parmi tant d’autres d’un
écosystème, il n’est plus le monde, il
est lui-même devant le monde. Ce qui nous est donc décrit dans cette scène
du monolithe et dans celle de la naissance de l’outil (l’os) qui la suit
immédiatement, c’est l’anomalie d’une créature animée d’une conscience séparée
de l’ensemble dont elle fait pourtant bel et bien partie.
On pourrait présenter les choses autrement en
partant de cette donnée première que personne ne peut réfuter : exister
est le propre de toutes les espèces vivantes, mais comment expliquer qu’une
espèce se soit lancée dans cette étrange entreprise consistant à faire du fait
d’être un genre particulier, un « style », une évolution, un détournement
de tous les éléments naturels à seule fin de créer un sillon particulier au gré
d’un temps qui désormais ne serait plus celui du mouvement cosmique des sphères
et des orbites spatiales mais celui de la transformation technologique de son
monde ? Il semble bien que les autres animaux ne soient pas dotés de cette
conscience d’être dans des milieux qui ne sont pas eux. Le poisson ne vit pas
seulement en symbiose avec la mer, il contribue, au même titre que les algues,
les rochers, le plancton, au fait que la mer soit la mer. Le poisson ne
distingue pas le fait d’exister de celui qui fait que la mer existe. Le singe,
avant le monolithe, assurait lui aussi une fonction dans un écosystème à
l’égard duquel il ne concevait pas la moindre conscience distinctive. Ce qui
naît donc avec le monolithe, ce n’est pas seulement la réalisation d ‘un
monde « jeté devant » mais aussi simultanément celle d’être
« soi » devant un monde offert, et cette inscription d’un être dans
un milieu désormais transformé à son profit, détourné de son être naturel pour
suivre l’évolution des mutations imposées par l’outil décrit exactement le
phénomène humain.
La caméra de Stanley Kubrick est la seule qui
finalement se soit risquée à ce tour de force de filmer la naissance du phénomène humain. L’être humain, c’est
fondamentalement « de la conscience
d’être autre » sur le fond de quoi se constitue une certaine
conscience de soi. On se définit comme étant « soi-même » :
homme, européen, français, individu, en s’excluant de tout ce qui n’est pas
« nous ». Il n’est, en effet, pas du tout indifférent que la
naissance de l’outil coïncide avec le premier meurtre, avec la prise de
pouvoir, avec un processus d’appropriation et d’identité tribale, ce
qu’illustre parfaitement l’épisode du point d’eau.
Le monolithe est une stèle de pierre noire et
polie. Il est planté au milieu de la horde comme une présence toute à la fois
écrasante et étrange, irréductible au milieu, incompréhensible pour les singes
qui manifestent à son endroit une curiosité mêlée d’appréhension. Toutes ces
caractéristiques accréditent la thèse d’un bloc pur d’altérité, d’un caractère
sacré (ce monolithe tient évidemment de la pierre tombale). C’est une modalité
de présence étrangère, inédite. On ne peut, en effet, mieux figurer la violence
brute de l’émergence d’un mode de vie qui est tellement devenu le notre que
nous n’en réalisons plus l’anomalie fondamentale. Le monolithe nous impose par
sa verticalité la référence au totem, au tabou, comme les pierres de
Stonehenge. C’est exactement comme si l’australopithèque était « au pied
du mur d’être homme » et être homme, c’est d’abord cette perception de
« l’être chose » des choses, de ce que Jean-Paul Sartre appelle
l’être chosique des éléments, cette réalisation de la présente distante de
matières offertes à leur utilisation comme matériau. A partir de cet
« être autre » du monolithe, quelque chose comme un « devenir
homme » va se lancer.
