samedi 7 janvier 2023

Terminale 3/5/7 - Copie d'élève: "Est-ce inconsciemment que nous disons la vérité?"

 

La vérité semble être un élément essentiel au fonctionnement de nos sociétés car celle-ci représente une universalité qui donne un sens à la pensée et à la vie humaine. De plus qu’omettre la vérité pourrait être signe de trahison ce qui dégraderait par la suite la confiance que nous mettons en chacun de nous.                                                                                                                                                                      Cependant, dire la vérité, toute la vérité n’est pas toujours acceptable socialement, comme le fait d’avouer à quelqu’un qu’il nous énerve quand il parle. Ceci confirme la citation du psychanalyste Jacques Lacan qui affirme que « tout homme qui parle est un menteur potentiel ». Ainsi la conscience semble représenter un barrage à la vérité pure car vouloir dire la vérité a pour conséquence de dire une vérité contrôlée, gérable socialement. De plus, elle semble être l’outil du mensonge car un mensonge est toujours dit consciemment, intentionnellement. Mais si ce n’est pas consciemment que nous disons la vérité, se pourrait-il qu’il existe un autre moyen de dire la vérité pure ? se pourrait-il de dévoiler la vérité, une vérité « nue » quand justement nous ne voulons pas l’admettre ni la dire ? que la vérité vienne donc de notre inconscient ? Ainsi, est ce notre conscience qui voile la vérité ? 

                      Il est tout d’abord intéressant de se pencher sur les différents types de vérités qui existent car la vérité qu’une personne énonce en disant que la Terre est ronde n’a pas la même porté ou valeur que celle qu’une personne laisse paraître lorsque par les actes et signes du quotidien, elle fait comprendre qu’elle est amoureuse de quelqu’un. En effet, la vérité peut être dite lorsque qu’une chose, un phénomène est prouvé, la vérité est donc ici une certitude démontrée, soumise à un examen, comme un raisonnement mathématique. De plus, nous pouvons dire la vérité quand notre jugement est conforme au réel, ce qui signifie qu’aucune place à l’imagination ou à l’illusion n’est faite. Par exemple, je vois un bâton qui a l’air brisé sous l’eau mais je sais qu’il est entier car c’est seulement une illusion d’optique. Un individu dit aussi la vérité lorsque celui-ci est sincère et authentique, donc qu’il ne joue pas un rôle, et qu’il ne fait ne fait pas semblant, donc dire être amoureux et l’être vraiment. De plus, la vérité est dite quand un individu ne ment pas, lorsque celui-ci se prête au jeu de la société, c’est-à-dire qu’il ne déforme pas la réalité intentionnellement afin d’en tirer un profit personnel. Enfin, il existe une dernière forme de vérité, qui s’oppose à toute jactance ou bavardage, car c’est une vérité qui dit au lieu de seulement parler. C’est la vérité alétheïa, détenu pendant l’antiquité par les oracles, aèdes ou poètes, qui par le fait de retirer le voile de la doxa qui est l’opinion et du Léthé qui est le fleuve de l’oubli, impose la vérité, la vérité qui se suffit à elle-même.

                                                                                                                                                          Ainsi, nous pouvons constater que dans toutes ces formes de vérité, deux vérités s’opposent, celle qui doit être prouvée, conforme au réel et à une certaine universalité humaine, et celle qui se justifie par elle-même, par son authenticité et sa sincérité. C’est deux types de vérités peuvent donc être définies par une vérité apodictique qui se démontre dans un raisonnement conscient et une vérité assertorique qui s’affirme par elle-même à un niveau inconscient. Elles peuvent être également désignées comme vérité du connaître et vérité de l’être. Nous pouvons retrouver cette distinction entre la vérité de l’être et vérité du connaître dans le mythe d’Œdipe qui incarne parfaitement la vérité du connaître et le personnage de Tirésias, l’oracle, qui se place du côté de la vérité de l’être

