dimanche 15 octobre 2017

"Peut-on se satisfaire d'être aimé(e)?" - Comprendre le sujet


Lorsque une personne nous informe de l’amour qu’elle nous porte, il semble difficile de recevoir cette « nouvelle » sans réaction, comme si de rien n’était. Même dans le cadre de l’amour familial entre des parents et leurs enfants, ce genre de déclaration plutôt courante et anodine attend une réponse de la part du destinataire. C’est comme si la déclaration simplement aimante (famille, parents) ou franchement amoureuse (amant(e)) plaçait d’autorité le ou la dépositaire en situation d’impossible neutralité. Il « faut » répondre :
-       « moi aussi » ou
-       « non, désolé, je ne ressens pas la même chose  »


On ne peut pas laisser l’émetteur du message amoureux « comme ça », dans le suspens de sa déclaration parce qu’il s’est placé de lui-même en situation de totale vulnérabilité. Il fait un « aveu » qui forcément lui coûte et qui contraste avec la tonalité des conversations courantes. Il s’agit bien d’une « communication » mais elle ne concerne pas un projet extérieur, un futur. La déclaration amoureuse ne dit pas : « vivons ensemble ! », elle évoque « le travail intérieur d’une sensibilité », l’aimé(e) apprend qu’il est depuis un certain temps l’objet d’une attention qui est devenue progressivement une inclination. Nous avons éveillé, sans forcément nous en être rendu compte, l’intérêt d’une autre personne. Cela signifie que nous accaparons son esprit, que nous sommes l’objet de ses pensées celui auquel elle revient toujours. Ce travail de rumination intérieure atteint une telle intensité qu’il lui faut « avouer » cette inclination, cet accaparement dont nous sommes à la fois la cause et l’objet. Pour l’amour éprouvé par les parents à l’égard de l’enfant, cette attention n’a évidemment pas le caractère de surprise qu’il revêt le plus souvent dans la déclaration d’un prétendant ou d’une prétendante, mais il n’est pas fondamentalement différent concernant le contenu du message : il s’agit bien d’informer une personne qu’elle est l’objet privilégié, quasi exclusif de notre attention. Etre l’objet de l’amour de l’autre, c’est fondamentalement « compter » pour quelqu’un : nous ne faisons pas qu’ « être là », que vivre. Nous sommes re-marqués, (marqués à nouveau (re) : nous sommes « nés », présent dans le monde (premier niveau) et nous sommes reconnus, ciblés par un regard qui nous détache du fond d’écran de sa quotidienneté (second niveau)). Etre aimé, c’est voir son existence soulignée par le « marqueur » de l’attention d’une autre personne qui finalement nous adresse le message suivant : « chaque jour, je croise des gens mais toi : ta façon d’être, ta manière d’exister a attiré suffisamment mon regard, ma « considération », pour que naisse en moi le désir de me rapprocher de toi. »


De ce fait, notre existence sort de son acception organique, vitale, biologique. Une autre personne s’intéresse suffisamment au fait que nous existions pour que cela suscite en elle l’envie de se mêler à ce « phénomène » qu’est notre existence, de faire partie d’elle. C’est comme si ce fait, cette donnée qu’est notre existence factuelle, que nous n’avons pas franchement voulue (pas au sens de préméditation en tout cas) et dont nous tenons chaque instant à bout de bras l’incessante réitération se trouvait non seulement réhabilitée, justifiée mais aussi approuvée, voulue, désirée.
