dimanche 22 novembre 2020

CSD (Cours Semi Distanciel) Tle 1 - Cours du 23/11/2020 (15h05 - 15h45)

 (Vous êtes nombreuses et nombreux à ne pas pouvoir écouter l'enregistrement audio. Je cesse donc de le proposer sur le blog, mais vous pouvez l'écouter en me le demandant sur mon adresse perso. N'hésitez vraiment pas si cela vous est utile. Par contre n'attendez pas la fin de la semaine pour m'en demander plusieurs parce que je les jette au fur et à mesure. Ecrivez-moi le soir même du cours, ce sera plus simple pour moi. Merci à vous)

 

  (Nous continuons d'évoquer d'autres théories de l’inconscient, ici c'est celle de Nietzsche)


c) Qu’est-ce Mark Zuckerberg finalement? Un ado timide, craintif et refermé sur lui qui est parvenu à faire de son complexe relationnel un mode de relation médiatisé et virtuel à Autrui, entrainant ainsi dans sa perception névrosée de l’être humain des millions d’abonnés. Comment s’opère cette hiérarchisation si cruciale dont dépend notre être: surhomme (Van Gogh) ou esclave (Zuckerberg) ? Par deux étapes: la première nous menant du petit moi au Soi et la seconde du Soi au moi supérieur, c’est-à-dire au moi créateur. Qu’est-ce que le petit moi? C’est ce que l’on pourrait appeler cette membrane offerte à tous les coups de l’extérieur, aux influences, aux chocs, aux mouvement d’adhésion. Notre petit moi c’est ce qui nous fait plier à la moindre tentation addictive et nous rallier aux troupeaux de tous les addicts à Netflix, Amazon, FaceBook, etc. (évidemment on ne sait pas avec certitude ce que Nietzsche aurait fait ou dit devant FaceBook ou Amazon - rappelons qu'il est mort en 1900 - toutefois, on peut quand même douter fortement de la possibilité anachronique qu'il soit un abonné fervent).

        La tentation est donc grande et toujours menaçante de passer de cet être de surface à un être totalement superficiel. C’est ce qui arrive si nous ne passons par le Soi: « Sens et esprit ne sont qu’outils et jouets, derrière eux se cache encore le Soi. Le Soi cherche aussi avec les yeux des sens, il écoute aussi avec les oreilles de l’esprit. Toujours le soi écoute et cherche: il compare, soumet, conquiert, détruit. Il règne et il est aussi le maître qui règne sur l’esprit. Derrière tes pensées et sentiments, mon frère, se tient un maître impérieux, un sage inconnu, il s’appelle Soi. Il habite ton corps, il est ton corps. Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. » De notre corps, notre vrai corps, qu’est-ce qui se nourrit de nos addictions à ces effets de surface (orchestrés par les gafam)? L’obésité, la faiblesse d’âme, le manque de courage, l’esprit de suivisme. Il faut s’en remettre à notre corps, à notre "corps propre", étant entendu qu’il réside dans une complexion biologique nécessairement unique et exclusive. Le terme clé pour saisir cette thèse est celui d’idiosyncrasie. On l’utilise notamment en botanique pour désigner un individu unique en son genre, qui fait genre donc en lui-même. Faire genre est le propre des personnes stylés. Tout artiste fait genre finalement. En médecine, « le rapport qui constitue la particularité de tout être, de chaque état pathologique ou physiologique est la clef de l’idiosyncrasie, sur laquelle repose toute la médecine ». Cette affirmation de Claude Bernard est vraiment déterminante parce que ce support idiosyncrasique de la médecine définit aussi sa limite externe, ce moment où le médecin ne peut plus appliquer de solutions générales à une complexion particulière, ce seuil où certains soignants rendent les armes, incapables qu’ils sont d’appliquer des traitements distincts, exclusifs, originaux à des corps dont il leur faut reconnaître qu’ils sont infiniment particuliers.                      

                C’est peut-être aussi le moment où la guérison cesse d’être l’affaire de la médecine pour devenir ce qu’elle a toujours été: l’affaire du patient. La dynamique du mouvement défendue pour Nietzsche va finalement dans le sens opposé de celui de la psychanalyse de Freud. Il n’est pas question d’aller de l’inconscient à la conscience mais de la conscience à l’inconscient du corps par le bais d’une hiérarchisation des pulsions au fil de laquelle le corps reconnaîtra les siennes, les plus nobles, les plus pures, les plus à même de faire style, de nourrir l’esthétisation de la vie de cette matrice qu’est l’idiosyncrasie du corps. S’en remettre à cet inconscient là, c’est devenir ce que l’on est: auteur de sa vie.

   


d)  La perspective de Sigmund Freud (1856 - 1939)  est très différente, d’abord parce que c’est en tant que médecin qu’il aborde cette question, en tant qu’il est confronté à un certain type de troubles mentaux qu’il ne prend pas en compte de la même façon que ses collègues de cette époque (Théodor Meynert). C’est par l’hystérie que Freud en est petit à petit venu à cette notion d’inconscient. A bien des égards, sa démarche est scientifique: il part d’observations et considère que ses thèses sont davantage de nature que les autres à expliquer ses troubles. Si la psychanalyse ne peut être considéré comme une science, contre l’avis de Freud lui-même, ce n’est pas parce qu’elle serait inefficace, mais plutôt parce qu’elle donne à l’interprétation de l’analyste un rôle trop important qui ne peut pas se mesurer avec le travail d’explication d’un physicien ou d’un chimiste. Cette question de savoir si le propre d’une théorie est d’interpréter ou d’expliquer reste néanmoins largement sujette à caution, comme nous le verrons dans le cours sur la vérité.
     

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