C’est sur ce point que l’image du monolithe est
la plus intéressante, la plus porteuse notamment pour des designers car il y a
en tout objet quelque chose de cette verticalité sombre de l’être autre de la
stèle, c’est-à-dire quelque chose par quoi l’être humain se dégage de son
immersion dans un monde donné avec lequel se compose un seul et même fait
d’exister maintenant pour créer du futur humain, pour faire surgir du temps,
tel que nous l’entendons. Du fémur d’un zèbre ou d’un phacochère se détache la
notion d’une masse maniable, d’un instrument de taille et d’impact que l’on
peut tenir, par quoi quelque chose s’insinue dans le monde comme un coin dans
le tronc d’un arbre, une inflexion, un élan, un sens impulsé par une créature,
de « l’évolution ». Il s’agit
d’inscrire dans la chair de la terre le temps de devenir de la créature humaine.
Nous commettons probablement une erreur de langage quand nous parlons de
l’évolution des espèces, non pas que les espèces n’évoluent pas, mais elles
suivent les mutations systémiques du mouvement dans l’espace, dans le cosmos
(des espèces peuvent disparaître à cause de déplacements orbitaux, d’inversions
magnétiques des pôles, de mouvements de météorites, de changements
géographiques dus à des phénomènes astraux, etc.), peut-être serait-il plus
approprié de parler de translations, de « glissements », de mutations.
Avec l’être humain naît une certaine façon de
se faire devenir par le biais d’interactions avec un environnement transformé
de sa propre main. Détourner l’os du fémur du phacochère de sa lente
décomposition en poussière pour tuer, tailler, enfoncer, chasser, etc, c’est
insinuer dans le mouvement cyclique d’un incessant travail naturel de
retraitement de la temporalité constituée, artificielle, orientée, formatée
humainement, linéaire. L’être humain est donc bien plus que cette anomalie d’un
temps détourné au gré d’une évolution « propre », spécifique à
l’homme, il est la créature même de l’anomalie du temps, étant entendu que le temps n’est après tout que la
conséquence d’un certain rapport à l’espace, rapport introduit par la
stèle, c’est-à-dire par « la notion même de chose » ou d’objectivité.
Le temps c’est le « devant » du « jeté devant » de
« l’ob-jactum » de l’objet. La certitude que le temps passe n’est en
réalité rien d’autre que cet effet de succession par le biais duquel les objets
ne cessent de s’engendrer les uns les autres au gré d’une mécanique qu’on
pourrait dire plus objectale qu’objective, c’est-à-dire davantage inhérente aux
objets que « vraie ». Le monolithe ne se contente pas de poser la
notion même d’objet, il institue en même temps l’idée d’objectivité, soit cet a
priori selon lequel il y a des éléments à connaître, c’est-à-dire à définir, à
délimiter comme un enclos sacré dont la stèle reprend, par sa verticalité
solennelle, la référence au tabou.
Autrement dit l’être humain s’exclue du reste
du monde sous l’influence de cette conscience d’être autre que décrit
l’émergence du monolithe. Il se ménage ainsi une ouverture vers un monde humain
à construire à partir des matériaux naturels de l’ancien, c’est le travail,
l’évolution technologique faisant par là même advenir le temps tel que nous le
connaissons (le progrès technologique ne se fait pas dans le temps, il se fait
tout seul, et c’est lui que nous appelons le temps. Aucune montre, jamais, ne
mesure le temps, elle en fait en tant qu’elle est le processus réglé de la
déperdition d’une énergie. « Quelle heure il se fait ? » est une
expression incroyablement plus juste que « quelle heure il
est ? » Il suffit de réfléchir un peu : il y a des durées de vie
émanant d’une multiplicité de dépenses énergétiques vitales présentes dans
l’univers. Ce n’est pas du temps, c’est le phénomène physique de l’entropie, de
la déperdition constante de fluide énergétique des organismes. Autrement dit,
« être » pour tous les éléments organiques qui constituent cet
univers, c’est émettre des flux de vie, rien ne saurait être plus discordant
que les flux de ces émissions mais l’homme a institué une mesure, l’idée qu’il
existe « quelque part » un temps uniforme qui s’écoule régulièrement,
inexorablement, rationnellement. A partir de cet « a priori »,
l’homme utilise un certain type de durée énergétique, celle du quartz, du
silicium, par exemple, pour rythmer nos journées et notre décompte du temps,
mais il n’y a aucun rapport entre les heures que nous passons et la réalité
« passant » du courant que nous sommes. Quand nous disons qu’une
heure a passé vite, nous laissons entendre que la vérité
« objective » du temps est une heure alors que la réalité
« vraie » du temps passé est celle de notre plaisir, du mouvement de
condensation de notre durée. Ce qu’ « il y a » vraiment, c’est
exactement cela : des blocs de durée condensés ou distendus, c’est cela
que nous vivons et que nous sommes
mais nous le vivons toujours dans la croyance que c’est autre chose : tant
d’heures, de jours, d’années), mais il constitue aussi une certaine conception
de la vérité comme extériorité circonscrite. Avec la notion de chose naît son
corollaire soit l’idée qu’il n’est de vérité que des choses. On sait ce qu’est
une chose quand on l’a délimitée comme chose, mais qu’elle soit une chose,
c’est justement ce dont on ne saurait douter à partir de cette conscience
d’être autre que font naître le monolithe et l’outil.