                                                                                                                                        En effet, il faut premièrement savoir qu’Œdipe est maudit dès sa naissance, car l’oracle Tirésias affirme qu’il tuera son père et épousera sa mère. Et c’est pour cela que ses parents biologiques, Laïos et Jocaste, roi et reine de Thèbes, abandonnent Œdipe qui sera ensuite adopté par le roi et la reine de Corinthe. Œdipe finira par l’apprendre et c’est pour cela qu’il va entreprendre un voyage afin de savoir qui sont ses parents. C’est cependant pendant ce voyage, qu’Œdipe tue son père biologique sans savoir que c’était lui puis c’est en déchiffrant l’énigme du sphinx qui terrorise Thèbes, qu’il accèdera au trône au côté de sa mère biologique Jocaste avec qui il aura des enfants. Puis quand la peste sera à Thèbes, Œdipe va encore chercher, essayer de trouver pourquoi la peste s’abat sur son royaume. Mais c’est en essayant de toujours connaître la vérité qu’Œdipe rate la vérité, car la vérité est tout juste sous ses yeux, la peste ravage Thèbes car Œdipe a commis les deux pires crimes, le parricide et l’inceste.

                 




                     A l’inverse, Tirésias l’oracle, n’a pas besoin de chercher la vérité car la vérité alétheïa lui parvient, et c’est justement le paradoxe de l’oracle aveugle (car Tirésias est aveugle) ou des voyants aveugles, qui met en relief le caractère trompeur de la recherche de la vérité. Car les yeux peuvent symboliser ici la conscience, et c’est avec cette conscience qu’Œdipe tente d’accéder à la vérité et échoue, alors que Tirésias ne possède pas la faculté de voir et détient la vérité pure. C’est même peut-être pour cela que lui a accès à cette vérité, à la vérité, car justement il ne se situe pas comme étant vue, il ne se voit pas en sachant que les autres le voient. C’est-à-dire que Tirésias a une sorte de recul par rapport à lui-même, à son identité, qui lui permet non pas d’accéder à une vérité mais à la vérité pure qui n’a besoin d’aucune preuve ou d’expérimentations. Et cette vérité du connaître qu’Œdipe recherchait constamment et consciemment s’achève lorsqu’il découvre les crimes commis, et c’est en se crevant les yeux qu’Œdipe peut enfin être égal aux dieux, car il est passé par l’horreur de ce qu’est être constamment dans la vérité du connaître. Ainsi à partir du mythe d’Œdipe, une vérité, celle de l’inconscient, qui parvient aux oracles, poètes ou autres, celle de l’être, la vérité assertorique, semble prôner sur l’autre. Car l’exemple d’Œdipe montre que rechercher la vérité, une vérité consciente, du connaître, apodictique, peut nous faire passer à côté de la vérité pure.


               Cependant, certains philosophes et scientifiques, tentent de démontrer que la vérité découle de la conscience, du questionnement, que la vérité est uniquement apodictique et non assertorique.

                              Par exemple, Socrate avec sa citation « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux », nous invite à prendre conscience qu’on ne sait pas pour pouvoir ensuite accéder au savoir. En effet lorsque Socrate interroge les passants, dialogue avec eux à Athènes sur des valeurs du quotidien, il exerce la maïeutique, l’art d’accoucher les esprits. De plus que le dialogue socratique n’a pas pour seul but de nous faire prendre conscience de notre ignorance, mais aussi d’éloigner la doxa (l’opinion) qui voile la vérité, et qui freine justement son accès, car celle-ci ne permet pas de réellement s’interroger sur ce qu’on ne sait pas car « l’opinion pense mal, elle ne pense pas » (citation de Gaston Bachelard). Ainsi la conscience est ici non pas le voile qui nous écarte de la vérité, mais plutôt l’outil rigoureux et logique qui nous permet d’accéder à la connaissance, et surtout à la vérité.           

