5) Part immonde de l’être historique - Histoire de l’être immonde
Evidemment ce n’est pas un hasard si Spinoza prend l’exemple de la mort d’un homme pour illustrer cet asile de l’ignorance dans lequel les adeptes d’une finalité se réfugient. L’être humain est un animal symbolique, c’est-à-dire qu’il ne se conçoit pas autrement qu’en tant qu’ « enfant à la bobine » à condition de donner à ce terme qui fait référence à l’observation freudienne un sens plus large: celui de l’être humain trouvant dans le symbolisme et dans la langue un mode tout à fait spécifique de rapport au monde au sein duquel il s’affirme en tant que « je », c’est-à-dire en tant que libre arbitre. Une revendication à marquer une rupture avec « la propension des choses », avec « la vie comme elle va » (et l’absence de la mère) se manifeste dans le mimétisme du jeu et la possibilité qu’il ouvre fictivement d’être l’acteur de ce dont il était la victime (disparition/apparition). Au sein d’une réalité dans laquelle les évènements s’effectuent sans lui, sur lui mais certainement pas par lui, voilà que le symbolisme ouvre la possibilité d’une représentation d’une maîtrise. Mais cette maîtrise jouée via la langue et son pouvoir de découpe du réel devient un pouvoir effectif, une puissance d’impact véritable sur les choses et sur les êtres puisque grâce aux mots, à la technologie, aux échanges inter-humains de véritables actions humaines vont se produire dans un monde qui jusque là suivait son cour (cyclique) propre.
Nous touchons ici le fond de cette question: que le monde soit monde (et que l’homme y soit présent de plain pied, c’est-à-dire pas comme un empire comme un empire), c’est cela qui nous fait violence. Un terme ici peut être évoqué à bon escient tant son étymologie est éclairante, c’est le mot immonde qui vient du latin « immundus » constitué du préfixe négatif im et du terme mundus. L’homme est immonde parce qu’il est une créature « hors monde », hors mundus. Il nous semble anormal que le monde soit, en ce sens qu’il nous semble anormal que le monde s’effectue comme une incessante et imperceptible coïncidence de micro-causalités efficientes sans égard pour nous, et c’est pourtant bien cela qu’il est. C’est en cela que nous sommes immondes mais dans les deux sens du termes: vivant l’existence du monde comme anormale dés qu’elle suit son cours sans égards pour nous (c’est-à-dire tout le temps) , nous interprétons des faits naturels comme violents (la violence est une interprétation humaine du cours pacifique des choses) et répondons par de la violence réelle à cette violence fictive, supposée, postulée mais fausse.
Pourquoi est-il VRAIMENT de toute urgence de comprendre ce qu’ils entendent par cette expression? Tout simplement parce que la réalisation de cette part non historique de l’évènement contient nécessairement la clé de la compréhension par l’homme de ce qui fait vraiment dans les évènements historiques qu’il provoque ou croit provoquer de telle sorte qu’en percevant ce qui de l’histoire échappe à l’histoire, il saisit également ce qui de l’immonde échappe à l’immonde (c’est l’innocence du devenir de Nietzsche):
Dans des phénomènes historiques comme la Révolution de 1789, la Commune, la Révolution de 1917, il y a toujours une part d’événement, irréductible aux déterminismes sociaux, aux séries causales. Les historiens n’aiment pas bien cet aspect : ils restaurent des causalités par-après. Mais l’événement lui-même est en décrochage ou en rupture avec les causalités : c’est une bifurcation, une déviation par rapport aux lois, un état instable qui ouvre un nouveau champ de possibles. Prigogine a parlé de ces états où, même en physique, les petites différences se propagent au lieu de s’annuler, et où des phénomènes tout à fait indépendants entrent en résonance, en conjonction. En ce sens, un événement peut être contrarié, réprimé, récupéré, trahi, il n’en comporte pas moins quelque chose d’indépassable. Ce sont les renégats qui disent : c’est dépassé. Mais l’événement lui-même a beau être ancien, il ne se laisse pas dépasser : il est ouverture de possible. Il passe à l’intérieur des individus autant que dans l’épaisseur d’une société
Et encore les phénomènes historiques que nous invoquons s’accompagnaient de déterminismes ou de causalités, même s’ils étaient d’une autre nature. Mai 68 est plutôt de l’ordre d’un événement pur, libre de toute causalité normale ou normative. Son histoire est une « succession d’instabilités et de fluctuations amplifiées ». Il y a eu beaucoup d’agitations, de gesticulations, de paroles, de bêtises, d’illusions en 68, mais ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est que ce fut un phénomène de voyance, comme si une société voyait tout d’un coup ce qu’elle contenait d’intolérable et voyait aussi la possibilité d’autre chose. C’est un phénomène collectif sous la forme : « Du possible, sinon j’étouffe ». Le possible ne préexiste pas, il est créé par l’événement. C’est une question de vie. L’événement crée une nouvelle existence, il produit une nouvelle subjectivité (nouveaux rapports avec le corps, le temps de la sexualité, le milieu, la culture, le travail…).
