mercredi 18 novembre 2020

Ecriture libre - Le grille-pain par Mathilde Bonzon (2)

 


Je suis assis en face d’elle, mon grille-pain sur les genoux. Je m’occupe en détaillant ses traits. Elle a l’air sereine, je me demande si elle ne s’est pas complètement endormie. Son visage ressemble à une peinture de Vermeer. Il est ovale, fin, sa peau est parfaitement lisse, avec un teint pâle. Son front est marqué par un joli hématome noirâtre. Ses sourcils, du moins son sourcil puisque je n’en vois qu’un, est fin mais reste cependant un trait marquant puisqu’il est d’un noir digne d’une encre de chine. Ses paupières sont fermées mais je m’imagine ses yeux en amande, eux aussi d’un noir pénétrant. Lorsqu’elle les ouvre ils sont étincelants, plein de vie. On dirait qu’ils n’ont vu que des choses magnifiques. Ils sont aussi furtifs, ils lisent à travers vous. Impossible de les éviter, lorsqu’elle plante son regard dans le vôtre, vous êtes comme attiré, aimanté. C’est la même sensation que si on vous prenait par la gorge, impossible de fuir : vous devez faire face. Ils donnent d’ailleurs toute sa vitalité à son visage, puisque lorsqu’ils sont fermés elle paraît calme, on est loin de s’imaginer le lion qui sommeille en elle. Ses pommettes sont légèrement rosées, c’est presque imperceptible. Ses joues témoignent de sa jeunesse, elles n’ont pas encore eu le temps de se creuser. Elle a de petites lèvres d’un rose très pâle. Elles sont gercées, pas étonnant vu les températures actuelles. Et au centre de ce visage d’ange vient trôner un nez fort, osseux. C’est à ce moment que Vermeer range ses pinceaux. Mais j’y vois le cœur de sa beauté. Elle aurait été bien ennuyante sans ce trait original qui vient rompre ce visage d’enfant pour le transformer en celui d’une femme. Viennent ensuite de longs cheveux couleur charbon, qu’elle a détaché sans que je ne m’en rende compte. Ils sont lisses mais volumineux, ils forment un cadre parfait à son portrait. Si j’avais un peu de talent en dessin, ce qui n’est évidemment pas le cas, elle serait mon modèle parfait. 

                

Elle dormait vraiment puisqu’elle n’a pas ouvert les yeux à l’annonce de notre arrêt, heureusement qu’elle me l’avait dit. Je la réveille donc de la manière la plus délicate que je puisse, c’est-à-dire en lui effleurant l’épaule. Elle reprend ses esprits, s’étire, prend ses affaires, me sourit et se lève. On sort, je suis complètement déboussolé, je n’ai jamais mis un pied dans ce quartier. Je la suis jusqu’à sa résidence étudiante, on monte trois étages. On arrive dans un couloir sombre, elle sort ses clefs et ouvre la deuxième porte à gauche. J’arrive dans un petit, très petit appartement. Elle l’a cependant bien aménagé, son lit est près de la fenêtre, il n’est pas fait. « Je ne m’attendais pas à recevoir quelqu’un. », s’excuse-t-elle en rangeant rapidement quelques vêtements. « Ce n’est pas grave. Vous avez de la chance de vivre seule pendant vos études !
-  Ha oui c’est sûr mais je ne suis pas très fan des colocs ! Asseyez-vous ! » Elle m’indique du regard sa kitchenette, où se trouve une petite table ronde et deux chaises. « Je vais me faire un thé, vous voulez quelque chose ? 
-  Je veux bien un thé aussi, merci. » Elle fait chauffer l’eau, pose deux tasses sur la table, nous sert et vient s’asseoir en face de moi : « Je ne sais même pas comment vous vous appelez !». Elle semble prendre la situation sur le ton de l’humour, tant mieux. Si on m’avait dit ce matin au réveil ce qui allait m’arriver je crois que je n’aurais pas sorti un orteil de mon lit. Mais je dois avouer que la situation n’est pas dénouée d’humour. Je me retrouve chez une parfaite inconnue pour toute la journée, tout ça à cause de mon grille-pain ! « Je m’appelle Gabriel et vous ?
  