Finalement une déclaration d’amour est exactement le contraire de la sentence de mort décrétée à l’égard d’un accusé. Autant la justice pénale formulant un tel jugement signifie clairement au condamné qu’il n’a pas raison de vivre, autant l’amour éprouvé à l’égard d’une personne redouble l’intérêt qu’elle porte elle-même à son existence de celui d’un « Tiers ». Pourquoi « tierce personne » ? Parce qu’il y a en nous celui qui existe, puis celui qui veut exister et à l’extérieur de nous l’autre qui veut que nous existions. L’amour authentique nous touche parce qu’il situe son attachement à cette racine existentielle, primitive de notre être, non pas en fonction de notre mérite, non pas au regard des seules « bonnes choses » que nous aurions faites (on peut admirer quelqu’un qui fait du bénévolat, ce n’est pas pour autant qu’on l’aime), non pas en référence aux services que nous rendons aux autres. Etre aimé(e) vraiment, c’est être encouragé(e) à exister tel qu’on est, à « être » tout simplement dans la pure immédiateté de ce phénomène « brut », effectif et « sans qualités ». Pascal a tort : si nous n’aimions que des qualités, nous les aimerions chez toutes les personnes qui disposent de ces qualités et ce n’est pas le cas.
Cette approbation nous touche parce qu’elle est « inconditionnelle », à savoir qu’elle ne peut être l’objet d’un marchandage, d’un échange, de restrictions d’usage. Ce n’est pas une « offre soumise à conditions », comme on dit dans les ventes promotionnelles. Une personne sincère qui nous déclare son amour nous envoie donc clairement le message suivant : « Existe, et ce sera bon pour moi ! » ou encore, « tu n’as rien d’autre à faire ou à être que cette personne existante et cela suffira pour que je t’approuve, pour que je sois avec toi, pour que j’abonde dans le sens de cette existence qui est tienne, qui est toi, et c’est tout. » Dans des termes beaucoup plus brefs, c’est exactement le fond de la déclaration d’affection de Montaigne à « La Boétie » : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. » Une autre personne se satisfait que nous soyons…. « nous », mais ce « nous » n’est pas le masque de celui que nous jouons aux yeux des autres pour être seulement accepté par eux dans telle ou telle corporation, milieu, cercle. Ce « nous-même » est simplement le fait d’exister, dans tout ce qu’il peut revêtir à la fois de pur, de donné, de brut, de neutre mais aussi de « signé », de stylisé parce que le fait d’exister est le seul lieu d’expression de mon originalité la plus inimitable et la plus authentique (personne ne peut exister comme moi j’existe).
Maintenant que nous distinguons mieux ce « qu’être aimé(e) » veut dire, nous réalisons tout ce que cette situation induit de difficultés, de responsabilité : puis-je être satisfait qu’une autre personne que moi investisse autant sur moi, croit en moi jusqu’à tout miser sur mon seul numéro, comme on le dirait d’une somme d’argent posée sur la prédiction d’un numéro sortant ? Puis-je me satisfaire qu’une autre personne se satisfasse de cette énergie qu’il me faut jour après jour, heure après heure, investir, brûler, dans cette exigence, plus impérative que toute autre, d’exister ?
Aucun hommage ne peut nous émouvoir, nous combler davantage que celui d’être aimé(e), parce qu’il est pur, gratuit, désintéressé (au sens où l’aimant n’attend de nous rien d’autre que notre existence : pensons à nos parents), mais n’est-ce pas précisément à cause de cette pureté même, de cette implication authentique, de cette puissance qu’il nous effraie par son caractère intrusif, inopiné, incongru parce que nous ne pouvons nous empêcher de nous considérer nous-mêmes comme les seuls à être légitimement impliqués dans cet acte qui consiste à entretenir la nécessité de notre propre existence ? N’est-il pas extrêmement dangereux d’être aimé dans la mesure où nous courons dés lors le risque d’être « doublé », supplanté dans cet investissement que nous plaçons nous-mêmes en nous-mêmes par un autre que nous-mêmes, lequel y gagnerait peut-être, au gré d’une logique d’investissement dont nous retrouvons l’efficace dans les marchés financiers, un droit de vie et de mort sur notre personne (parce qu’il peut sembler normal à une personne qui investit autant qu’elle se paye proportionnellement au montant de sa participation). Si nous laissons une autre personne que nous, s’intéresser purement à ce fait donné et brut de notre existence, ne lui laisserions-nous pas, par la même occasion, la seule place en cette vie qu’il ne nous faut céder à aucun prix, parce qu’elle est précisément la seule qui nous soit propre, la seule où quelque chose de notre authenticité se dit, se fait, s’exprime et se libère ? Se satisfaire d’être l’objet d’un désir amoureux, n’est ce pas courir le risque de perdre tout désir d’exister par soi-même ?