Deux régimes de fous (1984)

Tout le monde essaie de situer idéologiquement Mai 68 et ainsi de le discréditer: « gauchisme », « anarchie », « désordre ». Des « jeunes » qui n’ont rien à faire d’autre descendent dans la rue et manifestent contre…on ne sait pas trop quoi, en fait. Le niveau des français est haut, il n’y a pas de crise, peu de chômage. Ils disposent par rapport aux adolescents d’aujourd’hui d’un avenir autrement radieux. C’est incompréhensible!
Deleuze et Guattari proposent de prendre du recul par rapport à cet évènement et de réaliser ainsi que c’est justement à cause de cette absence de causalité historique, à cause de cette imprévisibilité qui a pris de court toute la classe politique, Le général de Gaulle inclus, que quelque chose de Mai 68 est un évènement à l’état pur par qu’il révèle part non historique de l’évènement.
Il faut bien comprendre ici le sens du terme « immonde » tel que nous l’avons utilisé dans cette partie, notamment parce qu’en fait, il est la clé qui nous ouvre non seulement la porte de la compréhension entre violence et Histoire mais aussi celle de la solution du problème (en même temps, on réalise que ce n’est pas du tout une porte que l’humanité d’aujourd’hui semble disposé à ouvrir mais c’et une autre……histoire même si ce serait bien qu’ »on » y réfléchisse).
L’exemple de l’homme malencontreusement tué par une pierre utilisée par Spinoza nous a mis sur la piste de l’incapacité des hommes à accepter ce complexe de micro-causalités inextricable dans lequel nous sommes de fait bel et bien pris. Ce n’est ni du hasard ni de l’intentionnalité divine ou diabolique, c’est dans cette inextricabillité de variables physiques que tout se fait, y compris la mort des hommes qui ici peuvent toujours arguer de leur supériorité, de leur conscience, de leur statut de créature symbolique restent néanmoins dans cette réalité là.
Aucune autorité transcendante ne veille au grain. L’idée qu’il y ait un sens supérieur qui s’exprime et qui finalement ramène dans le rang du rationnel ou du bien des évènements violents, chaotiques causés par la bêtise ou l’aveuglement des humains est intenable dés lors que l’on y voit à l’oeuvre le rôle du symbole, c’est-à-dire cette dimension créée par ce petit enfant capricieux et intelligent qui fait surgir de toutes pièces dans une réalité implacable où la mère est absente un cocon linguistique et fantasmatique dans lequel « il » (Je) décide de tout. La croyance au libre-arbitre est née « là » . Dans ce cocon, qu’un humain qui dit « je » puisse mourir parce que le vent souffle sur un toit est inacceptable, insoutenable, du moins tant que l’on n’a pas inventé, par le même procédé que celui du mimétisme symbolique de la bobine un Dieu, un « sort », un destin supérieur, une chance ou une malchance: autant de concepts qui ne reposent sur rien, ou plutôt qui sont impliqués dans le jeu de la bobine d’un enfant qui s’invente un je (dans cette perspective, Dieu c’est le super « Je » qui fait pendant à celui que l'enfant s'est donné par le jeu).