                                                                                                                                                                                Hegel, philosophe allemand du XVIIIe siècle considère également que la conscience est nécessaire à l’énonciation de la vérité. Pour démontrer cela, il utilise la distinction de l’être vivant « en soi » et « pour soi » et défini l’homme comme étant dans le pour soi ce qui signifie qu’il y a une correspondance entre ce que l’homme fait, son action, et ce qu’il sait qu’il est entrain de faire, ce qui apporte un certain contrôle et une capacité à dire ce qu’il souhaite dire, c’est donc la conscience de l’homme. Tandis que l’être vivant « en soi », comme par exemple les animaux selon Egel, désigne l’inconscient du corps, le fait d’être là en tant que corps seulement, en tant que pulsion ignorante, spontanée, brute où il n’y a pas de dédoublement entre l’action et la pensée de cette action. Cette distinction nous permet donc de saisir qu’un être vivant « en-soi » n’a pas la capacité de dire la vérité car il n’a même pas la capacité de dire ce qu’il ressent car lorsqu’un animal est blessé par exemple, il ne sait pas d’où vient cette douleur, il ne sait pas pourquoi, tout ce qu’il fait c’est incarner sa douleur, il est sa douleur. D’où l’importance fondamentale de la conscience dans le pouvoir de l’homme à dire la vérité.

                                                                                                                                                                                  De plus, le raisonnement de Descartes « je pense donc je suis » évoqué dans les Méditations métaphysiques place une fois de plus la conscience comme l’évidence à dire la vérité. En effet, c’est consciemment et dans un raisonnement rigoureux que Descartes va pouvoir établir une vérité qui s’impose par son raisonnement comme vraie et systématiquement vraie. En effet, la démarche du doute hyperbolique qu’il entreprend, prouve l’existence de l’homme, car le simple fait de penser de douter de mon existence montre qu’il y a une pensée et s’il y a une pensée, il y a quelque chose ou quelqu’un qui pense et cette chose qui pense c’est moi donc je pense donc je suis. Cette vérité sur notre existence ne peut en aucun cas nous parvenir inconsciemment car c’est justement l’acte de dire qui reflète une pensée qui prouve que l’on existe. Ainsi cette vérité apodictique, met en lumière le pouvoir évident et nécessaire de la conscience à dire la vérité et l’utilité nulle de l’inconscient dans cette recherche de la vérité.

                                                                                                                                                  La science résulte également d’une démarche de vérité apodictique. En effet, Karl Popper invente le terme de falsifiabilité pour désigner ce en quoi consiste la science, c’est-à-dire que toute propositions scientifiques est une hypothèse qui appel à un processus de validation qui est l’expérience. Cependant, cette théorie démontrée par l’expérience sera valide, vérisimilaire, mais elle ne sera jamais vrai. Car le propre de la science est d’être réfutable, il n’y a pas d’expérience cruciale qui décide définitivement de la vérité. Ainsi, la science s’approche de la vérité sans jamais vraiment y parvenir, et c’est donc dans cette démarche de vérité apodictique que la vérité peut être approchée, mais elle n’aura jamais la prétention de dire une vérité assertorique, la science s’interdit même à prétendre à la vérité car c’est peut-être en évoquant une vérité finale, que la science fait l’objet d’un mensonge.  Ainsi la vérité, ou du moins ce qui s’approche le plus de la vérité, résulte selon Karl Popper, d’une démarche consciente, d’un raisonnement logique qui n’a aucun rapport avec une vérité assertorique, donc une vérité venue de l’inconscient.                                                                                                          


