lundi 24 novembre 2014

Explication du texte de Nietzsche (TSTI1 - STMG1 -STL) - Extrait de Phédre de Racine



« Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.
J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,
Innocente à mes yeux, je m'approuve moi−même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je m'abhorre (1) encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux m'en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le cœur d'une faible mortelle.
Toi−même en ton esprit rappelle le passé.
C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé :
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis−je ? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois−tu volontaire ? »

(1) je m’abhorre : je me hais moi-même


1)     Comment peut-on selon vous qualifier l’amour qu’éprouve Phèdre pour Hippolyte ? Quels sont les caractéristiques de cet amour qui conviennent dans les mêmes termes pour toute forme d’amour quelle qu’elle soit ?
2)     En quoi cette déclaration confirme-t-elle les thèses défendues par Nietzsche ?
3)     Il y a dans les termes et dans la violence de cet aveu une nuance de soulagement et, en même temps, de dégoût pour soi-même. Expliquez
4)     Peut-on se fier à ce témoignage d’amour ? Pourquoi ?


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