samedi 23 mars 2024

Terminales 2/3/6 - Explication d'oeuvre suivie: problèmes de philosophie de Bertrand Russell (1)

 


  1. Quelques éléments de biographie

Bertrand Russell est né le 18 mai 1872, au Pays de Galles. Il est issu d’une famille de la haute noblesse britannique et son grand père fut premier ministre de la reine Victoria. Ses parents décèdent alors qu’il est encore très jeune et c’est sa grand mère paternelle qui s’occupera de son éducation. La comtesse Frances Russell née Elliott est sans contestation une personne  à laquelle Bertrand Russell devra beaucoup. Bien que croyante et pratiquante (alors que Russell exprimera toujours une opposition forte contre toute religion), elle accepte le darwinisme et éduquera ses petits enfants en suivant des préceptes agnostiques. 

Ce qui caractérise la pensée de Bertrand Russell c’est qu’il mène de front ses travaux en logique et ses réflexions philosophiques. C’est néanmoins dans le premier domaine qu’il sera d’abord reconnu quand il publie avec Alfred North Whitehead les « Principia Mathematica » en 1910. L’ouvrage dont nous étudierons le premier chapitre  problèmes de philosophie » a suivi de peu ce premier succès scientifique.

Russell a toujours été un militant pacifiste à une époque (celle des deux guerres mondiales) où cela n’était pas du tout bien vu ni accepté. Il effectuera d’ailleurs encore un passage en prison alors qu’il a 89 ans pour avoir manifesté contre la bombe atomique. Ses opinions politiques sont très, très progressistes, marquées par son intérêt pour le communisme, le socialisme voire l’anarchisme, il sera toujours fidèle au verset de la bible préféré de sa grand-mère: « Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal. » (Exode 23-2).

Il sera également anti-stalinien et reconnaîtra constamment que l’anarchisme n’est pas un régime auquel les êtres humains sont disposés. Bertrand Russell aura quatre épouses  et plusieurs enfants auxquels il a consacré tout son temps ainsi que plusieurs réflexions sur l’éducation. Selon lui, quatre qualités doivent absolument présider à la formation des jeunes humains:  1) la vitalité 2) le courage 3) la sensibilité 4) l’intelligence

Ce qui s’impose à toute personne curieuse de la vie de Bertrand Russell c’est une forme d’intégrité qu’il a payé au prix fort par plusieurs séjours en prison et la détestation d’une bonne part de la population gagnée au conservatisme. De fait Russell a exprimé des points de vue dont on pourrait dire qu’ils étaient incroyablement lucides et avant-gardistes, notamment sur la contraception. 




«  Tout le problème de ce monde, c’est que les idiots et les fanatiques sont toujours si sûrs d’eux, tandis que les sages sont tellement pleins de doutes. » Cette affirmation n’explique pas seulement l’opposition constante de Bertrand Russell à l’opinion publique britannique (mais tout aussi bien européenne dans un siècle ravagé par les idéaux politiques d’extrême droite: le nationalisme, le sexisme, le racisme, le natalisme, etc,», mais aussi ses options philosophiques que l’on pourrait qualifier de sceptiques. Il joua également un rôle prépondérant et fondateur du courant appelé philosophie analytique grâce à sa rencontre avec Ludwig Wittgenstein, en 1910, dont il fut le professeur  à Cambridge. Il obtient le prix Nobel de littérature en 1950 et décèdera en 1970 au pays de Galles dans les montagnes duquel ses cendres seront dispersées sans cérémonie religieuse. 

Le moins que l’on puisse dire de la vie de Bertrand Russell, c’est qu’elle fût pleine, intense et surtout intègre en ce sens qu’il n’a jamais économisé son énergie en quelque domaine que ce soit. Il est toujours allé jusqu’au bout de ses convictions, étant mieux averti que la plupart des Humains de « cette pente » au gré de laquelle nous nous laissons si souvent aller et décliner en faveur de croyances ne reposant au bout du compte que sur des préjugés liés à notre éducation ou à notre classe sociale.


