lundi 13 avril 2020

Séance du 14/04/2020 CALM (Cours A La Maison) TS3: 1h

Bonjour à toutes et à tous,
Cette séance est un peu longue  (il est évident que je ne pourrai pas caser tout cela en 1h) mais elle essaie de compléter et de clore "le chapitre" des références utilisables pour le sujet: "Ne peut-on tenter de connaître la réalité qu'en créant des fictions?"
Vous êtes prêtes. Vous êtes prêts? C'est parti!

Nous allons aujourd'hui terminer par deux références: l’une au mythe et plus encore à celui de la réminiscence chez Platon et l’autre en analysant une oeuvre d’art qui convient parfaitement à ce sujet: « one and three chairs » de Joseph Kosuth (1965).
        Mais je souhaiterai préalablement insisté sur un point précis. Si cette dissertation vous pose peut-être plus de problème que les précédentes ce n’est pas forcément parce que nous l’avons préparée dans les modalités d’enseignement spécifiques du confinement. Elle vous semble aussi plus dure parce que j’attends davantage de vous, davantage de quoi? De prise de risque, d’esprit d’innovation. Pour être clair, j’attends de vous que vous utilisiez des références qui viennent de vous et pas de moi, que vous alliez voir de vous-mêmes d’autres auteurs, d’autres oeuvres en les interrogeant avec la problématique du sujet. Mais pour cela il faut vraiment bien saisir la problématique et je ne saurai trop vous conseiller de penser à Nietzsche évidemment. Mais finalement cela peut être dit plus explicitement. Peut on connaître une réalité extérieure sans en faire une représentation qui finalement ne ferait que refléter notre intériorité, comme un miroir? Est-ce qu’un homme peut prendre connaissance d’une réalité sans créer une fiction dans le miroir de laquelle il ne ferait que se reconnaître? Peut on connaître sans se reconnaître au fil de fictions qui ne présentent avec ce qui nous entoure qu’un rapport d’analogie? Voici d’autres formulations possibles de la question qui nous occupe.
  

Si je vous parle aujourd’hui du mythe et de l’art, c’est pour le premier cité parce qu’il est quand même très intéressant historiquement de réaliser que la mythologie et la religion sont les premières formes de pensée humaine. Penser c’est d’abord raconter des histoires. Pour l’art, c’est pour équilibrer un peu mes développement s précédents dans lesquels je parlai beaucoup de la science.


                     Rien ne nous semble plus disponible, plus présent que la réalité: elle est « là » et il suffit de tendre la main pour la toucher, de regarder n’importe quoi pour la voir, de l’écouter pour l’entendre. La « réalité », c’est finalement cette manifestation physique et continuelle d’un milieu, d’un « ici-maintenant ». Ce qui est « réel », c’est ce dont on fait l’expérience effective, incontournable non fictive. Nous sommes confrontés à la réalité quand nous vivons le contraire d’un rêve voire d’un désir. Par conséquent rien ne nous semble moins propice à la création de fictions puisque c’est justement quand une expérience nous met malgré nous en demeure d’agir urgemment et contre nos désirs que nous sommes face à une réalité.
        Il est ici question de « connaître la réalité » plutôt que de lui faire face mais il semble néanmoins contradictoire de recourir à la fiction pour connaître quelque chose qui est ici maintenant dans une proximité évidente, instante. Il existe donc d’abord une antinomie radicale entre l’acte de connaître cette absolue présence du réel et ce mouvement par lequel nous donnons naissance à partir de rien, de notre seule imagination à une « possibilité », à une situation, à un personnage, à un monde, bref à une histoire qui n’a en aucune manière à se référer à quoi que ce soit de réel. Connaître, de prime abord c’est porter son attention vers la chose, l’être ou le monde à connaître étant entendu que cet objet quel qu’il soit est déjà là. Créer une fiction, c’est donner un mode d’existence fictif à ce qui n’a aucun rapport avec un réel préexistant. Mais nous percevons bien dés cette mise en perspective liminaire, première de la question qu’il est difficile 1) de faire naître une situation fictive sans qu’elle n’entretienne le moindre rapport avec un réel préalable 2) qu’on en peut pas connaître une chose réelle sans s’en faire une idée, par quoi elle devient peut-être autre chose que réelle. C’est ce deuxième aspect qui nous intéresse ici: une connaissance pure du réel en tant que réel et pas réalité déjà interprétée par certains présupposés de notre perception qui lui substituerait une fiction est-elle possible? Puis-je connaître le réel tel qu’il se donne à moi, c’est-à-dire indépendamment de ce que j’en fais? N’y aurait-il pas toujours une sorte de « filtre » « humain trop humain » par le biais duquel je troquerai cette réalité « Autre » extérieure au sens très fort du terme pour une représentation plus familière, mais fausse du coup, ou du moins moins authentique. Peut-on connaître la réalité autre sans en faire une fiction « notre »? Est-il vraiment inenvisageable que nous puissions connaître quoi que ce soit autrement que par le biais d’une procédure de recoupement, d’analogie avec une image que nous concevons? Se pourrait-il que connaître ne marque jamais un accès direct à la chose à connaître mais toujours la constitution d’un modèle grâce auquel nous nous faisons une certaine idée de la chose à connaître par analogie? C’est ça la question!
          
