mercredi 19 novembre 2014

Méthodologie du 3e sujet du baccalauréat - Classes d'enseignement général (TES S) - 2



2)     La distinction du thème et de la thèse (rédiger l’introduction)
 a) l’idée essentielle
Si nous avons choisi le texte, nous avons perçu, même confusément, son unité. Aristote veut nous dire quelque chose et il a les moyens de le justifier. Il convient maintenant de préciser la thèse qui donne à ces lignes une unité de convergence. Il avance plusieurs idées qui s’enchaînent mais il en est une dont nous percevons bien qu’elle constitue le but, la finalité des autres. Il veut en venir quelque part et ce « quelque part » est nécessairement présent dans le texte. Une fois lu dans sa totalité, nous réalisons que toutes ces phrases aboutissent à une affirmation qui se détache des autres par son amplitude et sûrement aussi par son originalité, « sa puissance ». La compréhension de ce qui rend une phrase philosophiquement  plus puissante qu’une autre ne s’acquiert pas « du premier coup ». C’est souvent une question de résonance, comme ces propositions que l’on ne comprend pas tout de suite mais dont on perçoit déjà qu’elle « vont loin », qu’elles sont le fruit d’un travail de réflexion préalable. Il importe de saisir dans le texte la thèse dont la puissance et la résonance se détachent des autres tout en en étant l’aboutissement, l’horizon. Cette idée essentielle doit être exprimée en une phrase suffisamment synthétique et précise pour être sans aucun doute le point auquel Aristote veut « en venir ». Il a construit une machine argumentative pour fonder cette affirmation.
Cette formulation, c’est ce que nous situerons à la fin de notre introduction. Auparavant, nous amènerons la thèse par la description du thème qui est très différent.

     b) Le thème
Notre introduction ne peut absolument pas commencer par : « ce texte nous interroge sur… » ou « il est question dans ce texte ». Il faut amener le texte et non partir du principe qu’il est donné. Aristote prend position sur une question que de nombreux autres philosophes ont également traité. Il s’agit donc d’évoquer ce problème, en évitant les formulations trop « passe-partout » du style « les hommes se sont toujours interrogés sur » ou « De tout temps, l’humanité, etc. » Le thème est nécessairement un sujet très vaste qu’il n’est pas bien difficile de poser. Une fois rédigées ces premières lignes dans lesquelles nous l’évoquons, nous pouvons formuler l’idée essentielle du texte en marquant bien le passage du thème à la thèse essentielle par le biais de la formule : « Ici Aristote soutient que… » ou « on trouve ici sous la plume d’Aristote», ou autre (mais toujours avec l’expression claire d’une focalisation : avant on évoquait un sujet général, maintenant on en vient à ce texte là »). Il faut bien dissocier ici l’ordre de découverte d’un texte (Thèse – Thème) et celui de notre introduction rédigée qui est exactement l’inverse (Thème – Thèse)

3)     La structure du texte
Après l’introduction, il importe de donner idée de la façon dont le texte « fonctionne », en tant que machine à argumentation. Aristote veut nous convaincre de la pertinence de sa thèse et a utilisé pour le faire un ensemble de phrases qui ne sont pas reliées les unes aux autres n’importe comment. Il utilise des figures de style, des procédés rhétoriques, peut-être des images, etc. Il convient donc de décrire ce travail mis en place par l’auteur. Un texte est un discours qui nous saisit, qui nous capte  en un certain lieu et qui nous « dépose » en un autre lieu. C’est un mouvement. Il est très important de saisir cela. Car s’il y a un certain passage qui nous pose problème, il suffit de revenir à cette unité dynamique du texte : nous ne comprenons tel moment mais nous avons compris celui d’avant et d’après. Nous réaliserons ce qui nous échappe en nous interrogeant sur la pièce qui nécessairement manque au « puzzle ». S’il dit telle chose ici et telle autre là, ce qui relie l’une à l’autre ne peut être que celle-ci.

Si nous prêtons attention aux connecteurs logiques, nous voyons à quel point le texte est ponctué de « par conséquent, donc, or, car ». Cela nous fournit des indications très précises sur le mode de fonctionnement du texte, sur ses articulations. Nous pourrons nous appuyer sur ces indications pour rédiger ce paragraphe décrivant la structure du passage à expliquer. Dans le texte d’Aristote, la volonté de démonstration est évidente et marquée par l’utilisation fréquente du schéma de raisonnement suivant : « cause / conséquence / conclusion » (car / par conséquent / donc (ou or)). Aristote affirme l’essence naturellement politique de l’être humain. Selon lui, en nous associant les uns aux autres dans cette totalité politique qu’est une cité (ou une nation), nous exprimons ce qui fondamentalement nous caractérise, en tant qu’hommes. Pour le prouver, il utilise d’abord un argument négatif assez proche de ce que l’on appelle en mathématique la démonstration par l’absurde (ou apagogie) : un homme isolé, sans cité, perd son identité humaine. Le second argument vise à établir au contraire la pleine positivité de la nature citoyenne de l’être humain, laquelle se fonde sur le langage et démarque l’être humain de l’animal

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