2) La philosophie de Bertrand Russell

On peut dire de lui qu’il se rallie à la philosophie sceptique et notamment au philosophe David Hume. Sa formation de logicien et l’intérêt constant qu’il porta aux mathématiques attestent de ce souci  de vérité que l’on retrouve en philosophie. La toute première phrase du chapitre un que nous étudierons l’illustre à la perfection: « Existe-t-il au monde une connaissance dont la certitude soit telle qu’aucun homme raisonnable ne puisse la mettre en doute? » Ce n’est pas parce que je vois cette table devant moi qu’elle est effectivement et encore moins qu’elle est telle que je la vois. La part consacrée au déploiement de cette thèse dans l’essai témoigne bien de ce scepticisme.  

Mais c’est à la fin de l’ouvrage que nous trouvons peut-être l’une des thèses de fond du livre qui concerne la valeur de la philosophie:

« C'est en fait dans son incertitude même qu'il faut rechercher en grande partie la valeur de la philosophie. L'homme qui n'a nulle pratique de la philosophie passe sa vie prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances courantes de son époque ou de son pays, et des convictions qui se sont développées dans son esprit sans le concours ou l'approbation de sa réflexion. Pour un tel individu, le monde semble explicite, fini, transparent; les objets ordinaires n'éveillent nul questionnement, et les hypothèses inhabituelles sont dédaigneusement repoussées. Au contraire, dès que nous commençons à philosopher nous découvrons, comme nous l'avons vu dans les premiers chapitres, que même les choses les plus ordinaires conduisent à des questions sans réponses réellement satisfaisantes. Bien que ne pouvant nous répondre avec certitude aux doutes qu'elle suscite, la philosophie peut suggérer de multiples possibilités qui élargissent nos réflexions et les libèrent de la tyrannie de l'habitude. Ainsi, en ébranlant notre conviction de savoir ce que sont les choses, elle accroît considérablement notre connaissance de ce qu'elles pourraient être ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru le chemin du doute libérateur, et garde vivace notre perception du merveilleux en nous présentant les choses familières sous un jour insolite. »



Cette valeur réside dans l’incertitude. Quiconque pratique même superficiellement la philosophie perçoit cette constante remise en cause des idées reçues d’où qu’elles viennent. Ce qui intéresse le philosophe c’est de trouver cette sorte de couche sédimentaire œuvrant à la base de toute civilisation et à partir de laquelle celle-ci considère qu’il y a des fondements, des bases qu’il est inutile de questionner. On parle alors de « Doxa » et c’est dans l’exercice d’une défiance continuelle à l’égard de la doxa que la philosophie s’est constituée de son origine jusqu’à nos jours.  Finalement depuis Platon jusqu’à Heidegger et même au-delà, il y a une continuité de la philosophie à se définir comme questionnement. Mais il ne faut pas se tromper sur ce terme qui ne désigne pas simplement le fait d’être « curieux » ni vraiment d’être en quête de savoir. C’est beaucoup plus que cela: la capacité à toujours faire naître la suspicion au cœur même de la certitude, ou plutôt de la pseudo certitude. Le scepticisme n’est pas le résultat d’une démarche, il est une démarche qui consiste à toujours démasquer dans un raisonnement ce « moment » où la pensée se donne arbitrairement quelque chose, une base, un préjugé, un présupposé, un point de départ. 

