lundi 27 février 2023

Terminales 3/5/7: L'éternel retour de Julie dans "la nouvelle Héloïse" de Jean-Jacques Rousseau

 


"Le poids le plus lourd. - Et si, un jour ou une nuit, un démon venait se glisser dans ta suprême solitude et te disait: « Cette existence, telle que tu la mènes, et l'as menée jusqu'ici, il te faudra la recommencer et la recommencer sans cesse; sans rien de nouveau; tout au contraire! La moindre douleur, le moindre plaisir, la moindre pensée, le moindre soupir, tout de ta vie reviendra encore, tout ce qu'il y a en elle d'indiciblement grand et d'indiciblement petit, tout reviendra, et reviendra dans le même ordre, suivant la même impitoyable succession,... cette araignée reviendra aussi, ce clair de lune entre les arbres, et cet instant, et moi aussi! L'éternel sablier de la vie sera retourné sans répit, et toi avec, poussière infime des poussières! »... Ne te jetterais-tu pas à terre, grinçant des dents et maudissant ce démon? À moins que tu n'aies déjà vécu un instant prodigieux où tu lui répondrais: «Tu es un dieu; je n'ai jamais ouï nulle parole aussi divine! ».

Si cette pensée prenait barre sur toi, elle te transformerait peut-être, et peut-être t'anéantirait; tu te demanderais à propos de tout: « Veux-tu cela? le reveux-tu ? une fois? toujours? à l'infini?» et cette question pèserait sur toi d'un poids décisif et terrible! Ou alors, ah! comme il faudrait que tu t'aimes toi-même et que tu aimes la vie pour ne plus désirer autre chose que cette suprême et éternelle confirmation !" 

Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir (1881-1887), g 341, trad. A. Vialatte, Éd. Gallimard, colt Idées, 1968, pp. 281-282.


Il s’agit de la version la plus connue de l’éternel retour formulée par Nietzsche dans son livre « le gai savoir ». Sa référence se justifie-t-elle dans une explication de cet extrait de « la nouvelle Héloïse »? 


« Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause. Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une espèce de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. »


OUI, tout-à-fait mais à titre de contradiction. C’est même à la lumière de Nietzsche que l’on peut vraiment, dans tous les sens du terme, prendre la mesure du passage de Rousseau, exactement comme on réalise la dimension étroite d’une chambre en la comparant à un hall de gare.


Il n’y a rien de mal intentionné dans cette dernière remarque et ce d’autant plus qu’il ne faut JAMAIS oublier que la nouvelle Héloïse est un roman, que Julie décrit finalement ici ses « impressions » sur le désir et ensuite (malheureusement) sur l’homme et le réel. Lorsque l’on a le sentiment qu’une pensée est limitée par rapport à une autre et que ce sentiment s’appuie en réalité sur le degré d’amplitude d’une onde de choc effective à la lecture de tel pou tel, il n’y a vraiment rien de contre-indiqué, de méthodologiquement maladroit à en faire état. Dans le texte qui nous occupe, nous pouvons l’affirmer sans aucune crainte, ni complexe: ce dont Nietzsche parle dans cet aphorisme recèle une puissance d’impact philosophique incroyablement plus élevée que le discours de Julie. 

Cela n’a vraiment rien à voir avec le fait d’être plus Nietzschéen que Roussauïste (cela n’a pas grand sens ces affiliations de toute façon, c’est même complètement ruineux: personne n’a à se soumettre à un Nom). Il se trouve même qu’il y a dans l’éternel retour une forme de droiture, de justesse tenue et verticale par rapport à laquelle on comprend que la colonne vertébrale de la thèse de Julie est sinueuse et pour tout dire « bancale ». C’est donc indiscutablement une référence centrale, à tous égards. Elle est la bienvenue à condition qu’on la maintienne jusqu’au bout. 

Que le rapprochement entre ces deux passages se justifie cela s’impose d’abord parce qu’ils évoquent tous les deux le désir, l’amour et finalement le bonheur, mais comme par « désir », ils ne désignent pas du tout la même chose, évidemment, leurs conclusions divergent et c’est vraiment, vraiment peu dire. « Pour ne plus désirer autre chose que cette suprême et éternelle confirmation »: Nietzsche n’évoque à aucun moment un « objet », un idéal de vie, un modèle d’amante ou d’amant, bref un « horizon » qu’il serait nécessaire pour que le désir « soit », de désirer.  Et cela pour la raison très simple que ce qui intéresse Nietzsche au premier et finalement au seul plan c’est de suggérer faiblement d’abord et très fortement ensuite que notre existence est prise dans un mouvement continu de retour sur « soi » de « LA vie » de ce qu’il appelle la volonté de puissance, c’est-à-dire de cette envie universelle (non pas au sens d’humain mais au sens  « de l’UNIVERS ») de venir et d’accroître toujours sa puissance. Tout ce qui vit désire vivre.  Quand un être humain vient au monde, il s’insère dans cette roue là, il est pris dans ce tourbillon là, dans ce maelström sous l’énergie d’impulsion, d’aspiration de laquelle nous devons insérer, rendre compatible notre désir d’être avec la totalité universelle de tous les désirs d’être, sachant qu’en fin de compte tout cela n’en compose qu’UN seul: celui de LA volonté de puissance. Evidemment la volonté de puissance ne peut que se vouloir elle-même incessamment, et c’est ça: « la vie qui va ». Elle ne fait qu’abonder dans son propre sens, sens cyclique, donc, qui continument revient à soi.