On pourrait même utiliser l’exemple de ces conversations quotidiennes au cours desquelles nous exprimons un sentiment à quelqu’un et cette personne nous répond: « Ah oui, ça me fait penser à….Elle raconte alors une autre histoire dont elle dit que, par analogie, le sentiment qu’elle lui a inspiré présente un certain rapport analogique au votre, et vous êtes un peu sceptique mais vous vous dites qu’il est peut-être illusoire d’espérer une meilleure compréhension de la part d’une autre personne que ce modèle de compréhension: une comparaison. Finalement cette personne a l’honnêteté de ne pas se mettre à votre place, de ne pas affirmer qu’elle comprendre ce que vous vous allez dire. Elle dit simplement que cela lui fait penser à….Et c’est peut-être exactement à ce mode de compréhension là que nous sommes limités nous aussi dans notre rapport au monde, à nous mêmes, à la vie, au réel.
        C’est exactement ça une métaphore: une sensation vous fait penser à une image et vous faites valoir entre cette image et la réalité dont la sensation fait signe un rapport d’analogie. Cela voudrait dire que toutes les représentations de notre milieu, de notre réalité et de nous mêmes sont plus fictives qu’il y paraît, qu’elles sont des images que nous avons créées à l’occasion d’une rencontre, d’un choc. La réalité ne serait pour nous que le prétexte à créer des fictions et comme le médiateur de cette transposition métaphorique est le langage, nous vivons dans des paysages sensibles, émotifs conceptuels identiques et ce que nous appelons notre réalité est en fait une représentation découpée par la langue et motivée par nos intérêts, des intérêts Humains et rien qu’humains. Connaître, dans tous les sens de ce terme, y compris le plus sensible, le plus lié à cette simple expérience que nous faisons d’une situation, d’un objet, d’un contact, c’est faire naître une image avec laquelle nous allons faire valoir une multiplicité de rapports qui sont finalement autant d’opérateurs linguistiques avec l’expérience première brute, c’est-à-dire l’affect, la sensation. Vivons nous finalement dans autre chose qu’une machine à rêve constamment déclenchée par des stimulations nerveuses, machine suscitant des représentations conformes à des modes de représentations cohérents, pertinents mais qui en même temps ne gagneraient cette cohérence que de partir de présupposés inhérents à la machine et non à la sensation pure? Connaître ce serait finalement faire naître et comparer, ce qui effectivement mettrait en premier plan la notion de métaphore comme l’œuvre de Nietzsche nous y invite.
          