Nous pouvons prendre un exemple assez évident: 2+2 = 4. Il est difficile de remettre en cause l’exactitude d’une telle proposition et de fait, c’est impossible, mais seulement à condition que nous acceptions la proposition selon laquelle 1, 2, 4 existent. Il faut adhérer à la notion même de « nombre ». Prenons un exemple, j’ai soif et je bois mais quelques heures plus tard j’aurai soif à nouveau. Je dirai donc que j’ai connu deux fois la soif. 1) cela suppose une mémoire. Cela déjà doit manifester à notre esprit que cette deuxième fois implique un esprit capable de retenir des évènements passés, autrement dit que cette « deuxième fois » est davantage dans l’esprit humain que dans la nature. 2) Ensuite cette soif ne sera pas exactement comme la première, elle sera plus ou moins intense mais il n’est pas du tout évident que cette force de la soif soit identique, ni donc qu’il s’agisse de la même « chose ». Ici nous croisons la notion de langue, de substantif. Nous avons appris un système de signes grâce auquel nous pouvons ranger nos stimulations sous un même vocable même s’il ne s’agit jamais vraiment de façon stricte de la même chose. 3) C'est à partir de ce présupposé selon lequel il existe des idées générales (présupposé linguistique) que peut apparaitre la notion de répétition, notion dont il n'est pas du tout certain que nous l'aurions reconnue si nous n'étions pas d'abord des êtres de langage. Par conséquent, ’idée même selon laquelle des sensations peuvent se détacher de toutes les autres et composer ente elles des additions de « fois » est une idée qui présuppose un esprit humain doté 1) de mémoire  2) de concepts 3) de nombres. 

Cela ne suffit pas à jeter le discrédit sur la proposition ni même à remettre en cause l’opportunité pour l’être humain de disposer d’une pensée symbolique capable de discerner des choses, des objets de ressentis dans la masse confuse de toute ce qu’il éprouve, mais à la relativiser. Ceci est une vérité « humaine », ce n’est pas une vérité naturelle si par ce terme, nous désignons ce qu’est la nature du point de vue de la nature. 



Il existe une différence entre ce qu’affirme Galilée quand il soutient que la réalité est écrite en langage mathématique et la proposition selon laquelle les mathématiques sont une certaine modalité de compréhension humaine de la nature. Que l’on puisse faire des expériences confirmant cette lecture ne prouve en aucune façon que la nature soit mathématique mais seulement que ce mode d’appréhension peut acquérir une cohérence, un rapport à soi suffisamment ferme pour que l’on puisse à partir de lui structurer un champ de savoir non seulement théorique mais aussi pratique, effectif. Par ce scepticisme de méthode que l'on retrouve dans la science la philosophie est l’antidote au dogmatisme ainsi qu’à la démocratie d’opinion dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

La philosophie est le contraire de l’idéologie, laquelle désigne un système prédéfini d’idées à partir desquelles sont analysés la réalité, la nature, le monde, la vie. Dans l’écrasante majorité des affirmations tenues nous pouvons pointer une base idéologique. Récemment une ministre éphémère de l’éducation nationale a évoqué une expérience personnelle: dans un établissement de l’enseignement public, elle a affirmé avoir été confronté à ce désagrément d’un « paquet d’heures de cours pas sérieusement remplacées. ». 

Passons une telle proposition au crible d’une analyse rigoureuse: « un paquet » désigne une masse importante mais de combien? « Pas sérieusement »: qu’est-ce qu’une heure « sérieusement remplacée »? Cela signifie-t-il « remplacée par une heure sérieuse d’un cours sérieux produit par un enseignant sérieux » ? Cela veut-il dire que certains enseignants ne sont pas sérieux? Après enquête, il a été établi que les enfants de cette personne n’ont jamais été victimes de l’absence prolongée de quelque professeur que ce soit. Aux arguments irréfutables de cette enquête, La ministre en question a répondu « que la réalité lui avait donné tort. Dont acte. Cette dernière expression signifie: « ce dont il est pris acte ». Si la réalité lui a donné tort, cela signifie en termes plus clairs et plus précis qu’elle a menti. Mais pourquoi?