En fait, tout ce que l’humain a conçu se retrouve dans cette dynamique mythomaniaque de l’enfant à la bobine. Et c’est ici que l’on peut utiliser le terme « immonde » en son sens étymologique: l’être humain est une créature « hors monde » parce que l’enfant à la bobine l’est. Il crée une « bulle de filtre » symbolique, linguistique, au sein de laquelle prend corps l’idée fictive d’une maîtrise des évènements purs du monde.
Or cette maîtrise qui repose en dernière analyse sur le symbolisme suppose la croyance dans un sens particulier: celui d’un « vouloir dire » de la langue. Tous les faits sont donc investis d’un « vouloir dire » par le biais duquel l’être humain interprète ce qui s’effectue réellement comme voulant dire symboliquement quelque chose: la volonté de Dieu, l’accomplissement de la Raison, le mauvais oeil d’une fatalité hostile, etc.
Il n’est pas faux d’affirmer qu’il existe une intentionnalité qui agit dans l’univers, sauf qu’elle est celle de cet univers lui-même. Pourquoi cette intentionnalité là serait-elle plus crédible, plus indiscutable que celle d’une divinité transcendante, ou d’une finalité supérieure? On serait tenté de faire remarquer que la réponse est déjà dans la question. L’intentionnalité d’un vouloir exister de « la vie » ou de l’être n’est pas sujette à caution: tout enfant qui naît, tout brin d’herbe qui pousse, tout compost qui pourrit en est la manifestation claire, aveuglante. Celle d’un Sens supérieur, d’une Raison ou d’un Dieu transcendant induit nécessairement qu’à un moment ou à un autre, on y « croit ».
Dés lors, tout un travail de « détricotage » du faux sens en vue de parvenir au vrai s’impose à nous comme une urgence. Pourquoi? Parce que l’on réalise que rien dans ce vouloir exister (désir) de la vie, de la nature, de l’univers n’’est « violent », en fait, pas même les éruptions volcaniques qui tuent des milliers de personnes, les tremblements de terre, ou les Tsunamis. Nous l’interprétons de cette façon précisément parce que nous sommes « hors monde ». L’esprit du mal est une interprétation humaine de la nature, des faits. L’enfant à la bobine interprète comme violente l’absence de la mère et il y répond par la violence du mot d’ordre: « Da » « Fort ».
A ce stade, la violence n’a aucun « corps », aucun lieu d’occurrence. La violence en fait n’a pas lieu d’être mais l’être humain, suite à cette fausse interprétation, va lui en faire un, est ce sera l’histoire, l’histoire d’une bobine qui part (fort) mais avec le happy end de son retour (da), mais aussi l’Histoire tout court, la civilisation, les sociétés, bref tous les systèmes organisés linguistiquement par l’être humain pour donner prise à un univers protégé au sein duquel le traumatisme de la violence ne cessera de s’activer comme le seul leitmotiv à même de relancer inlassablement la machine de la rationalisation, de l’efficience à rendre raison de….L’enfant humain fait histoire à partir de ce qu’il interprète comme une violence de telle sorte que la violence sera intégrée à l’humanité en tant que matrice à faire histoire. De ce que l’être humain se vive comme une créature hors monde, il s’ensuit logiquement, tragiquement et historiquement qu’il soit une créature immonde (au sens d’inhumaine et violente).