Cette éventualité gagne beaucoup de crédit dés lors que nous la mettons en perspective avec le théorie de la réminiscence de Platon. Dans le Ménon, Socrate essaie de rendre compte finalement de ce processus au terme duquel nous assimilons une connaissance et Socrate essaie de démontrer qu’il existe en chacun de nous, indépendamment de son éducation, les germes de cette capacité par le bais de laquelle nous sommes à même de raisonner et de comprendre. Il montre notamment comment un esclave sans instruction va découvrir les propriétés du triangle à partir de sa seule raison, indépendamment de tout apprentissage préalable. Au fil du dialogue, c’est toute la théorie du rapport des âmes aux idées qui se verra peu à peu explicitée et notamment via le recours au célèbre mythe de la réminiscence. Mais il nous faut compléter ce mythe de celui qui est décrit par Diotime dans le Banquet et de cet autre raconté par Socrate dans le phèdre, à savoir celui dit de « la dialectique ascendante ». Qu’est-ce qui permet à ce jeune esclave de reconnaître la vérité dans le raisonnement proposé par Socrate? Une aptitude à l’abstraction et à l’universalisation qui ne peut s’effectuer qu’à partir d’une pensée qui s’éloigne du sensible et de la particularité de nos expériences concrètes. Petit à petit, nous passons de telle perception particulière à un niveau supérieur de généralisation et ainsi de suite jusqu’à l’universalité de la notion même d’UN. Mais comment savoir que le passage de tel à tel pallier est bien le bon?
        C’est ici qu’intervient le mythe du phèdre selon lequel, pour aller vite nos âmes avant d’être attachées à des corps ont existé en elles-mêmes, par elles-mêmes (c’est un mythe) et ont fait cette expérience des idées pures. Chaque âme est comme un attelage composé d’un cheval récalcitrant (epithumia: les bas instincts) un cheval courageux (le tumos) et le cocher la rayon (noûs). Par conséquent, il y a des différences de maîtrise de l’attelage selon que le cocher, la raison parvienne ou pas à conduire l’attelage au plus prés des Idées. Platon en déduit toute une hiérarchie des âmes qui va par la suite déterminer toute une hiérarchie des êtres, certains étant plus à même que d’autres du fait de la proximité avec les Idées vécues par leur âme de percevoir la justesse ou la fausseté d’un raisonnement:
« Une loi lui défend d’animer à la première génération le corps d’un animal, et veut que 1. l’âme qui a vu le plus de vérités produise un homme qui sera passionné pour la sagesse, la beauté, les muses et l’amour; que l’âme qui tient 2. le second rang donne un roi juste ou guerrier et habile à commander; que 3. celle du troisième rang donne un politique, un économe, un financier; que 4. celle du quatrième produise un gymnaste infatigable ou un médecin; que 5. celle de la cinquième mène la vie du devin ou de l’initié; que 6. celle du sixième s’assortisse à un poète ou à quelque autre artiste imitateur, 7. celle du septième à un artisan ou à un laboureur, 8. celle du huitième à un sophiste ou à un démagogue, celle du 9. neuvième à un tyran. »
         
Connaître, de notre vivant dans cette perspective ce n’est pas faire naître mais c’est faire renaître le sentiment éprouvé par ce que notre âme a vécu sachant que les âmes suivent plusieurs cycles au cours desquelles elles se déposent dans plusieurs corps. Evidemment, il n’est pas question d’accorder à ce mythe une valeur démonstrative quelconque mais seulement de prêter attention à tout ce que cette notion de connaissance a de problématique. Comment expliquer que Platon n’ait pu la concevoir autrement qu’en lui donnant cette assise mythologique? Si connaître allait de soi, si cet acte consistait simplement à porter son attention et ses facultés de raisonnement  vers une extériorité expérimentable en elle-même, il semble évident que le philosophe ne serait pas aller chercher une telle origine. Celle-ci s’impose parce qu’il n’est pas aisé de rendre compte de ce phénomène de reconnaissance par le biais duquel telle ou telle proposition nous semble intuitivement vrai. Il est vrai que nous avons toujours le sentiment rétrospectif que nous connaissions telle ou telle propositions mais nous ne savions pas que nous la connaissions. Il y a tout un arrière fond de présupposition que le mythe platonicien de la réminiscence éclaire à sa façon mais qui ne doit pas occulter dans notre recherche cette importance de la présupposition. C’est comme si connaître s’appuyer sur l’évidence du fait que nous avons toujours déjà connu sans que nous puissions vraiment assigner un commencement à l’acte de connaître.
         