Pour clarifier ce point, il est possible de
citer la référence à la distinction que fait le philosophe allemand Hegel entre
l’existence en soi et l’existence pour soi. « Les choses, dit Hegel, sont,
mais elle ne sont pas à elles-mêmes, elles ne se savent pas en train
d’être. » Le film de Stanley Kubrick décrit cette parenthèse étrange d’une
existence pour soi dans la totalité d’un univers qui ne vit que le fait d’être
en soi et le monolithe est le symbole même du « pour soi ». Pour que
l’australopitecus afarensis ait l’idée de manier un os, il faut qu’il s’éprouve
lui-même comme un être dont le fait d’être est distinct du fait d’être de
l’élément naturel qu’il détourne ou qu’il tue. La possibilité physique de tuer
un autre être vivant pour se nourrir de sa viande si la nature ne nous a pas
fait d’emblée carnivore ne peut naître que du sentiment de ne pas participer du même fait d’être que le gibier
qu’on tue. Sans cela, chasser tiendrait du suicide car on se porterait
atteinte à soi en tuant.
L’être humain est un être qui est à lui avant
d’être dans le monde et qui, de ce fait, n’est jamais vraiment dans le monde
comme dans son milieu natal, mais toujours dans le souci d’arracher aux
éléments par son travail de transformation la reconnaissance de soi comme
entité distincte et souveraine, doté de la capacité de donner une impulsion
connotée humainement personnifiée au devenir du monde. Le fait que le monde soit n’a peut-être rien à
voir avec le sentiment d’évidence que l’espèce humaine éprouve qu’il est son
terrain d’expérimentation. Autrement dit l’idée qu’il y a quelque chose à faire
de la vie qui marque un « plus » à l’égard du fait donné que
« la vie est », c’est peut-être cela la « parenthèse
humaine ».
Lorsque vous vous passez et repassez le film
cinq à six fois, vous réalisez que ces images ne s’adressent peut-être pas
seulement à votre faculté de vision ou de compréhension mais à une part très
enfouie de nous-mêmes, part qui est demeurée en retrait de l’évidente adhésion
au monde que l’homme a construit, partie vivante donc et seulement cela. A
l’attention de cette partie là, le fondu enchaîné de l’os, le premier outil à
la station orbitale lunaire ne « choque » pas et donne une certaine
tonalité à la position qu’en tant que spectateur je dois adopter. Vous assistez
à ce qui n’est pourtant visible par aucun homme en un sens, parce qu’être
homme, c’est être « dans » ce mouvement et vous le voyez comme si
vous étiez hors de lui. L’humanité c’est le vecteur de transformation du
premier outil à la conquête de l’espace. Acceptez de vous mettre dans la peau
d’un « vivant d’ailleurs », non pas un extraterrestre (comme il en a
beaucoup été question dans certains commentaires du film), mais un
« extra-humain ». Ce film n’est pas humainement visible et encore
moins humainement compréhensible. Les références qui sont faites à Nietzsche
(notamment la musique de Richard Strauss « ainsi parlait
Zarathoustra ») sont assez claires pour nous guider vers la nécessité de
se délester de tout regard « humain trop humain ».
