mercredi 24 mars 2021

Terminales 1 et 2 - Cours en distanciel du 25 et 26/ 03/2021(Préparation du bac blanc Philosophie du 29/03)

  


Voici une liste de 15 sujets et 3 textes. Choisissez en 2 (sur une séance de travail de 2h) et rédigez entièrement une introduction de dissertation ou d'explication de texte. Formulez également les références mobilisées par le sujet ainsi que la partie dans laquelle vous envisageriez de les utiliser (dans le oui ou dans le non). Si vous avez le temps, rédigez également un plan.

Nous suivrons la même modalité de correction que pour les exercices précédents (envoyez votre travail à mon adresse mail).

1) Ne sommes nous libres qu’hors la loi?
2) Puis-je être sans opinion?
3) Peut-on censurer une œuvre d’art?
4) Mes mots peuvent-ils dépasser mes pensées?
5) Exister: est-ce un devoir?
6) Venir au monde: est-ce seulement naître?
7) Ne se fier qu’à soi-même: est- ce faire erreur sur la personne?
8) Les mots peuvent-ils exprimer la réalité de toute situation?
9) Peut-on se soustraire à toute autorité?
10) Disposons-nous d’une liberté d’expression?
11) Avons-nous des comptes à rendre?
12) Suffit-il d’exprimer ses problèmes pour les résoudre?
13) Peut-on faire face à toutes les situations?
14) Faut-il comprendre une œuvre d’art?
15) Toute œuvre d’art est-elle politique?

   



Texte 1
 « Quand le primitif fait appel à une cause mystique pour expliquer la mort, la maladie ou tout autre accident, quelle est au juste l’opération à laquelle il se livre ? Il voit par exemple qu’un homme a été tué par un fragment de rocher qui s’est détaché au cours d’une tempête. Nie-t-il que le rocher ait été déjà fendu, que le vent ait arraché la pierre, que le choc ait brisé un crâne ? Evidemment non. Il constate comme nous l’action de ces causes secondes. Pourquoi donc introduit-il une « cause mystique » telle que la volonté d’un esprit ou d’un sorcier, pour l’ériger en cause principale ? Qu’on y regarde de prés : on verra que ce que le primitif explique ici par une cause « surnaturelle », ce n’est pas l’effet physique, c’est sa signification humaine, c’est son importance pour l’homme et plus particulièrement pour un certain homme déterminé, celui que la pierre écrase. Il n’y a rien d’illogique, ni par conséquent de « prélogique », ni même qui témoigne d’une « imperméabilité à l’expérience », dans la croyance qu’une cause doit être proportionnée à son effet, et qu’une fois constatées la fêlure du rocher, la direction et la violence du vent – choses purement insoucieuses de l’humanité – il reste à expliquer ce fait, capital pour nous, qu’est la mort d’un homme. La cause contient éminemment l’effet, disaient jadis les philosophes. Si l’effet a une signification humaine considérable, la cause doit avoir une signification au moins égale ; elle est en tout cas du même ordre : c’est une intention. Que l’éducation scientifique de l’esprit le déshabitue de cette manière de raisonner, ce n’est pas douteux. Mais elle est naturelle, elle persiste chez le civilisé et se manifeste toutes les fois que n’intervient pas la force contraire. »
                        Les deux sources de la morale et de la religion - Henri Bergson       

Texte 2
"Le traitement psychanalytique ne comporte qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin. Le patient parle, raconte les évènements de sa vie passée et ses impressions présentes, se plaint, confesse ses désirs et ses émotions. Le médecin s'applique à diriger la marche des idées du patient, éveille ses souvenirs, oriente son attention dans certaines directions, lui donne des explications et observe les réactions de compréhension ou d'incompréhension qu'il provoque ainsi chez le malade.
  L'entourage inculte de nos patients, qui ne s'en laisse imposer que par ce qui est visible et palpable, de préférence par des actes tels qu'on en voit se dérouler sur l'écran du cinématographe, ne manque jamais de manifester son doute quant à l'efficacité que peuvent avoir de « simples discours », en tant que moyen de traitement. Cette critique est peu judicieuse et illogique. Ne sont-ce pas les mêmes gens qui savent d'une façon certaine que les malades « s'imaginent » seulement éprouver tels ou tels symptômes ?
  Les mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore le mot garde encore beaucoup de sa puissance de jadis. Avec des mots un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à l'aide de mots que le maître transmet son savoir aux élèves, qu'un orateur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Ne cherchons donc pas à diminuer la valeur que peut présenter l'application de mots à la psychothérapie et contentons nous d'assister en auditeurs à l'échange de mots qui à lieu entre l'analyste et le malade."
                                 Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1917

Texte 3
  "Qu'est-ce qu'un inconscient ? C'est un homme qui ne se pose pas de question. Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question ; il n'en a pas le temps. Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s'examiner soi-même n'a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son propre cour, ni de dire Moi, ni de penser Moi. En sorte que, faute d'examen, moral, il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit : « je sais que je sais ; je sais que je désire ; je sais ce que je veux. ». Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même. Ce que les passionnés, dans le paroxysme, ne font jamais ; ils sont tout entier à ce qu'ils font et à ce qu'ils disent ; et par là ils ne sont point du tout pour eux-mêmes. Cet état est rare. Autant qu'il reste de bon sens en un homme, il reste des éclairs de penser à ce qu'il dit ou à ce qu'il fait ; c'est se méfier de soi ; c'est guetter de soi l'erreur ou la faute. Peser, penser, c'est le même mot ; ne le ferait-on qu'un petit moment, c'est cette chaîne de points clairs qui fait encore le souvenir."
                                                                    Alain, Propos, 30 juin 1923



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