 -  Colette. » Je dois avoir un air surpris parce qu’elle s’empresse d’ajouter : « Ma mère adorait l’écrivaine. » Je bois une gorgée du thé à la menthe, mais je manque de m’étouffer, je ne le pensais pas si chaud. Je suis complètement ridicule. Elle rigole. « Alors Gabriel peut-être serez-vous plus bavard maintenant que vous savez mon prénom ?! Que faites-vous dans la vie ? Ça vous dérange si on se tutoie ? C’est quand même plus convivial, surtout que vous allez devoir me supporter toute la journée, même s’il est déjà dix heures. » Elle a retrouvé son sourire. Même si je commence en effet à m’inquiéter de devoir supporter son débit de parole encore plusieurs heures, je suis rassuré qu’elle aille bien. « Je travaille pour Total, en gros je fais des statistiques pour voir comment ils pourraient augmenter leurs rendements, etc. C’est loin d’être passionnant. Surtout que je ne suis pas vraiment d’accord avec la gestion environnementale de l’entreprise. » J’essaie de sourire un peu mais je ne vois pas vraiment ce qu’il y a de drôle dans mon métier. « Pourquoi tu fais ça alors ? Je veux dire pourquoi tu te lèves tous les matins ? Pour aider une entreprise à faire des dégâts environnementaux en étant plus efficace, alors que tu es en désaccord avec cette politique ? » Elle appuie sur point intéressant, même si je n’aime pas trop son ton accusateur. 

- « Bah c’est mon métier, j’ai toujours fait ça. Et il me paye mon appart, mon chauffage, ma nourriture... 

-  Ton grille-pain, etc. Ça j’ai bien compris mais tu ne vas pas me faire croire que tu ne sais faire des states que pour Total ?

 
-  Non bien sûr, d’ailleurs à la base je suis sensé être responsable qualité mais vu que j’ai fait une école de commerce, j’avais les compétences requises pour ce boulot et ce sont les premiers à m’avoir embauché, je n’allais pas refuser ! » 

Elle ne voudrait pas me parler de comment pensent les enfants ? Ça devient lourd, je sais que mon métier est loin d’être bien vu en société, mais quand même, elle est encore à la fac : elle ne va pas me faire la leçon !


- « Non, excuse-moi, c’est juste que je trouve ça dommage de perdre son temps avec un métier qui ne nous correspond pas. Je veux dire si ta seule motivation c’est l’argent c’est quand même un peu triste non ? Surtout que je suis sûre que tu pourrais t’épanouir autre part, tu peux trouver un autre métier facilement dans ton domaine non ? Je veux dire que je comprends que tu es accepté leur offre mais rien ne t’empêche de continuer tes recherches pour faire autre chose, et tu toucheras encore ton salaire. Mais l’économie te plaît au moins ? Je parle de manière générale ?
-  Oui j’aime bien. Après mon métier ne correspond peut-être pas à ce qui me plaît le plus dans l’économie avec un grand E, mais je n’ai pas le choix. Et toi alors, la psychologie ça te passionne ? 


-  Ce n’est pas bien de changer de sujet comme ça... » 

 

Elle me parle comme si j’avais cinq ans, je préfère ne pas relever et attendre qu’elle réponde à ma question. Au bout d’une longue minute de silence durant laquelle j’ai eu du mal à soutenir son regard, elle finit par céder et reprend notre conversation : 

- « Du coup, oui ça me passionne, je me sens vraiment à ma place pendant les cours. J’avoue que c’est rassurant de se dire que j’ai réussi à directement trouver ma voie, alors que j’ai plein de potes qui changent de fac chaque année. J’ai tellement hâte de faire mon stage, parce que la théorie c’est bien mais c’est dans la pratique que je vais pouvoir dévoiler tout mon potentiel ! 


-  Waouh en effet c’est rare de voir des jeunes être aussi sûrs de leur avenir ! Et du coup tu voudrais plus travailler avec des enfants c’est ça ? 


