mercredi 11 novembre 2020

Ecriture libre - "Mes mémoires poussières: la conscience des damnés" de Paul Cohendet (partie 3)

 La bourse ou la vie (partie 3)


Au dehors, il y a une profusion de couleurs, de bruits, d’odeurs, de matière, de substance. Tout les sens sont alors sollicités et cette effervescence monte à la tête de Gary et de Joie. Ils leurs faut deux bonnes heures pour récupérer leurs émotions naissantes, fleurissantes, abondantes… Touts ces verts, ces dégradés de bleu dans le ciel, ces différents parfums de fleurs, de plantes, les herbes folles, les fragrances des fleurs, la beauté de la Nature Sauvage. Après s’être reposés, Gary et Joie se mettent en marche. Où aller, ils n’en savent rien, une seule chose est sûre, il faut s’éloigner de la ville. Après avoir parcouru quelques kilomètres pendant une heure et trente minutes, alors que le jour commence à baisser, et que la nuit se laisse arriver, Gary et Joie arrivent à un carrefour. Là, le chemin qui jusque là n’en était qu’un seul se sépare ici en deux. A gauche, le même chemin, peu accidenté, se poursuit, monotone. A droite, le chemin présente beaucoup de dénivelés, semble très accidenté, mais Gary et Joie vont choisir celui-là, celui de droite, à l’unanimité. Après l’avoir emprunté, et l’avoir parcouru une petite heure, Gary décide de s’arrêter pour la nuit. Ils se trouvent au sommet d’une colline et voient facilement les alentours.


Gary regarde en arrière et voit la monstrueuse taille de la ville, enfermée sous un dôme. Au loin derrière, Gary en distingue deux autres, sous leurs coupoles. Il voit également que si ils avaient choisit le chemin de gauche, ils auraient fait le tour de la ville. Ils ont donc bien fait de choisir le chemin de droite. Gary monte la tente et prépare les sacs de couchage pendant que Joie prépare des petits pois à la viande grâce au réchaud. Ils mangent tout deux en silence, en admiration devant l’immensité de la nature, dans une contemplation totale, une parfaite communion. Ils se retrouvent ensuite dans la tente, et là, commence une discussion, la première depuis qu’ils soient sortis de la ville (le vote était un vote).

- Alors, comment trouves-tu l’extérieur, pour le peu que nous en avons vu, dit Gary.
- Tout est magnifique, semble beau, vrai, enchanteur, … peut-être parce que c’est la première fois.
- Gary ne pense pas ça. Gary pense que la Nature fait toujours cet effet-là, un mélange de magique, de curiosités, de mystères, … et de découvertes. Cela procure beaucoup de bien-être. Et cela est renforcé davantage aujourd’hui du fait que ce soit la première fois que nous rencontrons la Nature, que nous tentons de la pénétrer, … pour la première fois.
- En parlant de première fois, ça te dit ?
- Mais Joie, tu es la sœur ?!

 


- Et alors, le bonheur n’en sera que plus grand … Gary, Joie crois que Joie t’aime.

- Gary t’aime aussi. Passionnément.
Gary et Joie passèrent ce soir là la nuit la plus heureuse de leurs vies.
Le lendemain, aux premières heures de l’aube, Gary se décolle lentement de Joie, se libère de son étreinte. Il sort de la tente et admire la Nature, en silence. Quelques minutes plus tard, Joie, quelque peu dénudée, le rejoint et se presse contre lui, tendrement.
- On a passés une très bonne nuit, tout les deux, dit Joie.
- C’était très beau. Gary espère que ça va durer.
- Compte sur Joie.
- Regarder le soleil qui se lève, c’est magnifique …
- C’est l’aube de notre relation amoureuse, Gary, …
  

            Après avoir remballer leurs affaires, Joie et Gary, tout deux amoureux désormais, repartent d’un bon pas sur le chemin, vers la Nature Sauvage, main dans la main. L’air du matin sent encore la rosée, certaines plaines sont encore embrumées, et Gary aperçoit un frêle petit oiseau qui chantonne dans le vent. C’est une grive musicienne. On ne voit plus la ville, elle est loin dans le passé désormais, un mauvais souvenir. Le long du chemin, il y a de nombreux rochers, nombreuses parois, anfractuosités, arbres, bosquets, forêts, champs, plaines, vallées, collines, monts, montagnes au loin, monticules, ruisseaux, rivières, lacs, petits et gros animaux, des cascades, des grottes, la Nature dans tout ses états. Aux yeux de Gary, tout est magique, magnifique, beau, tout respire, vit, c’est tellement vrai, ce n’est pas un rêve, c’est la Vie, un rêve perpétuellement éveillé, une merveille, un cadeau pour les yeux. Pour Joie, tout est Amour, en plus d’être Nature. Dans chaque fragment de Nature, elle ne peut s’empêcher de voir, de ressentir, de vivre de l’amour avec la Nature. Elle est en totale communion avec la Nature. La seule vue de la Nature les rassasient, et ils ne se reposent que le soir venu. Toute la journée n’aura été qu’une suite ininterrompue de découvertes toutes plus belles les unes que les autres. Cette Nature Sauvage, c’est un nouveau Monde à découvrir, à parcourir, à se raconter. La nuit, serrés l’un contre l’autre, Joie et Gary se remémorent les événements et les découvertes de la journée, en murmurant ces souvenirs à l’oreille de l’autre :

- Quelle journée splendide, dit Gary, c’était très beau.
- Et cette nuit à également très bien commencé, c’était aussi très beau. Nous étions deux étoiles dans le ciel noir qu’est la Nature.
- Tu as vu les étoiles, … Severus avait dit un jour que chaque étoile représente quelqu’un qui nous a quittés à tout jamais. C’est très poétique, c’est vraiment un grand homme, une lumière de savoir dans cette ville qui était les ténèbres de l’ignorance.
- C’est beau ce que tu dis.
- L’amour c’est mieux que la vie. Lorsqu’on est seul, on est face à la Nature immense, face au monde. Lorsque l’on est deux, le monde c’est l’autre. Donc c’est mieux d’être à deux. L’amour c’est mieux que la vie.


 

Le lendemain, Gary et Joie repartent sur le chemin de bonne heure le matin. Aux alentours de midi, Gary et Joie croisent un homme, seul, le premier depuis qu’ils ont quittés la ville, et qui se met à les menacer avec un couteau. L’homme est vêtu des haillons, il est sale, puant, et il possède une haleine fétide :
 

- La bourse ou la vie, jeunes gens ! dit-il, Je Zu ne plaisante pas, la bourse ou la vie.
- Gardez votre calme, Nous allons vous donner notre argent, soyez patient, dit Gary.
- Attention, gars, pas d’coup fourré. Où allez-vous comme ça, toi et ta copine ?
- Nous sommes à la recherche de Soi, dit Gary en tendant la bourse.
- Vous avez déjà obtenu ce statut de « Il » et ce n’est pas suffisant, pauvres idiots. Seul le Nous est salutaire, bon pour Nous Je Zu. Avec le « Il », Nous Je Zu se sentons trop différent, les autres nous rejettent car nous sommes unique, alors que nous voulons être avec eux. Le « Il » est une mauvaise chose, sale, dangereuse pour Nous Je Zu. Nous Je Zu vous quittons ici. Faites comme vous voulez, si vous voulez être haïs par le monde entier, continuez sur cette voie. Même elle se détournera de toi, quand tu seras devenu trop différent d’elle. Adieu, Nous Je Zu retournons en hâte à La Ville, alléluïa !
Gary, quelque peu secoué par l’apparition, la présence et les mots de l’homme, met quelques temps à reprendre ses esprits. Joie le ramène à la réalité en se pressant contre lui :
- Tu vas bien, Gary ? Joie t’as vu perdre pied face à Je Zu. Ce qu’il dit ne le concerne que lui, cela ne doit en aucun cas altérer et remplacer ce que tu penses bon pour nous. Si selon toi, il faut acquérir l’unité, c’est le plus important pour moi aussi. Joie te suivras jusqu’où tu iras.
- Tes mots réconfortent Gary, Joie, tu permets à Gary de se sentir fort, heureux et sûr. Merci infiniment.
L’après-midi se passe sans nouveau signe humain, et la nuit qui suit est des plus paisibles, bien que quelques secousses fassent remuer la tente de l’intérieur. C’est comme le paradis.....

(La suite bientôt)

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