- Tu n’en sortiras jamais: de ce cycle éternel d’une volonté de puissance qui ne veut que se vouloir elle-même

- Mais alors il n’y a que ça: que cette araignée, ce clair de lune, « moi » (et c’est à peine si on ose prononcer ce terme) qui se co-adjoignent, qui se confondent et s’articulent pour composer cette base inamovible de la vie? 

- Oui, c’est ça qui reviendra encore et toujours à soi. La vie ne s’effectue que dans cette « neige poudreuse » de détails. Ce n’est pas tant que les instants ne cessent de revenir à nous, c’est plutôt que les instants ne cessent de revenir à eux-mêmes. » Quand on comprend ça, on réalise que la véritable question est celle-ci:  "est-ce que tu veux ne vivre que des instants qui reviennent à eux-mêmes, qui suivent leur propre logique indépendamment de TOI?  Jusqu’où es-tu capable d’aller dans cette intériorisation du fait que ce que tu vis, ce que tu as vécu et ce que tu vivras sont des instants, avant d’être des choses qui t’arrivent? Peux-tu réaliser qu’elles arrivent dans l’ordre qu’elles choisissent et que, si intentionnalité il y a, c’est celle de la volonté de puissance, c’est-à-dire d’instants qui ne démordront pas du fait d’être? Peux tu réaliser que c’est dans cette machine là que tu es embarqué(e)? A quel point vouloir et désirer de TON point de vue, c’est Rien! Ça n’a pas de sens. "


                Si tout ce qui se passe s’inscrit en fait dans un devenir, dans une roue qui mélange tout dans le mouvement de le faire incessamment devenir autre chose, alors justement il faut cesser de parler de « choses », d’états ou d’êtres. Si tout devient alors il n’y a qu’un seul et même Etat qui est devenir (et ne jamais se figer dans un état donc!) Et ce mouvement de devenir lui ne change pas. Ce qui s’y inclue ne change pas non plus et par conséquent cette araignée, ce clair de lune, pris qu’ils sont dans ce devenir ne cesseront JAMAIS d’être. Ce que nous vivons est déjà en train de se modifier, mais il était déjà en train de se modifier quand je l’ai vécu, mais alors d’où vient son état premier, initial? De ce qu’il état déjà en se modifiant, il n’a jamais cessé et ne cessera jamais de se modifier, je l’ai donc toujours déjà vécu et cela avant même qu’il arrive parce que quelque soit l’état de modification dont j’ai fait l’expérience , il est absolument impossible que j’ai fait une autre expérience que celle de son état de modification, par quoi, quoi que nous vivions, il ne peut s’agir d’autre chose que d’un éternel retour de modifications ou de variables. Nous ne vivons que toutes les infinies variables de situations dont le statut même de variables implique que nous les vivions toujours. Nous ne faisons que les vivre, et c’est ça que nous sommes. 


Prenons un exemple: ma femme ou ma petite amie me quitte. Puis-je dire « oui » à un éternel retour de cette rupture? On comprend Nietzsche quand on réalise que de toute façon c’est déjà fait. Qu’est-ce que cette rupture en fait? Un état (terminal) d’une relation amoureuse. Cet état est en lui-même une modification d’une relation. A quand remonte-t-elle? Evidemment de longues conversations (parfaitement inutiles d’ailleurs) aboutiront à l’aveu que notre copine nous confiera selon lequel tel ou tel jour nous l’avons déçue, nous avons dit ou fait quelque chose qui l’a blessée. Mais cet évènement lui-même est une modification, et finalement notre relation elle même n’est qu’une succession de modifications, parce que tout devient toujours.