                    Ainsi, la conscience semble être l’outil indispensable à dire la vérité, cependant, ne pouvons-nous pas nous intéresser à la nature de cette vérité, à sa valeur, son authenticité, sa pureté ? La vérité apodictique est-elle vraiment pure, nue, résulte-elle vraiment d’un dévoilement qui semble essentiel afin de dire la vérité dans sa totalité. Car c’est bien la conscience qui nous permet de dire les choses, et c’est elle qui nous permet de choisir ce que l’on a envie de dire. Mais une vérité qui est choisie, une vérité volontaire n’est-elle pas trop belle ? N’est-elle pas contrôlée par notre conscience afin que celle-ci soit socialement gérable ?  La conscience se présente donc ici comme le voile de la vérité pure, et si cette vérité ne peut pas venir de la conscience, ce peut-être par l’inconscient que ce travail de dévoilement s’effectue.                                                                                                                                                                          Nous pouvons observer l’importance de l’inconscient à partir des travaux de psychanalyse de Freud. En effet, le neurologue autrichien est tout d’abord un médecin qui s’intéresse à la paralysie. Et c’est en se rendant compte que le corps ne présente aucune liaison physique, que Freud déduit de ces pathologies comme ne venant pas du corps mais de l’esprit. Ainsi, ces troubles du comportement, ont pour but de faire souffrir le corps afin d’alerter, donc ces personnes souffrantes d’hystérie, de paralysie ou autre n’ont pas une case en moins mais plutôt un discours en plus.  Cependant, on pourrait se demander d’où vient se besoin pour l’esprit de faire surgir un discours. Pour répondre à cette question il est intéressant de se pencher sur la psyché selon Freud qui est décomposée en trois instances, le « ça » qui représente les pulsions que l’on a dès la naissance animées par le principe de plaisir, donc la libido ; le « sur-moi » qui définit l’intériorisation par l’enfant de l’autorité parentale et des interdits ; et le « moi » qui se construit dans l’opposition de ces deux entités contradictoires, qui sont la sexualité refreinée par les interdits liés à la socialisation. C’est à partir de cette construction de notre psyché, que nous pouvons nous rendre compte que ces pulsions rejetées par la censure inconsciente du « sur-moi » constituent des frustrations accumulées par l’individu qui empruntent des voies de traverses, donc par la paralysie, hystérie, névrose, qui font surgir cette vérité que nous ne nous sommes jamais avoués, une vérité que nous avions inconsciemment placé dans le déni. Ainsi, cette vérité ne peut pas nous parvenir grâce à notre conscience car c’est inconsciemment que le travail de censure se réalise, mais c’est aussi inconsciemment que contre notre volonté, sans que nous le voulions, la vérité émerge. Par exemple, les lapsus témoignent de ce non-contrôle totale sur notre pouvoir à dire ou non la vérité, car nous ne choisissons pas de prononcer ces paroles, et c’est pour cela qu’elles sont encore plus authentiques car elles viennent d’elles-mêmes en révélant la vérité pure.

                                                         


                                                                                                                             
                 De plus, l’analyse que Nietzsche fait sur la conscience et ses origines, la définit comme barrage évident à l’énonciation de la vérité pure, totale. En effet, ceci peut s’expliquer par l’origine de la conscience à travers la généalogie de l’être humain. Cette généalogie met en avant le fait que l’humain est faible car celui-ci par apport à d’autres êtres- vivants, notamment les animaux, n’a pas de griffes, de crocs ou autre, et c’est par cette faiblesse individuelle que l’homme a la nécessité pour survivre de s’allier aux autres. Ainsi, l’homme doit communiquer avec les autres pour faire entendre ses ressentis, et besoins, et c’est donc cet instinct de survie, qui apporte le besoin de communication, d’où notre conscience est née. Cependant, avant même de pouvoir s’allier et communiquer avec les autres, l’humain individuellement doit déjà prendre conscience de ses ressentis et besoins, les formuler à lui-même pour ensuite déclarer ses paroles aux autres. Ainsi le langage représente ce qui établit le rapport aux autres mais surtout et tout premièrement ce qui établit le rapport de soi à soi.                                 
                                                                                                                                                                                    C’est ainsi que nous pouvons observer le dédoublement de l’homme « pour-soi », l’homme doter de conscience, car ce dialogue de soi à soi prouve qu’il y a correspondance entre l’action effectuée et la pensée, la conscience de cette action effectuée. De plus que cette conscience est essentiellement liée, dès son origine, aux besoins vitaux, à l’organisation de la communauté autour de cette nécessité de survie. Mais alors, comment être, exister, en dehors de cette communauté pour dire une vérité qui ne soit pas la plus commune pour le commun des mortels. Car dire la vérité consciemment, suppose une universalité, elle doit être « reconnue par tout homme en tout lieu et en tout temps ». Cependant cette universalité n’est qu’une universalité humaine, grégaire, au service du troupeau, de la communauté et de la société ce qui nous éloigne totalement de nous-même