-  Ha tu m’écoutais tout à l’heure ? J’ai cru que je parlais dans le vide. » 

Alors ça c’était gratuit. Ce n’est pas parce que je ne réponds pas que je n’écoute pas. Elle me prend vraiment pour un sale type. Après tout je ne peux pas vraiment lui en vouloir j’ai quand même refusé de l’aider. Mais elle y va un peu fort. 

« En effet les enfants sont les plus intéressants, du moins de mon point de vue. C’est tout un exercice de les comprendre et par conséquent de les aider puisqu’ils ne réagissent pas du tout de la même manière qu’un adulte. Vu qu’ils n’ont pas les codes de notre société, leurs réactions sont pures, ils n’ont aucun filtre. Mais ils ont aussi des difficultés à exprimer leur ressenti parce qu’ils n’ont pas le vocabulaire nécessaire. Par exemple un enfant pourrait désigner quelque chose de « moche » non pas parce qu’il trouve ça vraiment moche, mais simplement parce que c’est nouveau, inhabituel. Donc pour exprimer son malaise il trouve l’adjectif moche, mais il est loin d’être adapté ! Il faut donc arriver à savoir ce qu’il y a derrière chaque mot. Et tu vois c’est dans cet exercice de décryptage que je m’éclate ! Je vis pour ça limite ! Je veux dire quand on s’exerce un peu en cours, ça me prend aux tripes, j’explose de l’intérieur ! C’est comme si une chose en moi se réveillait, impossible de m’arrêter ! C’est indescriptible, mais ça fait tellement du bien ! Je me sens vivante, utile ! Faut que tu me coupes sinon je te parle de ça pendant des heures ! » En effet, elle nous fait une tirade là. Mais ce qu’elle raconte est intéressant, je ne veux pas d’enfants mais c’est toujours bon à savoir.
 - Je ne sais pas, je t’écoute. Je ne m’y connais pas du tout. Mais au moins ça prouve à quel point ça t’intéresse ! J’avoue que je n’ai jamais ressenti cette sensation mais elle viendra sans doute plus tard. 

- Non je ne pense pas. » C’est encourageant... Elle a le mérite d’être franche mais elle est directe ! Je me sens assez mal. A l’écouter j’ai l’impression d’être passé à côté de ma vie. Quand même j’ai déjà été heureux mais je n’ai jamais ressenti cet effet-là. Mais après tout, je me sens tout le temps vivant, il me suffit d’écouter ma respiration et je vois bien que je vis. Ce n’est pas si exceptionnel que ça, finalement. Je pense que ma petite Colette extrapole un peu, c’est sans doute juste de l’excitation, elle a juste hâte de devenir psy, voilà tout. C’est beau soit, mais je ne passe peut-être pas à côté d’un truc si exceptionnel.
- « Je veux dire que la vie ne va pas t’amener ça sur un plateau. C’est à toi de faire les choses qui te font devenir quelqu’un tu vois, pas simplement monsieur tout le monde. C’est à toi de trouver en quoi tu es exceptionnel, en quoi tu es indispensable à ce monde. Tu prends les devants sur ta vie, tu vois ? Je ne sais pas vraiment comment te le décrire, c’est dur à expliquer.
 - Et toi tu trouves que tu prends les devants de ta vie ?
- Bah oui ! Mes études me font cet effet-là. Pourquoi tu me demandes ça ? » Elle a dû lire sur ma tête que je n’étais pas d’accord. Le problème c’est que j’ai peur de la vexer avec les propos que je m’apprête à lui dire. Tant pis, au pire je ne la reverrai sans doute jamais. Je préfère lui dire ce que je pense. Je ne vais quand même pas lui laisser jouer les donneuses de leçon alors qu’elle devrait en recevoir aussi !
 - « Je ne sais pas, est-ce que t’as l’impression de « prendre les devants » comme tu dis, en laissant cet homme t’agresser et ne pas porter plainte ? Tu te sens exister toi, en laissant quelqu’un te défigurer comme ça sans raison ? Et même s’il y a une raison, tu trouves ça excusable ? Tu préfères te taire, ne rien dire ? Laisser cet inconnu avoir ce pouvoir sur ta vie ? Tu comptes enfouir ton traumatisme ? Ne plus en parler ? Le ranger dans un coin de ton cerveau, y repenser de temps en temps et te sentir mal ? Mais te sentir mal pour quoi ? Ce n’est pas ta faute s’il t’a agressée et même si tu penses le contraire, ce n’est pas ta faute ! Alors tu ne vas pas rester là à attendre, si ? Parce que si c’est le cas alors tu es loin d’être « quelqu’un » comme tu dis, tu es loin de tenir les rênes de ta vie.