La seconde séquence lancée par ce fondu
enchaîné nous installe au cœur d’une mission s’interrogeant sur la présence du
monolithe dans le sol de la lune. On peut tenter toutes les explications
matérielles plausibles de cette découverte, on réalise qu’en fait le lien posé
dés le départ entre ce monolithe et la conscience d’être devant le monde, et
non en lui, suit logiquement son cours qui est la technologie. Si l’univers est
ce qui est jeté devant,
« objeté », alors l’homme a encore et encore du pain sur la
planche, il lui faut conquérir sa place dans un univers avec lequel il a refusé
de partager le fait pur et simple d’exister « en soi ». Il est le
« pour soi » arrachant à « l’en soi », par l’évolution
technologique, le fait continu et insatiable, toujours à poursuivre de sa
reconnaissance de soi. Ce que la mission trouve sur la lune, c’est l’évidence
d’une intelligence humaine se précédant inlassablement elle-même, se
présupposant constamment dans son rapport à l’espace et l’incitant encore et
encore à se surpasser.
D’ailleurs il se trouve que ce monolithe émet
des ondes sonores vers Jupiter. C’est là-bas, aux confins du système solaire
que le génie technologique humain doit aller parce qu’il ne peut pas aller
ailleurs de toute façon. La troisième séquence se situe donc sur un vaisseau dont
la véritable mission est, à l’insu d’une bonne part de ses membres, de
déterminer le lieu de destination des ondes du monolithe. Mais il se passe
alors quelque chose d’essentiel pour la compréhension du film : le génie
technologique humain personnifié dans l’ordinateur Karl qui centralise la totalité
des opérations et des possibilités fonctionnelles du vaisseau pressent la
catastrophe. En quoi consiste-t-elle ? Dans la réalisation par l’homme du
fait qu’il y a dans la puissance de la vie, du cosmos, une force dépassant
complètement le pouvoir de l’humain de se reconnaître en lui par le fait de
cette course effrénée d’innovations en innovations technologiques. L’être
humain arrive au bout d’un rapport à la vie qui est le « pour soi ».
C’est comme si l’homme était en passe d’accéder
enfin à une perception de l’univers véritable, différente de tout ce qu’il a
connu jusqu’alors dans la mesure où il n’a jamais appréhendé que ce que des
instruments de médiation ont toujours préalablement déformé à son image. Quand
je regarde une image de synthèse de la planète Mars, je ne vois que ce que le
génie scientifique humain rend accessible à la perception des hommes, je ne
vois pas la réalité pure et nue de Mars, laquelle n’est peut-être pas à
« voir » selon la définition de la vision imprimée par le monolithe,
soit celle de l’objet qui fait que l’on a toujours « quelque chose »
à voir. Que se passerait-il si voir n’était pas être un homme qui voit quelque
chose mais contribuer à ce que le fait simplement physique de voir
s’accomplisse, indépendamment de tout sujet et de tout objet ? Participer
à cette simple activité plastique par quoi de la visibilité se fait ? On
mesure l’empreinte que le monolithe, l’objet a creusée dans notre condition
humaine à la difficulté que nous éprouvons à nous représenter cette
possibilité, peut-être justement parce qu’elle renonce à la représentation
objectale d’un univers constitué. Les ondes émises par le monolithe font
parcourir à l’être humain la totalité du système solaire mais commence à venir
le moment où la représentation délirante d’un univers comme milieu distinct,
hétérogène ne tient plus. Vivre dans l’univers n’est pas conquérir l’univers
mais se rendre compte qu’ « on l’est ». Ce qui caractérise
vraiment l’univers, c’est le fait d’être et nous ne saurions être quoi que ce
soit d’autre que ce fait là. L’ordinateur fait tout pour empêcher l’homme
d’accéder à cette révélation qui consiste à réaliser que nous n’avons rien à
faire de l’univers, aucune conquête spatiale à poursuivre mais juste à le
« devenir » et ce devenir, loin de passer par l’objection
(l’abstraction) à l’égard d’un univers conçu comme objet réside dans une
introjection.