        De plus, il existe une différence fondamentale entre le « je » de l’énonciation, celui qui dit, et le « je » de l’énoncé, qui est celui dont on parle lorsque l’on « dit ». Cela montre, et renforce l’idée de dédoublement, l’idée que nous sommes autre à nous même, et donc que notre « je » est fendu en ces deux autres « je ». Ce qui signifie qu’un individu ne peut se constituer complètement et totalement. Par exemple, dans Les confessions de Rousseau, l’auteur étale sa vie, mais échoue totalement à dire la vérité, ce qui était pourtant son principal objectif, car sa volonté de se confesser créer justement un espace entre son « moi » qui parle et son « moi » dont il est question dans l’ouvrage, autrement dit le sujet de l’énoncé est mis en scène par le sujet de l’énonciation. Donc qu’elle est la vérité dans l’acte de dire je ?                                               

Et quelle est la vérité dans l’acte de prendre la parole consciemment pour dire une « vérité » qui nous reflète qu’en tant que nécessité à survivre?                                                                                                  Ainsi, la conscience semble bien être le barrage à dire la vérité, et la seule vérité totalement pure semblerait pouvoir nous parvenir de notre inconscient. 


          Cependant, cette vérité qui nous parvient de notre inconscient, bien qu’elle soit assertorique, pure et même nue, est-elle la vérité totalement dévoilée ou seulement une vérité ? Ne serait-elle pas encore trop proche de nous, de notre personnalité, de notre « moi » sociale pour vraiment dire la vérité et non qu’une vérité ? Mais alors comment réellement dire la vérité ?

                            Nietzsche nous incite à « devenir ce qu’on est » ce qui s’oppose l’expression de Socrate « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » ou encore même à la simple question « qui suis-je » qui seraient en réalité contre-productif car de cette volonté à s’interroger sur soi ne pourrait sortir que cette nécessité de s’allier pour survivre. Ainsi, devenir ce qu’on est, serait plutôt laisser agir notre volonté de puissance, libérer notre potentiel créateur et ne pas vouloir devenir telle ou telle personne et laisser agir ces pulsions considérées comme indésirables et nuisibles car elles ne correspondent pas aux normes sociales. Il faudrait donc s’éloigner totalement de notre « moi » social, afin de pouvoir dire la vérité, ou plutôt que la vérité se dise, car ce n’est pas nous qui choisissons de la dire mais plutôt cette vérité qui s’impose en nous

                            Ne serait donc pas cela, la vérité Aléthéïa, sortie de l’oubli par Heidegger, la vérité qui s’impose d’elle-même, aussi autoritaire qu’elle puisse être, comme un dévoilement. La vérité qui ne se dit pas mais une vérité qui est tout simplement. Et pour que la vérité soit, il faut une dépersonnalisation du sujet, c’est-à-dire de se détacher de toute identité sociale que nous pouvons nous attribuer. Nous pouvons observer la vérité aléthéïa dans l’art, que ce soit une peinture, une musique, un poème, car l’artiste renonce à son identité sociale, nominale, de plus qu’'il ne cherche pas dans son expression les fonctions vitales de l’humain comme boire ou manger, ce qui rend son travail plus authentique car c’est une vérité qui n’a pas pour but de servir à la communauté, c’est une vérité qui est là.