 

- Bien sûr que si, je tiens les rênes ! Simplement cet événement je ne le contrôlais pas, je n’avais aucun pouvoir dessus. Il est arrivé dans ma vie, j’aurais préféré qu’il n’arrive pas mais je n’ai pas le choix. Il est dans mon histoire un point c’est tout. Mais cela ne veut pas dire que je subis ma vie ! C’était inévitable ! Je ne vais pas porter plainte, cet homme je ne le reverrai jamais, je ne le connais même pas ! Qu’est-ce que ça va m’apporter ? C’était inévitable je te dis!
- Évidemment que c’était inévitable, mais ce n’est pas de ça dont je te parle ! »

 Le ton monte dangereusement. Je n’ai pas envie que ça finisse en crise de larmes. Visiblement j’ai autant de mal qu’elle à ne pas être trop direct. Je prends quelques secondes, j’inspire à fond et reprends d’un ton plus calme :

- « Ce que je veux te dire c’est que ce n’est pas en te disant que c’était inévitable que tu vas contrôler ta vie. Le truc c’est de savoir si oui ou non tu es prête à laisser cet homme avoir, lui, le contrôle sur TA vie. Parce que si la réponse est oui, alors je ne peux pas grand-chose pour toi mais je trouverais ça dommage que ta vie soit tant fragile et dépendante des autres. Alors je te conseille de te tourner vers le non. Certes cet homme t’a agressée, tu n’y peux rien. Mais tu peux le poursuivre en justice. Je ne te dis pas qu’il sera forcément puni, non, je te dis juste que tu lui auras montré qui décide de ta vie. Et là, à cet instant c’est toi qui vas décider. Je t’ai dit mon avis, tu fais ce que tu en veux. Mais tu décides si on va au commissariat ou pas. Tu peux prendre le temps de réfléchir, ce n’est pas un choix facile. Je tiens juste à ce que tu saches que si tu choisis de ne pas y aller, je resterai quand même à tes côtés aujourd’hui pour surveiller ton état, je me suis engagé. Mais je tiens aussi à te dire que si on y va, je t’accompagnerai et surtout je te soutiendrai dans cette démarche. Et enfin le plus important, j’essayerai de faire mon maximum pour ne pas juger ton choix, même si tu sais mon avis, je le respecterai quel qu’il soit. Et avant de te laisser parler, je te demande pardon de ne pas t’avoir aidé dans le magasin, voilà. » Waouh ! Je me sens vidé de toute énergie... J’ai tout donné là. Je pense qu’elle a compris. Mon dieu mais quelle journée ! Si j’avais su ce qui allait me tomber dessus ! Finalement je pense que je me serais levé, parce que Colette n’allait pas rester seule face à tout ça. Elle a besoin de moi alors je me serais levé et si j’avais su, je l’aurais aidée dès sa première demande. Mais je ne vais pas réécrire l’histoire ! Je regarde Colette : elle est en pleine réflexion. Yes ! Mon discours a eu son effet. Ses yeux font des va-et-vient rapides entre la fenêtre et la bouilloire. Pour une fois c’est elle qui fuit mon regard. Je bois mon thé qui est maintenant tiède. Ce silence me gêne, je fixe mon grille-pain, posé à mes pieds.
 