Nous sommes partis de cette hypothèse de travail selon laquelle le déni de la violence factuelle par une violence symbolique serait plus violent que la violence elle-même, mais nous réalisons maintenant que la vérité est encore bien pire puisque en fait la violence est, si l’on peut dire, « dans la tête » de la créature humaine qui parce qu’elle est « hors monde » choisit de vivre comme une violence insupportable l’existence d’un monde qui « suit son cours », c’est-à-dire sur un mode indifférent au sort de l’être humain (c’est ça l’innocence du devenir) et qui donc occulte cette indifférence par l’idéologie du sens de l’histoire. La croyance d’un sens transcendant les évènements historiques n’est finalement que la suite logique de cette interprétation de la nature, du monde, comme « violents ». Mais du coup elle « autorise » la violence réelle. Après tout la Shoah s’appuie sur le « droit » des races dites supérieures d’avoir plus de territoire que les supposées « sous-races » et de les exterminer méthodiquement. Au-delà de tout ce que l’on peut pointer ici d’infondé scientifiquement, ce qui frappe est qu’il existe toujours une idéologie justifiant et provoquant les génocides.
De ce déni naît donc l’incapacité à voir la réalité en face, à savoir qu’il n’y a pas de violence naturelle, ni « cosmique », ni « vraie ». Il y a une non-violence fondamentale de l’aiôn, l’efficience d’une puissance pure, neutre, innocente qui est du monde de devenir monde.
Pour bien saisir le rapport entre l’Eternel retour et l’innocence du devenir chez Nietzsche ainsi que tout ce que nous apporte ces deux concepts dans les conclusions qu’il faut tirer ici au sujet du rapport entre la violence et l’histoire, nous devons réfléchir sur la nature de ces deux sens qui s’opposent totalement. L’être humain croit à un sens comme « vouloir dire » (Sens de l’histoire; dieu, la raison, etc.) d’évènements qui s’inscrivent dans un « vouloir être » (le devenir monde du monde). Dans le premier cas, on fait tout son possible pour entretenir l’illusion selon laquelle tout évènement aurait une finalité cachée aux hommes, supérieure à eux et donc rationnelle en fin de compte (au bout du bout du compte). Dans le second on réalise que tout évènement s’inscrit dans une multitude de « petits riens » et que ces petits riens sont ceux là même par la coïncidence desquels chaque instant du monde accouche du prochain de celui qui vient dans la logique cyclique du devenir. Pourquoi cyclique? Parce que le monde y revient inlassablement à soi. « Le monde désire faire durer le plaisir d’être monde ». C’est cela la logique des évènements et le « miracle » ici, c’est que par évènements on entend aussi bien la révolution française que l’explosion cosmique d’une naine rouge en supernova. Voir la part historique de tout évènement historique, c’est simplement ça: pointer dans l’évènement qui s’intègre à l’histoire des hommes cette part d’effectuation pure, cosmique (mais aussi constituée d’une infinité de petits riens) qui échappe à la compréhension de l’écrasante majorité des hommes.
Si l’on prend l’exemple de Mai 68, quelque chose doit attirer notre attention mais il est clair que cela ne pourra être le cas que pour celles et ceux qui se détacheront du penchant à classifier politiquement idéologiquement « humainement » cette « révolution », quoi? C’est du pur devenir, c’’est-à-dire qu’une génération de « jeunes » revendique exclusivement le droit d’être jeune, de renouveler les cadres de pensée d’une mentalité, d’une société dans laquelle elle ne se retrouve pas, dans laquelle elle ne peut pas se retrouver en fait, tout simplement parce que ce sont de vieilles façons de penser, de vivre, d’être. C’est comme si, au-delà des slogans, des leitmotivs politiques, le sens pur travaillant du dessous le monde par le devenir monde se manifestait enfin aux yeux de toutes et tous, c’est comme si là, à ce moment là, en France, une parcelle de vie ou d’être accédait à un degré intense et « pur » de conscience de soi. Si « sens de l’histoire » il y a, c’est justement en tant qu’il n’a rien à voir dans sa causalité avec l’histoire mais qu’en l’occurrence il s‘est bel et bien effectué aussi dans l’histoire. C’est un moment où l’éternel retour de l’aiôn affleure à la surface de chronos, un moment où l’innocence du devenir parvient miraculeusement à s’imposer dans le chaos de toutes les revendications idéologiques de seconde zone.