Deux réponses peuvent être apportées dont chacune pointe un parti pris idéologique:

  1. Celui de l’opinion publique d’abord, à savoir que madame la Ministre a ici misé (plutôt mal misé en l’occurrence) sur une opinion publique majoritairement défiante à l’égard de l’institution de l’éducation nationale publique se disant probablement que même si ce qu’elle disait était faux, cela ferait écho dans l’esprit des parents d'élèves à ce qu’ils vivent. Cela manifeste exactement le problème de toute démocratie d’opinion au sein de laquelle les dirigeants cherchent moins l’exactitude scientifique de leur propos que l’’adhésion du plus grand nombre au sein de la population.
  2. Celui d’une certaine classe sociale très privilégiée disposant de suffisamment de moyens pour placer leur enfant dans des lycées privés dont l’enseignement n’’est pas gratuit et doté d’équipements, de possibilités d’éducation dont les services publics eux sont dépourvus (Le lycée Stanislas par exemple dispose de deux piscines. Quel lycée public peut en dire autant? Aucun). L’idéologie qui œuvre ici est celle d’un système économique néo-libéral inégalitaire au sein duquel il est admis, posé et efficient que l’éducation ne peut être confié à l’état, en d’autres termes, qu’il ne revient pas à l’état d’assurer l’égalité des chances des citoyens du point de vue de l’enseignement. 


L’emprise de l’idéologie sur nos croyances et nos idées révèle l’existence d’un inconscient. C’est la raison pour laquelle il a été fait référence à cette ministre dont la fonction a duré 28 jours.  Dans la cérémonie de passation de pouvoir, cette personne a cité une phrase de Nelson Mandela: « je ne perds jamais: soit je gagne, soit j’apprends » Misons qu’elle ait beaucoup appris si effectivement pour obtenir ce résultat il faut avoir beaucoup échoué. Mais précisément, la force d’ancrage de l’idéologie est telle qu’elle est indétectable. Si cette ministre avait « compris », elle aurait immédiatement retiré ces enfants d’un lycée dit « d’excellence » utilisant à tous les niveaux d’apprentissage des techniques de conditionnement à l’élitisme de classe.

Ce fait divers aussi récent soit-il convient parfaitement à éclairer le fond de la pensée de Bertrand Russell. Contre l’idéologie et l’habitude qui aboutissent à la constitution de ces couches de pensées sédimentées à cause desquels on n’en vient à « ne plus penser du tout », il faut s’en remettre à la philosophie et au « possible ».

L’absence de pensée aboutit à la barbarie comme Hannah Arendt n’a pas cessé de l’affirmer dans ses articles consacrés au troisième Reich et à la banalité du mal ( cela signifie aussi qu’il faut constamment penser la barbarie contrairement aux propos récents d’un philosophe médiatique de 36e zone).

Ce moment de sédimentation de nos pensées que l’on appelle « conviction » est particulièrement  dangereux et le fait que nous ayons pris un exemple très récent se justifie à nos yeux de la pression actuelle et quasiment insoutenable d’un tel climat.  L’une des meilleurs illustrations filmées de cette dangerosité des convictions est sans aucune discussion le film de Sidney Lumet: « 12 hommes en colère » sorti en 1957 et  inspirée d’une pièce de Reginald Rose. Nous suivons l’inexorable marche en avant de l’esprit sceptique, si puissamment sceptique du 8e juré qu’il parvient à mettre chaque membre en face de son terreau d’idéologie propre: racisme, anti-jeunisme, opinion reçue, famille, etc. La ligne de ce scepticisme de méthode ne varie jamais: il n’est pas question de prouver l’innocence de l’accusé mais exclusivement de pointer l’impossibilité d’appuyer la certitude de sa culpabilité. Finalement si nous sondons le fond de la démonstration produite par cette œuvre toute aussi philosophique que littéraire, nous réalisons qu’il consiste à affirmer qu’il n’est pas possible d’avoir une démonstration des faits mais seulement une interprétation. On ne peut pas exactement dire ce qui s‘est passé: est-ce que cet adolescent a vraiment tué son père, mais seulement ce qui ne s’est pas passé, ou bien encore ce qui ne peut pas s’être seulement passé comme ça. 