C’est probablement dans le défi que constitue
la projection filmée de cette introjection que réside le second tour de force
de « 2001, Odyssée de l’espace ». Dave, le dernier rescapé de
l’équipage, après avoir débranché l’ordinateur Karl et appris le véritable but
de la mission se dirige vers le lieu de destination des ondes émises par le
monolithe. Suit alors une longue séquence alternant des images arrêtées du
visage terrorisé de Dave avec une sorte de parcours le long duquel c’est un peu
comme si nous empruntions à rebours le cours des aventures de
« Voir ». Que faudrait-il que traverse un nerf optique revenant peu à
peu de l’illusion consistant à se croire quelqu’un voyant quelque chose pour
peu à peu abonder dans le sens de ce que voir « est » ? C’est ce
couloir que Kubrick nous fait explorer dans une suite d’images qui constituent
sans aucun doute ce que le cinéma a filmé de plus « infilmable ». Ce
n’est pas que nous entrions alors dans l’intériorité de Dave, c’est plutôt que
nous y faisons l’expérience sans précédent de l’intimité partagée d’un voir
humain avec un voir cosmique : celui de la lumière. Quelque chose d’assez
proche sur le fond du travail de déconstruction du motif tel qu’il fut
entrepris par Cézanne ou Monet. Lorsque
je vois aujourd’hui la lumière d’une étoile morte hier, je cesse de voir
quelque chose d’impossible quand je sors du contexte du sujet et de l’objet. Il
y a ce que c’est que voir et c’est tout, peu importe qui, quoi ou quand.
La quatrième séquence semble la plus
incompréhensible, probablement parce qu’elle se situe de plein pied avec la
phrase de Nietzsche selon laquelle l’homme est quelque chose qui doit être
dépassé ». Nous y sommes confrontés à l’expérience vécue par un homme
d’une vie pure qui n’est plus déformée par ces processus de médiation
perceptive qui ne nous font vivre habituellement que de l’humainement vivable.
Le travail du vivant est celui d’un incessant retraitement faisant du neuf avec
du vieux. Dave qui n’est plus à proprement parler Dave se voit plus vieux
prenant son dîner puis sur son lit de mort pointant le doigt vers un fœtus
humain en suspension dans les étoiles. La parenthèse humaine d’un temps linéaire
et technologique ouverte par le monolithe se referme définitivement. Plus rien
n’est ici en représentation ou dans l’attente de se faire reconnaître. Rien
n’est plus à conquérir ni même à faire. Etre n’est plus que l’œuvre à dimension
cosmique d’un devenir cyclique, et c’est exactement ce que le thème Nietzschéen
de l’Eternel retour a affirmé philosophiquement. La fin du film reprend la
musique de Richard Strauss : « Ainsi parlait Zarathoustra » que
l’on avait déjà entendue lors de la découverte de l’outil. La référence au
philosophe allemand ne semble pas douteuse, de ce point de vue, pas davantage
que le mouvement d’ouverture et de fermeture de la parenthèse humaine dont ce
film génial et inclassable vient de nous décrire le mouvement.
Ce qui est dangereux avec le cinéma Kubrickien c'est qu'il pénètre notre subconscient A NOTRE INSU!
RépondreSupprimerLe cinéma de Kubrick génial mais deletere
RépondreSupprimerCe monolithe pourrait être aussi le symbole de la conscience de la mort, autre marqueur de la condition humaine. Cette prise de conscience arriverait, comme ce monolithe, de façon subite et inattendue sur cette espèce de grand singe.. une révolution bouleversante.
RépondreSupprimerCe film expliquerai ainsi ce qui va peu à peu séparer les hommes des autres espèces animales, faire que ce grand singe va développer la civilisation et le progrès technique, le faire passer de l'os, premier outil, au vaisseau spatial, dernier outil en date, pour conjurer sa finitude et le néant qu'elle représente. Que ce premier singe a avoir conscience de sa finitude joue avec les os d'un cadavre animal me semble un indice et qu'il invente le "meurtre" dans la foulée, un autre. En tout cas ce monolithe, noir, énigmatique, en apparence indestructible, ressemble furieusement à comment on se représente la mort.