Conclusion
La logique des évènements, c’est de revenir à eux-mêmes parce qu’il n’ont pas d’autre sens que celui de s’inscrire dans la matérialité pure et brute d’un monde travaillé par cette seule préoccupation de se donner naissance et de faire durer le plaisir de persévérer dans son être. La violence est donc une erreur de lecture, une illusion d’optique, le présupposé d’une créature hors monde de croire dans une nature immonde à laquelle il répond par de l’immonde historique. La « solution » n’est certainement pas de revenir de cette mimétique symbolique qui d’ailleurs ne recèle pas que de la violence et de l’immonde mais avant tout chose de se rendre sensible à l’innocence du devenir, à ce fond de pacifisme indéracinable et finalement premier qui oeuvre en toute effectuation, quel que soit son niveau, son amplitude, sa puissance d’impact. Puisque l’homme ne vit la réalité qu’en y décelant la violence dont il ne s’aperçoit pas qu’elle est toute entière incluse dans sa façon « hors monde » d’être au monde, la solution du problème consiste fondamentalement à réaliser qu’il EST le problème, ce qui induit finalement qu’il réalise d’abord le Da sein, puisque c’est bien e cela dont il est question.
En effet, si l’homme est la seule créature hors monde, c’est justement parce qu’il ne le vit pas comme un milieu, contrairement aux animaux. Le travail alloué à l’homme est donc en effet difficile notamment parce qu’il n’est pas question de revenir de cette spécificité. C’est un fait acquis que l’homme n’a pas de sillon génétique à creuser, de toile à faire comme l’araignée ou de cellule comme l’abeille. Tout ce que l’homme a c’est la conscience qu’il n’a rien et l’angoisse inhérente à la réalisation de ce vide. Mais en même temps, tout est là: il est la manifestation consciente, impliquée de l’innocence du devenir. Il est cette attention affûtée à la nature inexorable de ce devenir monde du monde, celle-là même qui va trouver son bonheur dans la joie de faire durer le plaisir d’être. C’est bien là le fond des dernières lignes du livre d’Albert camus le mythe de Sisyphe:
« Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. De même, l'homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles. Dans l'univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s'élèvent. Appels inconscients et secrets, invitations de tous les visages, ils sont l'envers nécessaire et le prix de la victoire. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. »
Bien sûr il est possible de discuter de la pertinence de l’expression: « homme absurde » puisque en fait il serait tout aussi juste d’évoquer l’homme « sensé », celui qui est revenu de toutes les illusions du faux sens de l’histoire, de toutes les idéologies s’épuisant à donner un sens transcendant à des évènements immondes. Nous connaissons l’expression « abonder dans le sens de… » désignant l’accord mais aussi l’implication dans le sens d’une parole que l’on comprend, que l’on accepte, à laquelle on adhère entièrement. Il n’y a pas plus dans les cieux d’esprit bienveillant que de Dieu vengeur, il n’y a pas de « cieux ». On peut faire l’économie de cette très coûteuse hypothèse. Dés lors, tout nous apparaît tel qu’il est: la vie se désire elle-même, la nature est en elle-même animée du désir de se faire « accoucher » d’elle-même et cet auto-engendrement s’actualise partout et dans tous les moments. Le humains aveugles à la dynamique de cette fécondité cyclique ne la conçoive qu’en tant qu’elle leur fait injure « personnellement », et ils la prennent en mauvaise part. De cette injure mal comprise, mal entendue naît la violence de l’histoire, mais de cela aussi la nature n’en a que faire, de telle sorte que rien, pas plus dans le cosmos que dans les évènements dits humains, ne s’écarte du tracé sans avenir d’un devenir persistant, entêtant, continu. Il n’est pas dit que l’Humain reste toujours aveugle à cette évidence, même si de fait, rien du comportement historique de l’homme ne semble de nature à nous rendre optimistes à cet égard, mais nous n’avons pas à faire preuve d’optimisme ou de pessimisme, juste à tenir cette ligne qui, en tant que Da Sein nous définit spécifiquement, abonder consciemment dans le sens sans finalité, ni but ni avenir, de tous ces univers gagnés par la joie pure de faire durer le plaisir d’être.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire