Vendredi 16 décembre 2022, Gianni Infantino, le président de la Fifa, déclare que la coupe du monde de football au Qatar est « la meilleure de tous les temps. » Pour lui, la coupe du monde a été, je cite, « un vrai succès sur tous les fronts ».
« Le vrai succès sur tous les fronts de la coupe du monde au Qatar ». Je crois qu’il n’y a rien de mieux pour nous mettre en jambe que ces belles paroles.
La coupe du monde au Qatar, vous en avez forcément entendu parler. Et peut-être que tout ce que vous y voyiez, c’est la défaite de la France en finale. Mais honnêtement, moi le football c’est pas trop mon truc… - et je pense que ça se voit à la carrure… - alors, je ne viens pas tout à fait vous parler de ça. Je viens plutôt vous parler de tout ce qui est tombé aux oubliettes, dès lors du commencement de ce Mondial 2022.
Qu'y a-t-il à déplorer de la coupe du monde au Qatar ?
Renversement de situation surprenant dont les sources seront dévoilées quelques années plus tard ; des stratégies de corruption de la part du Qatar, concernant un panel de participant.es assez large : les personnalités publiques, les dirigeants du football, la Fifa, et même tout particulièrement la France ! Avec la signature « d’accords secrets » à l’Elysée sous le mandat de Nicolas Sarkozy, dont je vous passerai les détails.
Bref, voilà une affaire qui fait déjà ses preuves en matière d’honnêteté, hein.
L’ancien président de la Fifa en dira que : « C’est la première fois qu’une intervention politique a changé une grande décision du football ». Retenez bien cette citation car des années plus tard, on entendra Emmanuel Macron affirmer qu’il « ne faut pas politiser le sport ! ».
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Jupiter sans la foudre |
Bref, un bilan carbone alarmant, un désastre environnemental et effectivement, bravo, un record battu. « Un vrai succès sur tous les fronts ». Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises.
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Jupiter sans chichi (il est comme ça Jupi!) |
Parce que maintenant que le compte est bon, que les plans des stades sont faits, il faut les construire. Et pour cela, il faut du monde. Ce monde-là, le Qatar sait où le trouver ; il fait appel à, sur dix ans, plusieurs centaines de milliers de travailleurs.euses migrant.es, particulièrement d’Asie du Sud. Mais alors que le pays fait affaire de son côté, on se rend rapidement compte qu’on aurait peut-être dû se poser avant la question du droit travail au Qatar (avec le bon espoir que nous nous sentons un tant soit peu concerné.es).
Bref, dans cette allégresse de la coupe du monde, les pauvres crèvent sur la construction d’édifices pour que les milliardaires jouent au ballon dedans. Mais rassurez-vous ! Pour veiller au maintien de ce succès, le Qatar a communiqué quelques règles à respecter très strictement, au risque de finir sept ans derrière les barreaux quand même. Des règles donc, sur la sécurité, contre la criminalit… eh bien non, j’ai mal lu… Alors, reprenons ; si tu es une femme qui vient assister au Mondial, si tu portes un débardeur, une jupe au-dessus du genou, un décolleté ou un vêtement moulant, tu prends sept ans. Idem si tu es un homme homosexuel, et que ça se voit.
Voilà… de quoi se sentir en sécurité, finalement.
On notera tout de même la tentative du port du brassard aux couleurs du drapeau LGBTQ+ par les capitaines de certaines équipes en opposition aux discriminations homophobes du pays, balayée la veille du Mondial par la sanction par un carton jaune de la Fifa. A la probable grande satisfaction d’Hugo Lloris, qui avait d’ores et déjà affirmé qu’il ne le porterait pas personnellement, avec pour argument qu’il faut « respecter la culture du Qatar. » C’est vrai que bon, après tout, les gens amoureux qui se font traquer et emprisonner, c’est déjà pas une priorité dans le monde, alors encore moins dans celui du football. Petite pensée au PSG qui s’est très récemment vu sanctionné par la participation de ses joueurs à des chants homophobes… Enfin, soit. Après tout, les chants homophobes, ça fait partie intégrante du folklore du football. Ca aussi, c’est d’Hugo Lloris. Il en dit du bon, cet Hugo Lloris.
C’est vrai que c’est une question qui, dans cette ambiance festive à laquelle on a eu droit, n’a pas tellement eu lieu de se poser pour tout le monde. Mais la fête étant finie, je pose maintenant la question ; aux gouvernements qui ont validé ce Mondial, et qui ont parfois cédé à la couleur de l’argent. A la Fifa, pour les exactes mêmes raisons. Aux médias, ceux qui ont diffusé l’avancée du tournoi en effaçant le reste, et en manquant à désinformant sur la situation. Et enfin, tout simplement, à toutes celles et ceux que j’ai vu partager l’allégresse de cette coupe du monde en fermant les yeux sur le reste.
Le propos n’est pas ici de suggérer qu’éteindre sa télévision chez soi aurait pu sauver des vies innocentes, ou encore refroidir la planète. Le propos est qu’il est strictement impossible de célébrer ce Mondial 2022 en le dissociant de tout l’engrenage du massacre capitaliste qui gravite autour.
Alors retenons. N’oublions pas.
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Jupiter et Mbappé pleurent ensemble les ouvriers migrants décédés sur le chantier |
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