Evidemment cette référence au mythe platonicien de la réminiscence impacte le sujet à deux niveaux: a) nous ne pouvons connaître à l’occasion des expériences que nous vivons aujourd’hui qu’en faisant renaître cette expérience primitive et originelle de l’Idée pure qui a été la notre quand nous n’étions qu’une âme.
b) Nous faire connaître par ces dialogues ce que la connaissance « est » ne s’est révélé possible à Platon qu’en empruntant le détour du mythe. Connaitre ce que c’est connaître impose donc de créer la fiction d’une fable dans laquelle les âmes sont des attelages, les attelages sont conduits par des cochers qui incarnent la raison, etc. Nous avons coutume parfois d’utiliser des histoires fictives pour illustrer des connaissances, mais ici, la relation est tout à fait autre, c’est comme si nous ne pouvons concevoir l’acte de connaître qu’en allant chercher dans la mythologie un mode de discours pouvant parfaitement assumer un processus d’auto-fondation de l’histoire. Un mythe ou une fiction n’ont pas besoin de justifier leur début: « posons que …», «  faisons comme si…. » «  il était une fois… », etc. Finalement ce qui peut se déduire de cette référence à Platon, c’est que l’on ne peut connaître sans se donner à soi-même à la fois « la fiction d’un commencement » et « le commencement d’une fiction ». Paraphrasant Aristote, il faudrait nous interroger sur la possibilité que l’homme soit un animal non pas politique mais mythomaniaque, naturellement mythomaniaque, voué à se raconter toujours des histoires d’abord pour connaître le réel ensuite. Peut-on concevoir une civilisation humaine sans histoires? La réponse est historiquement, ethnologiquement: « non ». C’est finalement toujours à partir d’une histoire que l’Humanité s’est dotée de structures capables non seulement de la structurer en tant que communautés mais aussi de déterminer des cribles de perception au travers duquel un chaos va devenir un monde, un Cosmos.
            Nous n’avons pas cesser d’insister sur le rapport entre la connaissance du réel et la création de fable, éventuellement mythologique, mais clé pose aussi la question des oeuvres d’art. Connaissons la réalité grâce aux ouvres? Se pourrait-il que cette pratique limité par certains d’entre nous à la distraction, à l’évasion de nos préoccupations quotidiennes soit en réalité le lieu même de confrontation avec une réalité pure. Bergson l’affirme en effet en soutenant que l’artiste est le seul à voir le monde au-delà de nos seules préoccupations utilitaires ou de nos filtres linguistiques mais concrètement, ne pourrions-nous pas évoquer un oeuvre nous plaçant devant les termes mêmes de cet interrogation?
           
           En 1965, Joseph Kosuth a crée cette oeuvre: « one and three chairs » consistant de gauche à droite en une photo de chaise, puis la chaise, puis la définition de la chaise dans le dictionnaire. Nous avons donc affaire à la triple représentation d’une chaise, sans qu’il y ait à aucun moment la moindre répétition dans les contenus proposés. Il n’ya aucun rapport entre la photo, la chaise pliable, et la définition et pourtant, c’est bien à trois représentations d’un seul et même objet que nous avons affaire. A celle et ceux qui douteraient encore que la chaise soit un concept et non une chose sensible, cette oeuvre devrait enfin clairement révéler la nature idéelle des objets. C’est comme si la chaise hantait ces trois représentations sans qu’aucune puisse revendiquer de l’incarner complètement (et surtout pas la chaise présente puisque évidemment elle ne saurait être qu’un modèle particulier de chaise et pas LA chaise). Peut-être peut-on tenter ce rapprochement osé de Dieu unique en trois, personnes: le Père le fils et le saint Esprit. La chaise unique en ses trois représentations, c’est cela dont  l’oeuvre fait signe, de cette absence de corps, de matière, de chair de La chaise qui se voit aussi bien incarnée par la photo, par l’ustensile que  par la définition mais à chaque fois très différemment. On mesure bien à quel point serait vaine la thèse prétendant connaître la chaise dans sa réalité tant cette oeuvre nous met autoritairement en face de son absence de réalité et de sa pluralité de représentations
          
Cette oeuvre de Joseph Kosuth prend d’ailleurs un relief tout particulier quand on envisage d’en appliquer le protocole à une personne. Imaginons une photo de la personne, puis cette personne et enfin sa carte d’identité. Où est-elle? Personne ne peut vraiment dire qu’elle est dans son apparence physique car rien de son être ne se résume à cette présence effective: c’est cela que désigne cette oeuvre: cette ligne de fuite qui étire l’espace dans l’ouverture de la question qu’est-ce que….? Où est la chaise? Si je suis devant une photo de Marcel Proust, devant le corps de Marcel Proust, devant son Oeuvre: « A la recherche du temps perdu », où est Proust? Qui est Proust? Certains diraient davantage dans la recherche que dans son apparence physique mais cette réponse n’est pas plus indiscutable que son exact contraire? Proust hante ses trois représentations sans correspondre authentiquement avec une seule d’entre elles, pas davantage que Dieu dans la trinité ou « LA » chaise dans l’oeuvre de Joseph Kosuth.
          
