lundi 28 septembre 2020

Tle 1: Travail en temps limité 1

 

 

1) Formulez en une phrase ou deux le « problème » posé par le sujet: « Suis-je l’auteur de ma vie? ». Le problème désigne le paradoxe contenu dans l’énoncé qui vous est donné. Il ne consiste pas simplement dans une autre formulation.

2) Pourquoi peut-on affirmer que la démarche de Descartes au terme de laquelle il écrit: « De sorte qu’après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition: Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. » développe une réponse positive à la question: « Suis-je l’auteur de ma vie?

3) Rédigez une introduction pour le sujet suivant: « Un homme se définit-il par ses actes? »

Réponse 1: ma vie n'est-elle constituée que d'épisodes que j'ai souhaités, voulus, orchestrés? "Évidemment non", sommes-nous tentés de répondre en premier lieu parce que nous avions probablement d'autres désirs, d'autres ambitions. Vivre, c'est faire, de temps à autre, l'expérience de l'échec, de la difficulté à satisfaire ses désirs. Mais en même temps, il nous est impossible de nous dérober à ce constat: de fait, cette succession d'espoirs souvent déçus, cette multiplicité d'instants durant lesquels nous avons tantôt triomphé des circonstances tantôt échoué devant elle constituent bien "quelque chose", une trame qu'il me faut nécessairement  appeler "ma" vie, ce qui suppose une certaine modalité d'appropriation ou du moins d'assomption (assumer) de sa vie. Mais quelle est exactement la nature de ce rapport que j'entretiens avec ma vie? Est-ce quelque chose que j'ai ou que je suis? Puis-je me considérer comme son maître d’œuvre véritable ou comme son destinataire accidentel et contingent?  Puis-je me sentir exclu par ma vie, comme si elle ne consistait qu'en une sorte de décret que je subirai de l'extérieur, sans qu'à aucun moment je ne puisse me sentir concerné? Nous subissons parfais des évènements d'une telle violence et d'un pouvoir de contrainte que nous sommes tentés de répondre "oui" mais, en même temps, qui suis-je si je ne suis pas ma vie? 

   



 Réponse 2:   Quand pouvons nous jouir de la certitude de dire une vérité? Si j'affirme que je vois un oasis, puis-je être sûr que je ne suis pas en train de subir une hallucination, comme le capitaine Haddock dans "le crabe aux pinces d'or"? Si je dis que je suis en train de taper un article sur mon blog, ne suis-je pas en train de rêver ? Si je dis que 2+2=4, ne suis-je pas en train de me fier à un principe de cohérence purement logique qui certes revêt bel et bien une pertinence universelle pour l'esprit de tous les hommes mais qui de ce fait n'aurait de sens et de pertinence que pour l'homme et aucune dans la réalité pure, extérieure (il n'y a pas de chiffres dans la nature, il y a seulement des variables)? 

Et si finalement, nous étions victimes d'une tentative de désinformation constante de nos sens et de notre esprit par une puissance qui se serait rendue maîtresse de notre jugement par la mise en place d'un processus d'autosuggestion continuel? Représentons-nous une telle puissance: quelle serait sa limite? Pourrait-elle me faire croire que je suis quelque chose alors qu'en réalité, je ne serai rien? Mais si je n'étais vraiment rien, comme pourrais-je expliquer qu'en cet instant, je me représente à moi-même comme la possibilité de n'être rien? Il faut bien que je sois quelque chose pour être l'auteur de cette pensée de n'être rien. Je suis donc nécessairement "quelque chose", ne serait que cette puissance de me représenter à moi-même comme rien. Dire:" je n'existe pas" est une contradiction flagrante qui pointe vers une réalité indiscutable, c'est que je suis, même si je ne sais pas ce que je suis, moi qui sait que je suis. "je suis une chose qui pense"

Réponse 3:   Nous ne cessons d'induire des actes de nos proches des caractéristiques, des qualificatifs voire des déterminations morales: tu es "méchant" si un jour tu as frappé un animal, "gentil" si tu as donné deux euros à un SDF dans la rue, "bienveillant" si tu écoutes patiemment tel ami te raconter pour la dixième fois consécutive le chagrin d'amour qu'il a subi deux ans auparavant. De fait il semble difficile de juger des qualités morales d'une personne en se fiant à un autre critère que celui de ses actions car un geste accompli est une réalité que nous avons pu constater sans contestation possible. Mais, en même temps, il n'est pas impossible que ces actions aient été réalisées pour "donner le change", pour jouer le jeu des usages et envoyer de soi aux autres l'image de celle ou celui que nous voulons paraître. Nous sommes tellement soucieux de déterminer l'essence d'une personne que nous nous laissons aveugler par des actes sans prendre garde aux intentions qui, elles ne se voient pas. Les actes sont donc trompeurs et les intentions difficiles à interpréter. Convient-il donc de miser sur la totalité des actes exécutés par une personne pour qualifier son être comme si nous ne consistions que dans cette "écume" de gestes , dans cette réalisation effective, matérielle, dans cette trace qui se forme à partir de notre capacité à impacter sur notre milieu physique et humain, ou bien faut-il croire en une marge d'indétermination entre les actes d'une personne et son essence de telle sorte que nous lui ferions ce crédit de ne jamais être totalement, simplement dans ce que ses actions laisse pressentir de son authenticité? Le rapport aux être humains s'enrichit considérablement de notre adhésion à "cette marge", à ce droit de défaussement que nous accorderions à nos semblables, mais, en même temps, cela ne manquerait pas de maintenir constamment le jugement dans l'indétermination de la nature véritable de nos contemporains.  Puis-je vraiment me fier à une personne dont je considère que la nature est indépendante de ses actes? N'avons nous pas socialement besoin de cette face immergée de l'iceberg que constituent ses actions? Quel crédit convient-il que nous accordions aux actions d'un être humain dans la détermination de son être? Peut-on situer cette essence en dehors de toute effectuation visible dans le champ des réalités physique, légale et sociale de nos existences?



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