Du meurtre du père nous pouvons fournir des versions toutes alimentées en fin de compte par des présupposés plus ou moins fondés. Les témoignages qui se succèdent au long du procès et dont nous n’aurons que les ressentis par les jurés se révèlent tous sujets à caution pour une raison que le juré 9 évoquera assez confusément: la procédure place les témoins dans une situation de visibilité au cœur de laquelle, indépendamment de la gravité du contexte, ils ou elles avancent des propos qui les mettent en valeur sur une certaine scène.  Des interprétations de faits se succèdent donc à la barre sur le fond d’un présupposé qui est que l’accusé, en tant que portoricain, en tant qu’adolescent « violent » né dans un milieu très défavorisé, au cœur d’un quartier au sein duquel les bagarres de rue sont monnaie courante ne peut être que coupable. 

S’efforçant de se limiter aux faits, c’est-à-dire à cette marge de réalité qui demeure « intacte » en deçà des déformations des témoins et des jurés, le Juré 8 ne conclue jamais que l’accusé est innocent mais qu’il ne peut nourrir de façon irréfutable la conviction qu’il est coupable. C’est exactement du scepticisme au sens le plus philosophique et le plus ancien du terme. L’épochè désigne, en grec la suspension du jugement, c’est-à-dire l’impossibilité dans laquelle se trouve le sage de donner son approbation à une représentation d’une situation ou d’un fait. Ce concept date selon certains commentateurs du 3e siècle avant JC avec notamment le Stoïcien Zénon, mais c’est néanmoins Pyrrhon d’Elis, le fondateur du scepticisme qui en 320 avant JC donne à la notion d’épochè son plein épanouissement en en faisant la clé de voûte de sa sagesse. Toute conviction est suspecte à un sceptique, parce que l’on finira nécessairement par trouver à sa base, de façon plus ou moins profonde, un préjugé non interrogé. Pour la ministre dont il a été question, il n’est pas nécessaire de creuser très loin. 



Ce qui vient au premier plan de la réflexion sceptique aussi bien dans le film de Sidney Lumet que pour cette œuvre de Bertrand Russell, c’est que contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette épochè, cette suspension du jugement catégorique ne désenchante pas notre rapport au réel. C’est au contraire le souci de trouver toujours une réponse à nos questions à tout prix qui engendre un tel effet. Le raisonnement développé par Bertrand Russell est certes d’une extrême rigueur mais en nous faisant comprendre la différence entre la table que nous percevons et la table telle qu’elle est « réellement », il insinue du trouble, de l’incertitude dans une expérience que la plupart des êtres humains jugent comme non problématique, spontanée. La vérité est qu’il suffit de percevoir une table ou ce que l'on prend pour une table pour être directement en prise avec l’énigme même de ce que c’est qu’être au monde…Si monde il y a. La difficulté vient de ce que la plupart des êtres humains veulent des solutions à ce qui ne peut se vivre authentiquement que comme problème. Rien ne va de soi. 

A voir aujourd’hui autant de personnes donner leur suffrage et accorder leur attention à des leaders d’opinion ou d'états qui ne font qu’éluder les vraies questions en proposant des fausses réponses, le plus souvent abjectes, inhumaines, inapplicables et écologiquement ruineuses, nous ne pouvons pas envisager de faire de la philosophe sans nous orienter précisément vers ce qui en nourrit la pratique et en nourrit la puissance. L’existence humaine est questionnante pas seulement parce qu’elle est digne d’être questionnée mais surtout parce qu’une certaine éthique se dessine dans ce mode d’être au monde. Cette certaine éthique est justement tout le contraire d’une éthique certaine, c’est une éthique de l’incertitude, très proche de la recherche scientifique dés lors que cette dernière sait se préserver de toute tentation transhumaniste.

Il convient donc à chacune et à chacun entreprenant de rentrer dans une œuvre de Bertrand Russell de bien saisir ce qu’implique la valeur de l’incertitude philosophique, laquelle est tout sauf de l’errance ou de l’approximation. Le style même d’écriture  de Bertrand Russell recèle un effort de précision, de justesse et d’exactitude qui se situe toujours au plus prés de cette valeur.

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