Toute déclaration amoureuse est donc à la fois extrêmement gratifiante et terriblement embarrassante pour le destinataire. Tout ce qui se produit dans le silence qui suit sa proclamation, au premier rang de quoi il faut placer ce silence lui-même, advient dans une atmosphère saturée de dramatisation, de lourdeur, de gravité signifiante. Tout prend sens. La personne ainsi interpellée ne peut rien faire qui ne soit immédiatement interprétée comme « une certaine façon » de répondre. La neutralité, la non-signifiance sont absolument impossibles. Il faut interroger cette évidence, cette exhaustivité du sens. Pourquoi l’amour révélé installe-t-il avec autant de puissance et d’immédiateté la dimension d’une littéralité impossible ? Parce qu’une personne s’est livrée pieds et poings liés à une autre, parce qu’elle s’est exposée au-delà de toute mesure, parce qu’elle a crevé ce faux plafond de nos conversations anodines dans lesquelles rien ne se dit pour faire surgir du sens « pur ». Mais « pur » en quoi ? En performativité, pour reprendre la terminologie de John Austin. Il est possible de mentir en disant à quelqu’un qu’on l’aime, mais indépendamment du risque que l’on prend en agissant de la sorte (il est possible que cette imposture soit décelable), on sait bien que le type de discours que l’on adresse à la personne que l’on prétend aimer sort du registre de la communication pure et simple pour faire signe d’un « fait de langage ». Ce n’est pas seulement que je dise (ou prétende dire) une réalité, c’est surtout que je fais advenir une réalité dans l’instant même où je la dis, comme un serment. Avouer à quelqu’un qu’on l’aime, c’est lui « jurer » qu’on l’aime, c’est poser un autre type de rapport à la vérité de l’énoncé proféré. Ce n’est pas seulement vrai parce que c’est conforme à la vérité du sentiment que j’avoue (adéquation entre la chose dite et la chose réelle), mais c’est aussi vrai parce que c’est vraiment dit, pleinement assumé dans l’instant même de la proclamation. Ce n’est pas seulement vrai parce que c’est exact mais surtout parce que c’est sincère (du latin « sin cera », sans cire, sans masque).



La vérité de cette parole amoureuse ne consiste pas seulement, pour l’émetteur du message à dire « ce qui est » mais « ce qu’il est », ce qu’il est en train d’être dans l’instant même où le discours est proféré et par lui. Si le silence qui suit la déclaration est aussi lourd c’est parce que la personne qui l’a exprimée joue son va-tout. Elle accepte de rester là, comme une offre, toute entière contenue, suspendue à ce décret qu’est la réponse du destinataire, laquelle ne peut pas ne pas transparaître au travers de ce qu’elle dit, ou pas, de ce qu’elle fait ou pas. Que la personne visée par la déclaration tousse, qu’elle détourne le regard, qu’elle se gratte le nez, et tout est dit, sans être dit, tout est signifié parce que tout est signifiant. Tout est signe, tout est un « oui » ou un « non ». Le « peut-être » est hors de question. Il est déjà un « non ».
Faire languir l’émetteur du message amoureux est donc inhumain. Cela revient à l’abandonner dans une zone indistincte, entre l’aveu d’une existence incomplète et la promesse d’un accomplissement  « éventuel ». Quelque chose de ce qu’il est se joue et s’effectue dans sa parole. C’est en cela qu’elle est performative. L’aimant se livre dans le suspens interrogatif de la déclaration amoureuse, ce qui ne peut manquer à la fois d’atteindre l’aimé(e), de lui faire mesurer l’intensité du sentiment dont il est l’objet à l’aune du risque pris par l’amoureux, mais aussi le poids quasi insoutenable de la demande qui lui est adressée, laquelle revient finalement à accepter la présence d’un Tiers dans cet intéressement au fait de sa propre existence qui constitue finalement  selon Spinoza la meilleure définition de ce que nous sommes vraiment : « l’effort d’une chose pour persévérer dans son être n’est rien d’autre que l’essence actuelle de cette chose. » (le conatus)
Savoir qu’on est aimé(e) est donc plus gratifiant que tous les hommages et toutes les marques d’admiration dont on peut être l’objet parce que, contrairement à ce que suggère Pascal, ce n’est pas pour des qualités ou des démonstrations de mérite ou de compétence que l’on est aimé mais du simple fait que nous existions. C’est un amour qui nous approuve tel que nous sommes, pour ce que nous sommes. En même temps, cette implication inconditionnelle de l’aimant dans l’existence de l’être aimé est pesante, non seulement parce que l’aimé se trouve ainsi « obligé » (cf. l’extrait de  la princesse d’Elide de Molière) à l’égard d’un don aussi irrationnel et démesuré de la part de l’aimant mais aussi parce que cet amour est « intrusif » : il consiste ni plus ni moins pour l’amoureux à attendre de l’aimé(e) qu’il lui laisse une place dans cet intéressement à sa propre existence au gré duquel c’est bel et bien la singularité de notre être qui s’affirme et se libère.
Puis-je me satisfaire qu’une autre personne se satisfasse elle-même de ce fait que j’existe ? Ne serait-ce pas se satisfaire d’un leurre, d’une illusion, puisque je vois bien que la personne amoureuse m’aime pour ce que je ne suis pas et me prête des perfections dont je vois bien que je ne les possède pas ? Mais ne pourrais-je pas les posséder à la longue, en y croyant, en me laissant dynamiser par cette énergie euphorisante de la personne aimante ? Mais encore faut-il que cette énergie soit « porteuse », qu’elle dépasse de ce qui me semble correspondre à ce qu’aujourd’hui je suis, à savoir réellement dépourvu de « ce charme » qu’elle me prête. C’est sur ce point que la notion de satisfaction prend tout son sens, dans la mesure où il va de soi que je ne peux ni ne dois me gratifier d’une quelconque suffisance (satis) sous le seul prétexte qu’Autrui m’idéalise et me voit tel que je ne suis pas. Mais il n’est pas absurde, en revanche, de considérer que la vision troublée de la personne amoureuse m’offre ainsi l’opportunité de réaliser quelque chose de vrai à l’égard de ce que je suis, à savoir un être en devenir, un mouvement trop indéterminé pour se satisfaire de quoi que ce soit (le conatus spinoziste). Nous ne pourrions dés lors nous satisfaire d’être aimé(e) que dans l’exacte mesure où l’amour de l’autre, précisément du fait de ce dynamisme intrusif dont l’impact consisterait à brouiller totalement toute prédétermination de soi-même, briserait en moi la plus infime velléité d’amour de moi-même au sens de mêmeté et ouvrirait ainsi la possibilité de l’amour de soi en tant qu’ipséïté (Paul Ricoeur). Je ne pourrais dés lors me satisfaire d’être aimé que dans l’exacte mesure où cet amour rendrait impossible toute identité close, toute reconnaissance achevée et définitive, toute croyance en un Moi figé. Ce que j’aimerais de l’amour de l’autre serait cette impossibilité de me satisfaire d’être moi, et plus encore la vérité de cette expérience au fil de laquelle on réalise qu’on n’est jamais « quelqu’un » mais toujours l’instance de ce devenir autre, de cet inconnu que l’on ne distingue pas encore et que nous sommes en train d’être.



L’amour que l’on nous porte nous flatte et nous « oblige ». Tout le monde comprend le premier effet mais moins le deuxième. Etre aimé(e), c’est d’abord être l’objet d’une attention, d’un investissement, d’une implication, d’un intéressement de nature très particulière. L’aimant(e) s’intéresse au fait que nous existions. Si c’est bien d’amour dont il est question, il ne retire aucun intérêt matériel de la relation qu’il souhaite nouer avec nous, il se sent partie prenante de ce phénomène brut, donné, effectif qu’est notre présence au monde et notre persévérance dans notre être (Spinoza). Il s’intéresse à nous, au sens étymologique du terme : inter-esse, ce que l’on pourrait traduire par « inter-être », vivre la connexion avec un autre être. C’est bien plus qu’une interaction, laquelle n’est rien de plus que la vie en société. La demande à laquelle il nous faut répondre lorsque celle-ci est de nature aimante ou amoureuse n’est ni plus ni moins que celle d’un être qui exprime le désir de s’inviter dans la relation étroite que nous entretenons avec le fait d’exister.
Mais comment pourrions-nous nous satisfaire de cette insinuation, de cette intrusion puisque elle porte nécessairement préjudice à notre tentative de nous satisfaire de notre existence en nous autosuffisant en quelque sorte (autarcie). N’est-ce pas précisément à moi et à moi seul qu’il revient de me satisfaire d’exister parce que c’est dans les limites dessinées par ce contentement même (se contenter) que se réalisent tout à la fois ce que je suis et ce dont je peux équitablement, exactement, efficacement « jouir » ? Bon « heur » : bien venir à l’heur d’être, au bon moment d’exister, et seulement ça. On évoque souvent, à juste titre le drame pour un enfant de n’avoir pas été « désiré », d’être le fruit d’une union passagère, ou pire non consentie (viol) mais on parle moins du poids dont l’enfant aimé est lesté, dés lors que ses parents l’investissent de cette charge aimante d’incarner le sens de leur vie, comme si le fait d’exister ne lui revenait pas fondamentalement et exclusivement à lui et à lui seul. Aimer quelqu’un c’est lui signifier qu’exister n’est pas seulement son affaire personnelle, mais aussi la notre, c’est s’inviter dans la relation qu’une personne entretient en elle-même avec son existence et cette intrusion n’est rien moins qu’inopportune, a fortiori si elle ne donne pas lieu, en retour, à l’acceptation de l’être aimé dans le rapport que nous lions en nous mêmes avec notre existence (intéressement non réciproque). 
Quoi de plus gratifiant et auto-satisfaisant que de se savoir aimé(e) ? Mais quoi de plus dangereux aussi, de plus intrusif : la personne aimante ne se satisfera pas de quelques marques d’affection extérieure, ce qu’elle veut, c’est nous parasiter, s’inviter dans la relation la plus forte et la plus expressive de notre être authentique, soit cette énergie, ce désir de persévérer dans notre être, désir dans lequel, selon Spinoza, nous consistons vraiment. Dés lors, être aimé(e) sans aimer, en retour, serait la ruine de notre être. Je ne peux me réjouir de cet intéressement de l’autre à mon être sans m’intéresser à mon tour à son être. Ce qui s’effectuera alors est « une rencontre » dont aucun des deux ne sortira indemne parce que c’est précisément cela même qui est visé (« parce que c’était lui parce que c’était moi », mais pourrions-nous rajouter, parce que cela ne donnera au final « ni totalement lui, ni exclusivement moi»): la destruction réciproque de toute identité close et figée sur elle-même. Nous ne pouvons donc nous satisfaire d’être aimé(e) que dans l’exacte mesure où le désir amoureux de l’autre nous arrache aux faux semblants figés de la fausse reconnaissance de soi, de la certitude d’être un moi-même (mêmeté) pour nous jeter hors de nous, et un peu comme Œdipe après qu’il eût appris la vérité, nous abandonner sur la route, tel un vagabond convaincu qu’il ne se retrouvera jamais mais qu’il se cherchera toujours (ipséïté)


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