« Bon. » Tiens, elle a fini de réfléchir ! J’ai fini mon thé et j’ai eu le temps de réapprendre le code-barres par cœur, j’ai vraiment une mémoire de poisson rouge ! Je l’avais déjà oublié mais cette fois-ci je le sais pour de bon : 3 760262 11049. Je reporte mon attention sur Colette. « J’ai un deal à te proposer. » Houla! Je ne l’avais pas vu venir. Je regrette mon discours là. Je crains le pire. J’attends qu’elle poursuive :
- « On va tous les deux, ensemble, prendre notre vie en main. Je vais aller porter plainte. Tu as raison c’est moi qui décide de ma vie. Je décide et pas lui ! Mais toi aussi, tu vas me montrer que tu as choisi quelle vie tu veux avoir. Alors j’aimerais que tu réfléchisses à changer de travail. Ou du moins que tu fasses un truc qui te plaise, peut-être pas comme travail mais comme hobby. Que t’arrêtes de laisser le hasard te porter. Faut que tu arrêtes d’être dans un état second toute ta vie, faut exister Gabriel ! Tu comprends ? Faut que tu te réveilles ! Trouve quelque chose qui te fais devenir quelqu’un ! Ne te contente pas de l’argent pour survivre mais trouve une autre motivation ! Une vraie motivation, parce que ton histoire d’argent indispensable à ta vie, tralala c’est une excuse. Ce n’est même pas l’argent qui te motive à te lever, ce n’est rien au final, c’est juste qu’on te dit de le faire alors tu le fais. Mais le jour où tu te sentiras exister, là tu te lèveras pour quelque chose ! Et tu arrêteras d’attendre que la vie, les autres décident pour toi ! Tu ne vivras plus comme dans le magasin ce matin. Tu cesseras d’attendre que ça se passe et tu agiras ! Fais le Gabriel, s’il- te-plaît. Au moins essaie ! Tente ta chance ! Tente ta chance pour avoir une nouvelle vie ! Une vie où tu es maître du jeu ! Une vie où TU choisis ! » 

Elle finit son discours par un clin d’œil. Elle parle bien quand même. Elle fera une bonne psy. J’avoue que ne pas se lancer seul dans ma « nouvelle vie » est assez tentant. 

 



Six mois plus tard : 

 



Ce matin mon réveil sonne à 7h mais je suis déjà réveillé. Je ne tiens plus en place, j’ai trop hâte de partir ! J’ai plein de papillons dans le ventre, c’est dérangeant mais pas désagréable. J’allume mon grille-pain, mange rapidement deux tartines. Je sors prendre un métro, c’est aussi désagréable que dans mon ancien tram mais c’est le seul moyen que j’ai pour aller à la fac. Quoique je pourrais y aller à vélo. Mais non je n’ai pas envie, le métro est quand même reposant. C’est mon premier cours, j’espère que ça va me plaire. Et si je n’étais pas fait pour être prof ? Après tout j’ai repris mes études un peu sur un coup de tête, c’était Colette qui m’avait conseillé ce métier et après plusieurs semaines de recherche j’étais persuadé d’être fait pour ça. Mais là bizarrement j’ai un doute. Pas de panique Gabriel, pas de panique, tu verras. Au pire on changera ce n’est pas grave, t‘as de l’argent de côté,
ton diplôme est toujours valide, tout va bien. La seule chose que tu dois faire c’est profiter ! A la sortie du métro je suis complètement déboussolé, il y a du monde partout, les gens vont dans tous les sens. Pas de panique, pas de panique. Je demande mon chemin à un jeune mal coiffé. J’arrive dans l’amphi, il n’y a pas grand monde. J’opte pour une place au milieu, c’est bien le milieu je serai perdu dans la foule, on ne me remarquera pas trop. J’ai deux ans de plus que la majorité des étudiants, deux ans ce n’est pas très important. En attendant que le cours débute je repense à Colette. On s’était séparés à la sortie du commissariat, je ne l’ai revue qu’une fois, sa plainte n’avait pas eu de répercussions mais elle était heureuse de l’avoir faite. Elle voulait surtout s’assurer que de mon côté je respectais notre accord. Et c’est le cas sinon je ne serais pas là à taper nerveusement sur les touches de mon ordinateur en attendant que la salle se remplisse.

Il est 8h30, un homme entre dans la salle. Il se présente comme notre professeur de macro- économie. Il fait quelques blagues sur notre cursus qui est un peu spécial puisqu’on commence en milieu d’année. Puis le cours commence. Il y a aussi quelque chose qui commence dans ma vie, mais aussi « de » ma vie, à partir d’elle et ce quelque chose ressemble à un jeu : « je ».



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