jeudi 13 octobre 2011

Les autres nous empêchent-ils d'être nous-mêmes? Copie d'Estelle Thiebaud, élève de terminale S2


Il semble impossible de vivre en société, parmi les autres et d’être soi-même. Effectivement chacun de nous a déjà constaté qu’en présence d’une tierce personne, son comportement change. Le regard de cette dernière émet forcément un jugement ; sans le vouloir, une « étiquette » nous suit en fonction de notre apparence ou bien par rapport à ce que l’on dégage dans l’esprit de cette personne. Comment provoquer chez l’autre une critique de nous-mêmes correspondante si nous ne sommes pas capable d’être cette unique identité d’avant notre naissance ? Pourtant qu’est-ce qui nous prouve l’existence de ce moi-même ? Dans la plupart du temps une relation parentale s’installe à la naissance, ne laissant aucune possibilité à l’enfant de grandir, de se développer dans un cocon où lui-même est son propre maître. Le verbe « empêcher » désigne l’action de faire obstacle à quelque chose ou bien de se retenir. Encore faut-il qu’il existe un réel fond à nos personnalités. La question donc de savoir si la notion de « for intérieur » signifie une chose concrète dans le monde social qui nous entoure ou alors que la société elle-même est la cause de ces changements de masques qui se produisent sans cesse devant les différentes personnes que nous rencontrons chaque jour. Ne sommes-nous pas constamment en représentation devant les autres si bien qu’au final nous sommes aussi continuellement autre à nous-mêmes ?
De nombreuses personnes répondraient positivement à la question si « face à la société les comportements changent ». Le philosophe Bernard Stiegler s’est penché, dans on œuvre « passer à l’acte », sur les conséquences de la présence d’un autre dans la pièce. Ces observations ont permis d’en conclure que cette compagnie provoque un « phénomène d’une violence extraordinaire ». On peut comprendre ce fait par la comparaison entre la solitude et la présence de l’autre. Il se produit une agression de la personnalité. En effet, il apparaît une certaine neutralité, tranquillité avec la personne que je suis, contrairement à l’angoisse, l’anxiété que le personnage  que je joue dégage. De peur qu’autrui se fasse une mauvaise opinion de ma personne, qu’il reste campé sur ses préjugés, l’homme va modifier ses tenues, ses expressions, ses attitudes, ses postures, ses réparties, ses pensées, etc.
Un second philosophe, Jean-Paul Sartre étudie ce comportement parmi le regard de la société. Cet auteur nous montre à quel point nous sommes conduits face aux autres à jouer une comédie, un personnage, c’est-à-dire à être exposé au jugement d’une personne, à avoir une prestation devant un être auquel nous reconnaissons le droit de nous évaluer. Ainsi nous retrouvons le champ lexical du « théâtre ». Par ailleurs, on peut affirmer que la société dans laquelle nous vivons semble être une comédie sociale humaine : devant autrui, nous usons différents masques, jouons un rôle dissemblable suivant les personnes qui nous tiennent compagnie. L’authenticité  est mise de côté afin de laisser place à l’aspect que nous voulons que l’autre retienne de nous.
On oppose souvent l’être (le fait d’être, l’existence) et le paraître (avoir l’apparence de). Assurément en présence d’autrui, une transformation de notre personnalité s’effectue de sorte à abandonner « l’être » et donc à se préoccuper uniquement de l’interprétation que va bien pouvoir se faire l’autre à notre vue. L’isolement peut être synonyme de ressenti de l’existence, contrairement à l’impact extérieur de la vie qui opère lorsqu’une personne est en groupe. A travers ces deux mots à la fois si proches et si contraires, on comprend que la société met une barrière à la possibilité d’être soi-même.
Rousseau se déclare l’ennemi de la civilisation. Pour lui, le progrès des sciences et des techniques a rendu l’homme vicieux et méchant, en corrompant sa nature intime. On résume souvent la thèse de Rousseau à travers ces termes : l’homme est bon par nature, c’est la société qui l’a corrompu. On peut s’apercevoir alors que les idées de ce philosophe rejoignent la perception que les autres empêchent ce nous-mêmes de vivre.
Cependant, cette question qui demande une extrême réflexion serait inutile dans le cas où aucun être humain ne posséderaient de soi-même. Effectivement, rien ne nous atteste que chaque personne possède un être propre à lui-même. Dans son roman « Vendredi ou les limbes du Pacifique », Michel Tournier démontre que le meilleur rempart contre la folie est l’autre. Quand il dit : « Partout où je ne suis pas règne une nuit insondable », Tournier affirme que seulement où règne une vie sociale, les objets  existent puisque se trouvant seul, l’home ne peut pas déduire l’objet dans toute sa profondeur mais juste ce qu’il voit. Faire preuve de solitude sur l’île de Speranza rend le langage incompréhensible et impénétrable pour le personnage. L’expérience de la solitude contrarie la nature même du vocabulaire car lorsque nous sommes seuls, nous ne voyons qu’une face de l’objet et non l’objet dans toutes ses dimensions. Par exemple, lorsque l’on dit que nous voyons un lit, ceci est incorrect, vu d’en haut du lit, nous apercevons seulement une face d’oreiller et un drap. Cependant, si plusieurs personnes regardent dans la même direction et sous différents angles, alors ce mot serait juste. Le rôle des autres dans la perception que nous avons des objets est de synthétiser l’objet en lui-même, de lui donner une vraie présence et non une présence fantomatique. En conclusion Tournier affirme que la solitude ronge progressivement les facultés de Robinson. La conscience de soi et celle des choses nécessitent la présence d’Autrui qui manque au personnage. Si sans les autres, nous ne sommes rien, il faut en déduire que c’est autrui qui nous constitue.
En s’isolant l’enfant autiste se construit une forteresse vide, c’est-à-dire qu’en l’absence de relation avec l’autre, la personnalité, le soi-même disparaît. La personne atteinte d’autisme ne peut être elle-même. L’adaptation, qu’elle soit à autrui ou à la réalité extérieure a pour unique but la satisfaction personnelle chez ces hommes définis comma ayant le besoin de se replier sur leur personne.
L’enfant sauvage doit à son isolement de n’avoir pas constitué de personnalité. On ne peut certes pas nier que l’homme possède des qualités innées, c’est-à-dire naturelles qui permettent de le définir comme être pensant, parlant et fabricateur d’outils. Mais l’homme ne réalise ses facultés, ses aptitudes naturelles que dans une forme d’organisation donnée, à la différence de l’animal, chez qui tous les comportements sont inscrits à l’avance dans un programme génétique.
Quittant l’influence de Rousseau, pour qui tout est bon qui sort des mains du Créateur, Kant donne une valeur plus grande à la discorde, voulue par la nature qu’à la solidarité espérée par les hommes. C’est cette contradiction initiale qui devient le moteur de l’histoire. Ainsi deux forces s’opposent en l’homme : la sociabilité qui le pousse à rechercher ses semblables et l’insociabilité qui le porte à résister aux autres mais menace sans cesse de dissoudre la société. Cette insociabilité résulte des inclinations sensibles de l’homme et des passions égoïstes. Si elle est moralement condamnable, elle est toutefois à l’origine du développement des dispositions de la société humaine. Ainsi tout se passe comme si la nature se servait de cette insociabilité pour pousser les hommes à réaliser un état où seule la sociabilité règnerait.
Kant définit l’homme comme un animal capable de raison. Cela veut dire que l’homme n’est pas d’emblée raisonnable. Il n’est pas encore ce qu’il devrait être s’il était authentiquement homme. L’auteur de ce texte cherche à nous faire réfléchir au besoin de la société sur les personnes, à l’impact des autres sur nous-mêmes. L’idée principale de Kant semble que l’homme progresse grâce à la société puisque il est sans arrêt en compétition avec autrui. Ce philosophe affirme à travers ce document que c’est parce que l’homme est mauvais qu’il est bon. Kant utilise pour démontrer sa thèse que le fait d’être plus bas que les autres rend l’homme teigneux, le pousse à se servir de ces capacités afin de sortir vainqueur du duel.
Le fait de constamment jouer un personnage lorsque nous sommes en compagnie nous empêche d’être nous-mêmes. Aussi nous pouvons nous demander s’il existe vraiment un « je » puisque à force de tout le temps interpréter une apparence, un autre que nous ne sommes pas, nous finissons par abandonner le nous-même de notre naissance s’il y en a un. Pour conclure, on peut dire que chacun d’entre nous ne peut se passer de la société pour grandir, s’instruire, se développer avoir un ou plusieurs objectifs dans la vie. En effet, grâce à nos maladresses de la vie quotidienne, nous sommes dans l’espoir de domination, d’ambition par rapport à Autrui.

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