Mais alors, si tout devient toujours cela signifie que cette recherche des causes dans mon passé revient à incriminer des facteurs anciens qui finalement ne sont pas du tout passés mais toujours efficients et donc que je vivais déjà en ayant provoqué, sans le savoir, ces lézardes dans mon couple, cette rupture même. Je n’ai pas cessé de vivre la rupture et cela même, surtout dans nos plus beaux jours, déjà la lézarde suivait son cours inexorable. Ne plus vivre en couple était déjà présent, efficient dans tous les jours passés en couple. Ce que j’ai vécu dans mon couple, ça a toujours été aussi la modification insidieuse de ne plus l’être. Nous ne vivons jamais des états, mais toujours des variables de ces états en train de muter, et évidemment cela ne s’arrêtera pas après la rupture par ce que rien de ma prochaine relation ne pourra totalement s’exclure du fait d’être une modification de cette relation là qui vient de finir.  

Ainsi la boucle est bouclée: les causes de la rupture que je cherchais dans mon passé sont en fait déjà en train de s’agglutiner à mon futur, tout simplement parce que ces infimes modifications qui ont lézardé mon bonheur conjugal ne sont pas moins irrévocablement efficientes dans toutes les variables que mes futures relations ne pourront  en aucune façon s’empêcher de devenir. Il n’est vraiment pas question ici de suggérer que mon caractère étant ce qu’il est, il va forcément se produire telle ou telle chose, c’est une question de structure temporelle: si tout ce qui se produit devient, si c’est une seule et même chose de « se produire » et de « devenir » (et c’est bien le cas), alors les causes de ce qui s’est produit portent les traces d’une mutation qui ne fera jamais que se continuer dans ce qui m’arrivera. Tout passé se retrouve dans le futur et inversement. Tout est déjà dans tout, ce qui vous arrive une fois n’a jamais cessé de vous arriver et vous arrivera toujours mais modifiée. La rupture qui ne m’est pas encore arrivée est déjà efficiente à l’état larvaire avant même que je ne rencontre la personne avec laquelle je vais rompre.


Quoi que vous disiez de tel moment difficile de votre vie en assurant que vous l’avez dépassé. C’est faux, vous êtes en train de le faire, et d’ailleurs, ce sera toujours à refaire, consciemment ou pas, parce que cet évènement sous telle ou telle modification est encore présent dans votre vie. Il est inscrit dans le devenir global des êtres et des choses, dans la totalité de cette volonté de puissance qui ne fait que remâcher incessamment cette bouillie évènementielle.

Il est infiniment lourd et léger d’exister, même un seul jour: c’st lourd parce qu’il n’ya pas de brouillon ce que vous avez vécu une fois d’avoir été vécu une fois sera vécue toutes les fois, mais sous des modifications. En même temps c’est très léger parce que ce que nous vivons ce n’est que de la modification, par quoi tout, toujours peut survenir, mais seulement à titre de modification. Nous ne vivons que cette prodigieuse efficacité de l’éternel retour à faire inlassablement du neuf avec de l’ancien, de telle sorte que le neuf ne sera jamais que le nouveau masque de l’ancien mais qu’en même temps, jamais ne me sera donnée, offerte, avec cet instant, l’occasion rêvée, mais bien réelle de DEVENIR, et ce devoir est une grâce. La damnation éternelle et le salut ne font qu’un, ce que Camus a parfaitement compris en disant qu’il fallait imaginer Sisyphe heureux, mais il nous faut aller plus loin que lui en disant qu’il l’EST non pas malgré son supplice mais à cause de lui.

C’et aussi l’un des aspects les plus jouissifs de la lecture du texte de Nietzsche que de se représenter la personne interpellée par le démon lui répondant calmement:

- Mais d’où crois-tu que je revienne si ce n’est de cet enfer là? D’où penses-tu que j‘ai retiré l’énergie nécessaire à être là en face de toi si ce n’est de la parfaite compréhension de tout ce processus? De quel falaise penses tu que je contemple le gouffre que tu crois me révéler pour la première fois dans le vide duquel s’annihile toute perspective de nouveauté, si ce n’est d’un OUI toujours déjà énoncé à ce que cette fatalité soit: amor fati ! 


La fatalité, c’est juste le caractère inextricable des petits riens qui composent les évènements. Finalement, je n’ai vécu que cette rupture, avant après, je ne vivrai qu’elle. Je ne vis que sa mutation perpétuelle; Il y a un moment où elle est plus claire mais  c’est juste d’un point de vue subjectif, pour moi et pour elle. En réalité elle a toujours été là. «  Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l’incarner ». Je dis oui à cette fatalité, parce que si elle m’apparaît, c’est aussi que j’ai compris qu’en fait, je n’ai pas le choix, je ne l’ai jamais eu.

