mardi 17 septembre 2024

Terminale 1 / 4 / 5 - Suis-je ce que mon passé a fait de moi? - Un exemple d'introduction

 


Ce qui suit est un exemple d'introduction. On y retrouve les trois phases:

1) L'amorce qui amène le problème en partant d'une situation courante

2) la mise en lumière de la contradiction qui pointe à la surface de cette situation

3) Le travail de formulation du problème philosophique vers lequel le sujet nous oriente

        Si cette introduction semble longue, c'est que chaque moment est très développé, dans un souci d'élucidation des étapes qu'il convient de suivre. L'exigence de clarté est une donnée vraiment fondamentale de la rédaction d'une dissertation, mais il est évidemment possible de faire plus court. l'essentiel ici est que chacun et chacun réalise ce qu'il faut faire et l'enchaînement des trois moments. Il faut rappeler à quel point la question finale est cruciale. Nous y formulons le problème (le rapport entre l'identité et la liberté). Rater cette étape revient à ne pas saisir le problème implicitement compris dans le sujet. il aboutit à un hors sujet, défaut extrêmement dommageable.



( 1er moment) Lorsque nous nous rendons à notre travail, nous effectuons un trajet déjà emprunté plus d’une centaine de fois. Il se produit alors une routine au sein de laquelle le corps commande l’action effectuée en suivant les automatismes de l’habitude. Cette emprise est si forte qu’il n’est pas rare que l’on se retrouve surpris d’arriver à notre destination sans vraiment avoir guidé nos jambes qui semblent avoir parfaitement assimilé le chemin. C’est comme si  l’itinéraire était gravé dans les muscles, inscrit dans nos nerfs. Mais ce n’est pas seulement notre corps qui manifeste ici une forme de contrôle de notre personne, c’est un corps « dressé » dans les mécanismes duquel quelque chose a été comme implanté ainsi qu’on le dirait d’un programme. C’est le souvenir des trajets passés qui a motivé le déplacement présent, lequel finalement n’agit que sous influence d’un passé cent fois répété. En un sens nous pourrions dire que nous avons marché au gré de notre souvenir, dans notre tête, plus que sur une route réelle.  (2e moment) Mais alors où suis-je? Que suis-je en train d’être si c’est mon moi passé qui déploie son programme dans ma vie actuelle? Si mon présent se limite à répéter les choses que j’ai vécues dans le passé , en quoi est-il présent? Cette imprégnation de mon passé dans mon quotidien présent ne peut pas se vivre autrement que comme une fermeture, comme un repli, voire comme un refus. Mais de quoi, au juste? D’une considération qui s’impose avec évidence et relativise la dictature du moi passé, celle qui met en lumière que c’est finalement moi qui laisse ainsi le présent s’effacer devant le passé. En deçà de ce que je lui surimpose, il existe bel et bien un dynamisme, une réalité mobile, un flux qui fait advenir un instant pur, le jaillissement d’un moment absolument improgrammable, incertain, indéterminé au sein duquel tout peut arriver, y compris ma mort.  Aussi conditionné que je sois à répéter les gestes de mon passé dans mon présent, ce présent est celui de toutes les aventures, de tous les dangers aussi. Il n’est absolument rien qui puisse me garantir quoi que ce soit de cet instant présent, en tant qu'il est présent. Ce que je suis en train d’être, c’est justement un autre être que celui que j’étais hier. J’ai choisi de laisser mon passé envahir mon présent mais l’instant en lui-même est celui d’un passage, d’un devenir, d’une altérité, d’une mort imminente possible. (3e moment) Nous pouvons ainsi mesurer tout ce que notre présent doit à notre passé puisqu'il  en est la continuité, mais réaliser aussi que s’il est présent c’est justement parce qu’il n’est plus mon passé. Le terme « identité » vent du latin idem qui signifie « même » (mais même que quoi?). Je connais mon identité quand je parviens à déterminer une ressemblance et nous ne voyons pas à qui nous pourrions mieux ressembler qu’à celle ou celui que nous venons juste d’être, mais en même temps si nous venons de l’être, nous ne le sommes déjà plus. Faut-il se résoudre à ne pouvoir s’identifier qu’à un moi passé? Y’aurait-il une réponse à la question « qui suis-je? » si je prends en compte cet inconnaissable qu’est l’instant présent fluide, dynamique, inarrêtable? Si nous nous identifions à notre passé, nous disposons d’une réponse à la question « qui suis-je? », mais n’est-ce pas au prix de notre liberté que nous  jouissons de cet autoportrait? 




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