Cette oeuvre est considérée comme relevant de ce que l’on appelle l’art « conceptuel ». Cette conception de l’art semble entrer en contradiction avec ce que dit Emmanuel Kant du beau, à savoir qu’il est « ce qui plaît universellement sans concept ». Kant veut dire qu’une oeuvre est sensible, physiquement présente et que le sentiment de beauté qu’elle nous inspire ne s’adresse pas en nous à la raison sans pour autant être particulière. Que « One and Three chairs » nous inspire un sentiment de beauté serait purement et simplement faux, mais il serait tout aussi inexact d’affirmer qu’elle ne provoque aucun trouble, fût- ce de l’agacement. Le propos de Kosuth ne consiste aucunement à susciter du charme, de l’envoûtement, du ravissement mais à suspendre le temps de la mise en présence de l’œuvre nos habitudes de perception, lesquelles, comme Bergson le fait assez souvent remarquer sont exclusivement motivées par le souci humain de la fonctionnalité: »a quoi ça sert? »et  déformées ou conditionnées par le langage. Je suis ici contraint par la simple notion d’exposition de prêter attention à trois modalités différentes d’évocation de la chaise dont aucune ne peut assumer d’être plus que l’autre l’incarnation véritable, exclusive de la chaise. L’oeuvre crée donc une « sorte d’effet de souffle », une « onde de choc » par le biais de laquelle c’est bien l’absence physique d’un concept purement formel qui se fait ressentir. Nous pourrions paraphraser Mallarmé pour décrire ainsi l’oeuvre de Joseph Kosuth: « Je dis « une chaise » et voit qu’apparaît, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour l’absente de tout mobilier » Nous ne prenons connaissance de la réalité qui nous entoure qu’avec des idées de chaise, de fleur, qui finalement dessinent dans la trame continue d’une réalité chaotique des lignes de fuite, des substituts, des symboles, des en-tête de classement grâce auxquelles la réalité est aussi bien ordonnée que déformée. « One et three chairs" nous met directement en présence de cette modalité conceptuelle de perception de la réalité qu’est la nôtre. Elle dévoile ce voile dont nous recouvrons les choses et les êtres qui nous entourent. C’est donc exactement comme si cette nervure verbale de ce qui n’existe pas, nervure dont nous sommes la plupart du temps inconscients, se faisait presque visible dans cette installation parce que la chaise en tant que concept hante ces trois représentations. La chaise est au sens propre une abstraction. Si quelque chose brille ici par son absence, c’est bien cette idée et c’est dans la mise en présence de trois manifestations bien concrètes que la chaise se détache telle qu’elle « est », à savoir en tant que pure abstraction.
        Nous comprenons bien à quel point il est impossible de saisir cette oeuvre sans saisir que l’art ici, et seul lui peut le faire, nous met en face du paradoxe dans lequel consiste notre connaissance des objets qui nous entourent, laquelle consiste bel et bien à ordonner nos sensations au gré de fictions conceptuelles qui n’ont pas d’autre existence que linguistique. Cette ouvre peut donc être considérée en elle-même comme la réponse positive à la question du sujet.

Qu'allez vous faire pendant les vacances?
  




Donc! Pour remédier à cette situation préoccupante et afin que nous puissions reprendre sur une nouvelle notion dés la rentrée, il faudra lire la fin de l'explication de l’œuvre de Nietzsche  qui sera publiée sur ce blog pendant les vacances et  répondre, à la lumière de cette lecture, à la question suivante:
Pourquoi peut-on dire de l'homme, selon Nietzsche qu'il est un artiste né? (une dizaine de lignes)
Je vous souhaite de très bonnes vacances. N'hésitez pas à me contacter pendant cette période si tel passage de l’œuvre de Nietzsche vous pose problème. 
D'ici là, portez vous bien et gardez le moral!





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