En même temps, puisque nous ne vivons que des variables, cette rupture n’est qu’une affaire de variable. Cela veut dire que j’aurai pu ne pas rompre, que ce moment où les choses ont radicalement débouché sur la rupture avait pu être pris dans un moment de réconciliation et qu’alors je n’aurais vécu que des modifications de réconciliation mais là, elle a eu lieu. Cela veut dire que la roue de tous les évènements est comme un destin irrévocable sauf qu’elle se redistribue et se transforme à chaque numéro qui tombe, comme une sphère du loto dont les boules serait constamment renouvelées à chaque numéro qui sort. Il n’y a pas d’événement qui soit autre chose que la modification d’un autre donc sa continuité « autrement » mais inversement il n’est pas de modification qui soit autre chose que la fulgurance d’un « autrement » dans l’épaisseur continue et étouffante des évènements. Le tout est l’enchaînement inexorable et irrévocable de petits riens mais dans chacun de ces petits riens, ne cesse de se jouer l’éternité et l’exhaustivité de ce Tout. L’existence est un travail de très, de très haute précision à la hauteur duquel seul un être surhumain peut se situer. Tout de notre existence se joue à des petits riens et en même temps rien jamais n’y advient une fois sans y revenir toutes les fois. Quiconque tient ces deux propositions bout à bout dans sa vie est un surhomme.


Elle est où, Julie dans tout ça?  J’aurai envie de dire qu’ « elle fait des phrases », qu’elle est en pâmoison devant sa virtuosité littéraire, mais que, sur le fond, elle est complètement aux fraises! Plus sérieusement, c’est exactement comme si ayant perçu cette nature abyssale du désir en tant que volonté de puissance, elle s’était recroquevillée, comme un escargot dans sa coquille, sur « la douce propriété de l’imaginaire », sur le pays des chimères et autres fadaises « romantico-mystico-à-côté-de-la-plaquo ». 

On peut en effet avoir l’impression au début qu’elle réalise la puissance du désir, son auto-suffisance. On est heureux qu’avant d’été heureux, et on remarque toute cette fausse lucidité rhétorique à faire jouer des oxymores, des hyperboles, des effets de contraste. Cet homme avide et borné fait pour tout vouloir et peu obtenir, c’est elle, ou c’st Rousseau, plus exactement qui peut-être après avoir soupçonné la roue Nietzschéenne s’épuise à vouloir à tout prix y rétablir de l’ego, du moi, du petit moi, des objets, de la limite, des bornes (que de choses à dire de ce nom!), de l’imaginaire.

Mais on ne peut pas trouver cet espace de l’imaginaire à moins de le forcer, de vouloir le situer à tout prix sur la roue d’une fatalité qui de bout en bout le réfute. C’est un non lieu.  Le surhomme n’est pas du tout dans le néant des choses humaines. Rousseau l’est, parce qu’il ne parvient pas à réaliser qu’il est possible à un humain de dire oui à cette inéluctabilité du cours des évènements. 

Le malentendu est éclatant dans le passage consacré à la force consolante. De deux choses l’une soit le désirant n’a pas ce qu’il désire et il en profite pour constituer un substitut qui va supplanter l’objet réel et du coup le faire vivre dans l’utopie (Rousseau) soit il oeuvre à disposer dans cette multitude de petits riens qui composent la roue de la fatalité évènementielle l’agencement adéquat, le bon angle de ce devenir qu’il ne peut pas, de toute façon s’empêcher d’être. Finalement il s’agit de donner à sa petite existence la consistance d’un sens, de désirer en accord avec le flux d’une volonté de puissance qui elle-même ne fait que s’ingénier à vouloir, à se vouloir, à accroître sa puissance. 

Dans la situation imposée par la courtisane, le dignitaire cité par Roland Barthes réalise la rumeur d’une forme de rumination, d’éternel retour, d’adéquation de l’attente, de révélation pure d’un cycle désirant, dépourvu d’objets, de termes, d’idéal, de transcendance, de devoirs, d’horizons, d’espoirs. C’est quand on a tué l’espoir qu’on voit la vie, qu’on la voit vraiment telle qu’elle est, et qu’on est en même tant qu’elle. On n’a pas le choix alors, tout ce qui nous arrive est à vivre intensément parce que c’est la seule chose à faire. L’idée même de choisir les évènements qui nous arrivent apparaît sous son vrai jour: absurde.  Je n’ai qu’une chose à faire: dire oui à la fatalité. 

Tout ce que je vis prend le sens que je lui donne en le vivant et ce sens ne dépend que de cela, de la fermeté de ce lien qui me rattache à la vie telle qu’elle est, à la volonté de puissance telle qu’elle s’accroît, à la mécanique cyclique d’une réalité telle qu’elle devient. Autant Rousseau nous dit que l’espoir fait vivre, autant Nietzsche nous exhorte à tuer l’espoir pour enfin vivre



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