                                                                                                                                                Tout comme les « ready made » conceptualisés par Marcel Duchamp, qui impose leur vérité en tant qu’objets étant là avant même d’être utiles. Cette vérité qui s’impose peut faire peur à l’humain, car il doit reconnaître que ces objets sont là, la réalité est là, avant même d’être utile, donc avant même que l’homme lui donne une utilité. Tout comme le fait que la vérité aléthéïa est incompréhensible, elle s’apparente à de la glossolalie car c’est justement le fait de comprendre tout de suite très clairement des œuvres d’art ou des poèmes que la vérité perdrait toute son authenticité et se rapprocherait d’une vérité au lieu de la vérité pure t dévoilée. Ce caractère autoritaire de l’aléthéïa qui s’impose comme la vérité est peut-être justement la raison pour laquelle elle a été oubliée. En effet, notre époque laïc et scientifique a pris le dessus sur la religion, et le fait de croire en des vérités assertoriques. Ainsi, la vérité du connaître a pris le dessus sur la vérité de l'être ce qui pourraient expliquer les crises que l’espèce humaines vit, et le tournant face auquel elle semble se trouver et ce qui pourrait nous inciter à justement revenir à cette vérité de l’être. Car aujourd’hui, nous pouvons nous retrouver dans une position semblable à celle d’Œdipe, car en réalité, Œdipe représente les humains et leur confiance donnée aux vérités apodictiques qui nous empêchent de voir la vérité qui est devant nous.                                                                           

            Ainsi c’est de notre inconscient que la vérité nous parvient mais c’est bien dans une certaine conscience que nous pouvons exprimer la vérité, à travers l’art et les poèmes par exemple car les artistes ne sont pas vraiment inconscients car ils sont présents en train de faire leur œuvre. Cependant il ne s’agit pas d’une conscience totale, mais plutôt d’un état à la limite de l’inconscient à la limite de la fonction humaine, tellement la personne s’éloigne de son identité principale, nominale, et sociale c’est la dépersonnalisation du sujet, refuser aux fonctions vitales de l’humain et à la capacité d’être en société pour parvenir à une vérité de l’être, une vérité de l’aletheïa. Ce dire de la vérité de l’être conscient dans cet état de l’abandon de l’identité sociale et nominale, peut se retrouver dans le discours d’avant mort de Gilles de Rais, soldat au côté de Jeanne d’Arc qui a violé et tué plus d’une centaine d’enfant et qui a donc été condamné à mort. Ses paroles consistaient à s’excuser devant tous les parents de ces enfants morts et ses excuses peuvent sembler irrationnelles, complètement décaler de la réalité, pourtant selon les faits rapportés, tout le monde s’est tu. Ainsi ces excuses étaient dans le but de se racheter, d’atteindre une certaine rédemption, ou est-ce plutôt que face à une mort imminente, toute identité sociale, nominale, personnelle, toute personnalité n’a plus aucune importance, plus aucune fonction humaine n’est requise car ce qui attend le condamné, c’est la mort. C’est donc dans la parhésia que ce discours s’est effectué, que la vérité la plus pure qui soit, la vérité aléthéïa a surgit dans l’inconscient de Gilles de Rais pour que consciemment il déclame cette vérité qui dans sa tonalité, son ancrage et son intention ne puisse émettre aucun doute, car la vérité s’impose d’elle-même. 



      En conclusion nous pouvons dire que la vérité peut se définir de plusieurs manières car elle peut être apodictique ou assertorique. Et c’est dans cette distinction que nous pouvons constater que la conscience peut être considérée comme l’outil absolument nécessaire au dire de la vérité, mais qu’en réalité, l’inconscient fait surgir une vérité bien plus pure que celle qui est recherchée par la conscience qui se trouve être le barrage à la vérité. Cependant au-delà de ces vérités qui surgissent de notre inconscient par lapsus ou hystéries, bien quelle soit pures, il existe non pas une vérité mais la vérité aléthéïa qui surgit affirme sa vérité par elle-même, sans justification nécessaire car c’est une vérité qui est plutôt qu’une vérité qui peut se dire. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire