mardi 29 octobre 2019

Est-ce un devoir d'aimer autrui? Une idée de plan

      
Cette obligation d’aimer Autrui, simplement en tant qu’il est autrui pose deux questions qui tout en étant liées ne sont pas du tout identiques: la première consiste à s’interroger sur la nécessité d’aimer tout être humain autre: est-elle viable? Est-elle possible? Faut-il aimer son prochain? Convient-il de partir de ce principe, de le formuler comme impératif pour que quelque chose comme l’humanité devienne concevable? L’autre question réside plutôt dans la pertinence du terme de « devoir »: se pourrait-il que l’amour de l’autre soit assez évident, assez naturel et spontané pour que l’idée d’en faire un « devoir » soit absurde, voire contreproductive? Ne serait-ce pas justement en en faisant un devoir que l’on se priverait absurdement de l’efficacité de sa réalité, laquelle serait déjà opératoire? Il existe de nombreux exemples de vertus naturelles dont nous nous détournons précisément en voulant les rendre obligatoires. Peut-être est-il naturel qu’un enfant aime ses parents puisque ils prennent spontanément soin de lui, mais les rapports se compliquent dés lors que le père entend « être respecté en tant que Père », c’est-à-dire lorsque l’image, le devoir et la représentation de ce qu’une famille doit incarner   aux yeux des autres prennent malheureusement le relais de liens affectifs qui étaient bel et bien donnés d’avance, dans l’acte même instinctif et naturel de protéger sa progéniture.
       

             Nous partirons donc du sens premier de la question: peut-on faire de l’amour d’Autrui le principe même de cette sociabilité grâce à laquelle une cité, une vie communautaire et organisée peut se constituer? (partie 1) Puis nous nous interrogerons sur la nécessité de donner à cet impératif une valeur morale, en insistant, notamment avec Kant, sur cette notion de devoir (partie 2). Dés lors que nous donnons au sujet une dimension plus morale que légale, Autrui n’est plus seulement le frère d’armes ou le concitoyen mais l’humain. Il faut donc s’interroger sur la nature universelle de cet impératif. Mais recouvre-t-il exactement le sens profond que revêt la rencontre de l’autre homme? Se pourrait-il que le devoir de l’aimer me soit imposé par la présence d’Autrui? C’est bien ce que suggère Emmanuel Lévinas et l’importance qu’il donne à la rencontre du visage de l’autre homme (partie 3). Il faudra enfin nous interroger sur la pertinence de ce présupposé selon lequel il irait de soi qu’Autrui « est ». Le fait que des pensées si différentes que celles de Kant et de Lévinas ne reculent pas devant des termes aussi forts que « devoir » ou « commandement » ne pourrait-il pas être interprété très négativement, c’est-à-dire comme des façons différentes de forcer en nous la reconnaissance d’Autrui, précisément parce qu’en réalité Autrui n’existe pas (partie 4). Dans cette dernière considération il apparaîtra que la nécessité de faire de l’amour d’Autrui un devoir vient non pas de la pertinence universelle et prescriptive de fonder l’humanité mais plutôt de l’effort suspect de certaines civilisations de nier l’efficience aimante et première d’une humanité effective voire d’une solidarité vitale « donnée ». Se pourrait-il après tout que l’amour de l’humanité nous semble si impossible à éprouver non pas parce que nous ne sommes pas tous des saints mais parce que nous constituons en impératif, en idéal moral, une effectivité première et que nous nous rejoignons, au-delà de nos différences, comme autant de façons autres d’être finalement le « même »? Dés lors aimer son prochain comme soi-même prend tout son sens parce que le « comme » s’annule et qu’il ne s’agit plus en réalité que d’une seule et même chose: aimer en l’autre, ou prétendu tel, ce que c’est qu’être soi-même pour cet être unique que nous sommes tous, mais différemment.


1) Faut-il aimer Autrui pour créer un lien civique et, ainsi,  « faire société »?
    a) De quoi le lien civique est-il fait? (Aristote et Hobbes)
    b) La question de la nature humaine
2) L’amour d’autrui peut-il se concevoir et s’ériger en tant que devoir moral?
    a) L’amour passion, l’amour passif
    b) Du respect de la loi à l’amour d’Autrui (Kant)
    c) L'amour comme idéal régulateur
3) Le devoir d’aimer autrui (de se porter garant de lui) s’appuie-t-il sur le respect d’une loi universelle ou sur l’expérience de sa rencontre?
    a) le visage et le commandement
    b) Le désir et l’infini
Conclusion

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